Le soir du 2 mars, à Voronej, un cocktail Molotov a été lancé contre la porte d’entrée du bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée compétant pour deux quartiers de la ville. Malheureusement, le visage de l’incendiaire présumé a été filmé par les caméras de vidéosurveillance et à l’heure actuelle la police essaye de l’identifier. Le 13 mars, un homme a jeté vers 5 heures du matin des cocktails Molotov sur la porte du bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée, dans la région de Sverdlovsk pour protester contre l’envoi de conscrits en Ukraine. Malheureusement, l’homme âgé de 25 ans de 25 ans a été arrêté et accusé de tentative de meurtre, car le gardien se trouvait dans le bâtiment à ce moment-là. Le gardien n’a pas été blessé.

Par ailleurs, le militant de 21 ans responsable de l’incendie du bureau d’inscription et d’enrôlement de l’armée de Loukhovitsy, dans la région de Moscou, la nuit du 28 février, a été arrêté le 8 mars à la frontière entre la Biélorussie et la Lituanie. Alors qu’il partait en cavale, il avait déclaré avoir fait cette action dans le but de détruire les dossiers personnels des conscrits pour empêcher la mobilisation dans ce district. Il avait ajouté: « J’espère que je ne verrai pas mes camarades de classe en prison ou sur les listes des morts. (…) Nos protestations devraient être inspirées dans le sens d’une action plus radicale. Et cela devrait briser encore plus l’esprit de l’armée et du gouvernement russes. Que ces ordures sachent que leur propre peuple les déteste et les anéantira. » Il avait été extradé d’urgence et emmené au Département des affaires intérieures de Russie de Loukhovitsy. Le 13 mars, tôt le matin, il a réussi à s’enfuir du bureau des enquêtes criminelles en sautant par une fenêtre. Il a réussi à franchir une clôture de trois mètres de haut et a disparu jusqu’à ce jour. Bon vent!

 

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Julian Assange a vu lundi disparaître l’un de ses derniers espoirs d’éviter son extradition, avec le refus de la Cour suprême britannique d’examiner son recours. Les hauts magistrats britanniques ont estimé que son recours ne soulevait “aucun point de droit discutable”. Assange est poursuivi par la justice américaine pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figurait une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007. Poursuivi notamment en vertu d’une législation contre l’espionnage, Julian Assange risque 175 ans de prison.

Le dossier va à présent revenir à la juridiction de première instance. En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur d’Assange (voir notre article), mais la Haute Cour avait annulé cette décision (voir notre article). Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis près de trois ans, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Equateur où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution.

Rassemblement pour Assange à Bruxelles (archives)

Mikhaïl Kononovitch, dirigeant de l’aile jeunesse du Parti communiste ukrainien (PCU), et son frère, Alexandre Kononovitch, ont été arrêtés par les autorités ukrainiennes à Kiev. Ils sont accusé d’être des « propagandistes » visant à « déstabiliser » la situation intérieure en Ukraine. Les frères Kononovich étaient connus pour avoir participé à une manifestation devant l’ambassade des États-Unis à Kiev pour demander la fin à l’expansion de l’OTAN en Europe. Le gouvernement qui a pris le pouvoir en Ukraine en 2014 a mis hors la loi le Parti communiste et sa jeunesse. Les persécutions s’étaient intensifiées après l’insurrection du Donbass, parce que le CPU avait appelé à la négociation et préconisé un solution fédéraliste.

Une des campagnes du CPU et de sa jeunesse est la lutte contre la privatisation des terres agricoles. Après l’effondrement de l’URSS, le gouvernement ukrainien a abandonné le système de fermes collectives. Les anciennes terres collectives ont été réparties entre les membres des exploitations avec des interdictions de vente pour éviter les accaparements. Le gouvernement néolibéral Zelensky a inversé cette politique en 2019, exposant les riches terres agricoles ukrainiennes (qui occupent autant d’espace que la France et l’Allemagne réunies) à être achetées par les multinationales agro-industrielles.

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Il y aurait eu au total 13 600 arrestations dans plus de 140 villes de Russie depuis le début du conflit. Lors des arrestations, la police a passé à tabac des manifestants et utilisé contre eux des tasers. A Moscou, trois femmes ont été aspergées d’eau avant d’être frappées. Au commissariat, les personnes arrêtées sont bien souvent battues, humiliées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements. Beaucoup ont déclaré qu’elles n’ont pas eu l’autorisation de consulter un avocat et ont été privées de nourriture, d’eau ou de literie. Dans un cas particulier, au poste de police de Brateyevo à Moscou le 6 mars, une manifestante a enregistré un policier en train de la menacer : « On va tous vous tuer ici et c’est tout. Nous aurons une autre récompense pour ça », alors qu’elle était tirée par les cheveux et frappée au visage.

 

Une semaine après le début de l’attaque russe en l’Ukraine, les forces de sécurité russes arrêtent tous ceux qui s’y opposent dans la rue, perquisitionne les derniers médias indépendants et a déployé un nouvel arsenal juridique pour dissuader toute critique. La Russie a mis, ce vendredi, sur les rails de lourdes sanctions pénales en cas de distribution d’ « informations mensongères sur l’armée » et bloqué des médias. La chambre basse du Parlement, la Douma, a adopté à l’unanimité un amendement qui prévoit diverses peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison en cas de propagation d’informations visant à « discréditer » les forces armées. Un amendement séparé, lui aussi adopté vendredi, prévoit par ailleurs des sanctions pour les « appels à imposer des sanctions à la Russie », confrontée à de dures mesures de rétorsion occidentales pour son invasion de l’Ukraine. Ces textes, qui s’appliquent à la fois aux médias et aux particuliers russes comme étrangers, ont été approuvés par la Chambre haute vendredi soir. Il ne leur manque plus que la signature du président pour entrer en vigueur. Enfin, plus de 8.000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg depuis le 24 février.

 

Dans la nuit du 30 janvier, sous le le slogan « Borders killing », une attaque a été menée contre le JOO (Bureau opérationnel conjoint de lutte contre les réseaux de passeurs). C’est un service de police qui est soutenu par Europol, dans le but de prévenir les franchissements clandestins des frontières. Leurs enquêtes, en collaboration avec Frontex, Europol et Interpol, sont censées arrêter le passage illégal des frontières et criminaliser les migrant.e.s. Six voitures de ce service ont été incendiées.

 

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Hier samedi, la police russe a arrêté environ 500 personnes dans la trentaine de villes où des rassemblements anti-guerre ont eu lieu. Aujourd’hui dimanche, cette police a arrêté plus de 900 personnes qui participaient à des manifestations dans une quarantaine villes de Russie. Le total des manifestants arrêtés depuis le début de la guerre en Ukraine s’élèverait à 4 000. Une pétition internet contre la guerre avec l’Ukraine a obtenu plus de 800 000 signatures en deux jours, tandis que le mot-clic #нетвойне (non à la guerre) était en tête des tendances sur Twitter samedi. Deux députés communistes qui avaient voté pour la reconnaissance de l’indépendance des républiques du Donbass mardi ont dénoncé l’invasion. « J’ai voté pour la paix, pas pour la guerre […], pas pour qu’on bombarde Kiev », a écrit le député Mikhaïl Matveïev. Les anarchistes russes d’Avtonom ont carrément appelé à soutenir l’Ukraine (voir ici).

Des manifestations spontanées ont eu lieu dans de nombreuses villes russes contre la guerre menée en Ukraine. À Novossibirsk, Saint-Pétersbourg, Moscou ou Ekaterinbourg, au total une quarantaine d’autres villes du pays. Partout les manifestant-es criaient «нет войне» c’est à dire «non à la guerre». Ces manifestations se sont faites par les autorités au nom des lois anti-COVID ou des règlements sur les manifestations non-autorisées. A ce jour, plus de 1 800 manifestants ont été arrêtés, dont la moitié dans la capitale.

 

En 2020, l’anarchiste Aleksandr Zaitsev a participé aux protestations contre le régime et a été détenu au moins une fois, en novembre. Pendant sa détention, Zaitsev a rencontré un homme qui s’est présenté comme Dmitry Sergeenko. Il s’agissait en fait de Dmitry Akulich, qui depuis de nombreuses années travaille pour le ministère de l’Intérieur, comme agent provocateur et comme maton. Akulich s’est lié à Zaitsev et, l’été suivant, l’a amené a décider de mettre le feu à la datcha de Valentin Sukalo, le président de la Cour suprême. Akulich a apporté les jerrycans d’essence et, non loin de la datcha, ils sont attrapés par l’Almaz, l’unité spéciale antiterroriste dépendant du ministère de l’Intérieur.

Zaitsev a avoué et est maintenant inculpé en vertu de l’article 289, partie 3 de la loi antiterrorisme (avec une peine pouvant aller jusqu’à la peine de mort). On ne connait pas le statut d’Akulich dans cette affaire judiciaire, mais il est très probablement considéré comme un témoin, sous le faux nom de Sergeenko. Il faut noter que, pour sa provocation envers Zaitsev, Akulich a reçu un vrai passeport avec un faux nom. Aujourd’hui, Aliaksandr Zaitsev est toujours enfermé à la prison de Valadarka, à Minsk, le plus grand établissement pénitentiaire de Biélorussie, où sont enfermé.e.s de nombreux opposant.e.s au régime.

Aleksandr Zaitsev

 

Sinan E., Abdullah G., Serhat E., Hakan H. et Hugo G. avaient été emprisonnés aux Pays-Bas le 3 décembre dernier. Ils avaient participé à la protestation devant le bâtiment de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW) à La Haye, pour dénoncer l’usage des armes chimiques par la Turquie contre la résistance kurde (voir notre article). 40 manifestants avaient été inculpés pour « rupture de la paix locale, destruction et violence contre les biens d’une organisation internationalement protégée », mais ces quatre étaient restés en détention pour « violences ouvertes en association contre des personnes, de violences contre les biens d’une organisation internationalement protégée et de vandalisme ». Plusieurs actions solidaires avec les 4 avaient eu lieu, essentiellement aux Pays-Bas à l’appel de Radical Solidarity, mais aussi à Bruxelles avec un rassemblement surprise devant l’ambassade des Pays-Bas. Les quatre viennent d’être remis en liberté provisoire jusqu’à l’audience qui doit se tenir le 17 février à La Haye.

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