A l’occasion du 32ème anniversaire du YÖK, ou Conseil de l’Enseignement Supérieur, les étudiants se sont mobilisés ce 6 novembre. Le YÖK est l’institution qui constitue l’entité de prise de décision pour toutes les universités turques. Elle est vivement controversée et contestée car il s’agit, pour les étudiants, d’un vestige de l’héritage autoritaire et anti-démocratique du 12 septembre 1980. Un groupe d’étudiants de l’université d’Ankara a occupé les locaux de la Language History and Geography Faculty. Ils ont investi le bureau du doyen, ont forcé les professeurs à quitter le bâtiment et ont mis le feu à des papiers dans le bureau. Ils ont ensuite déployé à la fenêtre un califat avec le slogan ‘No to YÖK’. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour faire sortir les étudiants du bâtiment. Onze d’entre eux ont été interpellés. Egalement à Ankara, des milliers d’étudiants ont défilé dans les rues pour dénoncer le YÖK. Les forces de l’ordre, qui avaient pris des mesures de sécurité extrêmes, sont intervenues à plusieurs reprises et ont tiré des gaz lacrymogène sur un groupe de jeunes qui souhaitaient marcher avec leurs calicots alors que les policiers tentaient de leur saisir. Dans une manifestation distincte dans la province d’Antalya, des centaines d’étudiants ont défilé jusqu’au bureau du recteur de la Akdeniz University après avoir fait un sit-in dans le centre-ville. Dans les affrontements qui se sont déclenchés entre les gardes de sécurité privés et les étudiants, trois agents ont été blessés et cinq étudiants placés en garde à vue.

Facebook a réouvert la page du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) une semaine après l’avoir interdite en raison de l’utilisation du terme ‘Kurdistan’ dans un des commentaires. Hier, une délégation du parti a rencontré des membres de la société américaine et à l’issue de la réunion, Facebook a annoncé la réouverture de la page en question. Le BDP a immédiatement réagi en affirmant que cette marche arrière était loin d’être suffisante et que Facebook devait aller plus loin et revoir ses règles et adapter ses décisions aux réalités turques. Le 29 octobre dernier, le BDP avait accusé Facebook d’augmenter sa censure en raison de sa coopération constante avec le parti au pouvoir.

Le deux octobre, un gang de dealer avait ouvert le feu sur des habitants d’un quartier d’Istambul qui voulaient mettre fin à leurs activité. Un jeune militant du DHKP-C avait été abattu par les dealers. Son enterrement avait été l’occasion d’une démonstration de force des organisations révolutionnaires locales, dont les milices avaient défilés arme au point (photo 1). Fin octobre, la police lançait une grande opération pour arrêter ces miliciens et retrouver leurs armes. Une escavation a ainsi été pratiquée dans le quartier de Gazi dans l’espoir de trouver une cache d’armes (photo2).

funéraille istambul

recherche d’armes istambul

funéraille istambul
recherche d'armes istambul

La police d’Izmir a interpellé 35 jeunes qu’elle suspectait de projeter un rassemblement en marge du 5ème Izmir Economic Congress auquel devaient notamment participer le président Abdullah Gül et son premier ministre. Cette action policière est la première du genre depuis l’adoption d’une nouvelle disposition autorisant les autorités à interpeller toute personne qui ‘risque de conduire une manifestation’ pour 12 à 24 heures sans intervention du juge. Quelques heures avant le début du congrès, la police a été informée de la potentielle organisation d’un rassemblement au moment de l’arrivée de Gül et Erdogan à l’hôtel où se déroulait la réunion. La police est alors intervenue et a interpellé ces 35 jeunes qui se trouvaient à quelques centaines de mètres du bâtiment quelques minutes avant l’arrivée des deux hommes.

Hier, un tribunal d’Ankara a prononcé la libération de 19 personnes, dont deux mineurs, interpellés la veille par la police durant une manifestation en marge du procès d’un policier accusé d’avoir tué un jeune homme au début du mois de juin dans le cadre du mouvement de Gezi. Elles avaient été interpellées pour avoir tenté de pénétrer dans le tribunal d’Ankara durant l’audience. Les tensions se sont déclenchées à l’extérieur lorsque le juge a décidé que le policier pourrait témoigner par vidéo-conférence et qu’il a refusé que ce dernier soit placé en détention provisoire, comme le réclamait la défense. Des centaines de manifestants s’étaient réunis devant le tribunal et des heurts ont suivi la décision du tribunal de laisser le policier en liberté. La police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser la foule. Elle a également dispersé avec les mêmes moyens un groupe de personnes qui tentaient de bloquer la circulation devant le tribunal. Un certain nombre d’entre elles ont été blessées et emmenées à l’hôpital. Les 19 personnes interpellées ont donc été libérées hier soir.

Affrontements devant le tribunal d’Ankara

Affrontements devant le tribunal d'Ankara

Quelques jours après avoir fermé la page de la section locale d’Istanbul du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party), Facebook a fermé hier celle de son quartier général. La raison de cette fermeture serait l’utilisation du terme ‘Kurdistan’ sur la page. La société américaine n’a pas encore communiqué publiquement sur sa décision. De son côté, le BDP a réagi: ‘Facebook cite l’utilisation du mot ‘Kurdistan’ dans un message posté sur la page. Le mot ‘Kurdisan’ est un mot légitime et légal’. Et d’ajouter que cette censure est le résultat de la coopération constante entre Facebook et le parti au pouvoir, l’AKP ‘La coopération entre l’AKP, qui a découvert la valeur des médias sociaux au cours de la résistance de Gezi, et Facebook se poursuit sans relâche. En conséquence de cette coopération, la censure de notre parti sur Facebook augmente de plus en plus. La politique de censure de Facebook à l’égard de notre parti est semblable à la politique de pression assumée au niveau politique’.

La police a une nouvelle fois empêché un rassemblement d’étudiants de la Middle East Technical University d’Ankara qui s’opposent à la destruction de 3000 arbres sur leur campus pour la construction d’une autoroute. Hier, ils étaient des dizaines à s’être rassemblés sur le Kizilay Square dans le centre-ville avec des troncs d’arbres. Ils avaient l’intention de se diriger vers le campus, mais la police anti-émeuteone l’a pas permis. Des échauffourées ont éclaté entre les étudiants et les policiers. 24 étudiants qui avaient formé une chaîne humaine ont été arrêtés. Plus tard dans la soirée, 200 manifestants sont entrés sur le chantier de la route. L’intervention policière a là été encore plus musclée, avec gaz lacrymogène et canons à eau.

Arrestation d’un étudiant à Ankara

Arrestation d'un étudiant à Ankara

Hier soir, une cinquantaine de personnes s’étaient réunies devant la Galatasaray High School à Istanbul en solidarité avec les étudiants d’Ankara qui s’opposent depuis plusieurs semaines à un projet urbanistique sur leur campus et qui sont systématiquement réprimés (consultez notre dernier article à ce propos). La police s’est présentée devant le groupe avec des canons à eau et a tiré pour le disperser. Une personne a du être hospitalisée, blessée par l’eau sous pression. Dix personnes ont été interpellées après avoir essayé de retourner devant l’établissement après l’intervention policière. Les forces de l’ordre ont plus tard fait usage de gaz lacrymogène pour empêcher d’autres personnes de se rassembler au même endroit.

Répression d’étudiants à Istanbul

Répression d'étudiants à Istanbul

Depuis plusieurs semaines, les étudiants de la Middle East Technical University d’Ankara dénoncent un projet urbanistique impliquant la destruction de 3000 arbres sur le campus. Les travaux ont néanmoins débuté ce lundi. Des centaines de manifestants étaient présents dès le matin. Tout au long de la journée, ils ont tenté de planter des arbres en guise de protestation, la police intervenant de manière régulière. A la tombée de la nuit, les interventions se sont musclées, les forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule assistées par un hélicoptère qui survolaient la zone. Les manifestants ont répliqué en lançant des pierres, l’un d’entre eux a été interpellé. Ils aurait endommagé un véhicule de la ville.

Protestation à l’université d’Ankara

Protestation à l'université d'Ankara