Georges Ibrahim Abdallah est détenu en France depuis plus de 30 ans. Il est libérable depuis 1999. Il a plus que doublé la peine de sûreté qui était assortie à sa condamnation à perpétuité pour complicité dans des actes de résistance, alors que son pays, le Liban, était envahi par l’armée israélienne. Le 5 novembre dernier, le tribunal d’application des peines de Paris a rejeté la 9e demande de libération, que Georges Ibrahim Abdallah avait formulée en mars 2014.

Pour rappel, en avril 2013, la cour de cassation déclarait irrecevable la demande de libération précédente au motif qu’il n’aurait pas fait, préalablement, l’objet d’un arrêté d’expulsion… que Valls et Hollande n’avaient pas voulu signer. Georges Ibrahim Abdallah et son avocat ont fait appel de la décision négative du tribunal. L’audience d’appel (non publique), aura lieu ce jeudi 29 janvier. Rassemblement de solidarité ce jeudi 29 janvier de 13h30 à 15h30, Esplanade de la fontaine Saint-Michel (Paris 6e, métro : L4 Saint-Michel).

France: Audience d’appel et rassemblement ce jeudi pour Georges Abdallah

Deux semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et Hyper Cacher, 117 (cent dix-sept) procédures ont été ouvertes devant les tribunaux français pour « apologie du terrorisme » et «provocation à la haine raciale», en application de l’article 12 de la loi du 13 novembre 2014, qui fait passer ce délit du droit de la presse au droit commun des infractions pénales. Une vingtaine de ces affaires ont d’ores et déjà abouti à des peines de prison ferme, suite à une comparution immédiate (au nom de quelle urgence?), qui empêche la préparation d’une défense correcte. La France compte 400 (quatre cents !) lois limitant le principe de liberté d’expression…

On opposera à cette vingtaine d’emprisonnements sommaires le fait qu’aucune personne mise en cause dans les 130 actes islamophobes survenus durant la même période n’a fait un jour de prison. Le 14 janvier, un homme originaire de Belfort a été mis en examen pour «menace de crime contre des personnes en raison de leur religion» et «détention de substances pouvant entrer dans la fabrication de produit explosif», mais a été remis en liberté alors même que des substances explosives ont été retrouvés chez lui et avait menacé de faire exploser la mosquée de Delle. A Toulouse, l’homme qui a été interpellé près de la mosquée d’Empalot en possession d’une arme blanche pour « tuer du musulman » afin de « venger Charlie Hebdo » a été relaxé le 19 janvier pour les menaces de mort, « faute de réitération ». Il a écopé de 8 mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pour port d’arme et usage et détention de cocaïne. Il est donc libre. Des fascistes ayant tagué « morts aux arabes » ou saccagé des tombes musulmanes ont bénéficié de circonstances atténuantes (ivresse, « emprise de l’émotion », problèmes psy) systématiquement refusées aux coupables de lèse-Charlie.

Le16 décembre dernier, sous l’accusation d’association terroriste, la police espagnole arrêtait, dans le cadre de la dénommée « opération Pandora », quatorze personnes et en incarcérait sept en préventive dans l’attente d’un jugement. Le même jour, à Madrid et à Barcelone, la police nationale dispersait violemment, et en procédant à quatre nouvelles détentions, des manifestations spontanées solidaires des anarchistes arrêtés de plus de 800 personnes.

Parmi les accusations figurent plus de vingt explosions dont les médias ne se sont pas fait l’écho, à l’exception de l’explosion de la Basilique du Pilar de Saragosse, pour laquelle on a inculpé deux Chiliens qui sont actuellement détenues sans jugement et auxquelles jusqu’à aujourd’hui on n’a pas attribué de complice. Il semble que la police espagnole procède à nouveau à un montage où elle rassemble d’un côté de nombreux anarchistes arrêté dans une opération qui a ratissé au plus large, et d’un autre côté toutes les actions non-élucidées attribuées aux anarchistes.

Appel à un rassemblement, le samedi 24 janvier 2014 à 15h, contre « l’Opération Pandora » devant l’ambassade d’Espagne (22 avenue Marceau, Paris 8e). Métro Alma-Marceau (M9).

Manifestation à Barcelone en soutien aux inculpés de l’opération Pandora

Manifestation à Barcelone en soutien aux inculpés de l'opération Pandora

Lors d’un procès à l’ambiance particulière, le procès des « deux Saïd » se tenait aujourd’hui à Paris. Il s’agit de Saïdou, un des rappeurs du groupe de rap ZEP (Zone d’Expression Populaire) et Saïd Bouamama, auteurs respectifs de la chanson « Nique la France » et du livre éponyme. La salle était remplie des soutiens Accusés d’incitation à la haine raciale par une association fasciste (qui avait également tenté de faire porter une photo de la solidarité avec ‘Action Directe’ du livre ‘Nique la France’ à la liste des accusations). Une spécialiste universitaire des Sciences du Langage qui a rédigé un rapport de 53 pages sur le morceau « Nique la France » et a fait valoir une liste d’une quinzaine de ‘chansons françaises’ écrites entre 1969 et aujourd’hui qui pourraient être également assimilées à du ‘racisme anti-blanc’. C’était aussi l’enjeu du procès : la création d’une jurisprudence sur la reconnaissance comme catégorie juridique des ‘français de souche’. Ce ne sera probablement pas le cas puisque la procureur a demandé l’abandon des accusations. Le verdict aura lieu le 19 mars.

Et voilà encore une fois la chanson sacrilège :

La solidarité venue nombreuse au procès de ZEP

La solidarité venue nombreuse au procès de ZEP

Malgré les restrictions budgétaires, le gouvernement a décidé de dégager des moyens pour lutter contre la menace terroriste. Ce mercredi 21 janvier, le premier ministre français vient d’annoncer 1.400 embauches et 425 millions d’euros supplémentaires dans les trois ans pour les forces de l’ordre. Une partie de ces crédits nouveaux ira à la modernisation du parc automobile de la police comme de la gendarmerie.

Hier mardi, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la direction du courrier des Hauts-de-Seine pour dénoncer la révocation de Yann le Merrer, fonctionnaire et syndicaliste Sud-PTT. Suite au mouvement social qui a duré 173 jours dans les Hauts-de-Seine, s’achevant cet été par l’embauche de contrats précaires et le report de certaines restructurations, l’entreprise a vite enclenché la machine à réprimer. Quatre personnes ont été licenciées, d’autres sont sont sur la sellette. Si Yann Le Merrer va déposer un recours en référé auprès du tribunal administratif pour faire annuler cette sanction, des actions continuent d’être menées pour exiger sa réintégration.

Yann le Merrer

Yann le Merrer

Le 6 novembre à Paris, dans le quartier de Belleville, quelques personnes entament un collage d’affiches contre la police et appelant à une manifestation le 8 novembre contre la police et le barrage du Testet suite à la mort de Rémi Fraisse. Arrive alors une camionnette de police de la BST. Deux policiers en descendent et se dirigent vers deux deux colleurs. Ils semblent connaître le sujet de l’affiche et se montrent agressifs. Au commissariat, les colleurs sont placés en garde-à-vue pour « provocation directe à la rébellion », en l’occurrence pour l’affiche. Les auditions s’enchaînent mais les poursuivis n’ont toujours rien à déclarer. Après 24 heures, et une « supplétive » pour « refus de se soumettre à un prélèvement génétique », ils sont envoyés au dépôt. Après 20 heures, et un nouveau refus de prélèvement, ils finissent par passer devant un substitut du procureur qui leur remet une convocation pour un procès le 21 janvier 2015 a 13h30 devant le TGI de paris – 10ème chambre correctionnelle pour provocation directe a la rébellion et refus de prélèvement biologique.

Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’Expression Populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama ont été mis en examen pour «injure publique» et «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence» sur une plainte de l’AGRIF, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. En cause, un ouvrage et une chanson du même nom, «Nique la France».