Une militante araméenne de Bavière a reçu une amende de 3 600 euros pour des reportages sur les réseaux sociaux concernant la résistance à l’invasion turque dans le nord de la Syrie. Si elle ne paie pas, elle risque 90 jours de prison. Depuis l’invasion d’Afrin, la militante, membre du Mouvement populaire révolutionnaire Suryoye, avait, en effet posté sur Facebook des publications sur la résistance contre l’annexion du Rojava par la Turquie et sur les crimes de guerre commis par les forces d’occupation contre la population civile. En octobre 2019, elle avait reçu une citation à comparaître pour une violation présumée de la loi sur les associations. Comme elle n’a pas donné suite à la demande, une ordonnance de sanction a été prononcée à la mi-février. L’intéressé a fait appel, le verdict est toujours en suspens. Le Mouvement populaire révolutionnaire Suryoye est, comme les autres mouvements opposés au régime turc, régulièrement criminalisé en Bavière. Huit autres Araméenn·es ont notamment reçu des ordonnances punitives des tribunaux de Bavière. Ils ont également subi un raid de la police fédérale le 2 octobre 2018, trois jours seulement après la visite d’État d’Erdoğan en Allemagne. Plus d’infos ici.

Une militante araméenne condamnée pour avoir publié des messages contre l'invasion turque du Rojava

Une militante araméenne condamnée pour avoir publié des messages contre l’invasion turque du Rojava

Aujourd’hui, la police a attaqué les funérailles d’Ibrahim Gökçek guitariste de Grup Yorum décédé hier après 323 jours de grève de la faim (voir notre article). La police a tiré des balles en caoutchouc sur les participant·es et a lancé du gaz lacrymogène. Elle a également enlevé le corp de Gokçek qui reposait à la maison de culte alévie du quartier de Gazi à Istanbul. L’épouse de Gokçek, Sultan Gökçek, qui est emprisonnée depuis 4 ans, n’a pas été autorisée à participer aux funérailles de son mari. Par ailleurs, une dizaine de personnes, dont le père d’Ibrahim Gokçek, ont été arrêtées par la police. Plus d’infos ici.

Ibrahim Gökçek, bassiste du Grup Yorum

Ibrahim Gökçek, bassiste du Grup Yorum

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À l’occasion du 48ème anniversaire du TKP/ML, des militant·es ont lancé des cocktails molotov sur une route à Gülsuyu afin de bloquer celle-ci. Ils ont également accroché des banderoles l’une indiquant « gloire à 48 ans de lutte » et l’autre « Helin Bölek est immortelle ! ». Cette banderole commémore Helin Bölek, chanteuse du Grup Yorum décédée le 288e jour de sa grève de la faim (voir notre article). Plus d’infos ici.

La route bloquée par le TKP/ML

La route bloquée par le TKP/ML

Mercredi 15 avril, le régime truc a décidé de libérer Alaattin Çakici à la faveur d’une loi visant à désengorger les prisons menacées par le Coronavirus. Alaattin Çakici est un chef de la mafia ultranationaliste qui a participé dans les années 1990 à la « sale guerre » menée par l’État turc contre les sympathisants de la rébellion kurde. Depuis sa retraite dans un hôtel de la station balnéaire de Saros, en Thrace orientale, le chef mafieux ultranationaliste, jusque-là connu pour son aversion à l’égard d’Erdogan, a cette fois salué, dans un texte manuscrit, sa politique.

Çakici n’est pas le premier caïd à mettre le genou à terre devant Erdogan. Avant lui, Sedat Peker, bénéficiaire d’une libération anticipée, avait menacé en 2016 les opposants du reis qui avaient osé réclamer un arrêt des combats au Kurdistan turc de « faire couler [leur] sang à gros bouillons ». Mais Çakici est d’un autre calibre. Militant du MHP (les Loups Gris) durant sa jeunesse, il est approché en en 1987 par  l’organisation nationale du renseignement (MIT). Il participe durant les années 1990 à la lutte clandestine contre les soutiens supposés du PKK et profite de la protection de l’état pour faire prospérer ses entreprises. Il est arrêté en 1998 alors que l’état est obligé, par l’opinion publique, de sévir contre le crime organisé. Libéré sous condition en 2002, il s’enfuit en Europe avant d’être ré-arrêté en Autriche avec un faux passeport au nom d’un agent du MIT. Il doit sa dernière libération à l’insistance de Devlet Bahçeli, le chef du MHP, membre de la coalition gouvernementale depuis le putsch raté de l’été 2016. Bahçeli a, en effet, appelé à plusieurs reprises, en 2018, au vote d’une loi d’amnistie pour le chef mafieux. Un convoi de 700 véhicules étant présent lors de sa libération.

Alaattin Çakici

Alaattin Çakici

Le ministère turc de l’Intérieur a récemment nommé des administrateurs dans sept municipalités de la province de Van remportées par le Parti démocratique du peuple (HDP) lors des élections locales du 31 mars 2019. M. Emin Bilmez, le gouverneur de Van qui a été nommé administrateur de la municipalité métropolitaine, avait annoncé après son entrée en fonction que les employés municipaux ne seraient pas licenciés. Malgré cette affirmation, 175 travailleuses et travailleurs ont été licenciés à Van et dans les districts environnants. Ces kurdes ont été licenciés sous prétexte de « lutte contre le terrorisme ». Le remplacement des maires HDP élu·es est une technique courante du régime (voir notre article).

Les municipalités kurdes de Batman, Silvan, Lice et Ergani sous tutelle du gouvernement turc (archive)

Les municipalités kurdes de Batman, Silvan, Lice et Ergani sous tutelle du gouvernement turc (archive)

Le musicien Ibrahim Gökçek était en grève de la faim contre l’interdiction en Turquie du groupe de musique sociale Grup Yorum. Mardi 5 mai, il a annoncé  arrêter sa grève de la faim après qu’une délégation composée d’artistes et de parlementaires CHP, HDP et TIP ait annoncé qu’elle se porterait garante de la concrétisation d’un concert de Grup Yorum. Leurs avocats ont déposé une nouvelle demande de concert le 5 septembre prochain à Istanbul, celle-ci n’a pas encore été acceptée.

Après 323 jours de grève de la faim (il n’absorbait que de l’eau, du sucre, du sel, des tisanes et de la vitamine B1), ses fonctions vitales sont fortement endommagées. Il menait ce combat avec Helin Bölek, chanteuse de Grup Yorum décédée le 3 avril dernier (voir notre article).

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Malgré les mesures de confinements, les militant·es de plusieurs villes européennes ont tenté de mener des actions à l’occasion du 1er mai. Voici un compte-rendu non exhaustif de la situation. À Paris, un groupe a tenté de manifester place de la République à Paris, en affichant notamment plusieurs banderoles indiquant « Le capitalisme est le virus, la révolution c’est le vaccin » et un autre dévoilant « Nos vies ou leurs profits ». La police est intervenue en nombre, a contrôlé les identités des militant·es et en a arrêté plusieurs. Plus tard dans la journée, d’autres tentatives de rassemblement ont eu lieu dans la capitale ou en banlieue parisienne, à Montreuil ou devant la mairie du 18e arrondissement. Une autre manifestation, organisée par la CGT a également eu lieu a Guingamp. Les militant·es syndicaux ont manifesté depuis leur voiture ce qui n’a pas empêché la police mettre 17 amendes.

À Berlin, 5 000 policiers étaient mobilisés pour empêcher les nombreuses personnes descendues dans la rue de partir en manifestation. Il y a eu des heurts en soirée, des échanges de coups  entre manifestants et policiers, dans le quartier de Kreuzberg. Plusieurs manifestants ont été arrêtés et trois voitures ont été incendiées. À Athènes, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le parlement tout en gardant leurs distances et en portant des masques. Une manifestation s’est également déroulée à Thessalonique. À Barcelone une manifestation, organisée par des syndicalistes, s’est tenue devant les urgences d’un hôpital tandis qu’à Saragosse, une manifestation syndicale s’est organisée depuis des voitures. Il y a aussi eu des manifestations à Vienne. À Zurich, les militant·es ont organisé plusieurs petites manifestations et initiatives, une banque a été attaquée avec des bouteilles remplies de peinture (voir la vidéo). Plusieurs arrestations ont eut lieu.

À Istanbul et à Ankara, au moins 45 personnes ont été arrêtées pour avoir tenté d’organiser des marches du 1er mai malgré un couvre-feu de trois jours imposé jeudi à minuit. Au moins 15 personnes ont été arrêtées lorsqu’un groupe s’est réuni au bureau central de la Confédération des syndicats progressistes (DISK) dans le quartier Besiktas d’Istanbul et a tenté de marcher jusqu’à la place Taksim. Le président de la DISK, Arzu Cerkezoglu, a également été brièvement détenu avant d’être libéré. Onze autres personnes ont été arrêtées dans le quartier de Kadikoy à Istanbul, du côté anatolien, pour avoir tenté de tenir un rassemblement. Douze autres personnes, qui voulaient marcher sur la place Taksim, ont été arrêtées dans le quartier Sisli d’Istanbul. Sept personnes ont été arrêtées dans la capitale Ankara. Toutes les personnes arrêtées à Istanbul auraient été libérées. Un total de 44 756 membres du personnel des services de police étaient mobilisés pour empêcher les manifestations.

1er Mai à Athènes1er Mai à Berlin

Mercredi soir, l’entrée principale de l’entreprise « Rheinmetall Airdefence » à Zurich Oerlikon a été attaqué à l’aide d’engins pyrotechniques. Les RJZ de Zurich ont reçu un mail revendiquant cette action qui vise à marquer la solidarité avec le Rojava, dans le cadre du 1er mai. Rheinmetall Airdefence livre des armes à la Turquie et conclut des partenariats pour développer la production d’armes dans le pays. Ils octroient, par exemple, une licence pour la production de canons KBA Oerlikon à Aselsan (troisième groupe d’armement en Turquie), souhaitaient participer au développement des chars Altay via un partenariat avec MKEK (groupe d’armement de l’État turc).

Une photo de l'attaque

Le PKK lance un appel à l’action pour Ibrahim Gökçek, bassiste du « Grup Yorum » en grève de la faim depuis 316 jours. Deux semaines après le décès d’Helin Bölek, chanteuse du même groupe morte d’une grève de la faim, le comité pour l’art et la culture du PKK appelle à mettre la pression par tous les moyens sur le gouvernement turc pour éviter un nouveau martyr (voir notre article). Plus d’infos ici.

Ibrahim Gökçek, bassiste du Grup Yorum

Ibrahim Gökçek, bassiste du Grup Yorum