Le 28 janvier dernier, le juge du tribunal de Guantanamo a révélé que l’OCA (Original Classification Authority), une agence gouvernementale du renseignement, écoutait tous les débats des audiences depuis l’extérieur. Le directeur de la technologie du tribunal militaire, Elkins, l’a confirmé, les conversations, même murmurées entre les avocats et les accusés peuvent être entendues par le gouvernement. Lundi, suite à ces révélations, Elkins a expliqué qu’il y a deux circuits audio distincts. Le premier est ‘filtré’ et est destiné aux journalistes et aux familles des victimes. Le second capte tout, même les chuchotements et parvient à la personne chargée des retranscription, aux interprètes mais aussi à l’agence gouvernementale écoutant l’audience. Lundi, les micros de la salle d’audience ont été modifiés afin qu’ils ne puissent pas saisir par inadvertance les conversations confidentielles. Les avocats doivent désormais appuyer sur le micro pour parler, alors qu’ils devaient auparavant presser un bouton pour que le micro soit en position « silencieux ». Mais au cours d’une audience, un avocat a fait la démonstration que ce qu’il disait à son client pouvait être saisi par un autre micro que celui, éteint, qui se trouvait sur sa table. Il a ensuite affirmé que personne ne savait ce que le gouvernement faisait de ces sons. En raison des nombreuses objections des procureurs, les avocats n’ont toujours pas réussi à savoir où se trouve l’OCA, ni qui a accès à ces conversations entre avocats, ou entre les avocats et leurs clients.

Selon l’organisation humanitaire Open Society Justice Initiative, 54 gouvernements étrangers ont participé au programme de détention secrète et de torture de suspects de terrorisme après le 11 septembre de l’agence du renseignement américain. Parmi ces 54 pays se trouve la Belgique.

Les 54 gouvernements ont participé à ce programme de diverses manières, y compris en accueillant les prisons secrètes sur leur sol, en aidant à la capture et au transport des détenus, en interrogeant et en torturant des individus, en fournissant des renseignements, ou encore en ouvrant leur espace aérien pour les vols secrets. L’Italie est le seul pays où un tribunal a condamné des responsables pour leur implication dans ces opérations, le Canada est le seul à avoir présenté des excuses à une victime de ce programme, tandis que trois pays -le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni- ont versé des indemnités de compensation à des victimes

Actuellement, le département de la Défense compte 900 employés chargés d’assurer la cybersécurité. Fin 2012, de hauts responsables du Pentagone ont pris la décision d’augmenter les effectifs dans ce secteur en raison des menaces croissantes qui pèsent sur le cyberespace. Le ‘Cyber Commandement’ va voir ses effectifs multipliés par cinq, passant de 900 à 4900. Ce personnel, militaire et civil, travaillera entre autre à la sécurisation des réseaux du ministère américain de la Défense.

Une centaine de personnes ont participé à la dernière soirée bénéfice organisée par le Secours rouge du Canada en solidarité avec les victimes de la répression politique et policière, notamment dans le cadre de la grève étudiante qui a marqué les luttes sociales l’an dernier au Québec. La soirée a permis de ramasser plus de 900$, qui ont été remis au Fonds de défense juridique de la Convergence des luttes anticapitalistes de Montréal.

En dépit des polémiques, les autorités américaines ont, fin décembre, pris la décision de prolonger le FISA (Foreign Intelligence and Surveillance Act) jusqu’en 2017. Cette loi, adoptée en 2008, est en partie consacrée à la surveillance des citoyens étrangers grâce aux contrôles des échanges informatiques. Grâce au FISA, le gouvernement américain peut solliciter les données des grandes entreprises informatiques américaines (Google, Facebook,…) en émettant un mandat secret obligeant ces sociétés à coopérer. Les données concernées sont, entre autre, les données stockées et les données échangées en temps réel. Les prérogatives du gouvernement dans ce cadre sont énormes et ciblent toute organisation politique – ou considérée comme telle – étrangère. Le Centre d’études sur les conflits, liberté et sécurité vient de publier un rapport dénonçant cette loi, affirmant que c’est un outil de surveillance de masse et que les investigations secrètes pourraient toucher tout homme politique, militant et journaliste européen, c’est-à-dire une vaste portion de la population du continent. Jusqu’à présent, la Commission européenne a laissé faire, et il semblerait qu’elle garde cette position à l’avenir, suivant l’avis de l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne qui assure que tous les agissements des services de renseignements tombent sous le coup des obligations légales de respect de la vie privée.

C’est le 6 mars que débutera le procès du soldat Bradley Manning poursuivit pour avoir transmis des documents militaires à Wikileaks. Il est inculpés de 22 chefs d’accusation, dont le principal est ‘collusion avec l’ennemi’. En décembre, son avocat avait plaidé pour l’abandon de toutes les charges, mettant en avant les conditions de détention et les mauvais traitements subis par Manning durant ses neuf mois à la prison de Quantico. La juge a annoncé sa décision hier, le procès aura bien lieu. Elle a estimé que l’argumentation de la défense n’était pas une raison suffisante pour décréter l’abandon de toutes les charges, qui sont graves, selon ses mots. Elle a ajouté que celui-ci n’était justifié qu’en cas de conduite scandaleuse du gouvernement, ce qui d’après elle, n’est pas le cas dans cette affaire. Elle a néanmoins accordé un crédit de 112 jours au soldat (durée correspondant à la période durant laquelle il a été placé à l’isolement), ce qui signifie que sa peine, s’il est condamné, sera réduite d’autant. Manning encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

John O. Brennan vient d’être nommé par Barack Obama directeur de la CIA. Il était jusqu’à présent son conseiller principal pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste. Brennan a fait carrière de 25 ans dans la CIA, notamment en Arabie Saoudite. Il a eu en charge de l’analyse du terrorisme au Counterterrorist Center de la CIA pendant les deux guerres du Golfe. Il sera ensuite chef d’état-major du directeur de la CIA, puis directeur exécutif adjoint de la CIA. En 2003, il fut chargé de construire le Terrorist Threat Integration Center, prédécesseur du National Counterterrorism Center qu’il dirige par intérim de 2004 à 2005. En 2005, il quitte la CIA et travaille pour des instituts d’analyse. Il défendra publiquement l’extraordinary rendition mais qualifia le waterboarding de forme de torture. Brennan est chargé de l’élaboration d’un nouveau cadre politique sur les « assassinats ciblés », et, prône un recentrage de la CIA sur les activités de renseignement et le transfert des activités opérationnelles (assassinats) au Pentagone. Sa nomination doit encore être approuvée par le Sénat.

Malgré la condamnation des agissements de la précédente administration républicaine, Obama a autorisé la poursuite des enlèvements illégaux de suspects en pays étrangers et leur déportation aux États-Unis. Deux Suédois et un Britannique ont été kidnappés dans la république de Djibouti parce que suspectés d’être membres d’un groupe islamiste actif dans la Somalie voisine.

Le ministre des affaires étrangères suédois a confirmé en août l’arrestation et l’extradition clandestine qui a suivi d’Ali Yashin Ahmed, 23 ans, et de Mohamed Yusuf, 29 ans. Ces deux personnes sont depuis détenues illégalement et régulièrement interrogées par le FBI. Ils auraient été présentés devant un tribunal de Brooklyn le 21 décembre. Les trois hommes ont été apparemment arrêtés pour un motif futile en août dernier mais une fois sous les verrous, ils ont été interrogés par des agents spéciaux étasuniens. Deux mois après leur arrestation, ils ont été inculpés au cours d’une audience secrète d’une juridiction fédérale à New-York puis transférés dans un lieu tenu là-aussi secret.

Il y aurait déjà plus de 110 bases d’activité pour les drones, actuelles ou en construction, dans 39 Etats. La Electronic Fontiere Fondation a établi une carte répertoriant les autorisations données, ou en attente, pour leur utilisation. Le pays entier est quadrillé. D’ici 2020, quelques 30 000 drones seraient utilisés aux USA à des fins de sécurité intérieure.

La police des frontières les utilisent depuis 2005 pour repérer les immigrants clandestins et le trafic de drogue entre les Etats-Unis et ses deux voisins, le Mexique et le Canada. A quelques reprises, et sous des conditions restreintes, le FBI et la DEA ont été autorisés à emprunter ces drones. En juin 2011, les forces de l’ordre du comté de Nelson (Dakota du Nord), procédaient à la première arrestation de citoyens américains assistée d’un drone. En février de cette année, le congrès a voté une loi pressant l’Administration fédérale de l’aviation (la FAA) d’élargir les conditions de survol du territoire domestique aux drones. En plus de l’armée, le secteur privé et les agences civiles du gouvernement (au niveau fédéral, des Etats et local) seront autorisés à utiliser des drones dans l’espace aérien américain.

Les drones peuvent être équipés de caméras infrarouges, de détecteurs de chaleur, de GPS, de détecteur de mouvement, d’un lecteur automatisé de plaque d’immatriculation et on leur prête un prochain système de reconnaissance faciale. Un document non-classifié de l’armée de l’air américaine, clarifiant les limites de la «surveillance dronaire». On y apprend que les robots-espions ne pourront pas « mener de surveillance non-consensuelle sur des personnes américaines spécifiquement identifiées, sauf si approuvé expressément par la secrétaire à la Défense. » Cela signifia que la surveillance contre leur gré des citoyens américains ne dépend que de l’approbation de la secrétaire à la Défense, des personnes américaines non «spécifiquement identifiées» pourraient être surveillées à leur insu, comme par exemple un groupe de militants ou de manifestants.

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