Le 15 octobre, Jafar Azimzadeh et Shapour Ehsani-Rad ont été condamnés à 11 ans de prison par la Direction générale de la Cour révolutionnaire de la ville de Saveh. Ils sont condamnés chacun à 10 ans de prison pour « l’organisation et le fonctionnement d’un groupe illégal» et à un an de prison pour « propagande contre l’Etat », le « groupe illégal » étant le Syndicat libre des travailleurs de l’Iran, dont Azimzadeh est président et Ehsani-Rad, membre du conseil d’administration. Azimzadeh a été condamné à six ans de prison en mars 2015 pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale» et «propagande contre l’Etat ». En juillet dernier, il a été libéré provisoirement après une grève de la faim de deux mois grève (voir nos précédents articles ici et ici).

Azimzadeh et Ehsani-Rad devront également comparaitre pour des accusations de «troubles de l’opinion public» et «trouble à l’ordre public. » Ils sont accusés d’avoir incité à la grève les travailleurs à la Safa Rolling and pipe Mills Company.

Shapour Ehsani-Rad et Jafar Azimzadeh

Shapour Ehsani-Rad et Jafar Azimzadeh

Plusieurs combats ont récemment opposé les YRK (Unités de Défense du Rojhilat, branche armée du PJAK, qui est l’organisation soeur du PKK en Iran) aux militaires (pasdarans) iraniens. Les YRK ont revendiqué le 14 octobre avoir tué 32 militaires et miliciens alliés en représaille à la mort de 12 de leurs combattants le 4 octobre. Les représeailles ont commencé le dimanche 9 octobre, neuf membres des forces Basij (paramilitaires) ont été abattus lors d’une attaque nocturne contre une caserne à Rabat, province de l’Azerbaijan occidental. Deux Pasdarans ont été tués dans une embuscade le lendemain, un véhicule militaire qui arrivait en renfort a également été détruit. La nuit suivante, du lundi au mardi, 15 militaires ont été tués et 10 blessés dans l’attaque d’une caserne à Mariwan (Province du Kordistan) à l’arme lourde, la caserne a été incendiée. Les autorités iraniennes ont nié que des pasdarans aient été tués tout en reconnaissant que certains avaient été hospitalisés. Au moins un combattant YRK a été tué lors de ces attaques de représailles.

Les 12 combattants tués le 4 octobre

Les 12 combattants tués le 4 octobre

A la fin de la guerre Iran-Irak, le régime de la République islamique redoutait des mouvements populaires, notamment à l’occasion de la rentrée scolaire (les universités avaient été fermées pendant deux ans). Les dirigeants décident de décimer préventivement l’opposition, militants de la gauche révolutionnaire et du mouvement des Moujahidine Khalq. Entre août et octobre, 30.000 prisonniers politiques seront fusillés, abattus ou pendus. La majorité des victimes purgeaient des peines de prison pour leurs activités politiques ou avaient terminé leur peine mais étaient toujours incarcérées. Mais certains avaient déjà été libérés et seront de nouveau été arrêtés pour être exécutés. Les massacres ont eu lieu dans presque toutes les villes iraniennes.

Lire l’article que nous avions publié sur ce massacre

Pendaisons en masse à Tabriz, à l’été ’88

« Ni oubli ni pardon! »
Rassemblement de dénonciation de l’assassinat des prisonniers politiques et non politiques par le régime islamique d’Iran à l’occasion du 28e anniversaire du massacre de 1988. Samedi 1er octobre 2016, de 15h à 17h, Place de la Monnaie, Bruxelles
A l’initiative du Iranian Youth Committee – Belgium et de la 8 March Women’s Organisation (Iran-Afghanistan)

Pendaisons en masse à Tabriz, à l'été '88

Mihemed Abdullahi a été pendu à la prison d’Urmia aux premières heures du 9 août au motif de Moharebeh (ennemitié envers Dieu). Durant son interrogatoire, il avait été torturé, son bras et sa jambe avaient été fracturés. Après avoir été innocenté et acquitté, le juge a arbitrairement réouvert l’affaire pour condamner Mihemed à la peine de mort. Mihemed Abdullahi était accusé d’être membre de Komala, il avait nié appartenir à la guerilla. Cinq autres prisonniers kurdes ont été éxécutés au même moment au motif de traffic de stupéfiants.

Mihemed Abdullahi

Mihemed Abdullahi

Selon des chercheurs en sécurité liés à Amnesty International, au moins douze compte d’utilisateurs de la messagerie instantanée Telegram auraient été compromis et 15 millions de données utilisateurs (les numéros de téléphones correspondants aux comptes) d’Iraniens dérobées par un groupe de hackers connu sous le nom de « Rocket Kitten » qui a déjà par le passé agit dans l’intérêt des services de sécurité iraniens. Certaines attaques auraient débouché sur des arrestations. Cette opération a eu lieu quelque part dans l’année écoulée.

A propos de la méthode utilisée: comme plusieurs de ses concurrents, Telegram utilise une authentification par SMS plutôt que par mot de passe (un code est envoyé par sms et doit être entré dans l’app). Ce moyen pourrait pratiquement être plus simple et sécurisé qu’un mot de passe mais dans ce cas, il y aurait eu une collaboration des télécoms iraniens. Telegram propose toutefois l’authentification classique par e-mail et mot de passe, mais celle-ci pourrait être compromise de la même façon (une interception au niveau du fournisseur). Vingt millions de personnes utilisent Telegram en Iran, le pays fait pression depuis plusieurs années pour obtenir un droit d’espionnage et de censure, Telegram ne maintient donc aucun serveur en Iran pour éviter les saisies. En tout, 100 millions de personnes utilisent cette application dans le monde, elle est très populaire au Moyen-Orient, en Amérique Latine et dans le Tiers-Monde.

Telegram a finit par démentir que ces services aient été piratés pour finalement reconnaître qu’une douzaine de compte a pu être spécifiquement attaquée mais sans que cela ait à voir avec la sécurité de Télégram, ils disent avoir prévenu leurs utilisateurs dans des pays ‘sensibles’ qu’ils faisaient mieux d’utiliser une connexion par mot de passe avec authentification en deux facteurs. Pour ce qui est des 15 millions de numéros de téléphone, Telegram répète que c’est le fonctionnement même du service: les contacts Telegram sont identifiés par les utilisateurs en fonction de leurs numéros de téléphone (en effet, le carnet de contact est établi automatiquement). Des limitations ont récemment été introduites dans l’API pour empêcher ce genre d’identification d’échelle.

Telegram

Telegram

Après 61 jours de grève de la faim (voir notre article) , Jafar Azim Zadeh, militant ouvrier condamné à 6 ans de prison et détenu à la prison Evin de Téhéran pour son activité syndicale, a été libéré hier, 30 juin. Il ne s’agit encore que d’une libération provisoire.

Jafar Azimzadeh et Esmail Abdi

Jafar Azimzadeh et Esmail Abdi

Alors que s’ouvrait la 105e session de l’OIT à Genève, des proches et des militants ouvriers ont manifesté le 30 mai devant le parlement à Téhéran pour la libération de Jafar Azim Zadeh, militant ouvrier condamné à 6 ans de prison et actuellement détenu à la prison Evin de Téhéran pour son activité syndicale. Ce jour là, Jafar en était à son 33ème jour de grève de la faim, grève menée pour dénoncer la répression exercée en Iran contre les militants ouvriers et le silence complice des instances internationales comme l’OIT. Une manifestation similaire a également eu lieu le même jour à Sanandaj.

Manifestation pour Jafar Azim Zadeh

Manifestation pour Jafar Azim Zadeh

Samedi 14 mai, une centaine de gardiens en tenue anti-émeute noir ont fait irruption dans le quartier 21 de la prison de Gohardacht, qui est situé dans la ville de Karaj, au nord-ouest de Téhéran, où sont détenus les prisonniers politiques kurdes. Pendant cette attaque – qui a duré plus de deux heures – les gardiens ont battu les prisonniers avec des matraques et ont abimé ou détruit les objets personnels des prisonniers. Plus de 40 prisonniers politiques kurdes iraniens sont actuellement détenus dans le quartier 21 de la prison de Gohardacht.

La prison de Gohardasht

La prison de Gohardasht

Esmail Abdi, secrétaire de l’Association Syndicale des Enseignants Iraniens, a été libéré de la prison d’Evin le 14 mai sous caution. Il reste en sursis jusqu’à la finalisation de sa peine. Esmail Abdi et Jafar Azimzadeh, président de l’union libre des travailleurs iraniens, ont entamé une grève de la faim le 29 avril dernier (voir notre article). Jafar Azimzadeh est toujours en prison où son état de santé se serait fortement dégradé.

Jafar Azimzadeh et Esmail Abdi