Les faits ont eu lieu aux premières heures de ce dimanche 30 août, aux alentours de 2h du matin, la police a encerclé une maison où s’étaient retranchés trois jeunes Kurdes, dans le quartier « Kobané » (à ne pas confondre avec la ville syrienne) de la ville de Silopi, province de Şırnak. Vers 6h du matin, la police est entrée pour récupérer les corps et les emmener vers le checkpoint de Habur. Deux des militants avaient 20 et 22 ans, le troisième n’a pas été identifié. Dans la journée, il a été confirmé que les trois étaient des civils et n’appartenaient pas à la guérilla.

Dans la journée de dimanche, dans le centre-ville de Silopi, un blindé de la police a été attaqué en représailles, un policier est mort et trois autres ont été blessés. Au même moment, le commissariat local était la cible d’un lance-roquette. Enfin, cette nuit, toujours à Silopi, une mère de 55 ans et sa fille de 14 ans ont été la cible d’un sniper de la police. Elles dormaient sur le toit de leur maison. La mère est décédée.

Du coté des actions de la guérilla, il est difficile de transmettre toutes les nouvelles du Nord-Kurdistan tant les actions sont nombreuses. Notamment, deux commandos HPG ont attaqué un commissariat dans la nuit du 29 au 30, à Nazımiye dans la province du Dersim. 16 policiers ont été tués et 2 guérilleros sont morts dans les combats.

La maison où se trouvaient les trois.

La maison où se trouvaient les trois.

Chaque jour, les affrontements entre la guérilla kurde du PKK et les forces de sécurité turques se poursuivent. Au moins 32 soldats et policiers turcs ont été abattus dans des actions de représailles ou dans des attaques de casernes menées par le HPG et le YJA Star. De nombreuses actions de sabotages visent également les infrastructures industrielles dans la région, que le gouvernement turc utilise pour augmenter sa présence dans les régions kurdes. A titre d’exemple, une antenne GSM a été détruite à Celal ce 17 août. La police attaque également des villages kurdes, se préoccupant peu de faire feu en direction des guérilleros ou des civils. A Silvan, à Varto, à Tatvan, plusieurs civils ont été abattus. Plusieurs autres villages sont bombardés par des mortiers turcs, faisant de nombreux blessés.

A Varto, l’une des villes kurdes qui s’est insurgée contre le gouvernement turc et a déclaré l’auto-gestion, la révolte a été mattée dans le sang après deux jours d’émeutes. Le KCK -organe politique commun au PKK et aux partis alliés- a appelé les villes kurdes à ne plus reconnaître le gouvernement central et à « embrasser l’autogestion en réponse aux attaques », et a appelé le peuple turc a en faire autant. Comme nous vous le disions hier, c’est à présent la ville de Cizre qui s’est insurgée et a remballé les militaires turcs dans leurs casernes (voir ici).

Insurrection à Cizre

Insurrection à Cizre

Dans la province largement peuplée d’Alévis et de Kurdes du Dercim (dont le nom turc est Tunceli), le Tikko et le HPG (qui sont respectivement les branches armées du TKP/ML et du PKK) organisent des actions conjointes contre les opérations de l’armée turque. L’armée turque vide les villages pour couper le soutien aux guérillas et brûlent les forêts -auxquelles les populations sont très attachées- pour forcer les guérilleros à en sortir. Le 11 août, Tikko et HPG ont attaqué le poste de gendarmerie de Çiçekli -à 20km de la ville de Dercim- en lançant deux roquettes, puis ont fait feu au sniper et à la mitrailleuse sur deux hélicoptères Cobra qui tentaient de les débusquer en les bombardant.

D’autre part, le groupe HPG/Tikko a prit le contrôle les routes de Dercim et de Hozat. Ils fouillent entre autres les poids lourds et empêchent les contra de faire de la propagande pro-turque dans la région. Le contenu d’un camion de cigarettes a été réquisitionné.

Voir nos notes sur le Kurdistan.

TKP/ML et PKK contrôle les routes de Dersim et Hazot

TKP/ML et PKK contrôle les routes de Dersim et Hazot

Rappel : Voir nos notes sur le Kurdistan pour mieux comprendre la géographie et les organisations dans la région.

Turquie et Irak
Alors que le PKK n’a pas communiqué le nombre de guérilleros tués lors des nombreuses frappes aériennes qui se sont poursuivies ces derniers jours au-dessus des régions turque et irakienne du Kurdistan, le gouvernement turc a annoncé que plus de 260 guérilleros avaient été tués. Ces chiffres doivent être relativisés puisque le gouvernement turc veut se montrer très efficace. Ce 1er aout matin, à Zergelê (village des monts Kandil, en Irak), 10 civils ont perdu la vie ainsi qu’au moins un militant du PKK. Suite à ce massacre, le KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan irakien) a à nouveau demandé au PKK de quitter l’Irak, en prétendant que si les frappes turques font des morts parmi les civils, c’est à cause de la présence de la guérilla. Les relations froides entre le PKK et le PDK (Parti Démocrate, libéraux au pouvoir au Kurdistan irakien) se sont à nouveau tendue ce vendredi 31 juillet après qu’un groupe de la HPG (Force de Protection du Peuple) ait saboté -du coté turc- le pipeline amenant le pétrole du Kurdistan irakien en Turquie. En réponse aux nombreux bombardements (qui en plus de tuer et mutiler déclenchent des feux de forêt), la HPG a déclaré qu’au moins 14 soldats et deux policiers turcs avaient été abattus lors d’affrontements ces 3 derniers jours. En plus de cela, des véhicules blindés, hélicoptères et autres équipements militaires ont été cloués au sol par sabotages ou coups de mortier. Enfin, les nombreux vols de reconnaissance et de drones se poursuivent, les cortèges funéraires des combattants morts en luttant contre l’Etat Islamique sont bloqués aux frontières entre la Syrie, la Turquie et l’Irak, et la répression contre le HDP se poursuit. Un seul exemple parmi les dizaines de cas, une enquête a été ouverte contre le chef du HDP pour incitations à la violence et troubles à l’ordre public, lors de manifestations pro-kurdes qui ont eu lieu à l’automne dernier. Ces accusations pourraient lui valoir 24 années de prison. Dernier détail à mentionner sur les dernières nouvelles de l’agression turque contre le Kurdistan, l’ONU soutien l’attaque de la Turquie.

Syrie
Les YPG ont à nouveau demandé au dans un communiqué public que cessent les vols de reconnaissance turcs au-dessus du Rojava. Notons que la Turquie a ouvert sa frontière à des islamistes du Front Al-Nosra qui n’auront pas survécut longtemps au Rojava. Tandis qu’un groupe de ‘modérés’, probablement envoyé par la force d’intervention USA-Turquie s’est lui fait arrêté par les islamistes. La Turquie semble avoir du mal à mener ses actions en Syrie, jusqu’à maintenant.

Une bonne nouvelle avec ça : la ville d’Hassaké, a été déclarée libérée d’EI par les YPG après plusieurs semaines de combats. Avant que les islamistes n’attaquent Hassaké, la ville était partagée entre les YPG et l’armée syrienne arabe (environ moitié-moitié). La ville est à présent très majoritairement sous contrôle des YPG et du MFS (Conseil Militaire Syriaque, pro-YPG) et à l’armée syrienne arabe. Les trois groupes et leurs forces conjointes devraient rapidement se réunir pour re-discuter du contrôle de la huitième ville de Syrie.

Hassaké est débarassée des islamistes.

Hassaké est débarassée des islamistes.

Les violences poursuivent leur ascension entre le PKK et l’armée turque. Ces lundi et mardi, la HPG (guérilla du PKK) a répliqué aux attaques de l’armée turque à de nombreux endroits, dédiant chaque attaque à l’un des combattants abattus ces derniers jours. Entre autres actions de ces 27-28 juillet : le commandant de la garnison du district de Malazgirt a été abattu, un bataillon turc a été attaqué au mortier à Hakkari, trois positions de l’armée turque ont été attaquées à Şırnak (au moins un soldat turc a été tué), un pont a été détruit dans le district d’Amed (Diyarbakir), des routes bloquées à Bazid. Pour cette dernière action, l’armée turc a déployé une colonne de véhicules blindés pour débloquer, un des véhicule a été détruit alors que les soldats étaient à l’intérieur. En plus, de nombreux tirs de mortiers et d’obusiers, des vols de reconnaissances d’avions, de drones et d’hélicoptères Sikorsky, des mouvements de troupes, des livraisons de matériel du coté turc. Les zones de guérilla en Irak ont été bombardées à plusieurs reprises. Le gouvernement fédéral irakien a finalement publié un communiqué en condamnant la violation de sa souveraineté territoriale et les bombardements contre le PKK.

A Amed (Diyarbakir), plusieurs manifestations ont eu lieu contre l’agression militaire turque et l’isolation d’Abdullah Öcalan. La police a attaqué les manifestants avec gaz lacrymogènes et autopompes tandis que les manifestants ont répliqué par des pierres et des grenades assourdissantes, ainsi qu’en creusant des tranchées pour géner la police. Plusieurs coups de feu ont eu lieu dans la manifestation.

Enfin, à la frontière entre la Turquie et le Rojava, des soldats turcs ont ouvert le feu sur une famille qui venait de passer la frontière en se dirigeant vers Kobané. La famille a traversé à Akçakale vers le village de Yapse, à 5km à l’ouest de Tal Abyad (Gîre Spi). Un membre de la HPG qui est accouru en entendant les coups de feu et un enfant de 6 ans ont été blessés et transportés dans un hôpital de Kobané.

Des blindés détruits par le PKK à Lice.

Des blindés détruits par le PKK à Lice.

320 arrestations avaient eu lieu hier lors d’une énorme opération antiterroriste visant le PKK et des mouvements de la gauche révolutionnaire. La Turquie réitère le même genre d’opérations aujourd’hui en perquisitionnant à nouveau massivement. Comme hier, l’opération se concentre à Istanbul.

Cette nuit, les F-16 et l’artillerie turcs ont bombardé et ouvert le feu contre de nombreuses zones de guérilla tenues par le HPG, ainsi que des villages kurdes affiliés au PKK, à travers le Kurdistan du Nord (Turquie) , le PKK a pu évacuer les villages avant que les bombes n’atteignent leurs objectifs, et il n’y a apparemment pas eu de décès. Quatre habitants ont été blessés, dont un enfant de 11 ans et des forêts ont prit feu, elles continuent à brûler à l’heure actuelle. En plus de cela, l’aviation turque a également attaqué des bases du PKK en Irak, à Dohuk, à 40km de la frontière turque, au moins 4 guérilleros ont perdu la vie. Enfin, des coups de feu ont été échangés à plusieurs endroits entre l’armée turque et la guérilla.

Il y a quelques heures seulement, le PKK avait répondu au gouvernement régional kurde qu’il ne retirerait pas ses guérillas (YPS, les Unités de Protection du Sinjar) d’Irak. Les YPS ont été fondées par le PKK après l’opération de sauvetage des Yézidis poursuivis et persécutés par les islamistes et abandonnés par l’armée officielle du Kurdistan autonome irakien (les Peshmergas). De nombreux Yézidis rejoignent à présent les YPS. Le gouvernement régional kurde n’a pas encore réagit au bombardement de cette nuit.

Enfin, l’offensive turque est également sur internet : de nombreux journaux kurdes sont inaccessibles depuis quelques heures depuis la Turquie, le compte twitter officiel du HPG (@Navendaparastin) a également été suspendu par Twitter.

Un F-16 turc.

Un F-16 turc.

Le HPG (la branche armée du PKK) a rapporté de nombreux vols de drône au-dessus des zones de la guérilla du PKK, dans l’est de la Turquie. Les drônes ont été repérés au-dessus des régions de Kandil et de Zap au-dessus des zones de Çarçella, de Oremar et de Avaşin. De nombreux véhicules blindés sont également présents autour de la zone de construction du barrage de Silvan (Province de Diyarbakır/Amed). Les drônes repérés sont probablement des drônes de reconnaissance, la Turquie cherche à fabriquer via sa propre industrie ‘Turkish Aerospace Industry’, des drônes armés. Le ANKA-S, variante équipée de deux missiles UMTAS entrera dans la panoplie de la force aérienne turque en 2016.

Le drône de reconnaissance ‘Anka’ fabriqué par l’état turc.

Le drône de reconnaissance 'Anka' fabriqué par l'état turc.

La branche armée du PKK a rendu public son bilan de 2012 de la lutte qu’elle mène contre les forces gouvernementales turques. Août, septembre et octobre ont été les moins les plus intenses et les plus violents de part et d’autre. Au cours de l’année écoulée, l’armée turque a déclenché par moins de 320 opérations terrestres et 324 opérations aériennes, tandis que les Forces de Défense du Peuple (HPG) ont elles lancé 736 attaques. La guérilla a perdu 314 combattants et affirme que plus de 2000 membres des forces de sécurité ont été abattus. Au niveau matériel, le PKK annonce avoir, en douze mois, détruit 15 hélicoptères de combat et des centaines de véhicules militaires.

Les forces armées du Parti Communiste de Turquie/Marxiste-Léniniste, l’Armée de Libération des Ouvriers et Paysans de Turquie (TIKKO) combattent actuellement aux côtés de celles du PKK et de ses Forces de Défense du Peuple (HPG). D’après un communiqué du TIKKO, une unité de guérilla conjointe TIKKO/HPG a tué au moins quatre soldats en juin dans la région de Hozat-Dersim. Le 10 juillet, des unités conjointes de femmes guérilleras TIKKO/HPG ont attaqué le poste de police et une caserne de l’armée à Cemisgezek-Dersim, tuant 3 policiers et 8 militaires.

Guérilleros du TKP/ML – TIKKO

Le 7 novembre, l’armée turque a une nouvelle fois bombardé deux régions sous contrôle du PKK. Selon les villageois, ainsi que la HPG (Forces de Défense du Peuple), branche armée du PKK, l’artillerie turque a cette fois utilisé des bombes à sous-munitions. Alors qu’il semble de plus en plus évident que les forces turques aient fait usage d’armes chimiques lors de la dernière offensive aérienne dans la région, l’utilisation de ces armes démontré à nouveau la volonté des autorités turques d’intensifier la contre-guérilla. 5 à 45% des sous-munitions n’explosent pas à l’impact et se transforment de ce fait en mines anti-personnelles.

Bombe à sous-munitions

Bombe à sous-munitions