Deux millions de personnes (sur un total de 7,5 millions d’habitants) sont descendues manifester dans les rues de Hong Kong. Les Hongkongais dénoncent un projet de loi d’extradition vers la RPC qui, s’il est adoptée, permettra au gouvernement chinois d’extrader vers ses prisons les personnes qu’il voudra. Les Hongkongais seront ainsi de fait soumis aux lois de la RPC, et non plus seulement aux lois de Hong Kong. En raison des manifestations massives ayant donné lieu à des affrontements mercredi, l’examen de ce projet de loi avait été reporté (voir notre article).

Avec cette nouvelle manifestation géante, les Hong-kongais entendent maintenir la pression sur la cheffe de l’exécutif pro-Pékin. Celle-ci ne s’est pas engagée à remiser définitivement son texte au placard. Les protestataires réclament en conséquence l’abandon du projet, la démission de la cheffe du gouvernement ainsi que des excuses pour les violences policières.

La manifestation d'hier dimanche à Hong Kong

De grandes manifestations ont à nouveau bloqué plusieurs artères principales de la ville pour s’opposer à un projet de loi controversé visant à autoriser les extraditions vers la R.P. de Chine (voir notre article). Les protestataires, pour la plupart des jeunes gens, ont encerclé les bâtiments du gouvernement et paralysé la circulation pour exiger le retrait du projet soutenu par Pékin. De violents affrontements ont opposé des policiers tentant d’empêcher des manifestants de faire irruption dans le Conseil législatif. La police a fait usage de gaz lacrymogène, de gaz au poivre et de matraques. Mais alors que les foules continuaient d’enfler, le président de cette assemblée dominée par les députés pro-Pékin a annoncé que les débats étaient reportés à une «date ultérieure».

Affrontements à Hong kong ce mercredi

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Hong Kong (entre 5 et 10% de la population), dans ce qui pourrait être la plus grande manifestation de l’histoire de la ville pour protester contre un nouveau traité d’extradition devant être passé avec la Chine continentale. La marche de protestation a débuté dimanche après-midi avec des manifestants vêtus de blanc afin de représenter la justice et la lumière.

A l’issue de la marche, les manifestants ont utilisé des bouteilles et des barrières métalliques pour attaquer la police qui tentait de les repousser, avec des matraques et du gaz au poivre, devant le siège du Conseil législatif. Il y a eu des blessés et des arrestations.

La manifestation de dimanche

Il y a deux mois, Human Rights Watch a dénoncé un système de surveillance de masse dans la province du Xinjang, nommé IJOP (Integrated Joint Operation Platform – Plateforme intégrée d’opérations conjointes). IJOP recueille des informations à partir de plusieurs sources. L’une des sources est constituée des caméras de vidéosurveillance, dont certaines sont dotées de fonctions de reconnaissance faciale ou infrarouge (leur procurant une «vision nocturne»). Certaines caméras sont placées dans des lieux considérés comme sensibles par la police : lieux de divertissement, supermarchés, écoles et domiciles de personnalités religieuses. Une autre source encore est les «détecteurs de wifi», qui collectent les adresses d’identification uniques des ordinateurs, smartphones et autres périphériques en réseau.

L’application mobile IJOP pour smartphones androïd de la police du Xinjiang a été analysée par l’entreprise allemande Cure53 spécialisée en cybersécurité. Les types d’informations que recueille IJOP afin de déceler des conduites suspectes sont très variés et surtout ne correspondent pas à des activités illégales. L’app traite par exemple les titres des livres consultés par les internautes du Xijiang, leur consommation d’électricité, de carburant, l’utilisation de logiciels dits « déloyaux » (des messageries chiffrées et des VPN, les réseaux privés virtuels chiffrés empêchant l’identification des utilisateurs), leurs séjours à l’étranger (et les raisons de leurs séjours), leur géolocalisation, leurs relations à l’étranger, les plaques d’immatriculation de véhicules utilisés, les opinions politiques, croyances religieuses, stockage de nourriture, utilisation de smartphone ou non, relations de voisinage, jusqu’à l’utilisation de la porte principale ou d’une porte arrière pour sortir de son domicile, etc.

L’utilisation de l’app mobile par les forces de l’ordre chinoise du Xinjiang est simple : dès qu’une personne change de comportement une alerte est envoyée ou lors d’un contrôle routier, un indicateur de « dangerosité » est donné à l’agent via l’application. Sur les critères permettant de déterminer les comportements suspects, IJOP est capable de détecter et alerter la police si le propriétaire d’un véhicule n’est pas le même que celui qui achète de l’essence à la pompe. Ainsi, les « 36 comportements suspects basés sur des activités quotidiennes » absolument légales alertent les forces de l’ordre dès qu’ils remplissent des conditions d’anormalité établies par le logiciel. Avec à la clef des interventions à domicile de la police suivies d’arrestations.

Un policier chinois à Kashgar, dans le Xinjiang.

À l’heure où la Chine et les États-Unis sont en conflit dans le commerce et la technologie, Hikvision – la plus grande société de surveillance du monde, qui appartient à l’État et est établie à Hangzhou, dans l’est de la Chine – a fourni des caméras et des logiciels de reconnaissance faciale à la police de New York (NYPD). Hikvision, est en principe pourtant aujourd’hui bannie de tout contrat public aux États-Unis.

Le système de Hikvision est censé identifier des visages indépendamment de la couleur de peau, alors que certaines technologies mises au point en Occident étaient plus fiables avec des Blancs qu’avec des Noirs. Ces outils de surveillance sont les mêmes que ceux mis en œuvre en Chine par Sky Net, le plus grand système de vidéosurveillance de la planète. Le programme Sky Net affirme avoir connecté 170 millions de caméras dans toute la Chine l’année dernière (voir notre article). En 2020, 400 millions d’unités supplémentaires seront installées. À terme, Pékin prévoit d’être capable d’identifier n’importe qui, n’importe quand, n’importe où en Chine, en l’espace de trois secondes.

Installation d'une caméra dans un parc de Pékin

Les autorités chinoises expérimentent différents systèmes technologiques au sein des prisons de Hong-Kong afin de rendre leurs établissements pénitentiaires intelligents. Il s’agit principalement de technologies de surveillance afin de détecter tout évènement irrégulier. Les détenus de ces prisons de test sont équipés de bracelets permettant de connaître leur position géographique, de manière précise, à n’importe quel moment de la journée. Ces bracelets sont également pourvus de capteurs de rythme cardiaque permettant d’être alerté en cas d’évènements malencontreux.

Un nouveau service de vidéo surveillance est également expérimenté, avec même des caméras placées dans les douches et les toilettes. Les informations recueillies par ce biais, couplées aux informations des bracelets connectés, sont analysées par un système d’intelligence artificielle afin de détecter un comportement anormal.

La prison Shek Pik, à Hong Kong

Qiu Zhanxuan, président de la Société marxiste de l’Université de Pékin, a été emmené de force dans une voiture noire par huit policiers en civil, alors qu’il se trouvait près de la station de métro de l’université. Qiu a résisté et crié « Je suis Qiu Zhanxuan… Je n’ai pas violé la loi. Pourquoi est-ce que vous m’emmenez ? Qu’est-ce que vous faites ? ». Les policiers ont alors montré leurs documents du ministère de la Sécurité d’État aux badauds qui intervenaient.

Le motif de l’arrestation serait la volonté de célébrer l’anniversaire de Mao Zedong. Le Parti « communiste » chinois n’a programmé aucun événement mercredi pour commémorer les 125 ans de la naissance de Mao. Malgré l’arrestation de Qiu, des étudiants marxistes de tout Pékin se sont réunis mercredi pour célébrer cet anniversaire sous forme d’une flash-mob. Un autre groupe d’étudiants s’est rendu à Shaoshan, le village natal de Mao.

L’Université de Pékin, la plus prestigieuse de Chine, a une longue histoire d’activisme estudiantin. Ses autorités ont toujours empêché la Société marxiste de fonctionner. Des descentes de police avaient déjà touché en août et en novembre des étudiants accusés de soutenir un mouvement en faveur des droits des ouvriers (voir notre article).

Des étudiants marxistes lors d'une manifestation de soutien à une lutte ouvrière (archive)

Une dizaine d’étudiants qui se réclament du marxisme et qui défendent les droits des travailleurs viennent de disparaitre, arrêtés du jour au lendemain par les autorités chinoises. Parmi eux, cinq venaient d’être diplômés de la prestigieuse université de Pékin. L’un d’entre eux aurait été appréhendé à l’intérieur même du campus, en pleine nuit, battu et enfermé de force dans une voiture. Tous militaient dans une association qui, l’été dernier, avait pris la défense des ouvriers d’entreprise située à Shenzhen, tout au sud de la Chine, Jasic, connue pour ses robots industriels.

C’est là qu’en juillet des salariés qui réclamaient en vain depuis deux mois une amélioration de leurs conditions de travail se sont mis à vouloir s’organiser en syndicat. La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre : licenciés puis pris à partie par des hommes de main, les meneurs – et leurs soutiens –, au total une trentaine de personnes, sont arrêtés par la police le 27 juillet. Certains étudaints membres du groupe avaient alors fait le voyage jusqu’à l’usine pour témoigner leur soutien. La répression des ouvriers de Jasic avait élargi encore le mouvement d’étudiants solidaires, qui s’est propagé dans différentes universités prestigieuses en Chine, s’attirant la répression des autorités.

Des étudiants soutenant le mouvement des ouvriers de l’entreprise Jasic, à Huizhou, le 23 août.

Les policiers chinois utilisent massivement la reconnaissance faciale pour retrouver des personnes d’intérêt parmi des foules, ou pour identifier des suspects. Une nouvelle technologie leur permet d’identifier des personnes dont on ne voit pas le visage (ou dont l’image visage a une faible définition. Mise au point par l’entreprise chinoise Watrix, la technologie est déjà utilisée par la police dans les rues de Shanghai et de Beijing. Le système peut identifier des personnes à partir de caméras jusqu’à une distance de 50 mètres de la cible, même si celle-ci a le dos tourné ou le visage couvert. Le système développé par Watrix prétend que son système a un taux de précision de 94 %, et qu’on ne peut le duper en boitant, en marchant avec les pieds écartés ou en courbant le dos, parce qu’il analyse les particularités du corps en entier.

Présentation du système de Watrix

Un ordre d’expulsion et de démolition qui a déclenché un violent incident à Hangji, dans la province du Jiangsu (est de la Chine). Une famille a tenté d’empêcher les entrepreneurs embauchés par les autorités de la ville de Hangji de démolir sa maison décrétée « illégale ». Le père de famille, qui affirme que sa construction est légale, avait tenté de filmer des travailleurs de l’entreprise en train de démolir la maison, mais le téléphone lui avait été arraché des mains et jeté au sol par les hommes de main de l’entrepreneur. Il a alors foncé dans le tas avec sa voiture, tuant deux personnes et blessant neuf autres.

La police l’a arrêté mais a aussi arrêté le patron de l’entreprise de démolition, qui avait engagé une vingtaine de personnes « pour maintenir l’ordre » et leur avait dit de casser les portes en verre de la maison, de vider son contenu et même de détruire les caméras de sécurité en face de celle-ci. Cela a rouvert le débat sur la pratique des autorités locales d’embaucher des entreprises privées pour démolir les maisons de leurs habitants, de très nombreux cas d’abus ont été signalé par ces entreprises qui se sentent couvertes par ces autorités.

La province du Jiangsu