Ce samedi 8 septembre, le régime iranien a exécuté par pendaison trois prisonniers politiques kurdes, Ramin Hussein Panahi, Zanyar Moradi et Luqman Moradi.

Ramin Penahi avait été arrêté en avril 2017 et condamné à mort en avril 2018 pour appartenance à l’organisation de résistance kurde Komala. Il avait été transféré mi-août vers la prison de Rajai Shahr à Karaj dans l’attente de son execution (voir notre article précédent).

Loqman et Zanyar Moradi avaient été arrêtés en novembre 2009 et condamnés à mort en avril 2013 pour appartenance à l’organisation de résistance kurde Komala (voir notre article précédent). Mercredi 5 septembre, les deux frères avaient été transférés à la section de quarantaine de la prison Rajai Shahr.

Les exécutions ont eu lieu quelques jours après la réunion du président turc Recep Tayyip Erdogan avec son homologue iranien Hasan Ruhani à Téhéran.

Zanyar Moradi, Loqman Moradi et Ramin Hussein Panahi

Zanyar Moradi, Loqman Moradi et Ramin Hussein Panahi

Les Forces de défense du peuple (HPG) ont lancé une série d’actes de sabotage contre l’armée turque dans la province de Colemêrg (région kurde de Turquie frontalière avec les zones kurdes d’Iran et d’Irak). Selon les déclarations des HPG, au moins deux soldats ont été tués.

Combattants HPG

Combattants HPG

Koçer Özdal, 70 ans, avait été arrêté en 2014. Un cancer s’est déclenché pendant se détention et sa santé s’était rapidement dégradée. Les autorité ont refusé toutes les demandes de mise en liberté présentées par ses avocats pour qu’il puisse recevoir les soins que son état nécessitait, demandes soutenues par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, et l’ont transféré bien tardivement, le 19 juillet, de la prison de Samsun Bafra à l’hôpital Numune à Ankara. Il a perdu connaissance le 24 août et est décédé hier. Jusqu’au bout Koçer Özdal est resté menotté à son lit…

1.154 prisonniers sont malades en Turquie, dont 402 sont dans un état critique.

Koçer Özdal

Koçer Özdal

A matin du mardi 14 août, les forces terrestres et aériennes turques ont mené un bombardement intensif. Ce bombardement, mené aux moyens de bombardiers, d’hélicoptères Cobra et de véhicules terrestres, visait le Mont Sincik dans le district de Hozat. Samedi 18 août, un autre bombardement, uniquement aérien cette fois, a eut lieu. Ces deux attaques on entrainés de très importants feux de foret.

Végétation en feu au Dersim (archive)

Végétation en feu au Dersim (archive)

Une commémoration de la Tikko à Hassaké a été attaquée ce jeudi 16 août, la commémoration se tenait pour le Commandant Nubar Ozanyan, tué il y a un an au combat, se tenait sur place. La voiture qui approvisionnait le lieu en eau est passée sur un engin explosif vers 7h15. Un combattant YPG a été blessé.

Erratum : il ne s’agissait pas d’une attaque à la voiture piégée comme annoncé au départ.

Le véhicule piégé

Le véhicule piégé

Ce mercredi 15 août, l’armée turque a attaqué la région de Shengal (dans le nord de l’Irak). Les véhicules de trois unités d’auto-défense de Shingal (YBS) ont été touchés par des bombes larguées par l’aviation turque. Les attaques ont été confirmées par l’armée turque. Koma Civakên Kurdistan (Groupe des communautés du Kurdistan) a confirmé la mort de Zeki Shingali, membre du conseil executif du KCK ainsi que celle de 4 combattants YBŞ. Haval Mazlum, le commandant général des YBS aurait été blessé lors de cette attaque.

L’attaque s’est déroulé le lendemain de la visite du Premier ministre irakien Haider al-Abadi à Ankara, où il a rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan. Abadi avait déclaré lors de sa rencontre avec Erodgan que l’Irak ne permettrait à aucun groupe de menacer la Turquie voisine en utilisant le territoire irakien.

Le 15 août, la communauté Yezédi commémorait le massacre de Kocho, un village de la région de Shengal. Le 15 Août 2014, l’EI a attaqué le village, qui se trouve à 25 km au sud de Shengal et où vivaient 1738 habitants. Près de 700 femmes et enfants ont été kidnappés par les combattants de l’EI. Les femmes ont été vendues comme esclaves sexuelles et certains enfants ont été pris pour en faire des enfants soldats. Le reste du village a été massacrés. Très peu ont survécu à cette attaque.

Une des voitures transportant des combattants YBŞ après l’attaque par la Turquie

Zeki Shingali

Une des voitures transportant des combattants YBŞ après l'attaque par la Turquie
Zeki Shingali

Ce mardi 14 août, Ramin Hossein Panahi, militant politique kurde condamné à la peine capitale (voir nos articles ici et ici), a été transféré de la prison de Sanandal à celle de Rajaei Shahr à Karaj. Ce transfert a été effectué sur ordre du procureur afin de le pendre à la prison de Rajai Shahr.

Le lundi 13 août, Kamal Hassan Ramazan, un Kurde syrien également condamné à la peine capital pour sa soi-disant appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été transféré du centre de détention du Corps des gardiens de la révolution (CGR) d’Orumiyeh.

Les proches des deux prisonniers craignent une exécution imminente.

Ramin Hossein Panahi

Kamal Hassan Ramazan

Ramin Hossein Panahi
Kamal Hassan Ramazan

Les 28 et 29 septembre, Erdogan sera en visite à Berlin. Cette visite sera de la plus haute importance pour lui, pour ses complices de l’Union Européenne et de l’OTAN, et pour les peuples de Turquie et du Kurdistan.

Le Secours Rouge International appelle à une participation massive et radicale aux mobilisations berlinoises contre la visite d’Erdogan. Que ceux et celles qui ne peuvent pas faire le déplacement fassent des initiatives locales à cette occasion. Rien ne doit être négligé pour mettre sa visite en échec.

Lire l’appel dans son intégralité ici.

Affiche du SRI

Affiche du SRI

Hülya Emeç, une journaliste turque et membre de la Fédération internationale des journalistes, a été condamnée à six mois de prison pour un article écrit en 2014 sur Şefik Tunuç, un homme kurde de 48 ans, mort d’une crise cardiaque après que sa maison (dans la province de Van) eut été attaquée par la police turque trois fois par semaine. Suite à cet article, Hülya Emeç, Hafize Tunuç, l’épouse de Şefik Tunuç, le président du conseil d’administration de l’agence de presse, le rédacteur en chef et le chef du bureau de presse de Van avaient été poursuivis pour violation de l’article 301 du code pénal turc. Les journalistes n’étaient pas présents lors de l’audience finale. Hülya Emeç et Hafize Tunuç ont été condamnée à six mois de prison pour avoir «insulté l’agence de police turque». Les trois autres personnes ont été acquittées. Hülya Emeç avait récemment demandé l’asile en Suisse (voir notre article).

Hülya Emeç

Erratum: Contrairement à ce qui avait été à la publication de l’article, Hülya Emeç n’a été renvoyée au Brésil. Ce renvoi existe comme menace mais elle n’a pas épuisé les recours: la procédure est encore en cours.

Hülya Emeç