Depuis plusieurs semaines, le processus de paix entre le PKK et le gouvernement fait du sur place. Dans le sud-est du pays, la population kurde descend dans la rue quotidiennement pour dénoncer le manque d’action du gouvernement et surtout, le manque d’ampleur de ses potentielles réformes. Hier, un des membres du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy) a en outre souligné l’importance du rôle d’Abdullah Ocalan, le leader du PKK. Il a dès lors exigé que soient améliorées ses conditions de détention. Il a déclaré que sa participation dans les négociations et sa mission politique étaient primordiales pour le dialogue et que tant que sa santé et sa sécurité n’étaient pas assurées, cela serait difficile.

Le 23 septembre, un groupe de guérilleros du TIKKO a attaqué le chantier de rénovation d’une gendarmerie dans le district d’Ovacik. Une bétonnière a été incendiée. La gendarmerie turque a lancé une opération de ratissage avec blindés et appui aérien.

action du tikko

action du tikko

Depuis lundi, les Kurdes de la province de Cizre (sud-est de la Turquie) manifestent pour dénoncer le plan de réforme du gouvernement turc dans le cadre du processus de paix entamé avec le PKK. Outre l’immobilisme actuel et prolongé des autorités turques, les manifestants dénoncent un plan trop frileux, notamment concernant l’autonomie accordée aux Kurdes. Le mécontentement de la population pourrait, à terme, entraîner le retrait du PKK du processus. Cocktails Molotovs font opposition aux canons à eau des fourgons des forces de l’ordre depuis deux nuits consécutives.

Canon à eau turc

Canon à eau turc

Tôt ce matin, la police d’Istanbul a déclenché une vaste opération dans les quartiers de Gülsuyu et de Gazi suite aux funérailles d’une jeune homme le 30 septembre dernier. L’opération a été décidée après que les autorités aient identifié plusieurs personnes participant au cortège funéraire comme étant des membres du DHKP-C. Au total, 40 personnes ont été interpellées durant l’opération qui a été menée dans divers lieux des deux districts par plus de 1500 membres des forces spéciales de police et de brigades anti-émeutes. Celles-ci étaient également soutenues par un hélicoptère. La police a également fait irruption dans le local de l’organisation Gülsuyu Gülensu Rights Association et y a saisi une grosse quantité de documents.

Opération anti-terroriste à Istanbul

Opération anti-terroriste à Istanbul

Le commissaire Sedat Selim Ay est un des tortionnaires les plus sinistrement renommés de Turquie. Son « équipe n°2 » du commissariat central d’Istanbul a fait usage de tortures et de violences sexuelles contre les militants et les sympathisants de la gauche révolutionnaire, principalement dans les années ’90. Ces faits ont été reconnu par la Cour européenne des droits de l’homme qui a condamné Sedat Selim Ay comme tortionnaire. Deux tribunaux régionaux turcs l’ont aussi condamné, mais il a pu échapper au verdict grâce à une cour d’appel. C’est ce même tortionnaire qui, en juillet 2012, a été promu comme co-directeur du commissariat et responsable de la lutte anti-terroriste pour Istanbul !

Plusieurs organes de presse alternatif, dont l’agence de presse ETHA, ont immédiatement dénoncé cette promotion et publié des témoignages d’hommes et de femmes torturé(e)s et violé(e)s par Sedat Selim Ay et ses subordonnés. Le tortionnaire a porté plainte contre ces médias et ce lundi 7 aura lieu le procès contre l’agence ETHA. L’AvEG-Kon a organisé à Bruxelles la venue de 9 victimes des sévices de Sedat Selim Ay. Ils et elles mènent une grève de la faim d’une semaine et tiendront un rassemblement de protestation devant le Parlement européen.

Venez les soutenir Place du Luxembourg, devant le Parlement européen, ce lundi 7 octobre de 14H00 à 16H00 !

rassemblement contre la torture

EDIT: Une grosse centaine de personnes, dont une délégation de notre Secours Rouge, ont participé au rassemblement.

manifestation grèvistes de la faim Turquie Bruxelles

rassemblement contre la torture
manifestation grèvistes de la faim Turquie Bruxelles

Ce vendredi a été rendu public le rapport d’autopsie et le rapport d’enquête concernant la mort d’Abdullah Cömet. Le jeune homme de 22 ans est décédé le 3 juin dernier au cours d’une manifestation dans la province d’Antakya (sud du pays) en soutien aux rassemblements de Taksim Square qui battaient leur plein à ce moment-là. Le département de médecine légale a confirmé hier dans ses conclusions que Cömet est décédé des suites d’un traumatisme crânien et de blessures à la tête causées par un tir de gaz lacrymogène, dont le projectile l’a heurté de plein fouet. De son côté, la gendarmerie a déclaré que les deux policiers dont le nom est mentionné dans le rapport sont actuellement interrogés en tant que témoins et non en tant que suspects. Ils ont par ailleurs déclaré avoir tiré le gaz lacrymogène à un angle supérieur à 45 degré, ce qui est clairement démenti par le rapport publié vendredi. Le Ministère de la Justice a affirmé que l’enquête allait se poursuivre.

Abduallah Cömet

Abduallah Cömet

Vendredi, les autorités turques ont organisé une opération massive visant des supporteurs des trois grands clubs de football d’Istanbul. Celle-ci n’avait rien à voir avec les événements du dimanche précédent lors du match entre Besiktas et Galatasaray à l’issue desquels 67 personnes avaient été interpellées mais rapidement relâchées. Vendredi, la police a arrêté 72 personnes à leur domicile. Au total, 96 personnes étaient visées par un mandat d’arrêt car accusées de liens avec des ‘organisations illégales’. En fait, ces arrestations visent des groupes de supporteurs qui ont joué un rôle de premier plan dans le mouvement de contestation anti-gouvernemental en juin dernier. Les partisans des trois clubs sont des dizaines de milliers à être investi dans le mouvement ‘Pro-Taksim’ et sont donc une des cibles privilégiées de la répression policière, dans et hors des stades.

La police turque a tiré des grenades lacrymogènes dimanche pour disperser des manifestants rassemblés aux abords de l’aéroport international Atatürk d’Istanbul pour soutenir une grève des salariés de Turkish Airlines (THY). Les manifestants réunis à l’appel d’un collectif syndical se sont heurtés aux forces de l’ordre qui les ont violemment empêchés de marcher vers le siège de la première compagnie aérienne turque, situé dans le complexe aéroportuaire sur la rive européenne de la métropole.

Les manifestants soutenaient une grève entamée le 15 mai dernier par des salariés de Turkish Airlines pour dénoncer la décision de leur direction de ne pas réintégrer 305 employés licenciés après un mouvement de grève l’an dernier.

Pour réprimer le mouvement de contestation des mois de mai et juin dernier, les autorités turques ont utilisé environ deux ans de stock de gaz lacrymogène en seulement quelques semaines. Avant cette vague de répression, elles disposaient de réserves jusqu’en 2015. En raison de cette consommation en juin, le département de la police turque a du acheter 150.000 cartouches de gaz au Brésil et au Royaume-Uni, ce qui n’avait pas été budgeté. Mais ce 12 septembre, Amnesty International a lancé un appel à tous les pays, parmi lesquels la Belgique, fournissant la Turquie en ‘équipements anti-émeutes’ (gaz, véhicules blindés,…) de suspendre leurs livraisons. Dès lors, les autorités turques viennent de prendre la décision de produire leur propre matériel de contrôle des foules après que le rapport d’un organisme gouvernemental ait confirmé la faisabilité du projet. Le département de la police doit maintenant décider à quelle société il va faire appel pour produire le ‘gaz lacrymogène national’.

Gaz lacrymogène en Turquie

Gaz lacrymogène en Turquie