La peine de Kerim Boran, un prisonnier de 81 ans gravement malade, détenu à la prison fermée de type F d’Edirne, a été levée par un décret signé par Erdoğan. Lui et huit autres personnes ont été condamnés à diverses peines en 2021 pour avoir participé à la Commission de justice de l’organisation provinciale d’Iğdır du Parti démocratique du peuple (HDP). À la sortie de la prison de Boran, il a été accueilli avec des fleurs par l’Association d’aide et de solidarité des familles de prisonniers et de condamnés de Marmara (MATUHAYDER) et des dirigeants du Congrès démocratique du peuple (HDK) et du Parti de l’égalité et de la démocratie du peuple (DEM), des organisations pro-kurdes.
Avant le début de la manifestation, plus d’une cinquantaine de participant.es à la marche des Fiertés LGBTQIA+ d’Istanbul ont été arrêté.es et placé.es en détention dimanche. Comme tous les ans depuis 2015, la Pride a été interdite par le gouvernement conservateur et LGBTphobe de Recep Tayyip Erdogan. Cette année encore, la marche des fiertés prévue le dimanche 29 juin malgré son interdiction a été violemment réprimée. Dimanche soir, seuls sept manifestant·es avaient été relâché·es, les autres demeurent encore en détention, rapporte l’association Stop homophobie qui signale la présence d’avocats et de journalistes parmi les personnes arrêtées.
Sevda Perihan Erkılınç est une journaliste du média Özgür Gelecek, elle a été arrêtée à son domicile le matin du 29 avril dans le cadre des opérations de répression menées avant le 1er mai à Istanbul. Le bureau du procureur a justifié cette opération par des accusations en raison des « appels à manifester sur Taksim malgré les interdictions du 1er Mai » et d’une « planification de provocation ». Après deux mois d’emprisonnement, son acte d’accusation n’est pas encore rédigé alors qu’elle subit de mauvais traitements en détention.
Samedi 28 juin à Sarıgazi, deux lecteurs de Partizan ont été arrêtés parce qu’ils distribuaient des tracts pour appeler à la commémoration du massacre de Sivas du 2 juillet 1993 lorsque 33 intellectuels, dont une majorité d’alévis, ont été tués dans un incendie allumé par une foule d’islamistes radicaux. Les deux activistes ont été détenus par la police au motif qu’ils avaient la silhouette d’İbrahim Kaypakkaya sur leurs gilets. Finalement, ils ont été inculpés de « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et pour l’organisation « d’une manifestation non déclarée ».
Ne tenant aucun compte du cessez-le-feu déclaré unilatéralement par le PKK, et profitant au contraire de la liberté de mouvement que cela lui offre, l’armée turque intensifie ses attaques contre les bases de la guérilla kurde dans le Kurdistan irakien. Selon les HPG (les forces armées du PKK), ces deux dernières semaines, les forces armées turques ont intensifié leurs attaques dans la zone située entre le district d’Amadiya et le sous-district de Dêrelok, principalement dans le Zap occidental et à Metîna. Une vague d’attaques chimiques très intense a été lancée pour détruire complètement les forces HPG dans les bases situées dans le village de Sêgirê, près du district d’Amadiya, et dans Girê Amediyê, au-dessus du village de Sêgirê. La guérilla a riposté par opérations les 24 et 26 juin.
Voici le détail des dernières attaques menées par l’armée turque : Entre le 21 et le 26 juin, les tunnels dans la Girê Amediye, la zone de résistance de Şehîd Delîl, dans la région de Zap-Ouest, ont été bombardés à neuf reprises au gaz chimique et par des drones chargés d’explosifs. Le 27 juin, les tunnels de la zone de résistance de Girê Amediyê, dans la région de Zap-Ouest de Şehîd Delîl, ont été bombardés des explosifs puis avec des gaz. Entre le 21 et le 26 juin, les tunnels dans les zones de résistance de Bêşîlî et de Dergelê, dans la région de Metîna, ont été bombardés 11 fois par des drones chargés d’explosifs. Entre le 20 et le 26 juin, les tunnels dans la zone de résistance de Girê Amediye, dans la région de Şehîd Delîl, dans le Zap occidental, ont été attaqués 18 fois avec des marteaux-piqueurs, des excavatrices et des équipements de forage. Le 26 juin, les tunnels dans la zone de résistance de Dergelê, dans la région de Metîna, ont été attaqués 15 fois avec les mêmes équipements. Entre le 20 et le 27 juin, les zones de Bêşîlî, Serê Metîna, dans la région de Metîna ; les zones de Girê Sîser, Girê Reşîd, Dêreşê, Girgaşê, Deşta Kafya, Mijê, Girê Kun, Girê Zengil, Zêvkê, Heftebax, Spîndarê dans la région de Garê ; les zones de Girê Amediyê et Girê Bahar dans la région occidentale de Zap de Şehîd Delîl, et la zone de résistance de Berê Zînê dans la région de Xakurkê ont été lourdement bombardées avec des armes lourdes, de l’artillerie et des obusiers.
Bekir Aslan, connu sous le nom de « Basel » sur les réseaux sociaux, a été libéré ce jeudi 26 juin. Il avait été arrêté le 11 avril dernier lors d’une manifestation du Parti des travailleurs de Turquie (TİP) à Istanbul. Il était accusé de « propagande pour une organisation terroriste » après son partage d’une banderole de DEV-GenZ et le retweet d’une chanson de Grup Yorum.
Suite à des arrestations et des perquisitions domiciliaires qui ont eu lieu à Istanbul le 13 juin, sept personnes dont six journalistes, ont été placées en garde à vue puis transférées à Artvin. Des interrogatoires ont été menés le 14 juin et, après trois jours de garde à vue, les journalistes ont été déférés devant le tribunal le lundi 16 juin. Le procureur les a renvoyés devant le tribunal correctionnel de paix avec une demande d’arrestation. Ozan Cırık, membre du personnel de Sendika.org, ainsi que les journalistes Dicle Baştürk, Yavuz Akengin et Eylem Emel Yılmaz, ont été placés en détention provisoire pour « appartenance à une organisation illégale ». Semra Melek et Melisa Efe ont été libérées sous contrôle judiciaire. Sendika.org est un site d’information alternatif, aujourd’hui largement censuré en Turquie sous le gouvernement Erdogan. Connu pour sa couverture des questions kurdes, Sendika a été l’un des premiers sites bloqués par le gouvernement turc lors de la vague d’interdiction de sites en juillet 2015.
Ce sont dans des prisons de type S, de type Y et de haute sécurité, appelées en Turquie« de type puits », que sont enfermés les prisonniers politiques. Elles sont basées sur le régime d’isolement, célèbres pour les conditions carcérales difficiles et les violations des droits des prisonniers. Elles doivent leur appellation au fait que les fenêtres, étroitement grillagées, donnent sur un espace muré, et que la courte promenade quotidienne se fait dans un espace étroit entouré de hauts murs. Depuis 2021, 51 prisons de ce type ont été construites et un programme de construction de 21 nouvelles prisons de ce type doit s’achever cette année.
Dans ces prisons sont détenus des prisonniers politiques kurdes, mais aussi des opposants turcs, et notamment des militants de la gauche résistant au régime fasciste. Parmi ces prisonniers, 40 membres du Parti Socialiste des Opprimés, de l’Assemblée des Femmes Socialistes et de la Fédération des Associations des Jeunes Socialistes arrêtés le 14 janvier. Ces prisonniers et prisonnières ont entamé une grève de la faim. En solidarité, des grèves de la faim tournantes ont lieu dans plusieurs villes européennes — actuellement à Bruxelles.
Alors que, suite aux déclarations d’Ocalan, le PKK s’est auto-dissout, a arrêté la lutte armée, et espère obtenir des fascistes de l’AKP et du CHP l’ouverture d’un espace légal à son programme de « modernité démocratique », l’état turc intensifie la répression, ainsi que ses attaques contre les zones tenues par la guérilla au Kurdistan irakien.
Entre le 29 mai et le 4 juin, des centaines de bombardements terrestres (par obusiers) ou aériens (par avions ou drones) ont frappé les positions des HPG (les forces armées du PKK auto-dissout). Les forces turques ont aussi attaqué les tunnels des HPG au moyens de bulldozers blindés, de foreuses et d’explosifs. A la demande d’Ocalan, les HPG observent un cessez-le-feu, mais elles se défendent en cas d’attaques directes. Elles ont durant la même période, touché un véhicule équipé d’un système radar, frappé trois campements militaires, et abattu un drone (voir le détail).
Des avocats pour la liberté (ÖHD) dénoncent des violations des droits humains, notamment des fouilles à nu imposées aux proches des prisonniers politiques kurdes, lors des visites dans les prisons dans la ville d’Urfa. Les proches des prisonniers sont soumis à des mauvais traitements, à des pratiques discriminatoires et à des fouilles portant atteinte à la dignité humaine lors des visites ouvertes et fermées. Les fouilles sont effectuées sur les prisonniers et les visiteurs du quartier masculin de la prison de type T n° 2 d’Urfa, condamnés ou détenus pour appartenance au PKK. Le coordinateur d’ÖHD déclare : « Des pratiques telles que dépouiller les femmes en visite de leurs sous-vêtements, de toucher leurs parties intimes, de leur retirer de force leur foulard constituent clairement un traitement dégradant et une violation de l’interdiction de la torture et des mauvais traitements. Ce sont autant d’atteintes non consensuelles à la vie privée et au corps d’une personne. Les fouilles observées dans la pratique sont systématiques, arbitraires et disproportionnées. 9 des 12 victimes fouillées étaient des femmes».