La direction de Carrefour Belgique faisait appel à la justice (en l’espèce au tribunal des référés) pour briser la grève du week-end passé. Toutes les salles d’audiences ne réussissent pas à Carrefour qui a été condamné vendredi à plus d’un million d’euros d’amende. Un tribunal de Lyon a condamné vendredi Carrefour pour ‘non respect du smic‘. Carrefour devra verser 3.000 euros à chacun des 429 salariés de deux magasins qui avaient été payés en dessous du salaire minimum entre 2004 et 2006. La décision du tribunal ne prévoit cependant pas de rattrapage des salaires. La CGT envisage une nouvelle action devant les Prud’hommes et de regrouper d’autres plaintes pour une action au pénal.

Face à l’immobilisme politique en matière de régularisation et à la non-application de l’accord gouvernemental; face à l’énième promesse non respect de date butoir (14 octobre) pour sortir de la crise; face à l’absence totale de perspectives de pouvoir changer un jour sa vie de clandestinité et de misère; l’UDEP s’est réunie ce lundi 27 octobre à 18h30 en Assemblée Générale. Une centaine de ses membres qui ont voté à la quasi unanimité d’ouvrir de nouvelles occupations afin mener de nouvelles actions de sensibilisation et de protestation.

La première occupation s’ouvrira ce mercredi 29 octobre à Anderlecht, en l’église où en 2006, 40 militants de l’Udep occupant l’église furent raflés au lendemain du non-vote de la loi de régularisation. Elle se trouve rue du Docteur De Meersman 12 à Anderlecht, à la hauteur du numéro 70 chaussée de Mons / porte d’Anderlecht / Lemonnier / Midi / Clemenceau. Les occupations suivantes s’ouvriront dans le courant de la semaine prochaine dans des lieux qui seront jusqu’à leur ouverture tenus secrets.

Site de l’UDEP

Les syndicats menaient ce samedi des actions dans dix magasins Carrefour du pays (Auderghem, Mons, Jumet, Gosselies, Montigny-le-Tilleul, Schoten, Burcht et Zemst, ainsi que dans deux magasins franchisés à Gilly et Anderlues). Ils dénonçaient la politique de la direction du groupe qui a placé les 150 employés du nouveau Carrefour de Bruges sous une commission paritaire moins favorable par rapport au statut des autres employés du groupe, notamment pour les rémunérations du travail dominical. Seuls les grandes surfaces d’Auderghem et de Burcht ont finalement pu ouvrir leurs portes. La direction du Carrefour d’Auderghem a fait pression pour que les travailleurs ne fassent pas grève. Le directeur du Carrefour d’Auderghem est descendu en personne sur le parking de la grande surface pour faire pression sur les travailleurs présents (souvent sous contrat précaire) afin qu’ils brisent la grève. La direction avait en avait appelé au tribunal des référé qui avait ordonné que les magasins restent accessibles. Confronté au piquet, l’huissier (encadré par plusieurs dizaines de policiers) a notifié des astreintes. Les policiers sont intervenus brutalement et ont procédé à l’arrestation administrative d’un délégué syndical. A Mons, un huissier s’est également présenté pour signifier une ordonnance du tribunal des référés, mais il n’a rien eu à constater car le personnel ne s’est pas présenté pour travailler.

Piquet de grève au Carrefour d'Auderghem

Piquet de grève au Carrefour d’Auderghem

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Ce dimanche 26 à 7h du matin: une cinquantaine d’activistes de Flandres, Bruxelles et Wallonie ont pénétré sur le site du centre fermé de Vottem. Certains se sont attachés à l’aide de lock-on aux grilles des quatre points d’entrée du camp, ainsi qu’à deux autres grilles de la deuxième ligne de grillage. Avec une heure de retard et quelques énervements, les relèves de la nuit pénètrent par une des grilles entr’ouvertes. Une vingtaine de minute plus tard, c’est une dizaine de flics qui rappliquent par la même entrée. La dizaine de personnes devant la grille ne faisant pas le poids pour les en empêcher. Sur une radio du service public un communiqué annonce qu’un groupe d’individus bloquent les accès du centre fermé de Vottem, et cela pour 24 heures. Cette action est menée simultanément au Danemark et aux Pays-Bas

Vers 12h30, une quinzaine de flics anti-émeute ouvre la grille de la porte ‘4’, risquant de casser les bras des activistes attachés. Ils arrachent les banderoles, puis rentrent. Des visiteurs venus visiter leur proches enfermés sont bloqués dehors. Malgré l’accès possible aux personnes à une des quatre entrées, la direction refuse l’accès aux visiteurs. La police veut négocier un arrêt du blocage. La direction affirme que les expulsions d’aujourd’hui sont annulées et qu’aucun fourgon n’entrera ni sortira du centre. Les groupes veulent bien quitter les lieux à 15h en posant des conditions: aucun contrôle d’identité opéré, aucune expulsion effectuée aujourd’hui, et accès des visiteurs aux parloirs. La police accepte. A 14h10, coup de théâtre, le gradé affirme que la négociation est caduque. Le Ministère de l’intérieur refuse, et veut que les activistes soient délogés de suite. Personne ne cède à la provocation. A 15h, les activistes se rassemblent à l’intérieur et défont leur lock-on, certains sont confisqués par la police. A l’extérieur, c’est une centaine de personnes qui s’en vont en chantant des slogans pour la liberté de circulation, contre les frontières et les états. Bilan: 13 heures d’occupation. Aucun contrôle ni arrestation.

Blocage du centre fermé de Vottem

Blocage du centre fermé de Vottem

Blocage du centre fermé de Vottem

Blocage du centre fermé de Vottem

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A 18h ce mercredi, la police a fait irruption sur le campus du Solbosch à l’ULB en cherchant ouvertement à identifier des personnes qui avaient participé aux dernières manifestations de soutien aux sans-papiers (ainsi celle du 16 octobre devant le CGRA). Les flics se sont baladés sur le campus, posant des questions, prenant des photos. Une vingtaine d’étudiants a manifesté son désaccord et pour calmer le jeu, la sécurité du campus est allée expliquer aux policiers qu’il n’y avait aucun trouble qui pouvait justifier une présence policière. Pour rappel, il y a trois mois, c’est cette même sécurité du campus qui avait appelé la police pour dénoncer un collage militant (sur les colonnes d’affichage!). La police était venue et avait arrêté le colleur. Des étudiants se sont interposés et la police les avait alors menacé d’une arrestation pour ‘appel à l’émeute’.

Ce lundi 20 octobre, la cour d’appel d’Anvers a acquitté Dyab Abou Jahjah et Ahmed Azzuz, dirigeants de la Ligue Arabe Européenne (LAE), estimant que les preuves n’étaient pas suffisantes sur leur responsabilité dans les heurts qui se sont déroulés près d’Anvers en 2002, après le meurtre de Mohamed Achrak. Tout le mal que le Secours Rouge pense du crypto-islamisme de la LAE ne nous empêche pas de nous réjouir de la manière dont ce lynchage juridique a finalement tourné court. ‘Durant six ans, nos militants ont été présentés comme des criminels. Maintenant, il s’avère qu’il n’y avait rien, un simple ‘désolé’ ne suffira pas. Je veux des réparations‘ a déclaré Abou Jahjah, à l’annonce de son acquittement. Il envisage de porter plainte contre l’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt, son conseiller en sécurité de l’époque Bryce De Ruyver et l’ancienne bourgmestre d’Anvers Leona Detiège: ‘Ils ont commis des faits punissables en déclarant que nous sommes une organisation criminelle.’

Environs 30 étudiants et sans-papiers afghans ont occupés ce jeudi 16 à 11h30 le hall du Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides. Une centaine de manifestants restaient groupés sur le trottoir devant l’immeuble. Les manifestants ont été violement dispersés par la police. Dans la bousculade le ‘fameux’ capitaine Vandersmissen a d’ailleurs perdu ses galons et ses étoiles. Une trentaine de manifestants ont été a embarqués à l »Amigo’. Ils ont tous été libérés à 17h sauf Niccolo, Lola et Youri, trois étudiants du CAS, qui ont été placé en arrestation judiciaire pour ‘incitation à l’émeute’. Un rassemblement s’est tenu devant le commissariat, qui a évolué en manifestation sur la Grande-Place. Rappelons que les sans-papiers afghans sont depuis 57 jours en grève de la faim.

Le 12 octobre dernier, un jeune demandeur d’asile de nationalité serbe, dont la demande de séjour en Belgique a fait l’objet d’une réponse négative, s’est suicidé au centre fermé pour étrangers de Vottem. Il avait été interpellé le 26 septembre à la suite d’un contrôle dans le Thalys Paris-Bruxelles. Le 13 octobre, le Comité d’Actions et de Soutien (CAS) a tenté de bloquer le Thalys afin de montrer notre volonté de faire changer cette politique xénophobe. L’intervention policière a été immédiate. Les policiers ont même fait usage de gaz. Le Thalys est le symbole de cette société libérale dans laquelle les plus riches, les plus employables, les plus performants peuvent circuler ‘librement’ pour vendre leur force de travail, pendant que d’autres sont arrêtés aux frontières, dans les transports ou dans la rue parce qu’ils viennent d’ailleurs ou parce qu’ils n’ont pas les bons papiers. Le CAS s’est constitué en appui aux sans-papiers qui occupent depuis six mois un bâtiment de l’ULB.

Lire le communiqué du CAS