Mercredi 12 février, Aodren, une militante du Collectif Dispac’h comparaissait devant le tribunal de grande instance de Lorient pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui aggravée par deux circonstances : en réunion et commise par une personne dissimulant volontairement en tout ou en partie son visage afin de ne pas être identifiée. » Elle était accusée d’avoir réalisé des tags contre la spéculation immobilière et la part trop importante des résidences secondaires en Bretagne (voir notre article). Le tribunal a refusé la présence d’un traducteur en langue bretonne. Aodren refusant de parler français, elle ne s’exprima pas. Le procureur a demandé 2000 euros d’amende avec un sursis de 5 ans et 250 euros pour refus de se soumettre à un prélèvement biologique. Les débats ont tournés autour de la présence ou non de la militante sur les lieux. Des caméras de vidéosurveillance, notamment à Carnac, montrerait la présence de son véhicule ainsi que des chaussures, qu’elles portaient sur d’autres vidéos de manifestations. Son avocat a estimé que les images des caméras de vidéosurveillance étaient trop floues. Il a demandé la relaxe. Une cinquantaine de personnes s’est rassemblée, devant le tribunal, pour soutenir la militante qui a obtenu la relaxe.

Aodren membre du collectif Dispac'h devant le tribunal de grande instance de Lorient

Aodren membre du collectif Dispac’h devant le tribunal de grande instance de Lorient

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À Toulouse un squat où logeaient 600 migrant-e-s a brûlé le mardi 4 février. Les habitant-e-s se sont retrouvé-e-s à la rue, démuni-e-s et certain-e-s ont perdu leurs affaires et leurs papiers administratifs, qui ont une valeur inestimable pour les démarches de droit d’asile, de demande de titre de séjour etc.  Certain-e-s habitant-e-s ont tenté de rentrer dans l’immeuble pour sauver leurs affaires, ils et elles ont été gazés par la police. Le soir même, des vigiles privés avec des chiens étaient postés autour de l’immeuble pour empêcher d’y rentrer à nouveau. Malgré la promesse des autorités d’organiser la récupération des affaires sans présence policière le lendemain, des camions de CRS étaient présents, cela a provoqué des tensions, 2 arrestations, une voiture embarquée et une amende infligée pour avoir traversé hors des clous. Des hébergements d’urgence  ont été proposés dans des gymnases de la ville pour les 3 premières nuits puis au parc des expositions. Mais beaucoup n’ont pas dormi dans les gymnases, craignant le fichage et le tri des migrant-e-s de la mairie et de la préfecture.
Face à la répression et au racisme d’Etat, les habitant-e-s ont exprimé leur révolte  et ont été soutenu-e-s par leurs voisin-e-s, des associations et des collectifs militants qui ont récolté nourriture, vêtements, mobilier, et organisé des hébergements. Samedi 8 février, deux nouveaux lieux ont été ouverts pour reloger les habitant-e-s.

Le squat où logeaient 600 migrant-e-s à Toulouse.

Samedi 8 février, l’acte 65 des Gilets Jaunes était organisé dans plusieurs villes de France. Voici un compte-rendu, non exhaustif des événements. À Paris, un arrêté pris par la Préfecture de Paris interdisait les rassemblements dans un périmètre comprenant les institutions, mais aussi les Champs-Élysées, la gare Saint-Lazare et les grands magasins. Plusieurs dizaines de manifestant·es se sont tout de même rassemblé·es à la mi-journée aux abords du Conseil d’Etat pour défiler vers les Champs-Elysées. La police a alors verbalisé 140 personnes et en a arrêté 32.  À Bordeaux, la manifestation a été durement réprimée. Le dispositif policier comprenait un hélicoptère, un canon à eau ainsi qu’un nombre très important de policiers. Dès le départ la tension est montée du côté des forces de l’ordre qui ont attaqué les manifestant·es à coup de gaz lacrymogène et de flashball. Plusieurs blessé·es sont à déplorer dont deux qui ont du être transportés en ambulance. Plusieurs autres personnes ont également été violemment arrêtées par la brigade anti-criminalité (BAC).

Acte 65 des Gilets Jaunes à Bordeaux

Jeudi 6 février, des tireurs de précision était déployé dans le cadre du dispositif policier visant en contrôler la manifestation contre la réforme des retraites. Ils étaient équipés d’armes de guerre (des fusils d’assaut HK G36) avec des viseurs militaires. Plus d’infos ici.

Des tireurs de précision déployés à Nantes dans le cadre des manifestations

 

Mardi 14 janvier 2020, le fondateur et administrateur de la page anarchiste « Bretagne Noire » était convoqué en gendarmerie pour « Provocation non suivie d’effet au crime ou délit par parole, image ou moyen de communication au publique par voie électronique« . Douze publications du média, qui mettent en avant la lutte sous un angle culturel ou artistiques, sont en cause. Trois jours plus tard, l’administrateur a reçu une convocation au Tribunal Correctionnel de Brest pour « Délit de provocation publique non suivie d’effet en appelant directement à commettre des infractions d’atteinte volontaire à la vie définies par le livre du code pénal ». Plus d’infos ici.

Un média militant poursuivi pour provocation

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Mercredi 29 janvier Félix Benedetti, Jean-Marc Dominici et Stéphane Tomasini, trois militants indépendantistes corses devaient passer en procès pour avoir refusé de se soumettre aux obligations d’être fiché dans le Fijait (le Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes). Leur procès en appel a cependant été renvoyé au mois de septembre devant la cour d’appel de Haute-Corse suite à la grève des avocats du barreau de Bastia contre le projet de réforme des retraites. Une trentaine de personnes venues soutenir les militant·es étaient présentes et bien encadrées par les forces de police au palais de justice. Les trois militant·es ont marqué leur solidarité avec la grève des avocats et le mouvement contre la réforme des retraites.

Félix Benedetti, Jean-Marc Dominici et Stéphane Tomasini

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Jeudi 23 janvier, des agents d’Enedis passaient devant le tribunal de Vannes pour avoir bloqué avec leurs collègues de GRDF la plateforme de stockage logistique Serval (ex-ErDF) de Ploërmel. Ce blocage avait commencé le 10 janvier dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites. Mardi 14 janvier, 19 militant·es ont reçu·es une assignation à comparaître jeudi devant le tribunal de Vannes. Le jugement a été rendu ce vendredi 31 janvier, déboutant la direction et ne prononçant aucune condamnation à l’encontre des grévistes. Lundi 27 janvier, un procès dans le cadre d’une affaire similaire se tenait à Bordeaux. Six militant·es étaient assignés devant le Tribunal Judiciaire par Serval pour avoir bloqué la plateforme d’Enedis à Floirac pendant deux semaines. Ils s’étaient montrés solidaires envers les autres professions grâce à des actions coups de poings, avec des coupures électriques et gazières notamment dans les lycées. Plusieurs centaines de personnes sont venues les soutenir en scandant des slogans faisant du bruit jusque dans la salle même. Le juge a décidé de ne pas renvoyer l’affaire. Plus d’infos sur le procès de Bordeaux ici.

rassemblement de soutien aux six travailleurs d'Enedis

Pour l’Acte 64 des gilets jaunes, un appel national à manifester avait été lancé à Montpellier. Si le début de la journée a été calme, avec une manifestation marchant vers la place de la Comédie, la situation s’est tendue en milieu de journée quand des centaines de manifestants venus d’autres villes ont rallié le cortège. Il y avait d’ailleurs eu quatre interpellations en amont de la manifestation au motif que les personnes transportaient du matériel prohibé en manifestation. Les vitrines d’un restaurant MacDonald’s, une boutique SFR et une agence du Crédit Mutuel ont été taguées et dégradées. Certains manifestants ont ensuite jeté des pavés et des pierres en direction des forces de l’ordre qui ont eu recours à des gaz lacrymogènes et à un canon à eau pour disperser les manifestants place de la Comédie. Selon la préfecture de l’Hérault, 23 personnes ont été arrêtées. A Paris, la préfecture de police avait pris un arrêté d’interdiction de manifestation mais des gilets jaunes se sont bien rassemblés samedi en début d’après-midi place du Palais-Royal, devant le Conseil d’Etat. Nassé, le cortège n’a jamais pu réellement s’élancer pour se diriger vers l’Assemblée nationale, lieu d’arrivée initialement envisagé avant l’arrêté de la préfecture de police. Selon cette dernière, trois personnes avaient été arrêtées et 403 autres verbalisées. D’autres rassemblements ont eu lieu, notamment à Toulouse, Lyon, Bordeaux, Lille ou Nantes.

La place de la Comédie ce samedi

Le 5 décembre dernier, au cours d’une manifestation à Clermont-Ferant contre la réforme des retraites, William M. a été arrêté alors qu’il était en train d’inscrire sur un passage piéton le prénom « Wissam », ceci en mémoire de Wissam El Yamni, décédé en 2012 suite à son arrestation à Clermont-Ferrand. William M. a été placé en garde à vue pendant 48 heures et a ensuite été conduit au Palais de Justice d’où il est ressorti accablé d’une inculpation. Le procès était prévu pour le jeudi 30 janvier et un rassemblement de soutien était prévu. Il semble cependant que celui-ci ait été reporté suite à la grève des avocats. Plus d’infos ici.

Un militant en procès pour un tag en mémoire d'une personne assassinée par la police

Vendredi 31 janvier, 10 salariés de l’entreprise Enedis passaient en référé pour « occupation illégale » d’une plate forme logistique à Castelnau-D’Estretefond où les grévistes y tenaient leur pique de grève. Plus de 150 personnes se sont rassemblées devant le Tribunal de Grande Instance à Toulouse pour exiger l’arrêt des poursuites. Le rendu du procès aura lieu mercredi 5 février.

 

Rassemblement devant le Tribunal de Grande Instance à Toulouse.