Communiqué de presse

Ce mardi 4 avril 2017, nous le Front Populaire de Turquie en Belgique, commençons une grève de la faim de 5 jours au local Sacco-Vanzetti (54 Chaussée de Forest 1060 Bruxelles) afin de soutenir la grève de la faim de Kemal Gün qui, âgé de 70 ans, est en grève de la faim depuis le 24 février 2017 pour obtenir le corps de son fils, assassiné avec 10 autres combattants par l’État Turc dans un refuge, le 7 novembre 2016 dans la région de Dersim [voir notre article].

Le régime en Turquie, l’un des plus sanglants visages du fascisme de ces dernières décennies, ne respecte aucun droit de l’homme et fait disparaitre les corps des résistants qu’il a assassiné. Pour pouvoir enterrer les corps dans le respect de leurs coutumes, les familles des personnes assassinées doivent faire des gréves de la faim de plusieurs jours. Nous appelons l’opinion publique à soutenir Kemal Gün, en dénonçant ce régime fascisant.

Grève de la faim solidaire à Bruxelles

Au moins quatre fascistes turcs ont attaqué des Kurdes devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Ils étaient armés de couteaux et voulaient intimider les Kurdes et les Turcs de gauche venus voter « non » au référendum visant à étendre les pouvoirs d’Erdogan. Plusieurs blessés ont dû être emmenés à l’hôpital. Une dame de 60 ans a été poignardée à plusieurs reprises. La scène a été qualifiée « d’affrontement » par la presse. Au moins l’un des assaillants s’est retranché dans l’ambassade de Turquie. Les représentants de la communauté kurde à Bruxelles ainsi que des représentants du HDP ont à plusieurs reprises communiqué leurs inquiétudes sur une possible attaque le jour du vote, mais les réactions de la police, de l’ambassadeur et des représentants AKP étaient au mieux nulles, au pire hilares. Notons que les réunions visant à préparer cette journée de vote ont exclus le HDP: réunissant l’AKP (Erdogan, islamistes), le MHP (Loups Gris, fascistes), et le CHP (sociaux-démocrates, kémalistes).

Une dame de 60 ans poignardée en allant voter à Bruxelles.

Une dame de 60 ans poignardée en allant voter à Bruxelles.

Dimanche matin, dans la région montagneuse de Kutudere, dans le Dersim, les forces spéciales de la Gendarmerie turque (les Jandarma Özel Harekat ou JÖH) ont engagé un groupe de guérillero du PKK. Quatorze guérilléros ont été tués et parmi eux le responsable du groupe, Yusuf Doğan. Les militaires turcs ont trouvé de nombreux équipements et des provisions en tout genre dans des abris souterrains. Parmi l’équipement des guérilleros un lance-roquette antichar SAAB M136 AT4 du type de ceux fournis aux peshmargas irakiens. Un gendarme a été blessé dans l’affrontement.

L’équipement et les provisions retrouvées par les militaires


Le lance-roquette suédois que possédaient les guérilleros

L'équipement et les provisions retrouvées par les militaires
Le lance-roquette suédois que possédaient les guérilleros

La justice suisse a ouvert une procédure pour « appel à la violence » après une manifestation de 5.000 personnes samedi à Berne, lors de laquelle on pouvait voir une banderole montrant un pistolet braqué sur la tête du président Erdogan et cette phrase: « Kill Erdogan with his own weapons ». Les autorités de la ville ont annoncé de leur côté vouloir déposer une plainte pour non-respect du règlement encadrant les manifestations. La municipalité avait donné son accord pour le défilé de samedi à condition qu’il se déroule « sans provocations ». Quant à la justice turque, elle a annoncé lundi l’ouverture d’une enquête pour « appartenance à une organisation terroriste », « offense au président » et « propagande pour une organisation terroriste »…

C’est le Groupe de Jeunesse révolutionnaire (Revolutionäre Jugend Gruppe) de Berne (RJG) qui portait cette banderole, et il la revendique sur son site, ajoutant: «Ceux qui disent non à Erdogan sont traités de terroristes, toutes les formes de combat contre Erdogan sont légitimes. L’arme du meurtrier se retourne toujours contre lui. Tout comme personne ne pleure Hitler, Mussolini ou Pinochet, personne ne pleurera Erdogan.» La RJG est un des groupes signataires les plus actifs dans la Campagne pour la récolte de Celox pour les combattants internationalistes au Rojava lancée par le Secours Rouge International.

La banderole du RJG

La banderole du RJG

Malgré l’interdiction formelle de toute sorte de rassemblements à Istanbul, de nombreuses personnes se sont rassemblées dimanche à l’occasion du nouvel an kurde, le Newroz. Une manifestation réprimée brutalement à l’aide de gaz lacrymogène, canons à eau et balles en plastique. Plusieurs dizaines de personnes ont également été arrêtées. Au total 120.000 policiers et 80.000 gendarmes avaient été mobilisés cette année pour le Newroz.

Dans certaines zones du pays pourtant, les célébrations ont été maintenues. C’est notamment le cas dans la grande ville kurde de Diyarbakir. Chaque année, plus de 100.000 personnes s`y réunissent. Le rassemblement a été autorisé avec un interdit : pas de drapeau à l’effigie d’Abdullah Öcalan (interdit bravé par plusieurs manifestants). Seules étaient tolérées les bannières du HDP et celles prônant le « non » au référendum constitutionnel, donnant ainsi à l’événement un net accent anti-Erdogan. Le 16 avril, les électeurs sont en effet appeler à se prononcer pour ou contre l’élargissement des pouvoirs du président Erdogan.

Participants au Newroz brandissant le

EDIT: Un Kurde a été tué par la police lors du Newroz à Diyarbakir.

Participants au Newroz brandissant le

Au total, 740 personnes soupçonnées d’appartenir au PKK ont été arrêtées au cours des trois derniers jours dans le cadre de 36 opérations policières simultanées. La police affirme avoir saisi, au cours de ces opérations, un fusil d’assaut AK-47, quatre pistolets, 14 fusils et des munitions ont été saisis, ainsi qu’un grand nombre de documents. En février, 259 personnes avaient déjà été arrêtées dans plusieurs opérations contre le PKK. Parmi elles, 39 sont encore en détention. A Allemagne, 30.000 Kurdes ont manifestés à Francfort pour dénoncer le régime dictatorial d’Erdogan, dans la perspective du referendum qui vise à augmenter encore les pouvoirs de la présidence.

La manifestation d’hier à Francfort

La manifestation d'hier à Francfort

Erdogan Cakir (militant marxiste kurde du Front Populaire) est en grève de la faim depuis le 13 février dernier, suite aux fouilles corporelles à nu qu’il a subit dans le centre de détention de Villenauxe la Grande. Un rassemblement aura lieu devant le centre de détention de Villenauxe la Grande, ce samedi 18 mars 2017 à 14h.

Erdogan Cakir

Erdogan Cakir

Des guérilleros du PKK ont fait exploser aujourd’hui un IED sur l’autoroute Mardin-Diyarbakir, lors du passage d’un véhicule des forces de l’ordre. Deux militaires ont été tués dans l’explosion. Des renforts ont été envoyés sur place et une opération anti-guérilla, avec une couverture aérienne a été lancée. La circulation sur l’autoroute a été bloquée dans les deux sens.

Le théâtre de l’embuscade

Le théâtre de l'embuscade

Les forces de sécurité turques ont lancé dimanche soir 6 mars l’une des plus vastes opérations anti-guérilla de ces dernières années dans le Kudistan turc. Quelque 7000 gendarmes, 600 policiers d’élite, ainsi que des dizaines d’hélicoptères et de blindés ont été mobilisés pour cette offensive à Lice, dans la province de Diyarbakir. En outre, 18 villages ont été placés sous un strict couvre-feu jusqu’à nouvel ordre. Cette opération vise à neutraliser les guérillas du PKK actives dans ces zones boisées et montagneuses. Une autre opération a été menée à Genc, dans la province de Bingol

Les autorités turques affirment avoir tués 4 guérilleros à Lice et 6 autres à Genc. Une des personne tuée à Lice, Edip Yetut, surnommé Erhan Siser, était activement recherché pour sa participation présumée à la guérilla urbaine à Diyarbakir. Sa tête avait été mise à prix à 1 million de livres turques.

Edip Yetüt, tué le 6 mars par la contre-guérilla

Edip Yetüt, tué le 6 mars par la contre-guérilla

La Turquie a commencé à déployer des véhicules blindés modernes Kobra 2 le long du mur de béton, construit sur la frontière turco-syrienne, dans le cadre du blocus contre le Rojava. Ce véhicule a été conçu et produit en Turquie, possède un ensemble de systèmes de surveillance avancés, permettant de détecter précisément des menaces éventuelles à une distance d’une dizaine de kilomètres. En particulier, le véhicule est équipé d’un radar, d’un système de détection de cibles, de viseurs et de caméras thermiques.

Un Kobra 2 le long du mur isolant le Rojava

Un Kobra 2 le long du mur isolant le Rojava