Après Bobigny (voir notre article) samedi et Argenteuil (où un bus a été caillassé et 11 personnes interpellées) dimanche soir, de violents incidents ont éclaté aux Ulis (Essonne) dans la nuit de dimanche à lundi et dans les Yvelines. Le commissariat des Ulis (Esonne) a été attaqué dans la nuit de dimanche à lundi. Trois vagues successives d’attaque du commissariat ont eu lieu, entre 23h30 et 4h du matin. Une vingtaine de personnes auraient jeté des cocktails Molotov et pierres sur l’édifice public. Trois voitures des forces de l’ordre ont été détériorées, plusieurs voitures de particuliers ont également brûlé à cause des cocktails Molotov. Tous les effectifs de police de nuit du département ont été mobilisés.

Véhicules incendiés devant le commissariat des Ulis

Véhicules incendiés devant le commissariat des Ulis

Vitres cassées, gaz lacrymos, jets de projectiles, voitures et un camion-régie RTL incendié: des incidents ont éclaté samedi à Bobigny en marge d’un rassemblement de milliers de personnes réclamant « justice pour Théo ». Encadrés par des forces de police déployées massivement, les manifestants, dont de nombreux jeunes, se sont réunis devant le tribunal de cette ville de Seine-Saint-Denis. Bobigny est à seulement une dizaine de kilomètres d’Aulnay-sous-Bois. Au total trente-sept personnes ont été interpellées dans la soirée de samedi

D’autres rassemblements ont eu lieu en France. A Rouen, quelque 200 personnes ont manifesté dans un climat tendu. Des abribus ont été dégradés, des poubelles incendiées et une caserne de gendarmerie dégradée – il y aurait eu deux interpellations pour attroupement. En revanche, les manifestations de Caen, Toulouse et Nantes se sont déroulées dans le calme.

Les incidents à Bobigny

Les incidents à Bobigny

Le viol par des policiers de Théo, jeune homme d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) continue à soulever la colère et à mobiliser. Mercredi soir, des tirs de mortier artisanal ont été observés dans le quartier du Pavé-Neuf à Noisy-le-Grand, ainsi que plusieurs départs de feu. De nombreux policiers ont été dépêchés sur place. Des tirs de flashball ont été signalés. Neuf personnes ont été interpellées, qui s’ajoutent aux dizaines de personnes déjà arrêtées.

Des manifestations ont eu lieu jeudi soir à Rennes et à Lille en soutien à Théo. A Lille, la manifestation a eu lieu derrière la banderole «Justice pour Théo et pour toutes les victimes de violences policières». La manifestation, qui n’était pas déclarée en préfecture, a duré pendant plus de deux heures dans la ville. Les manifestants ont tenté de se rendre devant le commissariat central, mais ont été empêchés par un barrage de policiers.

La manifestation de Renne

La manifestation de Renne

Edit: Ce sont finalement 25 personnes ont été interpellées jeudi soir en Seine-Saint-Denis, après une cinquième nuit d’incidents (véhicules et poubelles incendiés, jets de projectiles etc.)

Mardi matin vers 9h des policiers sont venus perquisitionner une maison occupée au 139 avenue du Président Salvador Allende à Montreuil. Ils venaient chercher un des habitants qu’ils ont emmené en garde-à-vue. Ils ont aussi embarqué un ordinateur, un disque dur, tous les téléphones portables et sûrement divers autres objets. Les autres personnes sur place ont subi un contrôle d’identité à l’oral.

La personne arrêtée est passé hier après-midi (mercredi 8) devant une juge d’instruction du TGI de Paris. Celle-ci a décidé son placement en détention provisoire, dans le cadre de l’affaire de la voiture de police brûlée le 18 mai dernier à Paris, en plein mouvement contre la loi Travail. Au moins sept autres personnes ont déjà été mises en examen dans le cadre de cette affaire, dont trois qui sont en prison et deux ou trois autres qui sont sous contrôle judiciaire loin de la région parisienne.

La voiture de police incendiée le 18 mai

La voiture de police incendiée le 18 mai

Suite au viol de Théo, un habitant d’une cité d’Aulnay de 22 ans, il y a quelques jours par quatre policiers, des émeutes ont éclaté la nuit dernière, à la suite desquelles une trentaine de personnes ont été arrêtées. Des voitures, des abribus et un snack KFC ont notamment été incendiés par les émeutiers. Des douilles de « 9mm Luger P Speer » ont été retrouvées par des journalistes, et la préfecture a reconnu des « tirs de sommation » par certains policiers « acculés » et « encerclés », selon leurs propres termes. Aucun policier n’a toutefois été blessé cette nuit. Une vidéo tournée (en direct) par un jeune habitant du quartier qui observait l’énorme déploiement policier, montre un policier braquer un flashball pratiquement à bout portant vers le photographe.

Théo, 22 ans, a été interpellé, battu, insulté et humilié par quatre policiers en pleine rue avant que l’un d’entre-eux lui enfonce sa matraque dans l’anus. La scène a été filmée par des voisins. Les quatre agents ont été placés en garde à vue pour « viol en réunion » avant que l’inculpation ne soit revue pour trois d’entre eux à « violences en réunion » et à « viol » pour le quatrième. Dans la liste des excuses émises par les policiers et leurs syndicats: « le pantalon a glissé tout seul, c’était un accident ».

Un KFC attaqué

Un KFC attaqué

Dans le cadre d’une manifestation contre la loi travail, deux militants de la CNT 44 ont été arrêtés au mois de mai alors qu’ils avaient quitté la manifestation depuis plusieurs heures déjà. L’un d’eux a été relaxé, le procès du second est encore à venir. D’ores et déjà le montant des frais d’avocats s’élève à 1600 € au total, aucun des deux n’ayant droit à l’aide juridictionnelle. Pour les aider à payer les frais d’avocats, la CNT organise un concert jeudi 9 février à Nantes.

Le programme du concert

Le programme du concert

Deux manifestations antifascistes ont eu lieu pour tenter d’empêcher deux conférences sur le thème « Immigration, la catastrophe » animée par Jean-Yves Le Gallou. L’homme a été député européen, a migré du Front national vers le MNR et a créé la fondation identitaire Polémia.

Environ 400 personnes ont répondu présent au rassemblement antifaciste vendredi soir place Viarme, à Nantes. Tenue à distance par un important déploiement de forces de l’ordre, ma manifestation n’a pas pu approcher de la salle où se tenait le meeting. Au cours des tentatives de débordement du dispositif policiers par les antifas, des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre, des véhicules et des dispositifs publicitaires ont été dégradés, des murs ont été tagués et deux vitrines de banque ont été brisées. Six interpellations ont eu lieu, débouchant du quatre gardes à vue.

La manifestation à Nantes

La manifestation à Nantes

Samedi soir, une centaine d’antifascistes étaient présents près des halles de Quimper afin de protester contre la tenue de la conférence dans la ville. Un face-à-face a eu lieu avec des militants d’extrême-droite, et des agressions verbales se sont produites. Un peu avant 20 h, les présents ont été sommées d’ôter ce qui pouvait masquer leurs visages. Seuls les militants d’extrême droite ont obtempéré. Quelques 40 CRS et 20 policiers ont alors chargé les antifas en faisant usage de gaz lacrymogène. Trois interpellations ont eu lieu.

quimper.jpg

Antoine, militant libertaire et de la CGT à Valenciennes avait été violemment arrêté le 17 mai dernier à Lille en se rendant à une manifestation contre la Loi Travail. Il avait passé 3 semaines en détention préventive et avait été condamné à 10 mois de prison avec sursis et à 2 ans d’interdiction de manifestation dans le département du Nord. François, un autre militant arrêté à Lille dans le cadre de la même manifestation a lui été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 2 ans d’interdiction de manifester dans la région du Nord. Antoine a fait appel, son affaire sera rejugée demain jeudi 2 février à Douai. Un rassemblement de soutien à Antoine et François est appelé le jour même à 13h devant la Cour d’Appel de Douai, un appel aux initiatives solidaires a été lancé.

Solidarité avec Antoine et François

Solidarité avec Antoine et François

Adem Yildiz, un jeune marxiste originaire de Turquie âgé de 27 ans qui avait été menacé par la préfecture du Val d’Oise d’être expulser, en raison de son engagement politique contre le fascisme en Turquie et ses activités militantes (voir notre article). Aujourd’hui c’est Ilgin Guler qui est confronté à une procédure semblable: la préfecture de Seine et Marne a entamé une procédure d’expulsion car le Préfet pense que l’expulsion d’Ilgin Guler « constitue une nécessité impérieuse pour la sûreté de l’Etat ou la sécurité publique ».

Ilgin Guler est en France depuis plus de 10 ans avec un titre de séjour en règle. Il est arrivé en France auprès de sa mère (réfugié politique à l’époque) à l’âge de 17 ans par regroupement familial. Il défend ouvertement son engagement contre le fascisme en Turquie. On lui reprochela diffusion de revues (légales en France et en Turquie), présence à la fête de l’Humanité, organisation de rassemblements et de manifestations, organisation de concert de Grup Yorum, soutien affiché aux prisonniers politiques turcs et kurdes… Toutes ces activités militantes sont directement reliées par le ministère public au DHKP-C. Procès le mardi 31 janvier à partir de 9h30, Tribunal de Melun, 2 Avenue du Général Leclerc

Le palais de justice de Melun

Le palais de justice de Melun

Le Sénat français a adopté, mardi 24 janvier en première lecture, le projet de loi assouplissant les règles de légitime défense des policiers après après l’attaque au cocktail Molotov de quatre d’entre eux le 8 octobre à Viry-Châtillon. Il sera examiné par les députés à partir du 7 février, avec comme objectif une adoption définitive avant la fin de la session parlementaire, à la fin de février.

Le texte définit un cadre commun de l’usage des armes à feu par les deux forces de l’ordre, la police (y compris les policiers municipaux) et la gendarmerie, alignant la première sur la seconde. Seuls les gendarmes peuvent actuellement faire feu non seulement lorsqu’ils sont agressés ou menacés par des individus armés, mais aussi pour « défendre » une zone qu’ils occupent, si des sommations répétées restent sans effet, ou pour immobiliser des véhicules. Avec la nouvelle loi, policiers pourront également « utiliser leur arme après sommations » dans ces cas également. Les sénateurs ont élargi une partie de ces dispositions aux policiers municipaux autorisés à porter une arme. Ils ont aussi autorisé les policiers municipaux à procéder à des palpations lorsqu’ils sont affectés à la sécurité de manifestations ou à la surveillance de l’accès à un bâtiment communal.

.

.