Lors d’une première grande manifestation organisée le 13 janvier et rassemblant plus de 30.000 personnes, les syndicats avaient annoncés le début d’une série d’actions pour le 13 de chaque mois. Ce jeudi 13 février, une manifestation nationale était organisée à Bruxelles soutenue par une grève dans tous les secteurs du pays. Près de  100.000 personnes auraient participé à la manifestation selon les syndicats, 60.000 selon la police. Cette manifestation se tient alors que le nouveau gouvernement est en place depuis 10 jours seulement, mise en place après 239 jours de négociations.

Lors de la manifestation, un cortège s’est rendu devant le siège du parti « Les engagés », qui participe à la coalition du nouveau gouvernement. Les manifestants ne pourront atteindre le bâtiment, protégé par un cordon de police. Ils seront dispersés à coup de matraque et de spray au poivre. Dans la suite du trajet, un grand nombre de manifestants se sont arrêtés devant le siège du parti « Mouvement Réformateur », qui participe également à la coalisation gouvernementale. Des manifestants syndicalistes et des manifestants antifascistes tiendront leur position un long moment malgré la présence de la police, l’arrivé de deux canons à eau et l’utilisation de gaz lacrymogène. Des arrestations ont également eu lieu en fin de manifestation.

Edit: La police annonce un total de 17 arrestations

Le nouveau gouvernement fédéral veut recourir plus régulièrement aux militaires pour des missions de surveillance statique afin de pouvoir déployer plus de policiers dans les rues. Le ministre Quintin a discuté du déploiement du personnel militaire avec son collègue de la Défense, Theo Francken (N-VA). On parle ici de la surveillance des ambassades ou des centrales nucléaires, par exemple. Dès lors que cette surveillance serait assurée par l’armée, davantage d’agents de police pourraient être déployés dans les rues. Le ministre a fait ces déclarations en réponse aux scènes de coups de feu des derniers jours à Bruxelles. Des policiers supplémentaires ont été envoyés dans les rues à cette fin.

Le 15 novembre 2024, le tribunal d’application des peines de Paris ordonnait la libération de Georges Abdallah, détenu depuis maintenant plus de 40 ans. Le parquet antiterroriste a immédiatement fait appel et une audience s’est tenue le 20 décembre. La décision sera rendue ce 20 février 2025. Dans le cadre de la campagne internationale pour libération du camarade, nous vous invitons à une projection du film « Fedayin, le combat de Georges Abdallah ». Ce documentaire, sorti en 2021 et produit par le Collectif Vacarme(s) retrace l’histoire de ce militant communiste libanais emprisonné en France depuis 1984 pour son engagement en faveur de la Palestine. La projection se déroulera ce dimanche 9 février à 16h au Local Sacco et Vanzetti (54 Chaussée de Forest, 1060 Saint-Gilles).

De nouvelles caméras de vidéo-surveillance feront leur apparition en Belgique, elles seront équipées de système d’intelligence artificielle à reconnaissance faciale. Une fois placées dans l’espace public, elles seront employées à des fins répressives, elles auront la capacité d’analyser les différentes données du visage d’une personne pour l’identifier. Transformées en données biométriques, les systèmes utiliseront des algorithmes permettant d’identification de ces personnes. La mise en place de ces caméras dans les rues de Bruxelles se fera au moment où l’Europe se dotera d’une législation sur l’intelligence artificielle.

Alors que la reconnaissance faciale en direct était interdite, de nombreuses exemptions ont été faites, utilisée plusieurs fois à l’aéroport de Zaventem, une septantaine de fois lors de la réunion Europol en 2020 et cinq zones de police flamandes affirmaient utiliser tréquemment la reconnaissance faciale en 2021. Désormais, celle-ci sera permise sous le prétexte de « lutter contre le terrorisme », pour la recherche de victimes dans des dossiers de disparition/ enlèvement d’enfants, contre la traite d’êtres humains et l’exploitation sexuelle.

La reconnaissance faciale pose problème lorsqu’il s’agit de reconnaitre des personnes non-blanches, des erreurs de données biometriques sont plus récurrentes pour ces personnes, cela pourrait donc renforcer les tendances racistes et inégalitaires. Elle a aussi pour vocation de suivre les trajectoires des personnes exilées au sein de l’espace européen. Dès l’âge de 6 ans, toutes personnes qui entrent sur le territoire européen est dans l’obligation d’entrer une image faciale dans le fichier « Eurodac » afin d’être intégré à la base de données biométriques européennes consultable par les états membres et par la police.

Malgré l’opposition des 19 bourgmestres de la région capitale (voir notre article) et celle du nouveau procureur du Roi de Bruxelles, le prochain gouvernement fera fusionner les six zones de police bruxelloises en une zone unifiée et dotée d’un commandement unique. Ailleurs dans le pays, l’accord vise à encourager les administrations locales à procéder à des mouvements de fusion. Les gouverneurs des provinces seront mandatés pour lancer ce chantier dans les zones où les économies d’échelle sont nécessaires. L’accord annonce un « financement plus élevé, plus flexible et plus transparent » pour les polices locales, en révisant le mécanisme actuel de financement, la norme KUL (une combinaison de 14 critères impactant 30 % des financements, qui défavorise les grands centres urbains). L’objectif est de doter chaque zone de police locale de moyens « lui permettant d’offrir des services de police de base équivalents et adéquats ». Le nouveau gouvernement veut « une grande unité de vision et de leadership en ce qui concerne la politique de police et de sécurité dans la capitale du pays ». Quand on voit à quel point les grandes zones de police, à commencer par la zone midi, sont des usines à gaz échappant par la force de l’inertie à toute vraie direction politique, tout vrai contrôle ou toute vraie réforme stratégique, on peut imaginer la pétaudière que sera cette super-police bruxelloise.

Dans la nuit du 26 au 27 janvier, les locaux de Easier (collaboration entre IER et Automatic Systems) à Wavre ont été attaqués. La porte du bâtiment a été forcée, les machines et les ordinateurs saccagés, les vitres brisées, l’intérieur recouvert de peinture et les façades taguées. Easier appartient au groupement d’entreprises Blue systems, spécialisé dans les voitures intelligentes, dans les bus électriques, dans les portiques anti-fraudeurs, les portiques biométriques d’aéroport, les portiques de péages. L’action a été menée dans le cadre de «Désarmer Bolloré», campagne d’actions contre l’empire Bolloré lancée par une centaine d’organisations faisant suite à l’offensive de propagande d’extrême droite financée par le milliardaire Vincent Bolloré.
Lien pour le en savoir plus: https://desarmerbollore.net/news/wavre-belgique-desarmement-de-l-entreprise-bollore-easier

Un flou juridique entourait depuis quelques années la possibilité pour les équipes de police locales d’utiliser un taser, ce pistolet à impulsion électrique qui provoquent une paralysie musculaire pendant quelques secondes. Classés parmi les armes spécialisées, les tasers ne pouvaient être utilisés que par les unités spéciales de la police fédérale et les équipes d’intervention spéciale des forces de police locales. Le reclassement en tant qu’armement collectif permet aux équipes d’intervention régulières des forces de police locales et des services de première ligne de la police fédérale de désormais transporter de telles armes dans leurs véhicules de service.

Cette annonce a été faite au début du mois de janvier, à l’issue d’un projet pilote lancé en 2017 dans les zones de police Bruxelles Ouest et de Bruxelles Midi qui avait suspendu leur participation suite à un manque d’encadrement légal suffisant. Le reclassement des tasers en tant qu’armement collectif a été pris suite aux demandes des services de police eux-mêmes. Ce changement permet aux policiers l’emploi d’une “arme moins létale” supplémentaire, à côté des matraques et des sprays au poivre.

Suite à la révélation d’extraits d’une note de discussions en vue de la formation d’un gouvernement bruxellois qui évoquait entre autres la piste d’une fusion des zones de police, des CPAS et des communes, les bourgmestres des 19 communes de la capitale ont redit mercredi matin leur opposition à une fusion des zones de police. Ils l’ont fait par les quatre représentants de leur bureau, issus de formations politiques différentes : Philippe Close (PS), Vincent De Wolf (MR), Benoît Cerexhe (Les Engagés), et Olivier Maingain (ex-DéFI). Du point de vue opérationnel, il existe déjà un dispositif de commandement unique qui selon eux a fait ses preuves lors d’événements dépassant les limites d’une zone. Les bourgmestres bruxellois ont par ailleurs souligné que les zones de police de la capitale étaient confrontées à un sous-financement chronique, évalué à 500 millions d’euros pour la législature qui commence. Selon eux, il importe également de refinancer la police fédérale notamment face au phénomène de la grande criminalité liée au trafic de drogue, sous peine d’accentuer un phénomène d’aspiration des zones de police amenées à compenser cela au détriment de leurs missions de proximité.

Avec les applications de navigation telles que Waze, les contrôles de police sur la route sont rapidement signalés aux conducteurs, ce qui casse l’effet de surprise voulu par les autorités. La zone de police Zennevallei de la périphérie bruxelloise (Beersel, Hal, Leeuw-Saint-Pierre) a réalisé des tests montrant que la présence des policiers est souvent rapportée en quelques minutes sur ces applications. Cette zone de la périphérie bruxelloise s’est dès lors adaptée et a opté pour des contrôles plus petits et plus discrets.

Ce jeudi 16 janvier, La FGTB et son président Thierry Bodson ont été déboutés par la Cour Européenne des droits humains, ils contestaient leur condamnation au pénal pour entrave méchante à la circulation, dans le cadre d’une grève générale en octobre 2015 (notre article ici). Lors de leur condamnation en novembre 2020 ( voir article ici ) La FGTB estime que la justice porte atteinte à la liberté d’expression, de réunion et d’association. Pour la Cour Européenne des droits humains, le droit de grève n’inclut pas un droit de blocage des routes.