Hier vendredi, une militante de Sud Étudiant a été placée en garde à vue au sujet des ‘violences en marge du contre-sommet de l’Otan‘, elle fut relâchée peu avant minuit, après que les forces de l’ordre aient perquisitionné son domicile. Les autorités enquêtaient depuis plusieurs semaines sur l’incendie d’un hôtel lors du contre-sommet de Strasbourg. Lors de la manifestation du samedi 4 avril, la militante avait reçu un projectile au visage, l’obligeant à se rendre aux urgences. Elle fut admise en Allemagne, et sorti dans la nuit du samedi au dimanche. Les autorités allemandes ont communiqué par la suite à la police françaises le nom de cette militante de Sud Étudiant, qui lorsqu’elle fut admise aux urgences, ‘sentait la fumée‘ à leurs dires… Dans le cadre de l’enquête sur l’incendie de l’hôtel, le ministère de l’intérieur semble vouloir entendre mais aussi placer d’office comme ‘participants aux affrontements‘ toutes les personnes présentent aux manifestations de Strasbourg, surtout si ces dernières ‘sentent la fumée‘!

Le ministère de l’intérieur a d’ores et déjà félicité les enquêteurs strasbourgeois pour ‘leur minutieux travail‘. Six personnes ont été interpellées hier à Strasbourg pour leurs liens présumés avec les affrontements lors du contre sommet de l’OTAN. De plus, un des organisateurs du sommet, qui a notamment négocié le parcours de la manifestation du 4 avril à lui aussi été interpellé il y a quelques jours.

Dimanche après-midi, dans les rues de Rennes, environ 200 personnes ont défilé en soutien à Faruk Doru. Ce réfugié politique kurde est menacé d’extradition vers la Turquie après son arrestation en Espagne où il était en mission. Il réside à Rennes depuis 1998. La communauté kurde ne comprend pas pourquoi l’Espagne a décidé d’entamer une procédure d’extradition à son encontre alors que la France lui a accordé le statut de réfugié. Après un défilé en ville, le cortège a rejoint la préfecture de région où un texte a été remis au représentant de l’Etat. D’autres actions, notamment une grève de la faim, sont envisagées si la situation n’évolue pas.

Une mère de 49 ans domiciliée à Saint-Paul-lès-Dax, a eu la surprise de recevoir une convocation de la brigade de répression de la délinquance contre la personne. A l’origine de cette convocation, une plainte de la secrétaire d’Etat à la Famille déposée contre X, le 13 février, pour ‘injures publiques envers un membre du ministère’ sur Internet. Et plus précisément sur le site Dailymotion. Sous une vidéo où l’on voit la députée UMP de Meurthe-et-Moselle s’expliquer sur le plateau d’i-Télé, Dominique Broueilh a laissé le commentaire suivant: ‘Hou la menteuse’.

Le 26 mai à l’aube, des policiers, sur ordre de la section anti-terroriste du parquet de Paris, ont mené une perquisition à Mulhouse, arrêtant deux jeunes de 21 et 22 ans, d’origine kurde, immédiatement transférés dans les locaux de la sous-direction anti-terroriste à Levallois-Perret, en région parisienne. Les policiers ont saisi lors de la perquisition un portrait d’Abdullah Ocalan ainsi qu’un drapeau kurde. Les jeunes ont été mis en liberté provisoire aujourd’hui dimanche. Ils sont accusés d’avoir jeté des cocktails Molotov contre un bâtiment de la Délégation permanente turque au Conseil de l’Europe en octobre 2008 et d’être été impliqués dans des actions similaires dans le sud de la France.

Jeudi 28, le tribunal correctionnel de Paris a également condamné quatre jeunes d’origine kurde à des peines allant de deux ans d’emprisonnement ferme à dix mois avec sursis, pour avoir jeté des cocktails Molotov en juin 2006 sur des cibles turques en région parisienne.

Le 22 juin, les trois tourangeaux arrêtés lors du contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg, seront à nouveau convoqués devant le tribunal alsacien. Cela ne sera que la troisième fois, pour cette même affaire, qu’ils comparaîtront devant la justice. Ils ont été relaxés le 5 mai, pour vice de procédure. Le tribunal a été obligé de reconnaître que ni les flics, ni les greffiers ne savaient correctement recopier le simple numéro d’un article de loi. Le procureur a donc annoncé par voie de presse son intention de les rejuger sur le fond. Ils risquent jusqu’à un an de prison ferme pour avoir été arrêté dans un parking de supermarché après avoir acheter de l’alcool à brûler, des lunettes de protection, et une serpillère.

Détenu depuis six mois dans l’affaire des sabotages SNCF, Julien Coupat a été remis en liberté jeudi. Coupat s’est vu imposé un contrôle judiciaire qui comporte notamment le versement d’une caution de 16.000 euros et impose qu’il demeure chez lui à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou chez ses parents à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Le contrôle judiciaire lui interdit en outre de sortir d’Ile-de-France et lui impose d’aller pointer une fois par semaine au commissariat de Montreuil où il devra laisser ses papiers d’identité. Enfin Julien Coupat n’aura pas le droit d’entrer en relation avec les huit autres mis en examen et les témoins du dossier.

En février 2008, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur présentait le nouveau grand plan anti-cybercriminalité français. La fameuse Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (LOPPSI) était décrite dans ses grandes lignes. Programmée au premier semestre 2008, c’est finalement mercredi prochain que le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres.

La loi veut notamment faciliter la captation à distance de données numériques se trouvant dans un ordinateur (perquisition numérique) ou transitant par lui. Ceci ‘permettra, par exemple, la captation de données au moment où elles s’affichent sur l’écran d’un pédophile ou d’un terroriste‘ assurait la ministre de l’Intérieur. La loi va autoriser la mise en place de mouchard pour capter les données informatiques. La captation de données informatiques permettra aux Officiers de Police Judiciaire (OPJ) ‘commis sur commission rogatoire à mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, d’accéder, en tous lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu’elles s’affichent sur un écran pour l’utilisateur‘. La mise en place du cheval de Troie se fera sous le contrôle d’un juge d’instruction et exigera une commission rogatoire (une délégation venant d’un magistrat) délivrée par un OPJ. Cela ne concernera ‘que’ les infractions relatives aux terrorisme, pédophilie, meurtre, torture, trafic d’armes et de stupéfiants, enlèvement, séquestration, proxénétisme, extorsion, fausse monnaie, blanchiment et aide à l’entrée et séjour d’un étranger (!), commises en bande organisée. Cette surveillance pourra durer jusqu’à huit mois (quatre mois, mais renouvelable une fois) et être mise en place à n’importe quelle heure, comme c’est souvent le cas pour ce genre d’infraction.

Pratiquement, on évoque ‘un dispositif technique’ qui permet d’écouter, de garder trace, et de transmettre les informations qui s’afficheront sur l’écran de l’utilisateur surveillé. Des copies d’écran à distance réalisées par un OPJ et le tout, évidemment, sans le consentement de l’internaute. Ce cheval de Troie pourra être appliqué partout, sur n’importe quel système informatique, même celui embarqué dans un véhicule. Seuls quelques ‘privilégiés’ seront sanctuarisés: les professionnels du droit, les médecins, la presse et les parlementaires. Ce mécanisme va exposer les éditeurs de solutions de sécurité dans une situation ambiguë. Les spywares légaux seront-ils volontairement oubliés ou devront-ils être détectés comme n’importe quel malware? Chez les éditeurs installés en France, la mise au pli ne devrait pas poser de difficulté au besoin à l’aide d’un décret. Mais quid des éditeurs installés dans des pays avec qui la France n’a tissé aucun lien de collaboration?

Autre nouveauté: le filtre des sites internet (notament pédophiles) et un ‘fichier d’analyse sérielle’. Avec lui, la police va pouvoir traquer du suspect par rapprochement d’une multitude de fichiers liés à des infractions punies d’au moins cinq ans d’emprisonnement. Il suffira qu’un individu se soit trouvé à chaque fois ou presque là où une infraction a été commise, piégé par son mobile, sa carte bleue, un témoignage recueilli en procédure pour être dans le collimateur.

Les syndicalistes d’ErDF-GrDF (filiales distribution d’EDF et GDF) interpellés jeudi ont été libérés. Les principaux responsables des syndicats CGT de l’Energie en Ile-de-France figuraient parmi les 74 personnes interpellées. Des salariés d’ErDF et GrDF ont, selon la police, commis des dégradations dans les bureaux de l’Association française de gaz (AFG), qui regroupe les grandes entreprises du secteur du gaz, hébergée au siège de l’Union nationale des employeurs de l’industrie gazière (Unemig) rue de Courcelles dans le 8e arrondissement parisien. Selon la préfecture de police de Paris, les responsables du siège de rue de Courcelles ont déposé trois plaintes, l’une pour ‘dégradations volontaires’, la seconde pour ‘violences’, la troisième pour ‘menaces’.

A Chambéry, le 30 avril, l’explosion d’une bombe artisanale dans une soierie désaffectée a coûté la vie à Zoé Aveilla, une jeune squatteuse de 24 ans et gravement blessé son ami, Michaël Dupanloup, 25 ans. Deux autres personnes, qui logeaient (avec un vingtaine d’autres occupants) dans le même squat ‘les Pilots’ (photo ci-dessous) ont été mis en examen les 8 et 15 mai pour ‘association de malfaiteurs à visée terroriste‘ et ‘destruction de preuves‘, et écroués. Les magistrats saisis de l’affaire sont les mêmes que pour l’affaire de Tarnac. Les enquêteurs sont les mêmes. Le vendredi 8 mai a eu lieu une manifestation sauvage d’environ 200 personnes dans les rues de Chambéry, en soutien aux Pilots menacés, et en soutien aux emprisonnés.

Squat à Chambéry

Squat à Chambéry

Quatre personnes ont été interpellées lundi dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ces interpellations font suite à la diffusion d’un tract qui comporte l’adresse d’une résidence secondaire du directeur central du renseignement intérieur Bernard Squarcini. Diffusé à plusieurs centaines d’exemplaires lors de manifestations et par mail, le tract aurait également été déposé dans la boîte aux lettres de la résidence de M. Squarcini. Les personnes arrêtées sont membres du Comité de Sabotage de l’Anti-terrorisme (CSA) de cette ville, comité créé en décembre 2008 en soutien au groupe de Tarnac et à Julien Coupat incarcéré

Lundi encore, trois personnes – deux hommes et une femme – considérées comme ‘proches’ de M. Coupat ont été interpellées dans la région de Rouen.