Deux déléguées syndicales tunisiennes de LATelec, filiale de la multinationale toulousaine Latécoère, ont obtenu mardi près de 30 000 euros d’indemnités. Fondatrices en 2011 d’une section syndicale, elles avaient été licenciées en avril 2013, après deux ans de conflit portant sur l’amélioration des conditions de travail. Le bras de fer aura duré plus de trois ans. Il s’est achevé mardi 15 juillet par le paiement de lourdes indemnités de licenciements à des déléguées syndicales de l’usine LATelec à Fouchana, dans la banlieue de Tunis.

Tunisie: La filiale de Latécoère condamnée pour sa répression antisyndicale

Plusieurs jeunes gens font l’objet de poursuites judiciaires pour leurs activités contestataires qui a mis fin aux 23 ans de l’autocratie de Ben Ali et aux tentatives de restauration. Les accusations sont souvent les mêmes ; formation d’un gang, diffamation, trouble à l’ordre public et violence contre la police. Beaucoup ont été incarcéré, pendant des semaines, voire des mois, avant leurs procès. D’autres sont en exil, comme Jihed Mabrouk, blessé de la révolution. Actuellement au Maroc, il a été condamné à trois mois de prison et une amende pour avoir dénoncé un des symboles du RCD à Mahdia. Egalement en procès: Mohamed Ben Slama, Sleheddine Kchok, Saber Mraihi, les jeunes d’Ajim (Djerba), les jeunes de Menzel Chaker (11 accusés de diffamation contre un ancien Rcdiste), Tahar Hidri (frère de Chawki Hidri, premier à avoir touché par balle à Menzel Bouzaiene le 24 décembre 2010) et frère de Alaa Hidri (blessé de la révolution – Kasbah), les jeunes du Kram, les jeunes de Tunis (accusés d’avoir été derrière les émeutes de février 2013 marquant l’assassinat de Chokri Belaid) et les sit-ineurs de Gafsa.

Le dernier procès est celui des jeunes de Bouzayen, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, qui comparaissent devant le tribunal, pour avoir participé et organisé un sit-in, au lendemain de l’assassinat de Mohamed Brahmi, en juillet 2013. Des militants emblématiques, comme Safouane Bouazizi et Bilel Amari sont sur la liste des accusés. Pour faire face à cette vague de répression, les habitants de Bouzayene, Regueb, Meknassi et Jelma s’organisent, actuellement, dans un large comité de soutien. Quelques jeunes ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne sous le nom «#moi_aussi_j’ai_brulé_un poste_de_police». Cette campagne qui revendique la légitimité circonstancielle de l’acte révolutionnaire, sera suivie de manifestations et rassemblements devant les tribunaux.

Tunisie: Procès en série contre les jeunes manifestants

Le syndicat de base de l’usine aéronautique française Latelec-Fouchana a annoncé qu’il a obtenu fin mars, avec le soutien de l’ UGTT, l’accord pour la réintégration de six syndicalistes parmi les dix licenciés. Depuis leur licenciement, les employés concernés n’ont pas cessé de revendiquer leur réintégration. Parmi les revendications du syndicat de base de Latelec-Fouchana figure notamment l’encadrement des heures supplémentaires, quinze jours de congés payés, une augmentation substantielle du taux horaire, un projet de classification professionnelle…

Les manifestants ont incendié un poste de police de la ville de Métlaoui (centre) et ont affronté les policiers une partie de la nuit. Le calme n’est revenu qu’après l’envoi de renforts policiers depuis la capitale régionale de Gafsa. Des manifestants ont cependant bloqué l’une des principales routes menant à cette ville et la reliant avec le sud de la Tunisie.

Les heurts ont éclaté après que les autorités ont commencé à annoncer les résultats d’un concours de recrutement d’une société publique travaillant dans le secteur de l’environnement. Les résultats de ce type de concours déclenchent régulièrement des violences entre candidats malheureux et policiers. Après des évènements similaires en janvier, les autorités ont été obligées de suspendre la publication des listes des personnes recrutées dans toute la région minière de Gafsa, mais qui reste l’une des plus pauvres en Tunisie.

Tunisie: A nouveau des affrontements à Gafsa

La fédération générale tunisienne du travail (FGTT) a condamné l’arrestation du syndicaliste Othmen Aloui par les forces de l’ordre lors de la manifestation des travailleurs du COFAT à Tunis. Les travailleurs du COFAT luttent pour l’exercice des droits syndicaux au sein de l’entreprise et la réintégration des agents licenciés le 28 janvier dernier pour fait de grève. La COFAT est une entreprise spécialisée dans la fabrication de systèmes complets de distribution électrique destinés aux véhicules automobiles et utilitaires basée dans la zone de Sidi Hassine Sijoumi (banlieue ouest de Tunis).

Manifestation des travailleurs de la COFAT

Manifestation des travailleurs de la COFAT

Les autorités de Médenine, ville du sud de la Tunisie, ont récemment annoncé l’ouverture d’un centre hospitalier. Or, une rumeur a circulé hier à travers la ville annonçant que l’institution serait plutôt ouverte à Gabès. La population locale est descendue dans la rue pour protester contre cette décision. Les manifestants ont procédé aux blocages des routes et ont brûlé des pneus avant d’être la cible de tirs de gaz lacrymogène par la police. De violents affrontements ont opposé les deux camps durant toute la journée. En début de soirée, le gouverneur de Médenine a réagi sur différentes radios locales en affirmant que le projet en question resterait bien à Médenine.

Des centaines de jeunes chômeurs ont pris d’assaut le siège du bureau du gouverneur régional de Gabès (sud-est) ce vendredi matin. La plupart réclamaient un emploi dans une société relevant du Groupe Chimique Tunisien (GCT) après avoir entendu dire que la société allait lancer une campagne de recrutement. Les forces anti-émeutes sont intervenues en force contre les manifestants. Ces derniers ont répliqué aux gaz lacrymogène par des jets de pierre avant de se faire pourchasser dans les rues voisines. Le Groupe Chimique Tunisien est le principal employeur dans la région et subi la crise de plein fouet, sa production n’étant plus qu’à 30% de son niveau de 2010.

Emeutes à Gabès

Emeutes à Gabès

Le mouvement de contestation déclenché par l’adoption d’une nouvelle redevance sur les voitures s’est élargi ces derniers jours. Outre cette taxe, les Tunisiens dénoncent leurs mauvaises conditions de vie, le sous-développement de certaines régions du pays et la situation économique. Trois ans après l’immolation de Ben Ali à Sidi Bouzid et le ‘printemps arabe’, la population dénonce l’immobilisme des autorités et exige la chute du régime. La région de Kasserine est la plus touchée par le mouvement. A Thala, des manifestants ont attaqué un commissariat mercredi, entraînant la fuite des policiers présents. A Kasserine, dans la nuit, le local du parti au pouvoir a été incendié tandis que le bâtiment des recettes des finances a été pris d’assaut. La police a tiré des gaz lacrymogène tandis que les forces armées ont tiré en l’air pour disperser la foule.

Manifestation à Kasserine

Manifestation à Kasserine

Depuis dimanche, plusieurs villes tunisiennes sont le théâtre de vastes manifestations. La population réclame, entre autre, la suppression de la nouvelle redevance sur les voitures et les récents résultats du concours de recrutement de la fonction public qui seraient truqués. Dimanche soir à El Gtar, dans le gouvernorat de Gafsa, des jeunes ont incendié un commissariat de police après avoir été la cible de gaz lacrymogènes. Dans la soirée de mardi, un cortège en mémoire aux martyrs du mouvement de protestation de 2011 a été violemment réprimé à Thala, dans le gouvernorat de Kasserine. Les manifestants ont jeté des pierres aux policiers qui tiraient des gaz lacrymogènes. Selon un premier bilan, deux policiers auraient été blessés, mais aucune information concernant les civils n’a été communiquée. Aujourd’hui, de nombreuses routes ont été coupées dans plusieurs villes pour y dénoncer la nouvelle redevance entrée en vigueur au début de l’année.

Heurts à Thala

Heurts à Thala

Des habitants de Sidi Bouzid et de la délégation de Menzel Bouzaiane ont mené jeudi, une manifestation suivie d’un sit-in à partir du siège de l’Union régionale du travail (URT) de Sidi Bouzid, jusqu’au district de la garde nationale, pour demander la libération de Abdesselam Hidouri, membre du syndicat régional de l’enseignement secondaire, et Ferid Slimani, professeur, arrêtés mercredi sous l’accusation d’intrusion dans un poste de sécurité et tentative d’incendie.