En vertu de la réforme de la loi connue sous le nom de ‘Fourth judicial package’ (quatrième série de mesures judiciaires), les avocats d’Abdullah Ocalan, dirigeant du PKK, avaient introduit une demande afin qu’il soit rejugé. Une clause de cette loi prévoit que les condamnés dont les droits prévus par la Convention Européenne des Droits de l’Homme ont été bafoués, ils peuvent être rejugés. C’est cet argument qui a été mis en avant par les avocats, mais ce n’est pas l’avis du comité qui a examiné la demande. Le refus a été voté à l’unanimité. Abdullah Ocalan purge actuellement une peine de prison à vie sur l’île d’Imrali.

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés samedi soir à l’appel d’organisations non-officielles de soutien au mouvement Gezi. Aux cris de « tous ensemble contre le fascisme », ou « ceci n’est pas une révolte, c’est un mouvement pour nos libertés », les manifestants se sont amassés sur l’avenue Istiklal, près de la place Taksim, cerné depuis la matinée par un important dispositif policier.

La police a tenté de disperser les manifestants en usant de grenades, de gaz lacrymogène et de billes en plastique. Les échauffourées se poursuivaient en milieu de soirée. La police a également procédé à l’arrestation de commerçants soupçonnés d’aider les manifestants, dans les rues adjacentes à l’avenue Istiklal. Au moins dix personnes ont été blessées (dont trois journalistes touchés par des billes en plastique) et plusieurs dizaines ont été arrêtées par les forces de police. Des incidents identiques s’étaient déjà produits mercredi soir, après que le père d’une des victimes blessées a été interdit de prononcer un discours à Taksim.

manifestation place taksin

manifestation place taksin

Depuis le 30 juillet dernier, les autorités turques multiplient les opérations ‘antiterroristes’ à travers le pays suite aux manifestations du mois dernier. Ce matin, huit personnes ont été interpellées après que des raids aient été menés dans vingt domiciles de la province de Mersin (sud). Toutes ont été appelées à comparaître dans la province voisine de Adana. De son propre aveu, le gouvernement cherche à sévir contre le ferment sociétal causé par la décision des autorités de brutalement réprimer l’opposition aux plans architecturaux de rénovation autour de la place Taksim à Istanbul.

La police turque a tiré hier mercredi des grenades lacrymogènes et utilisé des canons à eau près de la place Taksim à Istanbul pour disperser plusieurs centaines de personnes qui dénonçaient la répression des manifestations du mois de juin. Les forces de l’ordre ont bloqué les manifestants dans une rue proche de la place, théâtre le mois dernier de violents affrontements. Les manifestants voulaient marquer leur soutien à un adolescent plongé dans le coma après avoir été atteint à la tête par une grenade lacrymogène lors des troubles de juin, qui ont fait cinq morts et des milliers de blessés.

Le Higher Education Loans and Dormitories Institution (KYK) vient de publier ses nouvelles conditions d’octroi des prêts d’étude. Dans ce document officiel, elle déclare qu’aucun prêt ne sera accordé aux étudiants engagés dans la résistance, ni à ceux qui prennent part à des actions de boycott, scandent des slogans ou sont impliqués dans des activités de cet ordre. Le texte prévoit que ceux qui s’engage ‘dans la résistance, les boycotts, les occupations, l’écriture ou la peinture dans l’espace public ou le chant de slogans et autres’ ne pourront pas recevoir de prêts étudiants dans la mesure où de ‘telles activités constituent une violation du droit à l’éducation’. Il semblerait que ces nouvelles conditions émises par la KYK soient liées à l’importante implication de nombreux étudiants dans les récents mouvements de protestation au parc Gezi.

Calicot estudiantin à Ankara

Calicot estudiantin à Ankara

Au moins neuf personnes ont été interpellées dans une vague d’opérations liées aux récentes manifestations de Gezi. Celles-ci ont eu lieu ce mardi simultanément dans cinq villes. Les opérations ont été déclenchées par des brigades antiterroristes à l’aube à Ankara, Izmir, Samsun, Mersin et Tunceli. Selon un premier rapport des autorités, le nombre d’arrestations devrait encore augmenter. Entre-temps, quatre des personnes interpellées ce matin ont été relâchées tandis que deux autres ont été appelées à comparaître ce 30 juillet pour ‘infraction à la loi sur les cortèges publics et les manifestations’.

Dans la petite ville de Cizre, à la frontière turco-syrienne, des centaines de Kurdes ont célébré vendredi soir l’anniversaire du retrait de l’armée syrienne de neuf villages kurdes en Syrie, mais aussi la victoire des leurs contre des islamistes à Ras-Al-Ain. Le rassemblement, interdit, a été dispersé par la police turque. Les participants ont alors lancé des pétards et des cocktails Molotov sur les véhicules blindés de la police.

L’Union turque des journalistes (TGS) a expliqué hier que plus de 70 journalistes ont soit été soit licenciés, soit contraints de quitter leur poste ou de démissionner depuis le début, le 31 mai, du mouvement de protestation contre le gouvernement islamo-conservateur. 22 ont été licenciés, 37 forcés à quitter leur poste et le sort de 14 autres est en suspens. Le syndicat dénonce les pressions des autorités sur les organes de presse pour se débarrasser des journalistes jugés peu complaisants à l’égard des politiques suivies par le gouvernement.