Rexhino Abazaj, dit « Gino », militant antifasciste albanais de 33 ans, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire à Paris le 24 décembre, dans l’attente de l’examen d’un éventuel transfert vers l’Allemagne le 28 janvier. Visé par un mandat d’arrêt européen émis par la Hongrie suite à sa participation à une mobilisation antifasciste en janvier 2023 à Budapest, il n’avait pas été extradé par la France en raison de risques de traitements inhumains et d’un procès inéquitable. Un nouveau mandat, émis par l’Allemagne pour les mêmes faits, a conduit à son arrestation mi-décembre (voir notre article). Alors qu’il encourt jusqu’à dix ans de prison en Allemagne, son cas s’inscrit dans un contexte de criminalisation de l’antifascisme en Europe. La prochaine audience de Gino se tiendra le 28 janvier.

Les banques GLS et Sparkasse Göttingen ont résilié les comptes du Rote Hilfe, une organisation de soutien juridique de gauche en Allemagne, en lien avec l’inscription du groupe « Antifa Ost » sur la liste terroriste des États-Unis et sur la liste de sanctions du Trésor états-unien (voir notre article). Craignant des conséquences comme l’exclusion du système de paiement international SWIFT, les banques ont appliqué ces sanctions, après avoir interrogé le Rote Hilfe et sur la base d’une évaluation de risque jugée « élevée » par un prestataire privé, ce qui impose la fermeture des comptes sous deux mois. Cette situation rappelle celles similaires qui ont déjà eu lieu contre l’Anarchist Black Cross ou encore le DKP (voir notre article).

Imad et Daniel sont deux antifascistes qui sont emprisonnés depuis plus de 600 jours dans le cadre de l’affaire des 6 de Saragosse (voir notre article). Ils sont maintenus en détention malgré des situations judiciaires identiques à celles d’autres personnes récemment graciées pour la même affaire. Par ailleurs, l’un d’entre eux, Imad, a enfin pu commencer un suivi thérapeutique après plusieurs mois d’attente pour que ses troubles psychiques soient pris en charge en prison.

Emprisonné·e à Budapest en raison de son engagement antifasciste, Maja bénéficie de séances de soutien psychologique par téléphone, mais le temps d’appel limité à 80 minutes par semaine rend ces consultations insuffisantes, réduisant presque à néant ses contacts avec sa famille. Les promesses répétées d’améliorer ses conditions de détention n’ont pas été tenues. Ses soutiens soulignent qu’un transfert en Allemagne est jugé indispensable pour lui assurer un suivi adéquat et des droits fondamentaux respectés.

Dans toute l’Europe, une répression coordonnée vise des militant·es antifascistes, avec la coopération de plusieurs États, dont la France, suite à une mobilisation en 2023 à Budapest contre une commémoration néonazie. Depuis, une vaste opération se déploie pour arrêter, juger et intimider celles et ceux qui s’opposent à l’extrême droite et ses alliés. Parmi les personnes poursuivies figure Gino, réfugié en France, arrêté une première fois puis relâché, avant d’être de nouveau incarcéré récemment à la demande de l’Allemagne (voir notre article). Il attend désormais une décision d’extradition et encourt une lourde peine. Afin de le soutenir, ses soutiens appellent à lui écrire :

Monsieur ABAZAJ Rexhino · MAH D2 229 écrou n°1039609 · Centre pénitencier de Fresnes · Allée des Thuyas · 94260 Fresnes (France)

Après avoir classé « Antifa-Ost » et des groupes italiens et grecs comme organisations terroristes (voir notre article), les États-Unis viennent d’annoncer qu’ils offrent jusqu’à 10 millions de dollars de récompense pour toute information permettant de perturber leurs financements et réseaux de soutien. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie plus large qui assimile l’antifascisme à un terrorisme international, étendant aux groupes de gauche européens les outils du « War on Terror » (sanctions financières, interdiction de soutien matériel, coopération policière et de renseignement).

Dissolution de plusieurs groupes antifascistes en France, désignation du mouvement antifa comme “organisation terroriste” aux États-Unis ou en Hongrie, poursuites judiciaires et emprisonnement de militant·es antifas dans plusieurs pays : partout la criminalisation de l’antifascisme s’intensifie comme expression d’un processus de fascisation qui s’accélère.

L’« affaire de Budapest » en est l’une des illustrations les plus brutales. Il y a deux ans, des antifascistes venu·es de toute l’Europe ont convergé·e vers Budapest pour empêcher le “jour de l’honneur”, cette parade où des milliers de néo-nazis célèbrent encore l’alliance entre les troupes hitlériennes et hongroises. Depuis, une véritable traque transnationale s’est mise en place : à l’initiative de la Hongrie, plusieurs États européens coordonnent leurs forces pour retrouver, arrêter et livrer ces militant·es aux autorités hongroises. Certain·es, comme Maja, ont été extradé·es et sont dans une prison hongroise risquant des dizaines d’années de prison ; d’autres, comme Gino ou Zaid, sont menacés d’extradition depuis la France.

A l’occasion de la soirée Faisons Front #5 le mercredi 14 janvier à 19H au Chat Noir, le Secours Rouge Toulouse et l’AFA Tolosa organisent une rencontre avec des antifascistes et Zaid, militant antifa exilé en France et menacé d’extradition vers la Hongrie (en vidéo), afin de discuter et échanger sur les nécessaires solidarités à construire pour faire face à la criminalisation de l’antifascisme et construire notre autodéfense en toute indépendance de l’État.

Le 15 janvier 2026, une journée internationale de solidarité est organisée en soutien à l’antifa Maja qui est en détention depuis plus de 530 jours en Hongrie dans le cadre de l’affaire de Budapest. Le 22 janvier prochain, le verdict concernant son procès sera rendu (voir notre article). Ce jugement pourrait ouvrir la voie à de futures extraditions vers la Hongrie. Les organisateurs appellent à des manifestations et actions pour exiger la libération immédiate de Maja et de tous les antifascistes accusés.

Jeudi 18 décembre, la justice française a finalement décidé l’incarcération de Gino à la prison de Fresnes dans l’attente d’une décision sur l’exécution d’un nouveau mandat d’arrêt européen émis par l’Allemagne, qui l’accuse de violences présumées lors d’événements survenus en marge d’une manifestation néonazie à Budapest en 2023. Cette situation est d’autant plus contestée que la cour d’appel de Paris avait refusé en mars l’exécution d’un mandat similaire émis par la Hongrie pour les mêmes faits (voir notre article). Les soutiens de Gino craignent qu’une remise à l’Allemagne n’ouvre la voie à un transfert vers la Hongrie et dénoncent la collaboration entre États et la répression ciblant les militants antifascistes.

Rexhino Abazaj, dit « Gino », militant antifasciste albanais, a été arrêté en région parisienne sur la base d’un nouveau mandat d’arrêt européen émis par l’Allemagne dans le cadre de l’affaire de Budapest. Déjà interpellé en France en 2024 à la demande de la Hongrie, il avait été libéré après que Paris a refusé son extradition, invoquant des risques de traitement inhumain et l’absence de garanties d’un procès équitable. Cette nouvelle arrestation pourrait conduire à une extradition vers l’Allemagne, faisant craindre à ses soutiens un transfert ultérieur vers la Hongrie. Un rassemblement de soutien est organisé le mercredi 17 décembre dès 13H devant la Cour d’Appel de Paris afin de dénoncer cet acharnement judiciaire et exiger sa libération.