Des heurts ont éclaté vendredi à Jérusalem et en Cisjordanie occupée entre des forces israéliennes et des Palestiniens dénonçant la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël. Une intense et brève empoignade a impliqué plusieurs dizaines de manifestants palestiniens et une cinquantaine de policiers israéliens à la Porte de Damas et dans les rues de la Vieille ville, à Jérusalem-Est, faisant voler en éclats des vitrines aux alentours. Les policiers ont battu et matraqué les manifestants pour les repousser dans les rues adjacentes. A Hébron, Bethléem, Jéricho et près de Naplouse, les forces israéliennes ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes aux jets de pierres de jeunes palestiniens, le visage dissimulé par un foulard pour nombre d’entre eux.

EDIT 16H: Déjà deux morts dans les manifestations
Deux Palestiniens ont déjà été tué par des tirs de l’armée israélienne dans la bande de Gaza alors qu’ils participaient à des manifestations contre la décision américaine annoncée mercredi. Mahmoud al-Masri, 30 ans, a trouvé la mort à l’est de Khan Younès près de la barrière de sécurité fermant hermétiquement les frontières d’Israël avec la bande de Gaza. Le deuxième Palestinien, encore non identifié, a été tué dans des circonstances similaires dans l’est du territoire.

Manifestants à Ramallah ce vendredi

Manifestants à Ramallah ce vendredi

Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté 23 Palestiniens à Naplouse, Ramallah et Hébron, et ont fait irruption dans d’autres zones de Cisjordanie, provoquant des affrontements. Elles ont investi un magasin à Jénine qui aurait servi de couverture à dépôt d’arme de la résistance. Une autre force a arrêté un Palestinien du vieux camp de réfugiés d’Askar, à l’est de Naplouse, et arrêté deux autres personnes du camp de réfugiés de New Askar.

Les forces d’occupation israéliennes ont aussi pris d’assaut le village de Tal, à l’ouest de Naplouse, et les soldats israéliens se sont dispersés à plusieurs endroits dans le village. À Naplouse, également dans la ville de Burqa, ils ont arrêté un prisonnier précédemment libéré après avoir fait une descente dans la maison de sa famille. À Ramallah, les forces israéliennes ont arrêté deux autres autre prisonniers, l’un d’entre eux ayant été libéré. À Hébron enfin, les forces d’occupation ont arrêté un autre Palestinien du camp de réfugiés d’Al-Arroub.

Raid israélien en Cisjordanie

Raid israélien en Cisjordanie

Le 23 novembre, Mahmoud Salehi, militant syndical iranien qui avait déjà purgé plusieurs années de prison dans le passé, a pu quitter la prison centrale de la ville de Saghez où il purgeait une nouvelle peine d’emprisonnement d’un an pour ses activités (voir nos articles ici et ici). Mahmoud Salehi souffre d’important problèmes de santé qui se sont encore aggravés lors de cette dernière détention. Suite à une campagne internationale et à la pression des autorités médicales, le pouvoir judiciaire a changé la peine de prison en une amende de 3 millions de tomans. Mahmoud Salehi a été libéré après le paiement de l’amende.

Mahmoud Salehi

Mahmoud Salehi

L’armée a racheté la société Al-Tersana, sous-traitant égyptien du groupe français de construction navale Naval Group (ex-DCNS) dans la fabrication des corvettes Gowind, en 2007 lors de la vague de privatisation de l’ère Moubarak. Depuis, les ouvriers doivent se conformer à une discipline de travail drastique. En mai 2016, les ouvriers ont réclamé une augmentation de salaire, une couverture médicale et des primes. La police militaire a été envoyée pour interdire l’accès du chantier aux 2000 salariés qui tous ont été suspendus. 26 ouvriers sont poursuivis par la justice militaire, dont 14 pour incitation à la grève (voir notre article). Le prononcé du verdict a fait l’objet de 19 reports consécutifs. Le dernier est arrivé à échéance le 14 novembre 2017. Le tribunal militaire a autorisé le 15 novembre 2016 la remise en liberté sous caution des ouvriers à condition qu’ils démissionnent.

Après le licenciement massif, la direction d’Al-Tersana avait confié les travaux à des conscrits de l’armée, mais, confrontée à leur manque de qualification ainsi qu’aux pressions du commanditaire français, l’entreprise a réintégré 60% des anciens ouvriers, sans satisfaire aucune de leurs revendications. Naval Group demandant d’accélérer le travail pour réaliser dans les temps contractuels la construction des trois corvettes, Al-Tersana a réorganisé le travail selon la formule des trois-huit et a recouru à la main-d’œuvre des cadets d’écoles militaires âgés de 17 à 18 ans pour un « salaire » mensuel de 24 euros. Le 21 mars 2017, 3 ouvriers ont été tués et 5 autres blessés sur le chantier à la suite d’une fuite de gaz.

Mai 2016: Les grévistes du chantier d’assemblage des Gowind français à Alexandrie juste avant l’arrivée de l’armée

Mai 2016: Les grévistes du chantier d’assemblage des Gowind français à Alexandrie juste avant l’arrivée de l’armée

Le 29 octobre, Mahmoud Salehi, un militant syndical ayant déjà fait plusieurs années de détention, avait été arrêté par des agents du ministère des Renseignements afin de lui faire purger une peine d’un an d’emprisonnement (voir notre article). À la suite de la détérioration de son état de santé et plus particulièrement en raison de problèmes cardiaques, Mahmoud Salehi avait été transféré à l’infirmerie de la prison le 3 novembre et finalement admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital Imam Khomeini de Saghez. Pendant tout le temps de son hospitalisation, Mahmoud Salehi est resté menotté aux chevilles et sous la surveillance de trois gardes. Le 11 novembre, celui-ci a été renvoyé à la prison centrale de Saghez malgré l’avis du médecin qui le soigne.
Vue l’état de santé du syndicaliste, celui-ci aurait dû être envoyé dans un hôpital mieux équipé de Téhéran, Tabriz ou Urmia pour poursuivre son traitement cardiaque. Mahmoud Salehi a déjà subi deux opérations du cœur cette année. Il a également besoin d’une dialyse deux fois par semaine et doit être suivi pour un diabète. Son état de santé est très préoccupant.

Le 11 novembre également, Reza Shahabi, dirigeant du syndicat de la régie des transports de Téhéran et sa banlieue (Sherkat-é–Vahed), emprisonné depuis le 9 août (voir notre article) a été transféré à la clinique de l’hôpital Khomeini de Karaj. Il souffre d’une infection rénale, et de problèmes digestifs. Il a été examiné à l’hôpital menotté et renvoyé en prison. Sa peine aurait dû se terminer le 9 novembre 2017 mais celui-ci a été informé qu’il restait en prison en raison de son rôle de leader dans la direction du syndicat.

Reza Shahabi et Mahmoud Salehi

Reza Shahabi et Mahmoud Salehi

Plusieurs Palestiniens ont été blessés dimanche, suite à des affrontements avec les forces d’occupation israéliennes dans le camp de réfugiés de Dheisheh au sud de la ville de Bethléem. Les forces d’occupation avaient fait irruption dans plusieurs quartiers du camp pour procéder à des arrestations, provoquant la résistance de la jeunesse du camp. Les soldats israéliens ont tiré des balles réelles et des balles en caoutchouc ainsi que des bombes lacrymogènes, laissant deux jeunes manifestants palestiniens blessés. De nombreux manifestants et simples habitants du camp ont du recevoir des soins tant ils suffoquaient suite à l’usage massif de gaz par les forces d’occupation.

Sur les murs de  Dheishe, les portraits des résidants du camp tués par les israéliens

Sur les murs de Dheishe, les portraits des résidants du camp tués par les israéliens

Quatre prisonniers palestiniens sont en grève de la faim dans les prisons israéliennes; trois réclament leur libération de la détention administrative, l’incarcération sans inculpation ni procès et le dernier proteste contre ses conditions de détention. Bilal Diab, de Kafr Ra’i près de Jénine, est en grève de la faim depuis 21 jours. Il a été transféré le mercredi 1er novembre de la prison d’Ashkelon à la prison d’Ohli Kedar, le deuxième transfert depuis qu’il a commencé sa grève de la faim. Les transferts pénitentiaires sont physiquement épuisants et pénibles, particulièrement pour les grévistes de la faim. Diab, 32 ans, a déjà mené une grève de la faim de 78 jours avec Thaer Halahleh en 2012. Arrêté de nouveau le 14 juillet 2017, son appel contre son incarcération sans inculpation ni procès a été refusé le 17 octobre, l’incitant à entamer sa grève de la faim.

Il a rejoint Hassan Shokeh, 29 ans, de Bethléem, lors de son 24e jour de grève de la faim contre son propre emprisonnement sans inculpation ni jugement. Shokeh a été de nouveau arrêté par les forces d’occupation fin septembre, moins d’un mois après avoir été libéré de la prison israélienne le 31 août et condamné à une peine d’emprisonnement sans inculpation ni jugement. Toujours en grève de la faim, Hamza Bouzia, de Salfit, est détenu sans inculpation ni jugement en détention administrative. Il refuse la nourriture depuis 18jours pour exiger sa libération de prison. Musab Sa’id, un journaliste emprisonné de Ramallah, en grève de la faim depuis 10 jours, pour protester contre ses conditions de détention et le refus de son transfert.

Les quatre grévistes de la faim

Les quatre grévistes de la faim

Le samedi 28 octobre 2017, Mahmoud Salehi, un leader syndical, a été arrêté par quatre agents en civil alors qu’il quittait l’hôpital où il se rend deux fois par semaine pour une dialyse. Mahmoud Salehi avait été condamné en septembre 2015 à 9 ans de prison (voir notre article). Le syndicaliste a été emmené au tribunal de Saqqez, dans la province du Kurdistan iranien, où le procureur a déclaré que la condamnation de 9 ans de prison avec sursis avait été changée en un an ferme, avec effet immédiat. Vers 16 heures, Mahmoud Salehi a été transféré à la prison centrale de Saqqez pour l’exécution de la peine.

Mahmoud Salehi souffre de graves maladies cardiaques et rénales, résultats du manque de soins subi lors de sa dernière incarcération en 2015. Sans soins appropriés, son état de santé risque de se détériorer très rapidement.

Mahmoud Salehi

Mahmoud Salehi

Des jeunes palestiniens ont été blessés par balles lors d’affrontements qui ont éclaté avec les forces israéliennes dans le camp de réfugiés d’Al-Dheisheh à Bethléem, au sud de la Cisjordanie occupée. Les affrontements ont éclaté lors d’un raid israélien sur le camp. Les forces israéliennes ont attaqué démonstrativement le camp en tirant à balles réelles, en lançant de grenades assourdissantes et des bombes lacrymogènes, provoquant des affrontements. Profitant de cette diversion, des unités secrètes israéliennes déguisées en civils palestiniens ont attaqué des maisons de résidents dans le camp et ont emmené prisonnier un Palestinien de 20 ans.

Le camp de Deisheh

Le camp de Deisheh

Mi-septembre, huit membres d’organisations syndicales égyptiennes indépendantes ont été arrêtés. Il s’agit de deux syndicalistes employés par la Société Égyptienne Électricité (Egyptian Electricity Holding Company) et de six employés par l’Autorité des impôts immobiliers (Real Estate Tax Authority Union – RETA), y compris le président du syndicat indépendant de la RETA.

Les membres de l’union fiscale ont été arrêtés suite à leur demande de permission auprès du ministère de l’Intérieur d’organiser une manifestation pour exiger des augmentations de salaire, tandis que les membres du syndicat de la RETA l’ont été pour avoir organiser des formations de leurs membres. Ils sont accusés, entre autre, d’incitation à des grèves et à des manifestations, à l’utilisation abusive des médias sociaux et l’affiliation à un groupe interdit par la loi (les syndicats indépendants). Le gouvernement égyptien a introduit en 2013 une loi qui restreint sévèrement les manifestations et les grèves, nécessitant un préavis du ministère de l’Intérieur, rarement donné.

Manifestation pour la libération des syndicalistes prisonniers

Manifestation pour la libération des syndicalistes prisonniers