Jeudi 25 octobre, quelques jours avant l’élection du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, la police a investi 27 universités, à la demande des tribunaux électoraux. Les forces de police étaient à la recherche de supposé matériel de propagande électorale illégale. À Rio, une juge a fait enlever une banderole du fronton du bâtiment de la faculté de droit de l’université fédérale Fluminense (UFF), sur laquelle était inscrit, autour du symbole antifasciste. À l’université de l’État de Rio, les agents électoraux ont retiré une banderole en hommage à Marielle Franco, un élue municipale de gauche assassinée en mars dernier (voir notre article). Dans le Paraíba, les agents du tribunal électoral se sont introduits dans l’université pour retirer une banderole où était simplement inscrit « moins d’armes, plus de livres ».

Les conférences et des débats sur la dictature militaire et le fascisme qui ont été interdits. C’est le cas d’un débat public intitulé « Contre la fascisme, pour la démocratie », qui devait avoir lieu à l’université fédérale de Rio Grande do Sul (la région de Porto Alegre). Dimanche dernier, dans une allocution filmée diffusée pour ses supporters rassemblés à São Paulo, Jair Bolsonaro a annoncé « nous allons balayer ces bandits rouges du Brésil » avec « nettoyage jamais vu dans l’histoire de ce pays ». Il a précisé qu’il allait classer le Mouvements des paysans sans Terre (MST) et le Mouvement des travailleurs sans toit (MTST) comme des organisations terroristes.

La Faculté de droit de l'Universidade Federal Fluminense avant l'intervention policière

Le 24 juillet, le tribunal de Rio a condamné 23 militants du mouvement anti-FIFA à des peines de 5 à 7 ans de prison. Le même jour, plus de 800 personnes ont participé à une action de solidarité et s’opposer au procès des 23 prisonniers politiques, à la criminalisation de la protestation populaire et à l’intervention militaire de Rio de Janeiro. Igor Mendes da Silva, militant du MEPR (mouvement étudiant populaire révolutionnaire) et du FIP-RJ (Front Indépendant Populaire de Rio de Janeiro) a été condamné à 7 de prison (voir notre article).

Igor Mendes

Le mercredi 14 mars, Marielle Franco, conseillère municipale du PSOL à Rio de Janeiro et son chauffeur, Anderson Pedro Gomez, ont été assassinés en plein centre de Rio de Janeiro. Marielle Franco était une militante féministe, fortement engagée pour la promotion des femmes noires et combattant les violences policières et plus particulièrement les politiques sécuritaires et répressives de Michel Temer dont l’occupation militaire des Favelas. Actuellement, les soupçons se portent sur la Police Militaire (PM) qui contrôle la ville depuis le 16 février, date de sa mise sous tutelle par le gouvernement fédéral de Michel Temer (droite). Le 10 mars, Marielle Franco avait révélé les assassinats, par le 41ème bataillon de la PM, de deux jeunes dont les corps avaient été jetés dans une décharge. Le 41ème Bataillon, aussi appelé « le Bataillon de la mort », est le détachement policier ayant à son actif le plus de crimes. La veille de son exécution, elle dénonçait une fois de plus un assassinat attribué à la PM, celui de Matheus Melo, 23 ans, exécuté dans le Favela de Jacarezinho, un des plus grand Favelas de Rio de Janeiro.

Le jeudi 15 mars, 50.000 personnes ont manifesté dans les rues de Rio de Janeiro, quelques 30.000 à Sao Paulo et des milliers d’autres dans d’autres grandes villes du pays.

Mardi 20 mars, une manifestation pour Marielle Franco est organisée à Bruxelles. (évènement facebook)

Marielle Franco

Marcio Matos (Marcinho), leader du MST – Mouvement des Sans-Terres – dans l’État de Bahia, au Brésil, a été assassiné le 24 janvier devant chez lui au camp de Boa Sorte, à Iramaia, dans la région de Chapada Diamantina. Ce leader de premier plan du MST engagé dans la lutte paysanne à Bahia, a été assassiné devant son fils, abattu par trois tirs en pleine tête. Il avait 33 ans.

Sa mort s’ajoute à une longue liste de leaders paysans et d’activistes sociaux, dont de nombreux membres du MST, tués pour avoir lutté inlassablement afin de récupérer et de saisir des terres pour les familles expropriées et les sans-terres. Leurs luttes paysannes et sociales ont d’abord été criminalisées. Ensuite sont venues les attaques, les arrestations et les emprisonnements, y compris le meurtre des leaders paysans et des activistes sociaux qui luttent à leurs côtés.

Marcio Matos (Marcinho)

La police brésilienne a lancé avant-hier, le 25 octobre, une opération judiciaire-policière nommée « Operacion Érebo » contre les anarchistes dans la ville de Porto Alegre. Cette opération vise des anarchistes qui auraient participé à des activités informelles depuis 2013. Le matin du 25 octobre, la police civile de Rio Grande de Sul a exécuté dix mandats de perquisition sur des résidences et des espaces collectifs dans la région métropolitaine de Porto Alegre (RS) pour collecter des documents d’enquête. La police affirme enquêter sur un groupe qui aurait perpétré des attentats contre des véhicules, des quartiers généraux de partis politiques, des postes de police, des banques et des concessionnaires automobiles. L’action a été violente et la police a agressé les personnes qui vivent dans ces espaces et a emmené certains d’entre eux au poste de police. L’action de la police a eu lieu juste deux jours avant la 8e Foire du livre anarchiste à Porto Alegre.

Operation Erebo à Porto Alegre

Quelque 150.000 manifestants ont défilé pour réclamer la destitution du Président Temer, visé par une opération anti-corruption et la tenue d’une élection présidentielle anticipée. Ces manifestations ont débouché sur des affrontements avec les forces de l’ordre. Les autorités brésiliennes ont dû évacuer les employés des bâtiments du ministère de l’Agriculture, dans la capitale Brasilia, que les manifestants ont incendiés.

Ensuite, tous les ministères de la ville ont été évacués. Des troupes ont été déployées sur place afin de stopper les manifestants et protéger les bâtiments. Après le ministère de l’Agriculture, c’est celui des Finances qui a été visé par les manifestants: le bâtiment a été également incendié. Le ministère de la Planification a également été attaqué, et ses vitres ont été brisées. La police militaire, y compris la police montée, est intervenue contre les manifestants. ​Les organisateurs de la manifestation accusent la police d’avoir utilisé des armes à feu et font état d’un mort à la suite de tirs. Il y a en tout cas des dizaines de blessés. Le président Temer a ordonné mercredi à l’armée de protéger les bâtiments gouvernementaux de Brasilia.

Les affrontements à Brasilia

Des manifestants ont affronté la police à Rio, dans le cadre de manifestations de masse exigeant la démission du président Temer, après un rapport révélant son implication dans des affaires de corruptions. Les émeutes ont eu lieu dans le centre de Rio de Janeiro, où la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants, qui les ont répondu avec des jets de pierres. Au moins une personne a été blessée. Des milliers de personnes sont également descendues dans les rues à São Paulo, à Brasilia et dans d’autres villes encore.

Les affrontements à Rio

Le centre-ville de Rio de Janeiro était plongé dans le chaos vendredi, lors d’affrontements entre police et manifestants qui ont répondu à l’appel à la grève générale au Brésil contre les mesures d’austérité du président conservateur Michel Temer. Dès les premières heures de la journée, les transports étaient fortement perturbés dans tout le pays, notamment à Sao Paulo, capitale économique brésilienne. Selon une estimation du syndicat Força Sindical, 40 millions de travailleurs ont adhéré au mouvement. La mobilisation porte notamment contre la réforme des retraites et la flexibilisation du travail

À Rio, environ 2.000 manifestants ont été dispersés par les forces de l’ordre qui lançaient des bombes lacrymogènes pour les éloigner de l’assemblée législative locale. Tous les commerces avaient baissé leur rideau et les vitrines de plusieurs banques ont été brisées à coups de pierre. D’autres manifestations avaient lieu dans la plupart des grandes villes du pays. À Sao Paulo, la police a utilisé du gaz lacrymogène pour les disperser et libérer les voies, alors que métros, bus et trains de banlieue étaient à l’arrêt.

Bus incendié à Rio

Les forces de l’ordre ont réprimé avec du gaz lacrymogène l’avancée d’hommes armés d’arcs et de flèches qui tentaient de pénétrer dans le bâtiment en portant de faux cercueils représentant les Indiens de 305 ethnies qui sont mort ces dernières années. La manifestation dénonçait notamment le lobby de l’agro-business tente de détruire les droits des indigènes en transformant le Brésil en grenier du monde et en liquidant sa biodiversité. La manifestation a eu lieu dans le cadre d’une semaine d’activités politiques et culturelles visant à promouvoir les droits des peuples autochtones.

Les affrontements à Brasilia

Des dizaines de milliers de Brésiliens sont descendus dans la rue, mercredi 15 mars, pour dénoncer la réforme des retraites voulue par le gouvernement du président conservateur Michel Temer. Des manifestations ont eu lieu dans les capitales de pratiquement tous les Etats du Brésil. A Sao Paulo, le poumon économique du pays, la grève des transports a provoqué des embouteillages monstres. A Rio de Janeiro, où les écoles publiques étaient en grève, des affrontements ont éclaté entre des manifestants et la police antiémeutes. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour contenir la foule en colère qui, elle, a lancé des pierres et incendié des poubelles.

Les affrontements à Rio