Jeudi 5 juillet, l’état espagnol a délivré un mandat d’arrêt européen pour l’extradition de Miguel Arenas Beltran alias Valtònyc. Valtònyc est un rappeur majorquin, condamné en février 2018 à trois ans et six mois de prison pour crime de lèse-majesté et soutien au terrorisme (voir notre article). Il avait écrit une chanson qui s’en prenait à l’ex-roi Juan Carlos et qui soutenait ETA et les GRAPO. La cours constitutionnelle espagnole avait refusé son appel et Valtónyc souhaitait présenter son cas devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Suite à la délivrance de ce mandat d’arrêt européen, Valtónyc a donné une conférence de presse. Il a expliqué qu’il vivait et travaillait en Belgique et qu’il souhaitait rester hors de l’état espagnol pour pouvoir dénoncer en sécurité les violations des droits de l’homme qui s’y passent.

Arenas Beltran AKA Valtonyc

Lundi 2 juillet, débutera le procès de Emilio Cao pour agression sur agent dépositaire de l’autorité publique et trouble de l’ordre publique. Emilio Cao est un ancien étudiant en philosophie, aujourd’hui professeur. Il est accusé d’avoir lancé une pierre sur des policiers lors de la marche de la dignité qui s’est tenue en mars 2014 à Madrid.

Aucune preuve ne vient appuyer ces accusations et le policiers prétendument victime de l’agression n’a pas voulu comparaitre lors d’une audience en mars. Cela a eut pour effet de reporter le début d’un procès qui se tient plus de quatre ans après les faits. Malgré tout ces éléments, le procureur demande une peine de 5 ans et huit mois de prison. Emilio Cao a annoncé sa volonté de participer aux éditions suivantes de la marche pour la dignité.

Emilio Cao

Emilio Cao

L’organisation de jeunesse pro-indépendantiste Arran a rapporté mercredi qu’une cinquantaine de ses militants ont été inquiétés dans des procédures judiciaires dans lesquelles des dizaines de milliers d’euros leur sont réclamés. Ces pénalités financières s’ajoutent aux dizaines de militants blessés par la police, et à des procédures contre six autres militants menacés de six ans de prison suite à une de protestation qu’ils ont menée en mars 2017. Parmi les actions qui ont provoqué cette réaction répressives, la campagne forte du 1er octobre, les manifestations du 1er mai ou celles contre la touristification de Barcelone, Palma et Valence.

Manifestation d’Arran

Manifestation d'Arran

Dimanche 10 juin, 175.000 personnes, ont participé dimanche à une chaîne humaine de 202 kilomètres à travers le Pays Basques pour revendiquer le droit à l’autodétermination de la région.

Cette chaine était organisée par le groupe Gure Esku Dago (qui signifie « C’est entre nos mains »), une plateforme créée en juin 2013 en faveur du droit à l’autodétermination aux Pays Basques. Cette manifestation a reçu le soutien de plusieurs partis politiques et syndicats de la région. Elle avait également pour but de soutenir le mouvement indépendantiste catalan, qui compte une partie importantes de personnes incarcérées ou forcées de fuir à l’étranger.

La chaine humaine pour revendiquer le droit à l’autodétermination des Pays-Basques

La chaine humaine pour revendiquer le droit à l'autodétermination des Pays-Basques

Dimanche 10 juin, une manifestation, d’environ 1000 personnes, s’est tenue en soutien à Adri à Esplugues de Llobregat. Il s’agit d’un membre du CDR local accusé de crimes de sédition, de rébellion et d’appartenance à un groupe terroriste. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt et est en fuite depuis deux mois. Les manifestants exigeaient qu’il puisse rentrer chez lui et dénonçaient plus généralement la répression policière et judiciaire de l’Etat espagnol.

Les CDR (comité de défense de la république) sont des assemblées de quartier formés initialement pour défendre la tenue d’un référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre. Ils mènent depuis des actions pour défendre l’indépendance de la Catalogne et contre la répression menée par l’état espagnol.

Manifestation en soutien à Adri, membre des CDR

Manifestation en soutien à Adri, membre des CDR

Le nouveau ministre de l’Intérieur, le juge Fernando Grande-Marlaska, est un magistrat contesté. Il s’est distingué dans plusieurs opérations dites « anti-terroristes » ces dernières années en refusant d’enquêter sur des plaintes de mauvais traitements ou encore de torture. Mardi dernier, un nouveau procès contre Inaki Zapirain, Beatriz Etxebarria et Saioa Sanchez démarrait suite à l’annulation de leur condamnation. Une annulation en raison de la non-prise en compte des dénonciations de torture des trois accusés. B. Etxebarria avait pourtant révélé avoir été violée durant sa détention. Le juge Grande-Marlaska était en charge de l’affaire à l’époque. Il n’en avait pas tenu compte et n’avait pas jugé nécessaire d’ouvrir une enquête.

Trois ans auparavant, ce même magistrat avait fait la sourde oreille aux accusations de torture d’Igor Portu et Mattin Sarasola. Dans ce cas là, le Tribunal de Strasbourg avait pourtant condamné l’Etat espagnol pour « traitement inhumain ». En 2013, le Comité européen pour la prévention de la torture avait souligné dans son rapport qu’il était « surprenant » que toutes les détentions en isolement réalisées durant les cinq mois d’étude « aient été autorisées par un juge qui ne respectait aucune des garanties contre la torture ». Il s’agissait encore une fois du juge Grande Marlaska.

Fernando Grande-Marlaska

Fernando Grande-Marlaska

L’Audiencia nacional a condamné huit jeunes Basques de la localité d’Altsasu, pour une bagarre dans un bar avec deux gardes civils, à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison. Ce sont les peines maximales prévues par la loi pour une attaque contre les agents de l’autorité, avec blessures, troubles publics et menaces. Le tribunal a condamné Oihan Arnanz et Iñaki Abad à treize ans de prison; Jokin Unamuno et Adur Ramirez de Alda à 12 ans, Jon Ander Cob, Julen Goikoetxea et Aratz Urrizola à 9 ans et Ainara Urkijo à deux ans.

Si le tribunal a rejeté l’accusation de « terrorisme », le caractère politique du verdict, qui s’explique par l’appartenance des jeunes à la gauche indépendantiste, est démontré par la lourdeur des peines (le maximum prévu par la loi) et la motivation des condamnations qui a retenu comme circonstances aggravantes « les raisons idéologiques et de l’animosité envers la Garde civile ». La décision peut faire l’objet d’un recours dans un délai de 10 jours. Suite à ce verdict, des manifestations ont eu lieu à Altsasu et dans différents points du Pays basque.

L’audience des jeunes d’Altsasu

L'audience des jeunes d'Altsasu

Près de onze mois après les affrontements du G20 à Hambourg, des descentes de police ont eu lieu mardi en Suisse, Italie, Espagne et France. Ces descentes de police concernaient principalement les affrontements ayant eu lieu sur l’Elbchaussee à Hambourg le 7 juillet 2017, qui avaient engendré d’importants dégâts. La recherche de suspects et de preuves est prise en charge par les différents services de police, coordonnés dans la commission spéciale « Schwarzer Block » de Hambourg.

En Suisse, un homme de 27 ans a été interpellé puis libéré quelques heures plus tard dans le canton d’Argovie. L’homme interpellé, un Suisse, a été interrogé par deux enquêteurs du Ministère public argovien. L’appartement où l’homme a été interpellé à Bremgarten a été fouillé, de même qu’un centre culturel alternatif. A Madrid, les enquêteurs ont investi trois bâtiments, dont deux maisons alors occupées. Trois Espagnols sont accusés d’avoir causé « de gros dégâts » et auraient pris part à « des actions violentes envers des policiers » lors du G20. En France, l’opération ciblait un manifestant qui aurait participé aux incidents sur l’Elbchaussee, selon la police de Hambourg. Enfin, en Italie, la police a notamment perquisitionné l’appartement d’un homme qui avait déjà été jugé dans la ville allemande pour l’agression d’un policier. Depuis, les enquêteurs l’accusent d’avoir aussi joué un rôle dans les émeutes.

A Berlin, la police berlinoise avait opéré la semaine passée une perquisition dans la bibliothèque anarchiste de Kalabal! K et dans quatre appartements privés. Cette perquisition a conduit à la saisie d’armes illégales et de pétards, la confiscation de clefs USB et deux arrestations pour diffamation (il s’agirait d’une série d’affiches réalisées pour le G20.

Les affrontrements du G20

Les affrontrements du G20

Un groupe d’environ 20 fascistes masqués a agressé lundi après-midi des militants du CDR (Comité de Défense de la république) de Canet de Mar qui avaient planté des croix jaunes sur la plage. Les croix jaunes et les noeuds de ruban jaune sont les symboles de la solidarité avec les prisonniers politiques catalans. Les fascistes sont arrivés dans une camionnette et ont commencé à lancer les croix, les militants du CDR sont intervenus et ont été agressés au cri de « Vive l’Espagne! ». Un homme âgé, qui a été frappé jusqu’au sang, et une femme, frappée à la tête, ont été évacués en ambulance. Un conseiller municipal de la CUP (Candidatura d’Unitat Popular, gauche indépendantiste) a été jeté à terre et roué de coups de pieds.

Initiative de soutien aux prisonniers politiques catalans

Initiative de soutien aux prisonniers politiques catalans

Le rappeur Miguel Arenas Beltran, connu sous le pseudonyme de Valtonyc, condamné en février 2018 à trois ans et six mois de prison pour crime de lèse-majesté et soutien au terrorisme (voir notre article) avait introduit un appel auprès de la Cour constitutionnelle espagnole. Celle-ci a refusé l’appel et confirmée la peine de la Cour suprême. Valtonyc devrait recevoir dans le courant de la semaine prochaine le mandat d’arrêt et le délai pour entrer en prison. Valtónyc devrait pouvoir présenter son cas devant la Cour européenne des droits de l’homme mais devra attendre la décision en prison.

Le 17 juin, un quarantaine de groupes participeront à un concert à Majorque en soutien à Valtonyc et pour la défense de la liberté d’expression.

Arenas Beltran AKA Valtonyc