Selon les médias locaux, la police anti-émeute a violemment réprimé une tentative de rassemblement ce matin sur la place Tahrir. Les forces de l’ordre ont commencé par bloquer l’accès à plusieurs rues avoisinantes avant d’user de violence pour disperser les centaines de personnes qui s’étaient réunies pour tenter d’organiser une nouvelle manifestation anti-gouvernementale. Aucun bilan de ces violences n’a encore pu être communiqué.

Depuis le vendredi 8 juillet, la place Tahrir au Caire était occupée par des camps de tentes d’opposants qui réclament que justice soit faite pour tous les morts décédés durant le soulèvement égyptien. Hier, l’armée, soutenue par des chars et des centaines de policiers anti-émeute s’est déployée. Partant des rues adjacentes, les soldats et les véhicules ont chargé les campements, en tirant des coups de feu en l’air. Les affrontements ont commencé lorsque les manifestants ont tenté d’empêcher aux forces de sécurité d’entrer sur la place alors que ces dernières avaient installé plusieurs postes de contrôle d’identité tout autour de la place et vérifiaient les papiers de tous les civils alentours. A un moment donné, les soldats se sont rués sur la place, ont chargé et démonté les tentes. Ils ont également utilisé des matraques pour évacuer les manifestants qui leur ont lancé des pierres, avant d’exiger que tout le monde quitte la place qui est, depuis hier soir, occupée par des chars qui y ont pris position. Une radio locale évoque l’arrestation de plus de 270 personnes et de nombreux blessés lors de l’évacuation.

Depuis le début de la semaine, les ouvriers de plus de 80 usines spécialisée dans la production de textiles et de cuir mènent des actions de grève afin d’exiger une augmentation de leur salaire mensuel. Ils demandent également l’obtention de contrat à long terme. Mardi, plus de 15.000 d’entre eux s’étaient réunis à Ismaila. La police est violemment intervenue lorsqu’ils ont entrepris de bloquer la route reliant Ismaila au Caire. Elle a tiré en l’air pour disperser les ouvriers qui ont réagit en lui lançant des projectiles. Les policiers ont répliqué par des jets de pierre. Les affrontements ont fait au moins 36 blessés parmi les manifestants, dont 23 ont du être hospitalisés. Les autorités ont par ailleurs arrêté dix ouvriers.

De violents affrontements survenus samedi soir au Caire, alors que des manifestants, environ un millier selon plusieurs agences et médias, tentaient de se rendre au siège du Conseil suprême des Forces armées dans le quartier d’Abbasiya du Caire. Scandant « A bas le pouvoir de l’armée », ils ont été bloqués par la police militaire qui a tiré en l’air. Mais les affrontements principaux ont eu lieu entre les manifestants et des civils favorables à l’armée. Les manifestants pro réformes étaient coincés entre les civils favorables à l’armée, et les militaires, qui eux ne sont pas intervenus. Le vice-ministre de la Santé a indiqué que 196 blessés avaient été traités sur les lieux et 100 autres transportés dans des hôpitaux les plus proches. 18 blessés sont toujours hospitalisés alors que 82 autres sont sortis de l’hôpital. La plupart des blessés a subi des blessures à la tête, des contusions et des fractures.

Des protestataires se sont rassemblés sur les grandes places dans différentes villes d’Egypte depuis le 8 juillet afin d’exprimer leur colère contre le gouvernement, le rythme lent des réformes, et le passage du pouvoir à l’armée.

Egypte: Plus de 200 blessés dans des affrontements

Lundi, au Caire, un tribunal a libéré sous caution sept policiers accusés d’avoir tué des manifestants à Suez (nord-est) lors de la révolte de janvier et février. Le procès de ces policiers jugés pour la mort de 17 manifestants a été renvoyé au 14 septembre. Sept autres policiers sensés comparaître dans la même affaire sont actuellement en fuite et doivent être jugés par contumace. Des membres des familles de victimes ont tenté de prendre d’assaut la salle d’audience du Caire où le procès se tenait, et ont momentanément bloqué l’autoroute entre le Caire et Suez.

Plus de 1000 personnes ont été blessées, mercredi, dans la capitale égyptienne, où les forces de sécurité ont affronté des milliers de manifestants pour une deuxième journée consécutive. Les manifestants exigent que les dirigeants militaires de l’Égypte accélèrent les procédures judiciaires contre les membres des forces de sécurité accusés d’avoir commis des actes de brutalité pendant le soulèvement populaire qui a forcé le président Hosni Moubarak à démissionner.

Des policiers antiémeute ont tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui lançaient des pierres et des cocktails Molotov. L’affrontement a laissé les rues jonchées de débris, tandis qu’un épais nuage de fumée blanche recouvrait le secteur. En fin d’après-midi, des militaires, appuyés par des véhicules blindés, ont pris la relève des policiers antiémeute qui protégeaient le ministère de l’Intérieur.

Emeute en Egypte

Emeute en Egypte

En mars, le gouvernement par intérim a approuvé un décret-loi criminalisant les protestations, grèves et sit-in troublant l’activité économique. La loi prévoit de graves sanctions à ceux qui appellent ou incitent à des sit-in, jusqu’à un an de prison et un demi-million de livres égyptiennes (60.000 €).

Mercredi 10 juin, des travailleurs égyptiens ont pris la rue pour réclamer de meilleurs conditions de travail, bravant la loi anti-grève. Les employés de Nasr Car (compagnie automobile d’État) ont demandé à leur direction de réhabiliter les travailleurs forcés à prendre leur retraite anticipée, les diplômés de l’université Al-Azhar ont commencé leur premier jour de grève de la faim, réclamant du travail dans l’université, les fermiers exploitants protestaient contre le gouvernement de les avoir spoliés de leurs terres, et les employés du nouvellement formé ministère de la Culture demandent des contrats de travail stables et des conditions décentes.

Le Premier ministre du gouvernement intérimaire a annoncé après le début de cette grève mettre en application la loi anti-grève. Peu après, police et forces anti-émeutes ont utilisé la force pour disperser la foule et ont arrêté au moins sept fermiers.

La police égyptienne avait fait usage vendredi soir de gaz lacrymogène contre des dizaines de personnes qui avaient attaqué le poste de police d’Ezbekiya, dans le centre du Caire, lançant des pierres et brûlant un véhicule de police (photo), après le décès d’un chauffeur de bus. Ce dernier avait eu jeudi une altercation avec un policier et avait été battu. Blessé et hospitalisé, le chauffeur est décédé vendredi. Sa famille a alors rassemblé des partisans, notamment place Tahrir où étaient réunis des manifestants dans la journée, avant de se diriger vers le poste de police du quartier d’Ezbekiya. Dix manifestants ont été blessés.

Egypte: Commissariat pris d’assaut

Les régimes arabes oscillent entre la répression sans frein (Lybie) et la tentative de calmer les mouvements populaires par des changements d’équipe gouvernementale, des concessions démocratiques, et des libération de prisonniers politiques.

Plusieurs milliers de manifestants ont marché vers la place de la Perle à Manama, capitale de Bahreïn, après la libération mercredi d’une centaine de prisonniers politiques. Au moins 300 prisonniers politiques resteraient en détention.

Les autorité égyptiennes avaient annoncé la libération à bref délai de 222 prisonniers, mais sans avancer de date. 108 libérations ont déjà eu lieu. Le Premier ministre reconnait 487 détenus politiques encore dans les prisons du pays, mais les groupes de défense des droits de l’homme affirment que des milliers d’Egyptiens ont été emprisonnés sans être inculpés aux termes des lois d’exception et que beaucoup d’entre eux peuvent être considérés comme des prisonniers politiques.

L’amnistie générale pour les prisonniers politiques est entrée en vigueur samedi en Tunisie. Elle bénéficie à tous ceux qui ont été emprisonnés ou qui ont été poursuivis pour des crimes suite à leurs activités politiques. Mercredi la libération conditionnelle avait déjà été accordée à 3.000 prisonniers.

Ce mardi, la police a tiré à balles réelles dans une foule de manifestants à El Khargo, à 400 kilomètres du Caire. Comme partout ailleurs dans le pays depuis plus de trois semaines, la population s’était rassemblée pour dénoncer le régime de l’actuel gouvernement égyptien. De violents affrontements se sont déclenchés entre les forces de l’ordre et les manifestants, et celles-ci n’ont pas hésité à leur tirer dessus. Trois personnes sont mortes et une centaines d’autres ont été blessées. La foule a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti au pouvoir.