Ce jeudi matin, la police est intervenue avenue de Washington devant les Autobus artésiens, à Béthune, pour permettre aux cars bloqués sur place par les grévistes de prendre la route. Et les sapeurs-pompiers pour éteindre le feu des pneus et autres palettes. Une ordonnance de justice d’expulsion a été envoyée. Chaque matin, depuis deux semaines maintenant, ils sont plusieurs dizaines de chauffeurs grévistes à se retrouver sur le parking de l’entreprise.

Piquet de grève aux Autobus artésiens

Piquet de grève aux Autobus artésiens

L’unité d’élite de la police nationale, le RAID, a expulsé ce mardi matin deux squats à Lille, dans le quartier de Moulins. Armés de mitraillettes et cagoulés, les policiers ont amené leur 4×4 sur le trottoir pour déployer l’échelle au premier étage, y briser la vitre et pénétrer dans le bâtiment. Vu l’ambiance actuelle, les voisins ont naturellement cru à une opération antiterroriste. Selon la préfecture de police, l’unité « assistait un huissier », et c’est elle qui est venue parce qu’elle est équipée d’une échelle et que le rez-de-chaussée était barricadé. Une autre source policière propose une théorie plus probable « comme elles sont actuellement très mobilisées, on en profite pour se servir du matériel qu’elles détiennent ».

Le RAID et son

Le RAID et son

Plusieurs associations antifascistes françaises (dont Antifa NP2C) ont lancé une campagne « Fuck Daesh, Support PKK » qu’ils ont partagé sur Facebook. La campagne propose une pétition demandant entre autres que le PKK soit retiré des listes de groupes ‘terroristes’, que les militants et les soutiens du PKK ne soient plus poursuivis, que les poursuites engagées contre des sympathisants du PKK en Belgique et en Allemagne soient abandonnées. Après avoir été partagée, ‘likée’, et commentée des milliers de fois, la campagne a été censurée par Facebook. Le bureau-presse français de Facebook a répondu aux critiques que « La règle est très simple sur Facebook : il n’y a pas de place pour le contenu faisant l’apologie du terrorisme. Et le PKK est une organisation terroriste selon l’U.E et les Etats-Unis ». Les règles « très simples » de Facebook semblent ne pas être aussi simples lorsqu’il s’agit de contenus fascistes.

Voir la campagne « Fuck Daesh » sur un autre site que Facebook.

Fuck Daesh, Support PKK

Fuck Daesh, Support PKK

Profitant du ras-de-marée répressif initié suite aux attentats islamistes du vendredi 13, le gouvernement a fait interdire les manifestations qui devaient se dérouler en marge de la conférence sur le climat, dont la grande manifestation du 29 novembre. « C’est une décision difficile qui décevra sans doute certains de ceux qui envisageaient d’y participer mais, dans le contexte actuel, l’exigence de sécurité l’impose » a déclaré le ministère. La COP21 n’a elle pas été annulée, et il est bien difficile de croire que le gouvernement français se soucie plus de la sécurité des centaines de milliers de personnes qui comptaient protester contre cette conférence que des 40.000 diplomates que la conférence accueillera.

Il est extrêmement probable que d’autres manifestations seront prochainement interdites en France.

Affiche de Paris-Luttes.info contre la COP

Le président François Hollande a indiqué dimanche aux responsables parlementaires qu’il souhaitait que l’état d’urgence, décrété après les attentats islamistes de vendredi, dure trois mois au minimum. La prorogation de l’état d’urgence au-delà de 12 jours ne peut être autorisée que par une loi, votée par le Parlement, qui en fixe sa durée définitive. L’état d’urence permet notament aux forces de l’ordre d’effectuer des perquisitions sans mandat et de fait, plus de 150 « perquisitions administratives » ont été menées, sans lien direct avec l’enquête sur les attentats de Paris, se sont déroulées depuis dimanche soir dans des quartiers populaires de France, dont une trentaine en région parisienne.

Par ailleurs, le nombre de militaires (hors gendarmerie) déployés sera porté à 10.000 d’ici mardi soir, contre 7.000 avant les attentats islamistes à Paris. S’agissant de Paris, on était à 4.000 avant les attentats de vendredi et on passe à 5.000 hier dimanche (ces 5.000 étant inclus dans le nouveau total de 10.000 militaires).

Opération

Opération

Novadem, une PME des Bouches-du-Rhône, va fournir plusieurs drones de surveillance NX110 au ministère de l’Intérieur pour les besoins de la Gendarmerie Nationale. Ce quadricoptère ultraléger est déjà en dotation au sein du ministère de la défense mais aussi des sapeurs-pompiers. En octobre 2014 l’engin avait été testé grandeur nature au CNEFG (pour Centre National d’Entraînement des Forces de Gendarmerie) de Saint-Astier en Dordogne. Là durant deux jours le mini drone avait participé à plusieurs exercices ayant pour fil rouge le maintien de l’ordre en zone urbaine et le recueil du renseignement sur les éventuels mouvements de foules.

Avec ce nouvel outil les unités de gendarmerie mobiles vont pouvoir mieux appréhender les manifestations. L’annonce de la commande soit faite en cette première quinzaine de novembre alors que la région parisienne voit converger des dizaines d’unités de gendarmerie mobile et de CRS en prévision de la COP21. Ces drones pourront, s’ils sont livrés à temps, participer au dispositif de surveillance et de répression des manifestations. L’utilisation de ces drones pour le survol de la « jungle » de Calais a aussi été mentionnée.

Le Novadem NX110

Le Novadem NX110

Le 15 avril 2015, l’ATIK, la Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe, a été victime d’une répression politique importante. Des opérations dites « antiterroristes », visant officiellement le TKP(ML) ont été lancées contre l’ATIK en Allemagne, en France, en Grèce et en Suisse. Ces opérations sont le résultat de la collaboration entre l’Etat Allemand et la Turquie et sont soldées par l’emprisonnement de 11 cadres de l’ATIK. Le procès devant décider du transfert de la France à l’Allemagne du prisonnier Deniz Pektaş a eu lieu. Deniz Pektaş avait été arrêté en Grèce, puis transféré et emprisonné en France, dans le cadre des opérations contre l’ATIK.

Pektaş a affirmé que lui et ses camarades sont des socialistes et des révolutionnaires, qu’ils se sont opposés aux attaques des barbares fascistes à Kobanê et dans tout le Moyen Orient ; qu’ils ont lutté contre le racisme en Europe et qu’ils ont résisté au système fasciste en Turquie. Le tribunal a finalement décidé de livrer Deniz Pektaş en Allemagne. Il sera transféré dans les 10 prochains jours.

Deniz Pektaş

Deniz Pektaş

Les attaques islamistes d’hier vendredi n’entraîneront pas l’annulation de la grande conférence climat (COP21) censée s’ouvrir le 30 novembre prochain par un sommet de chefs d’État et de gouvernement. L’événement diplomatique, le plus important depuis le lendemain de la Seconde guerre mondiale (40.000 participants), « se tiendra avec des mesures de sécurité renforcées », a précisé le ministre français des Affaires étrangères.

Avant même les attentats de vendredi, un important dispositif de sécurité était prévu. Pendant toute la durée de l’événement, la zone du Bourget sera placée sous l’autorité de l’ONU et de ses casques bleus. périmètre de la conférence sera divisé en trois zones, dont la première, la plus sensible, soumettra tout entrant à une détection électromagnétique et à un contrôle de déminage pour les véhicules. Toujours dans l’optique de la conférence climat, le contrôle aux frontières avait été rétabli quelques heures avant les attentats, avec 30.000 policiers mobilisés pour sécuriser l’entrée sur le territoire avant la COP21.

Les nouvelles mesures dépendront notamment du prolongement ou pas de l’état d’urgence décrété par François Hollande dans la nuit de vendredi à samedi. Pour être prolongé, ce statut d’exception qui offre des pouvoirs de police discrétionnaires accrus à l’Etat doit faire l’objet d’un vote au Parlement au bout de douze jours. Si tel devait être le cas, le préfet de police de la ville de Paris aurait tout pouvoir pour instaurer un couvre-feu dans certaines zones de la capitale, voire limiter l’accès et/ou la circulation dans « des zones de protection » sensibles. Près de 1000 militaires supplémentaires ont d’ores et déjà été positionnés, essentiellement en Ile-de-France.

Dans la nuit de dimanche à lundi puis dans celle de lundi à mardi, de violents affrontements ont opposé des CRS et des policiers, postés sur la rocade portuaire, aux migrants se trouvant dans la « jungle » (200 personnes la première nuit, près de 250 la seconde). Vingt-six agents ont été légèrement blessés, touchés par des jets de pierres. Des centaines de tirs de gaz lacrymogènes ont répondu aux jets de pierre et d’importants dispositifs policiers ont été mis en place.

La police a accusé des militants No Border d’avoir prit part à ces affrontements et ce jeudi soir, un homme, présenté comme appartenant à la mouvance No Border a été interpellé. Il est soupçonné d’avoir participé aux affrontements et est actuellement entendu dans le cadre de sa garde à vue.

Affrontements à Calais

Affrontements à Calais

La famille béké (créoles blancs, descendants d’esclavagistes, en Martinique et en Guadeloupe, peu nombreux mais possèdant une grande partie de l’économique locale) Huyghues-Despointes annonçait en 2012 un plan de licenciements dans son hypermarché Milénis, avançant de mauvais résultats. Une enquête annonçait plus tard que rien ne justifiait les licenciements, et qu’en plus, l’employeur avait « omis » de payer les participations aux bénéfices. Pendant la mobilisation syndicale qui suivra, la CGTG a donc rappelé d’où provient la fortune des propriétaires du centre commercial.: « la famille Despointes a bâti toute sa fortune sur la traite négrière, l’économie de plantation et l’esclavage salarial ». Rappel qui provoquera une plainte en diffamation déposée par Jean et Martin Huyghues-Despointes.

Le tribunal de grande instance de Pointe-à-Pitre donnera raison aux plaignants, condamnant la CGTG à payer plus de 53000 euros, entre amende et frais de justice, pour avoir écrit une évidence historique. La peine sera aggravée en appel, et les comptes du syndicat, ainsi que ceux de l’un de ses membres, seront bloqués. Lorsqu’Alain Huyghues-Despointes avait tenu des propos ouvertement racistes, défendu l’eugénisme des békés et les « bons côtés de l’esclavage », la Cour de cassation l’a totalement blanchi. Des membres de la CGTG ont bloqué, mardi 3 novembre, tous les accès au centre commercial Milénis pour dénoncer l’alliance du pouvoir judiciaire et des gros patrons, et la répression syndicale.

Rassemblement devant le centre commercial Milénis le 3 novembre

Rassemblement devant le centre commercial Milénis le 3 novembre