Quelque mois après le référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et les affrontements qui y étaient liés  (voir notre article), Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur français, a signé un arrêté validant l’utilisation d’une nouvelle arme de « force intermédiaire » (qui n’a pas pour but de tuer, mais qui est potentiellement mortelle) en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Cette arme, appelée Crush 44, tire des projectiles d’un calibre de 44 millimètres (contre 40 millimètres pour le LBD-40) avec une puissance de 150 joules. Elle a été développée par l’entreprise Securengy. Ses munitions s’auto-détruisent à l’impact, ce qui pourrait fortement complexifier les éventuelles expertises balistiques qui ont pour but d’identifier la nature d’un projectile reçu et son origine. En dehors de la mutilation par impact à craindre, les autres effets potentiels sont les suivants : irritation de la peau/des muqueuses (munition PEFCS, contenant 80 grammes de gaz CS à 15%), assourdissement (munition PEFBANG, contenant 25 grammes d’un “mélange explosif” et provoquant une détonation à 130 dB), aveuglement (munition PEFCOFLASH) ou marquage (munition PEFCOL).

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Le Crush 44

Le Crush 44

Des associations militantes martiniquaises ciblent les hypermarchés du GBH (Groupe Bernard Hayot) pour demander réparation sur l’utilisation du chlordécone et du paraquat dans les plantations antillaises. Depuis plusieurs semaines, les centres commerciaux de Carrefour Dillon le 19 octobre, de Cluny le 9 novembre et de Génipa les 16 et 17 novembre dernier ont été bloqués pendant une journée. Dès 7 heures samedi matin, des jeunes masqués ou à visage découvert occupent le terrain devant l’Euromarché du Robert, faisant face aux gendarmes. Les manifestants ont chanté et brandi des drapeaux indépendantistes, rouge-vert et noir, et plusieurs altercations ont lieu entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz.

Les incidents à la Martinique ce samedi

 

Le «  kiosque » de l’entreprise Cellebrite, muni du logiciel UFED-InField, est un système capable d’aspirer et de traiter toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes. Actuellement, en France, les téléphones saisis doivent être envoyés dans un des 35 centres spécialisés de la police technique et scientifique, qui sont souvent embouteillés. Avec ce système, qui sera installé dans les commissariats de premier niveau, il suffira de brancher le téléphone et toutes les données seront extraites pendant la garde à vue : SMS, photos géolocalisées… Le système est en cours de déploiement dans le nord de la France. L’an prochain, cent nouveaux systèmes seront installés en Île-de-France et dans le Sud. En tout, cinq cents systèmes doivent être installés d’ici 2024, pour un coût de quatre millions d’euros. Il a déjà été testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, avec des résultats jugés « très positifs »…

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Voir les caractéristiques du système UFED-InField

Le système Kiosk

1.005 exposants sont présents à MILIPOL, le salon mondial dédié à la sûreté et à la sécurité intérieure des États, qui tient sa 21e édition à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des entreprises venues d’une vingtaine de pays, parmi lesquels la Chine, Israël et la Turquie, y tiennent un stand. Cette année, quelque 30.000 visiteurs accrédités des secteurs public (ministère de l’Intérieur, douanes, fonctionnaires de la défense, de la justice…) et privé (fabricants, sociétés de services, distributeurs…), pourront y tester gilets pare-balles, lanceurs de balles de défense et dispositifs de reconnaissance faciale dans une ambiance high tech et feutrée. Le secteur est florissant. Fin 2018, le marché mondial de la sécurité affichait une croissance de 7 %, bien supérieure aux 2 % de croissance mondiale, pour atteindre un chiffre d’affaires de 629 milliards d’euros. En France aussi, les entreprises dites « de la sécurité » se portent bien : leur chiffre d’affaires a progressé de 3,2 % en 2018 et atteint 29,1 milliards d’euros.

Milipol 2019

 

Une gilet jaune originaire de Namur est détenue dans un centre de rétention administrative à Paris, après son interpellation lors de la manifestation de samedi dernier dans la capitale française. Un autre Belge, originaire de Bruxelles, avait été interpellé au même moment mais il a, depuis, été libéré. La police les accuse d’avoir voulu monter une barricade contre les CRS. Les avocats des deux Belges contestent et affirment qu’ils souhaitaient déplacer la barrière pour leur permettre de quitter les lieux. Dans un premier temps, le procureur a requis une peine de quatre mois de prison mais le juge a décidé de les relaxer. Un arrêt de reconduite à la frontière a ensuite été délivré et les deux Belges ont été chacun placés dans un centre de rétention. Le préfet de police de Paris a alors demandé au juge de prolonger la rétention en vue d’une expulsion, estimant qu’ils représentaient une « menace imminente pour l’ordre public ». Les deux avocats ont contesté cette décision auprès du juge. Dans le cas du Bruxellois, le juge a estimé que l’interpellation était injustifiée, la Namuroise, le juge a rendu un avis contraire. Une audience en appel de la décision est prévue demain matin à Paris.

Un an de gilets jaunes

 

Samedi 16 novembre 2019, lors d’une manifestation des Gilets Jaunes à Paris, un homme a perdu un œil à cause d’un projectile tiré par un policier. Mercredi 20 novembre, il a refusé d’être auditionné par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) connue pour sa partialité et sa propension à étouffer les affaires de violences policières (voir notre article). Il demande la désignation immédiate d’un juge d’instruction compte tenu du caractère criminel de l’affaire, faute de quoi il diffusera les vidéos des responsables dans un délai d’une semaine.

Le parquet de Paris, lui aussi accusé de bloquer les dossiers de violences policières, annonce avoir ouvert une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours ». Manuel C., le Gilet Jaune éborgné, a, par l’intermédiaire de son avocat, déposé une plainte auprès du doyen des juges d’instruction pour réclamer une requalification criminelle en « violences » aggravées « ayant entraîné une mutilation permanente ». La plainte vise nommément le préfet Didier Lallement, et l’accuse de complicité pour avoir autorisé l’usage de lanceurs de grenade 56 mm. Ces lanceurs de grenades lacrymogènes, dits Cougar ou Chouka, font partie des armes de maintien de l’ordre responsables de nombreux·ses blessé·es chez les Gilets Jaunes.

Gilets Jaunes - Acte 53 - manifestation à Nantes

Après avoir été interdits d’accès à leur fac pendant trente jours, quatre syndicalistes étu­diants de l’Unef Nanterre viennent d’être placés en garde à vue! Ces militants sont engagés depuis le début de l’année aux côtés des sans-facs, sacrifiés sur l’autel de la sélection. Le président de la fac a pour principe du refuser de laisser ces jeunes accéder à l’enseignement supérieur et aux études de leur choix. Un refus de principe, car il préfère laisser la tension monter et dépenser l’argent de l’université en embauchant des vigiles privés pour réprimer la contestation plutôt que de négocier les dernières inscriptions. La présidence de Paris-Nanterre avait réuni le 7 octobre dernier une Commission des formations et de la vie universitaire (CFVU) sans convoquer une partie des élus étudiants et étudiantes, dont Barth et Victor. La direction de l’université est allée jusqu’à envoyer des vigiles pour les empêcher physiquement de se rendre sur le lieu de la réunion. Et c’est pour avoir essayé d’entrer dans le bâtiment où se tenait ce conseil que les quatre militants sont accusés de “ violences”. Ils sont retenus par la police parce qu’ils ont voulu faire respecter le droit des élus à siéger et le droit des étudiantes et des étudiants à étudier. Une manifestation solidaire a eu lieu hier lundi devant le commissariat de Nanterre.

Les 4 syndicalistes étudiants de Nanterre

 

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Ce samedi 16 novembre, pour le premier anniversaire du mouvement, l’acte 53 des Gilets jaunes a rassemblé près de 40.000 manifestants dans toute la France. À Paris, des mobilisations se sont organisées en plusieurs endroits. Dans la matinée, sur le périphérique parisien, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour disperser les manifestants qui bloquaient les voies. Une forte mobilisation a eu lieu place d’Italie où des voitures ont été renversées, des engin de chantier et poubelles incendiées, abribus saccagés… Selon la préfecture de Paris, 147 personnes ont été interpellées durant la journée. À Bordeaux, le centre ayant été bloqué, le cortège a marché dans différents quartiers de la ville. Des heurts ont éclaté à mi-parcours quand certains manifestants ont tenté de forcer les barrages de police pour rejoindre la place Pey-Berland. Au total, huit personnes ont été interpellées selon la préfecture.

À Nantes, pratiquement dès le départ de la manifestation, la police tentera d’empêcher les gilets jaunes de défiler en tirant des gaz lacrymogènes. Des affrontements auront lieu devant la préfecture.
À Toulouse, l’accès à la place du Capitole avait été interdit. Des centaines de manifestants ont été dispersés à de nombreuses reprises. La police a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage du canon à eau contre les manifestants seulement 20 minutes après le départ, à 14 h. Les dispersions se sont poursuivies pendant plus de deux heures. Ce samedi, 17 personnes y ont été interpellées « pour jets de projectiles, port d’arme par destination (marteau), rébellion, outrage, port illégal d’insigne de presse et dissimulation de visage ».

À Lyon, les manifestations avaient également été interdites, mais plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées dès 13 h place Bellecour. À Grenoble, la manifestation unitaire contre la politique du président Macron qui réunissait « gilets jaunes », syndicats (GCT, FSU, Solidaires, Unsa, CNT) et des associations a mobilisé plusieurs centaines de personnes. À Saint-Etienne, les manifestants ont défilé sans pouvoir accéder au centre-ville. Des gaz lacrymogènes ont été tirés après la tentative de manifestants de rentrer dans la zone gardée. À Dijon, où toute manifestation non déclarée avait été interdite, des gilets jaunes ont tenté de manifester avant d’être dispersées par des gaz lacrymogènes. Un manifestant a été arrêté pour possession de pétards.

Gilets Jaunes - Acte 53 - manifestation à Nantes

Suite au drame de l’immolation d’un étudiant devant le bâtiment du CROUS (qui attribue notamment les bourses universitaires) de Lyon, les étudiants de la fac se sont mobilisés. Un rassemblement a notamment été organisé puis un blocus de la fac voté par l’assemblée générale, le mot d’ordre étant de lutter contre la précarité étudiante. Des dizaines d’étudiants ont ensuite lancé une occupation. La présidence de l’université ont alors demandé une intervention policière. Une centaine de gendarme et de membres de la BAC interviennent alors sur le campus pour déloger les opposants. Il est rappeler qu’en France, l’intervention de la force policière sur un campus ne peut se faire dans une université sans l’aval de sa présidence.

répression blocage lyon le bron

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Après des mois de procédure, la cour d’appel a finalement donné son verdict concernant l’extradition de Vincenzo Vecchi. Les juges ont annulé le mandat d’arrêt émis par les autorités italiennes et ordonné sa remise en liberté.  Devant le Parlement de Rennes, une centaine de membres de comités de soutiens s’étaient réunis, comme lors de chaque audience depuis l’arrestation survenue dans le Morbihan le 8 août. Vincenzo faisait l’objet de deux mandats d’arrêts européens émis par les autorités italiennes. En 2012, il avait été condamné à douze ans de prison pour des dégradations lors de manifestations anti-G8, à Gênes en 2001. Il avait aussi été condamné à quatre ans de prison pour sa participation à une manifestation antifasciste à Milan, en 2006.

Vincenzo à sa sortie de la prison de Rennes