Une nouvelle grève a eu lieu à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et les étudiants sont encore sortis dans la rue pour manifester leur colère. Le collectif de ces étudiants réclame le paiement de leurs bourses d’études, la résolution de leur problème de logement, le règlement de la question de la prise en charge médicale, entre autres. Les étudiants ont jeté des pierres et les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes. Certain étudiants sont restés pendants 7 mois sans percevoir leurs bourses.

Les affrontements de jeudi à l'UCAD

Les affrontements de jeudi à l’UCAD

Une vague de manifestations tournant à l’émeute ont secoué les villes de Tshwane, Somerset West, Khayelitsha, Kroonstad, Orange Grove et Vanderbijlpark. Ces manifestations s’accompagnent de barrages routiers et ont pour origine la rareté ou la cherté de services publics de base (eau, logement, électricité), la corruption et l’inefficacité des autorités locales à satisfaire les besoins de base. Les forces de l’ordre ont à plusieurs reprises tiré des balles en caoutchouc sur des manifestants, notamment à Orange Grove (Johannesburg).

Barricade à Tshwane

Barricade à Tshwane

Le dirigeant de la Coordination nationale des enseignants-chercheurs (CNEC), le premier syndicat des professeurs d’universités publiques de Côte d’Ivoire, Johnson Zamina Kouassi, a été écroué pour « troubles à l’ordre public ». Les grèves, qui touchent également les enseignants des écoles primaires et secondaires et qui rentrent dans leur cinquième semaine, paralysent tout le système éducatif du pays. Les grèves du secteur public sont récurrentes en Côte d’Ivoire depuis deux ans, malgré la signature en août 2017 d’une trêve sociale de cinq ans moyennant le paiement sur plusieurs années d’arriérés de salaires.

De violents affrontements ont opposé mardi élèves et policiers dans plusieurs endroits d’Abidjan, notamment près du lycée international Jean Mermoz et du lycée du quartier chic de Cocody. Des élèves et étudiants voulaient empêcher les cours de se dérouler dans ces établissements où la grève n’est pas suivie, afin d’alerter sur leur situation, leur année scolaire étant gravement perturbée par les grèves. Ils en ont été brutalement empêchés par les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser.

Johnson Kouassi Zamina

Johnson Kouassi Zamina

Le campus de l’University of KwaZulu-Natal (UKZN) à Westville a été le théâtre de violentes manifestations mercredi, malgré l’accord de la direction et des syndicats étudiants sur le retour en classe. Des manifestants ont incendié le bâtiment du Service de gestion des risques sur le campus et caillassé des agents de la sécurité privée qui ont ouvert le feu. Au moins deux véhicules et plusieurs immeubles ont été endommagés. Une étudiante a été blessée. il n’y a pas eu d’arrestation.

Forces de sécurité sur le campus de l'University of KwaZulu-Natal

Forces de sécurité sur le campus de l’University of KwaZulu-Natal

Mardi matin, 26 février, Kwasi Adu Amankwah, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale – Afrique (CSI-Afrique), a été arrêté à son hôtel à Harare par les forces de sécurité et conduit à l’aéroport où il a été détenu dans l’attente de son expulsion. Il sera finalement libéré ce mercredi après plus de 24h de détention. Kwasi Adu Amankwah se rendait au Zimbabwe pour rencontrer les dirigeants du Congrès zimbabwéen des syndicats (ZCTU) ainsi que le ministre zimbabwéen du Travail, Sekai Nzenza. Dans le même temps, Diallo Mamadou, Secrétaire général adjoint de la CSI, a vu son visa refusé par le gouvernement zimbabwéen.

La situation est tendu au Zimbabwe qui a vu plusieurs grèves s’organiser ses dernières semaines et être réprimées violement causant la mort de manifestants et l’arrestation d’un certains nombres d’entre eux dont des dirigeants syndicaux. Les dirigeants du ZCTU, Japhet Moyo et Peter Mutasa, font toujours l’objet d’accusations pour avoir appelé à une grève de trois jours, du 14 au 16 janvier 2019 (voir nos articles ici et ici). Ils ont été libérés sous caution et doivent se rendre trois fois par semaine au Département des Enquêtes Criminelles. Ils sont accusés d’avoir voulu « nuire à un gouvernement constitutionnellement élu ».

Kwasi Adu Amankwah, secrétaire général de la CSI-Afrique

Kwasi Adu Amankwah, secrétaire général de la CSI-Afrique

Une foule de manifestants s’est rassemblée à Khartoum dans le quartier de Bahari (nord) en scandant « Liberté, paix et justice », principal slogan de la contestation, mais a rapidement dû faire face aux forces antiémeutes qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Un vendeur de fruit soudanais est mort dimanche dans un hôpital de Khartoum après avoir inhalé des gaz lacrymogène tirés par les forces anti-émeutes lors de manifestations. Des rassemblements ont également eu lieu dans d’autres quartiers de la capitale comme Burri, Halfaya, Shambat Alshajara, et Al-Abassiya d’Omdurman. Plusieurs manifestants ont été arrêtés par la police. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes lors de ce mouvement de contestation. L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) fait état de 51 morts.

Manifestation à Khartoum

Manifestation à Khartoum

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Mardi 5 février, Mahamadi Sissoko, un septième cheminot a trouvé la mort dans la grève de la faim en cours depuis deux mois dans la ville de Kita au Mali. Les cheminots Maliens sont en grève pour réclamer 11 mois de salaires impayés. Suite à ce dernier décès, l’état Malien se propose de leur payer 3 mois mais le syndicat des travailleurs des rails maintient son mot d’ordre, les travailleurs du rail sont, en effet, catégoriques : « le paiement des arriérés de salaire ou la mort ».

Les familles participent aussi aux mouvement. Ce mercredi 13 février, les femmes des cheminots ont manifesté à Kayes, avec une banderole “J’ai faim, 10 mois sans salaire”. Ils sont 496 agents à participer à la grève pour réclamer les arriérés de salaire. Le premier décès chez les grévistes avait eu lieu le 18 décembre 2018.

Plus d’infos ici

La manifestation des femmes des cheminots de mercredi

La manifestation des femmes des cheminots de mercredi

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Les étudiants de plusieurs universités sud-africaines ont manifestés lundi pour revendiquer des meilleurs transports, de meilleurs installations et une aide aux étudiants pauvres. Suite à cela, le Conseil des représentants des étudiants (SRC) de l’Université du Witwatersrand (Wits) a annoncé lundi dans une déclaration qu’il entamerait, avec ses « mandants », une grève de la faim pacifique à partir de mardi matin. Ce mouvement a provoqué mardi des affrontements entre les étudiants en lutte et les forces de sécurité du campus.

Mercredi, au moins une personne a été grièvement blessée lors d’affrontements entre la police et des étudiants manifestants mercredi. Environ 300 étudiants de l’Université de Johannesburg (UJ), du Wits et du Central Johannesburg College ont défilé des campus de Doornfontein (UJ) à Auckland Park Kingsway (APK). En entrant sur les campus, ils ont invité d’autres étudiants à les rejoindre. Les étudiants devaient remettre un mémorandum à la direction du campus APK mais une bagarre a éclaté entre des vigiles et les étudiants à la porte. La police est intervenue en lançant des grenades assourdissantes.

Incidents à la WITS

Incidents à la WITS

Quinze jours après les grèves et manifestations qui se sont déroulées au Zimbabwe (voir notre article), des centaines de militants et d’avocats se cachent pour échapper aux arrestations arbitraires, passages à tabac, viols et enlèvements commis par la police et l’armée depuis cette date. Officiellement, 600 personnes auraient été arrêté, mais selon différentes organisations présentent sur place, entre 1000 et 1500 personnes auraient été arrêtées. Parmi les personnes incarcérées, se trouvent plusieurs membres de l’opposition, des militants et des leaders syndicaux (voir notre article). Le dernier en date est Peter Mutasa, le président du ZCTU, le syndicat à l’initiative de l’appel à la grève. Peter Mutasa s’était présenté de lui-même à la police vendredi accompagné de son avocat. Après un interrogatoire de plusieurs heures, il a été poursuivi pour « subversion envers le gouvernement » et « incitation publique à la violence » et incarcéré.

Peter Mutasa, président du ZCTU

Peter Mutasa, président du ZCTU

Des milliers de Soudanais sont descendus jeudi dans la rue dans plusieurs villes du pays pour appeler au départ du président Omar el-Béchir, des rassemblements violemment dispersés par la police. Depuis le 19 décembre, le Soudan est secoué par un mouvement de protestation déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique (voir cet article, mais aussi ici, ici et ici). Les manifestations, rythmées par le principal slogan « liberté, paix et justice », se sont aussitôt transformées en rassemblements quasi quotidiens contre Béchir arrivé au pouvoir par un coup d’Etat soutenu par les islamistes en 1989.

Jeudi, un manifestant est mort à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum. Un autre manifestant blessé lors d’un rassemblement le 13 janvier à Khartoum a succombé, et un troisième est décédé en détention. Les estimations varient entre 40 et 80 manifestants tués depuis le début du mouvement.

Manifestation anti-gouvernmentale au Soudan

Manifestation anti-gouvernmentale au Soudan

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