Au cri de « liberté pour les prisonniers politiques », quelques centaines de milliers de Catalans (300.000 selon la police, 700.000 selon les organisateurs) ont manifesté aujourd’hui dimanche 15 avril, pour protester contre la détention de neuf figures de l’indépendantisme accusées de « rébellion » et réclamer l’ouverture d’un dialogue politique. Six mois après les premières incarcérations, les manifestants ont empli la grande avenue Paralel. L’appel à manifester avait été lancé par une plate-forme d’associations et syndicats créée en mars pour « défendre les institutions catalanes » et « droits et libertés fondamentales ».

La manifestation de ce dimanche à Barcelone

La manifestation de ce dimanche à Barcelone

Un juge d’instruction a renoncé jeudi à poursuivre une militante catalane des Comités de défense de la République (CDR) pour « appartenance à une organisation terroriste », et l’a laissée libre. La militante avait été arrêtée mardi dans une enquête pour « rébellion » et « terrorisme », une première s’agissant des actuels mouvements indépendantistes catalans (voir notre article).

Le juge a finalement seulement inculpé la militante pour « troubles à l’ordre public », et lui a imposé un contrôle judiciaire l’obligeant à se présenter une fois par semaine dans un commissariat. L’arrestation de la militante avait suscité, mardi, une manifestation à Barcelone et dans d’autres villes de Catalogne. Le parquet l’accusait, avec un autre homme qui n’a pas été arrêté, d’« activités de direction et de coordination des actes de sabotage menés pendant la Semaine sainte ». Dans la nuit du 25 au 26 mars, après l’arrestation de l’ancien président catalan Carles Puigdemont en Allemagne, des milliers de manifestants avaient affronté la police. Ces échauffourées avaient fait une centaine de blessés légers. Les 27 et 28 mars, des manifestants avaient installé des barrages sur des routes et des autoroutes.

Un des blocages de la Semaine sainte

Un des blocages de la Semaine sainte

La garde civile espagnole a arrêté, ce mardi, une membre des CDR pour terrorisme, sédition et rébellion. Il s’agit d’une femme accusée d’avoir saboté des péages et bloqué des routes. Par ailleurs, elle avait réalisé un manuel audio expliquant comment réaliser ce type d’actions.

En parallèle les Mossos (la police catalane) ont arrêté six autres membres des CDR qui avaient manifesté devant le parlement catalan le 30 janvier (le jour prévu pour l’investiture de Carles Puigdemont) pour attaque contre des agents dépositaires de l’autorité publique, troubles de l’ordre public et désobéissance.

Les CDR (comité de défense de la république) sont des assemblées de quartier formés initialement pour défendre la tenue d’un référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre. Ils mènent depuis octobre des actions pour défendre l’indépendance de la Catalogne (voir notre article).

Police vs manifestants à Barcelone

Police vs manifestants à Barcelone

Saioa Sanchez Iturregi est une militante d’ETA qui figurait jusqu’en 2007 parmi les membres les plus recherchés par l’état espagnol. Elle purge depuis 2013 peine de 28 ans de prison pour l’exécution de deux gardes civil espagnols par ETA dans le pays basque français où ils espionnaient la gauche nationalistes basque (voir notre article). Elle avait également été jugée par l’état espagnol en 2012 pour une explosion survenue à Bilbao en 2006. Dans le cadre de cette affaire un mandat d’arrêt européen a été délivré par les autorités espagnoles pour la re-juger. Malgré l’opposition de Saioa Sanchez Iturregi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a accepté de la remettre pour une durée de six mois aux autorités espagnoles.

Saioa Sanchez Iturregi

Saioa Sanchez Iturregi

Des milliers de manifestants se sont rassemblés, dimanche après-midi à Barcelone, à l’appel des séparatistes catalans. Brandissant des drapeaux indépendantistes, ils se sont retrouvés sur les Ramblas en criant : « Liberté pour les prisonniers politiques » ou « Puigdemont, notre président ». Les militants ont lancé des œufs, des bouteilles, des grilles de fer, et ont même tenté de lancer des conteneurs d’ordures en direction de la police. Des manifestants ont tenté ce dimanche d’approcher de la préfecture de Barcelone et les policiers catalans les ont contenus à coups de matraque et en tirant en l’air. Selon les services de secours, 90 personnes ont été blessées légèrement à Barcelone, dont 22 policiers. Auparavant, les secours avait fait état de sept personnes blessées dans la ville de Lleida, à 150 km à l’ouest, et d’un blessé à Tarragone, plus au sud.

Les affrontements de ce dimanche

Les affrontements de ce dimanche

Cinq dirigeants indépendantistes ont été placés en détention ce vendredi pour « rébellion ». Ceux-ci s’ajoutent aux quatre autres personnes déjà incarcérées depuis plusieurs mois. A l’appel de l’assemblée nationale catalane et des Comités de Défense de la République, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes de la région pour dénoncer la décision judiciaire. A Barcelone, 22 manifestants ont été blessés par les forces de l’ordre. Les forces anti-émeutes ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui tentaient d’approcher les locaux de la préfecture.

Police vs manifestants à Barcelone

Les forces de l’ordre espagnoles ont tiré à balles de caoutchouc ce jeudi soir contre des migrants manifestant dans le centre de Madrid après la mort d’un Sénégalais pourchassé par la police. La police anti émeutes et les pompiers déployés dans Lavapies, un quartier de la capitale espagnole où vit une une importante population immigrée, a fait face à des manifestants en colère qui ont mis feu à des poubelles et à une moto, et lancé des pierres aux forces de l’ordre.

Les incidents de Madrid

Les incidents de Madrid

Xabier Rey Urmeneta, originaire d’Iruindarra à Donibane, a été retrouvé mort mardi à la prison de Cadix à Puerto III. Il avait été arrêté en octobre 2008 et été torturé pendant sa détention au secret dans les postes de police. Il purgeait une peine au premier degré, à plus de 1 000 kilomètres de chez lui, en raison de la politique de dispersion appliquée par l’état espagnol aux prisonniers politiques. Il avait été condamné à 26 ans de prison pour son appartenance à ETA.

Xabier Rey Urmeneta

Xabier Rey Urmeneta

María Hilda Pérez Zamora (47 ans) a été capturée le 16 février en Espagne où elle vivait sous la fausse identité de Marian Pérez Zambrano. Elle a été extradée au Pérou pour purger sa peine pour son activité dans le PCP-SL. En tant que commandante militaire du Comité régional du Nord entre 1990 et 1992, la justice péruvienne la tient pour responsable du décès de 11 personnes, essentiellement des membres des forces de sécurités tombés dans des embuscades dans les zones d’Angasmarca et de Santiago de Chuco. María Hilda Pérez Zamora avait disparu des radars policiers après l’arrestation du Bureau Politique du PCP-SL en 1992. Elle faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Espagne/Pérou: Une ancienne commandante de la guérilla maoïste arrêtée après 30 ans de cavale

La police catalane a interpellé 14 personnes qui s’étaient enchaînées vendredi aux portes d’un tribunal à Barcelone pour protester contre la répression menée par la justice espagnole dans la région depuis la proclamation de la République catalane. Les arrestations se sont produites pendant la manifestation convoquée par les « Comités de défense de la République » (CDR), initialement créés par des militants indépendantistes pour défendre la tenue d’un référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre. Dans un manifeste, les CDR ont écrit: « Jour après jour, on voit comment ce système judiciaire du Royaume d’Espagne, pourri et corrodé, héritier direct du Franquisme, réprime avec toujours plus de force l’ensemble de l’Etat et les citoyens catalans ». A la mi-journée, ces 14 manifestants étaient encore en garde à vue, en attendant que le juge d’instruction évalue les délits pouvant leur être reprochés.

La justice espagnole enquête sur de nombreux militants pour leur implication dans le processus indépendantiste, notamment pour avoir mené des actions de résistance passive ou pour avoir facilité le vote du 1er octobre dans des mairies. De son côté, à Madrid, le Tribunal suprême poursuit le noyau dur de l’indépendantisme, soit une trentaine de dirigeants, fonctionnaires, représentants de partis ou d’associations. Quatre d’entre eux sont en détention provisoire et six ont quitté l’Espagne pour échapper aux poursuites judiciaires, tel l’ancien président catalan destitué Carles Puigdemont, installé à Bruxelles.

Une des arrestations de Barcelone

Une des arrestations de Barcelone (archive)