Du 25 au 27 mai, devait se tenir une exposition des affiches de la résistance palestinienne du militant et artiste Marc Rudin, organisée par le Secours Rouge Genève en collaboration avec Samidoun Genève. Cette exposition était l’occasion de rendre hommage à notre camarade décédé le 7 avril dernier, à son travail artistique et politique. À l’occasion du vernissage, une discussion était prévue autour de la thématique « Comment soutenir la résistance palestinienne » avec notre camarade Mohammed Khatib, coordinateur de Samidoun. Le samedi 27, nous avions prévu de projeter le film Fedayin, le combat de Georges Ibrahim Abdallah, réalisé par le Collectif Vacarmes Films. Cette exposition a été interdite par la Ville de Genève.
Moins de 48 heures avant le vernissage de l’exposition, nous avons en effet été contactés par la personne responsable du lieu de l’exposition – l’Almacén. Il nous a été expliqué que la Ville de Genève, propriétaire du bâtiment, avait interdit la tenue de notre exposition. La Ville de Genève prétextait un manque d’information concernant notre projet, informations qui étaient cependant toutes publiques. Peu après, pour la première fois depuis l’annonce de l’interdiction de notre exposition et à notre demande, nous avons finalement été contactés directement par le collaborateur personnel d’Alfonso Gomez, Conseiller administratif en charge du Départements des finances, de l’environnement et du logement (DFEL) et membre du parti des Vert-e-s. Durant cet appel, le représentant de la Ville nous explique qu’il n’a « a priori pas de problème » avec notre exposition, que la Ville ne donne « normalement jamais » son aval regardant les évènements tenus à l’Almacén, que « jusqu’à maintenant [il] ne se savait pas ce qui s’y passait ». Notre exposition aborderait une thématique « sensible » et rendrait hommage à une personnalité « controversée ». Force est de constater le caractère exceptionnel d’une telle censure.
Ce qui a motivé une telle décision, aussi exceptionnelle que politique, ce sont les « pressions » que la Ville reçoit d’organisations telles que la European Jewish Association et une ONG israélienne qui a contacté le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Au téléphone, on nous explique donc que l’annulation de notre exposition est le fait d’organisation sionistes étrangères, sous le joug desquelles se placent la Ville de Genève. Rien de surprenant venant de la gauche bourgeoise parlementaire, qui révèle toujours l’étendue de ses contradictions, sinon de son hypocrisie.
La Ville nous accuse de surcroît de « prendre en otage » l’Almacén, considérant que la lutte palestinienne « dépasse » l’association qui tient le lieu, et ajoute qu’il aurait fallu demander « l’accord de quelqu’un de bien plus haut qu’une simple personne qui est bénévole du lieu ». Nous pensons et savons que les personnes responsables de l’Almacén sont tout à fait capables de saisir les enjeux d’une telle exposition, n’en déplaise à la Ville. Notre projet a toujours été clair, notre ligne déclarée, et nous avons toujours été transparent-e-s avec nos interlocuteurs. Par ailleurs, il n’existe aucune information concernant la démarche qu’il aurait supposément fallu entreprendre pour demander l’accord de la Ville. En somme, c’est bien le Conseil administratif qui décide, sous les pressions d’organisations sionistes, de forcer la main de l’Almacén pour interdire notre exposition, c’est-à-dire sans même acter sa propre décision. C’est bien la Ville de Genève, complice du chantage politique israélien, qui prend en otage les responsables de l’Almacén, et les menace de leur retirer le lieu qu’ils font vivre.
Finalement, nous soulignons la censure effarante d’œuvres artistiques et militantes. Les affiches de Marc Rudin, à qui nous souhaitions rendre hommage à travers cette exposition, ont en effet déjà été exposée à Genève en 1993 et, plus récemment, en 2015 lors du festival Palestine Filmer C’est Exister, exposition à laquelle Marc Rudin avait assisté en personne. La Ville de Genève censure un artiste suisse, sa liberté d’expression et son œuvre révolutionnaire. C’est notre devoir de les défendre. Nous défendons son travail ainsi que nous défendons toutes les formes de résistances palestiniennes. Nous ne céderons pas au chantage d’Israël, ni à celui de ses pions genevois. Nous n’avons pas dit notre dernier mot.
Tout cela montre bien que les bourgeoisies occidentales défendent avant tout les intérêts de l’impérialisme que représente Israël.
Quand l’expression de notre solidarité dépasse celle d’un humanisme condescendant et qu’elle parle de la résistance sous toutes ses formes, même la Grande Genève Internationale se sent menacée, même le Conseil Administratif de la Ville de Genève, pourtant composée de tant de représentant-es « de gauche », ploie le genou.
Plus que jamais, renforçons notre soutien à toutes les formes de résistance du peuple palestinien, passées, présentes et futures !
Du boycott à la lutte armée, leur droit à la résistance est inaliénable. Par sa nature anti-impérialiste et anti-coloniale, la lutte de nos camarades contre l’Israël est aussi la nôtre !
Marc vit dans nos luttes !
De la mer au Jourdain, liberté pour la Palestine !
Secours Rouge Genève
Samidoun Genève