La police a tiré des gaz lacrymogène devant le tribunal de Kartal, sur la rive asiatique d’Istanbul, durant le procès sur la mort d’un manifestant lors des protestations de Gezi en juin dernier. Les deux accusés, le chauffeur du taxi qui a foncé sur la foule et le propriétaire du véhicule, pourraient être condamnés à des peines de trois à quinze ans de prison. Hier, les manifestants ont tenté de pénétrer dans le tribunal pour accéder à la salle d’audience après que la famille s’en soit vue refuser l’accès. La police a immédiatement érigé une barricade pour empêcher la foule d’avancer, ce qui a entrainé de violents affrontements. La famille a finalement été autorisée à rentrer dans le tribunal.

Affrontements devant le tribunal de Kartal

Affrontements devant le tribunal de Kartal

A son arrivée à Milan ce matin, Bahar Kimyongur a été arrêté sur le tarmac de l’aéroport et incarcéré à la prison de Berhgame. Cette arrestation, comme à Madrid il y a trois mois, résulte de la signification, par la Turquie, d’un mandat d’arrêt à Interpol au nom du militant. Il devrait comparaître rapidement devant un juge qui statuera sur la validité de ce mandat. En Espagne, Bahar Kimyongur avait été libéré sous caution. Le juge de l’Audience nationale (tribunal spécialisé dans les affaires de terrorisme) doit prochainement statuer sur la validité du mandat d’arrêt turc. Les autorités turques continuent à tenter de le condamner dans le cadre de ‘l’affaire DHKP-C’

La Middle Easter Technical University (ODTU) d’Ankara a été le théâtre de vives tensions tard dimanche soir quand la police a fait usage de canons à eau et a tiré des gaz lacrymogène contre des manifestants qui dénonçaient la construction d’un mur à la frontière turco-syrienne. La répression policière est devenue récurrente depuis que les autorités ont lancé leur projet urbanistique qui entrainera la destruction de 3000 arbres sur le campus. Les étudiants et les militants ont exprimé leur désaccord par de nombreuses mobilisations qui ont toutes été violemment réprimées. Dimanche, un groupe a organisé un rassemblement à proximité de l’entrée A1 du campus pour exiger des autorités qu’elles interrompent la construction d’un mur dans le district de Nysaybin (province de Mardin) qui se trouve en vis-à-vis de la ville syrienne de Qamishli. Les manifestants dénonçaient également le meurtre, par les forces de sécurité, de trois Syriens qui tentaient de traverser la frontière. Ils ont érigé des barricades auxquelles ils ont mis le feu pour empêcher l’intervention policière. De nombreux manifestants ont été affectés par les gaz lacrymogène.

Répression à l’université d’ODTU

Répression à l'université d'ODTU

Le 5 novembre, jour où l’Union européenne et la Turquie ouvraient un nouveau chapitre des négociations d’adhésion de ce pays, affirmant leur volonté d’accélérer le processus, six journalistes turcs étaient condamnés à la prison à vie. Les journalistes Füsun Erdogan, Ziya Ulusoy, Bayram Namaz, Ibrahim Cicek et Sedat Senoglu sont accusés d’être membres du MLKP interdit.

Füsun Erdogan a été accusée d’être à la tête du MLKP en tant que fondatrice de la station de radio Özgür Radyo. Interpellée en 2006, elle est en détention provisoire depuis cette date. En plus des peines à la perpétuité pour chaque journaliste, sauf Sedat Senoglu, les journalistes ont également été condamnés à des peines supplémentaires, ce qui aboutit à un total de 3 000 ans de prison pour les cinq journalistes . Avec 63 journalistes actuellement détenus, la Turquie est la plus grande prison de journalistes au monde.

Füsun Erdogan

Voir le dossier Hatice et Guluzar

Füsun Erdogan

Onze personnes ont été interpellées dans le cadre d’une opération policière visant le DHKP-C et menée dans la province de Hatay et à Istanbul. Les forces de l’ordre ont interpellé dix personnes à Hatay et une onzième à Istanbul dans des raids organisés ces 8 et 9 novembre. Une vaste enquête a été ouverte.

A l’occasion du 32ème anniversaire du YÖK, ou Conseil de l’Enseignement Supérieur, les étudiants se sont mobilisés ce 6 novembre. Le YÖK est l’institution qui constitue l’entité de prise de décision pour toutes les universités turques. Elle est vivement controversée et contestée car il s’agit, pour les étudiants, d’un vestige de l’héritage autoritaire et anti-démocratique du 12 septembre 1980. Un groupe d’étudiants de l’université d’Ankara a occupé les locaux de la Language History and Geography Faculty. Ils ont investi le bureau du doyen, ont forcé les professeurs à quitter le bâtiment et ont mis le feu à des papiers dans le bureau. Ils ont ensuite déployé à la fenêtre un califat avec le slogan ‘No to YÖK’. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour faire sortir les étudiants du bâtiment. Onze d’entre eux ont été interpellés. Egalement à Ankara, des milliers d’étudiants ont défilé dans les rues pour dénoncer le YÖK. Les forces de l’ordre, qui avaient pris des mesures de sécurité extrêmes, sont intervenues à plusieurs reprises et ont tiré des gaz lacrymogène sur un groupe de jeunes qui souhaitaient marcher avec leurs calicots alors que les policiers tentaient de leur saisir. Dans une manifestation distincte dans la province d’Antalya, des centaines d’étudiants ont défilé jusqu’au bureau du recteur de la Akdeniz University après avoir fait un sit-in dans le centre-ville. Dans les affrontements qui se sont déclenchés entre les gardes de sécurité privés et les étudiants, trois agents ont été blessés et cinq étudiants placés en garde à vue.

Facebook a réouvert la page du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) une semaine après l’avoir interdite en raison de l’utilisation du terme ‘Kurdistan’ dans un des commentaires. Hier, une délégation du parti a rencontré des membres de la société américaine et à l’issue de la réunion, Facebook a annoncé la réouverture de la page en question. Le BDP a immédiatement réagi en affirmant que cette marche arrière était loin d’être suffisante et que Facebook devait aller plus loin et revoir ses règles et adapter ses décisions aux réalités turques. Le 29 octobre dernier, le BDP avait accusé Facebook d’augmenter sa censure en raison de sa coopération constante avec le parti au pouvoir.

Le deux octobre, un gang de dealer avait ouvert le feu sur des habitants d’un quartier d’Istambul qui voulaient mettre fin à leurs activité. Un jeune militant du DHKP-C avait été abattu par les dealers. Son enterrement avait été l’occasion d’une démonstration de force des organisations révolutionnaires locales, dont les milices avaient défilés arme au point (photo 1). Fin octobre, la police lançait une grande opération pour arrêter ces miliciens et retrouver leurs armes. Une escavation a ainsi été pratiquée dans le quartier de Gazi dans l’espoir de trouver une cache d’armes (photo2).

funéraille istambul

recherche d’armes istambul

funéraille istambul
recherche d'armes istambul

La police d’Izmir a interpellé 35 jeunes qu’elle suspectait de projeter un rassemblement en marge du 5ème Izmir Economic Congress auquel devaient notamment participer le président Abdullah Gül et son premier ministre. Cette action policière est la première du genre depuis l’adoption d’une nouvelle disposition autorisant les autorités à interpeller toute personne qui ‘risque de conduire une manifestation’ pour 12 à 24 heures sans intervention du juge. Quelques heures avant le début du congrès, la police a été informée de la potentielle organisation d’un rassemblement au moment de l’arrivée de Gül et Erdogan à l’hôtel où se déroulait la réunion. La police est alors intervenue et a interpellé ces 35 jeunes qui se trouvaient à quelques centaines de mètres du bâtiment quelques minutes avant l’arrivée des deux hommes.