Les manifestations menées hier vendredi à Santiago du Chili pour exiger que le gouvernement du président Piñera gracie les prisonniers politiques ont débouché à une série d’émeutes et de blocus des rues principales de la ville. Les affrontements se sont concentrées dans le centre de la ville, où le trafic a été détourné de la station de métro Los Héroes vers l’avenue San Francisco. Des manifestants cagoulés ont érigé des barricades et y ont mis le feu. Ces incidents se sont produits après que les manifestants qui protestaient à côté de la place Baqueado pour demander l’amnistie se soient dirigés vers le centre de Santiago du Chili.

 

Au troisième mois de grève générale, de nouvelles manifestations de masse contre l’austérité ont débouché sur des affrontements en Colombie. A Bogotá, le 28 juillet, suite à 17 marches et mobilisations, quatre affrontements distincts ont eu lieu. Dans le secteur d’Usme, au sud de la capitale, des manifestants cagoulés ont caillassé plusieurs policiers. Six policiers ont été blessés et ont été évalués. Il y a eu des émeutes et des affrontements à proximité du Portal de Americas et du Portal de Suba. Au carrefour de la Carrera 10 avec la Calle 27 Sur, il y a eu un barrage, et l’intervention policière a conduit à des émeutes.

Dans la ville de Bucaramanga, après les manifestations, tard dans la nuit, il y a eu des émeutes dans la zone autour de l’Université industrielle de Santander. Deux policiers ont été blessés et le système de vidéosurveillance a été saboté. Plus au nord, à Barranquilla, trois manifestations se sont terminées dans le centre-ville par une attaque contre la mairie de district. Il y a eu aussi trois émeutes à Medellín, dont l’une était importante et a duré plusieurs heures dans le quartier de Moravia, au nord-est de la ville. Cinq policiers ont été blessés.

La fraction des FARC qui n’a pas mis bas les armes a revendiqué, dans une vidéo, plusieurs attaques contre les forces armées mais aussi le mitraillage de l’hélicoptère transportant le président et une attaque contre une base américaine. Le bloc Magdalena Medio des FARC, dirigé par alias Iván Mordisco et Gentil Duarte, a notamment revendiqué l’action contre la 30e brigade de l’armée à Cúcuta, une action d’abord attribuée à l’ELN (voir notre article) et celle contre le quartier général des forces US en Colombie (voir un extrait de la vidéo).

Pour la deuxième fois ce moins-ci, ce samedi, de grandes manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du Brésil pour s’opposer à Bolsonaro. Plus de 500 000 Brésiliens sont morts du COVID-19 sous la direction de Bolsonaro, qui a été largement critiqué pour avoir rejeté la gravité de la maladie et s’être opposé aux masques et aux mesures de distanciation physique. Bolsonaro fait aussi l’objet d’une enquête au Sénat, qui étudie la possibilité de corruption liée à l’achat d’un vaccin indien contre le coronavirus. Sur l’avenue Paulista de Sao Paulo, lieu traditionnel des manifestations politiques, les manifestants se sont rassemblés à 16 heures heure locale. Il y a eu plus tard des affrontements entre les manifestants et la police.

 

Des manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes du Brésil, entre la fin de l’après-midi et le début de la soirée du mardi 13, pour exiger la destitution du président Jair Bolsonaro.  A São Paulo, la manifestation a été suivie de près par un important contingent de la police militaire. Les manifestants ont quitté la Praça da República, dans le centre de São Paulo, et avaient l’intention de marcher jusqu’à la Praça Roosevelt, mais en ont été empêchés par la police militaire. Au moins une personne a été arrêtée. A Rio de Janeiro, la manifestation, qui thématisait aussi le refus de la privatisation de Correios, s’est soldé par une forte répression de la police militaire. Les manifestants ont été la cibles de gaz et de balles en caoutchouc. Deux manifestants ont été arrêtés.

Trois fusillades ont eu lieu au début de ce mois entre des patrouilles militaires et des combattants de la guérilla maoïste du Parti Communiste du Pérou Militarisé dans le district de Llochegua, (province de Huanta, région d’Ayacucho). Le communiqué de l’armée indique qu’un sous-officier a été blessé et évacué d’urgence sur Lima, et affirme que trois guérilleros ont été mortellement blessés. Suite à ces engagements, quatre autres patrouilles ont découvert des camps évacués par les guérilleros.

 

 

Il y a quelques jours, lors des manifestations antigouvernementales à Medellin, en Colombie, une jeune fille de 15 ans a été violée par la police. Le 2 juillet, des groupes de féministes ont attaqué le commissariat avec des cocktails Molotov. Ce n’est pas un cas isolé, dans le cadre de la répression des manifestations anti-gouvernementales commencées il y a plus de deux mois, 28 femmes ont été violées.

Les mobilisations antigouvernementales ne cessent pas en Colombie. Mercredi, une manifestation qui s’est déroulée à Floridablanca, Santander, s’est terminée par l’attaque de la mairie (photo). Le même jour, la manifestation ayant lieu dans le quartier « Sena Norte » de la ville de Popayán a donné lieu à de violents affrontements entre les manifestants et les policiers des Escouades mobiles anti-émeutes, les Esmad. Deux localités de la métropole, Bogota, ont également été le théâtre d’affrontements: les municipalités de Suba et d’Usme. Les manifestants ont bloqués des routes, détruits des bus et affrontés la police. Hier vendredi, c’est dans le quartier « 20 de Julio » de Bogotá que des manifestants se sont affrontés aux Esmad.

La cérémonie de serment des membres de l’Assemblée constituante chilienne a été perturbée par des affrontements entre policiers et manifestants. Des marches organisées par des groupes de gauche et indigènes se sont heurtés à des policiers lourdement armés tenant des barricades à l’extérieur de l’ancien bâtiment du congrès de Santiago où devait se dérouler la cérémonie. Des heurts ont éclaté après que certains manifestants aient tenté de franchir les barrières, la police faisant usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Des délégués de l’Assemblée ont demandé le retrait des forces spéciales répressives, et le responsable du tribunal électoral, qui présidait la cérémonie, a suspendu la cérémonie jusqu’à midi.

La décision de rédiger une nouvelle constitution chilienne, pour remplacer celle de Pinochet, est un résultat des manifestations massives qui ont commencé en octobre 2019 contre l’austérité et les inégalités et qui ont été avivées par la répression féroce de la police. L’organe constitutionnel est composé de 155 délégués, dont 17 candidats autochtones, également répartis entre hommes et femmes, et a été choisi par un vote en mai. Il est dominé par des candidats indépendants et de gauche, certains ayant des liens dans le mouvement de protestation, avec une part de candidats plus conservateurs soutenus par l’actuel gouvernement de centre-droit.

Voilà maintenant deux mois que des manifestations massives et des grèves contre la politique du président Ivan Duque secouent la Colombie. Les troubles ont été déclenchés par une proposition de réforme fiscale désormais retirée. Plus de 60 personnes sont mortes depuis le début du mouvement. Lundi, un commissariat de police dans la ville de Madrid, dans la région centrale de Cundinamarca, a été attaqué par une foule de manifestants. Le siège a duré plus de cinq heures. Les émeutiers ont érigé des barricades et incendié des motos de patrouille. Plusieurs policiers ont été blessés. Des émeutes et des affrontements avec la police ont eu lieu lundi dans d’autres villes, dont la capitale du pays, Bogota, où huit bus ont été incendiés et six personnes arrêtées. A Facatativa, un tribunal a été incendié pour la deuxième fois depuis mai. À Barranquilla, un groupe de manifestants a renversé une statue de Christophe Colomb vieille de près de 130 ans.