Le 15 novembre à Mexico, une manifestation massive contre la politique de sécurité du gouvernement face aux cartels a viré en affrontements, faisant une centaine de blessés parmi les policiers et une vingtaine chez les manifestants. Le rassemblement, organisé notamment par le « Mouvement du Sombrero » après l’assassinat d’un maire engagé contre le crime organisé et rejoint par de nombreux jeunes, a basculé lorsque des participants encagoulés ont renversé les barrières protégeant le palais présidentiel et lancé des projectiles. Les forces anti-émeutes ont répliqué par des gaz lacrymogènes.

Ces dernières semaines, l’état de santé de Jorge Esquivel s’est détérioré, à cause d’une politique de négligence médicale de l’administration de la prison Reclusorio Sur dans la ville de Mexico. Militant actif dans le milieu des squats de Mexico et arrêté le 8 décembre 2022, il a été condamné à sept ans et demi de prison en juin 2024. Depuis, il n’a pas reçu de traitement pour améliorer son état de santé qui est fragilisé en raison de graves problèmes gastro-intestinaux et d’une intervention chirurgicale.

Dossier(s): Amérique du Nord Tags: ,

Les paramilitaires, les gangs et les forces de sécurité multiplient les actes de violence sur les territoires autochtones du Michoacán. Le climat d’insécurité s’est accru et se manifeste quotidiennement sous diverses formes (disparitions, enlèvements, agressions, incursions armées, entre autres actes criminels), menaçant la vie communautaire et celle de ses membres. Tous ces actes s’inscrivent dans le climat de terreur imposé par divers acteurs qui se disputent les ressources naturelles et le patrimoine bioculturel vital des communautés, dépossédant et perturbant ainsi le tissu social et les modes de vie collectives. Le mercredi 15 octobre, plusieurs personnes ont été capturées sur l’une des routes du plateau P’urhépecha de Charapan-Ocumicho, après avoir effectué leurs travaux en route vers leurs domiciles. Elles ont été interceptées par un groupe armé et emmenées sur une colline. Certaines ont réussi à échapper à leurs ravisseurs ; d’autres, selon des témoignages, ont payé la rançon. On ignore où se trouve l’une d’elles.

Le 26 septembre 2014 dans la ville d’Iguala, 43 étudiants de l’École normale rurale d’Ayotzinapa ont disparu dans la nuit du 26 septembre 2014. Chaque année, leurs proches manifestent pour exiger l’extradition de deux des auteurs présumés de la disparition forcée. En marge de la manifestation à Mexico, une caserne militaire a été attaquée.

Arrêté le 28 juin 2024, le militant Arnulfo García Santos a été condamné le 3 septembre 2025 à une peine de 35 ans de prison et à plus de 2 millions de pesos de dommages et intérêts. Membre du Comité de base des familles triquis déplacées de San Miguel Copala et de Sol Rojo, il est faussement accusé d’homicide dans le cadre de la politique de criminalisation de l’organisation des Triquis, une population autochtone qui vit dans la région de Oaxaca et qui est opprimée par l’État mexicain. Depuis son incarcération, il est victime d’une politique de néglicence médicale, entraînant une perte de 80 % de sa vue.

Le Mexique compte plus de 120 000 personnes disparues depuis 1952, surtout des victimes de la guerre des gangs de narcotrafiquants. Invoquant cette problématique et une volonté de moderniser l’administration, le Parlement mexicain a adopté fin juin un paquet de plus de vingt lois comprenant la CURP, que l’on peut traduire par « code unique du registre de la population », un identifiant obligatoire associé à des données biométriques telles que les empreintes digitales et la reconnaissance faciale, qui servira de document d’identification à la fois physique et numérique.

Rendez-vous chez le dentiste, achat d’un abonnement de gym ou ouverture d’un compte en banque: cet identifiant sera indispensable pour les démarches administratives et l’accès aux services publics et privés. La CURP créera ainsi une empreinte numérique des activités des citoyens et citoyennes, liée à un registre national consultable par l’Etat. L’objectif affiché est de permettre aux autorités d’effectuer des recherches en temps réel des personnes disparues. Bien entendu, ce paquet de lois accentue les capacités de surveillance de l’Etat mexicain. Lorsqu’un tel type d’informations est centralisé dans une base de données unique, cela permet de constituer un profil individuel à partir duquel les autorités peuvent faire des déductions ou vous suivre à la trace, car ces données sont consultables non seulement par les forces de l’ordre, mais aussi par l’armée. Cette base de données ne prévoit aucune protection: il n’y a pas de contrôle sur l’accès aux données ni de garanties concernant leur utilisation.

L’argument de la lutte contre les disparitions interroge : les cartels vont simplement prendre des dispositions pour ne laisser aucune trace, ce qui pourrait en réalité freiner les efforts pour retrouver les victimes et lutter contre les disparitions forcées.

 

Grandes manifestations féministes ce samedi 8 mars dans les principales villes d’Amérique latine, pour protester contre la violence sexiste et la vague réactionnaire menée dans la région par le président argentin, Javier Milei. L’une des plus grandes manifestations a eu lieu sur la Place de Mai à Buenos Aires « contre le fascisme, le racisme, le patriarcat et le capitalisme ». Les marches du 8 mars dénonçaient les récent discours de Milei contre les politiques d’égalité en parlant de « l’idéologie désastreuse du genre » et de « féminisme radical », en liant homosexualité et pédophilie, et en annonçant qu’il demanderait au Congrès de mettre fin au concept de féminicide et aux lois sur la parité des sexes. Des heurts ont eu lieu avec la police là où les manifestantes ont tenté de franchir les barrages (photo). Les manifestations ont été particulièrement massives à Mexico, Santiago du Chili et à Bogota (où quelques incidents ont été signalés).

Cristino Castro Perea a tué le vendredi 28 février dans l’après-midi. Pendant dix ans, à partir de 2013, il a lutté contre un projet hôtelier qui devait s’étendre sur quelque 24 hectares sur une plage de la côte Pacifique, dans l’État d’Oaxaca, dans le sud du Mexique. La même année, il avait finalement obtenu gain de cause. Face aux contestations locales, le gouvernement fédéral a classé cet espace en « zone naturelle protégée ». Un statut qui interdit, de fait, la construction d’un hôtel. Ce vendredi, il a été tué par deux personnes circulant à moto qui ont tiré à plusieurs reprises sur le militant. Le Mexique est l’un des pays dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement. 18 militants écologistes y ont été assassinés en 2023.

Moments de tension au siège du pouvoir judiciaire de la ville de Mexico ce jeudi 16 janvier, un groupe de militant.es trans et les membres d’un syndicat des Travailleus.euses Du Sexe ( TDS ) armés de marteaux ont détruit meubles de bureau, portes et vitres du tribunal pour exiger qu’un accusé de tentative de transféminicide ne soit pas libéré. Iels ont tagué à la peinture la façade et les murs intérieurs du bâtiment.« Pas un.e mort.e de plus, pas un.e mort.e de plus ! Plus de transféminicides ! », ont-iels crié encore et encore en entrant.

Les manifestant.es craignent que cette affaire reste impunie, comme c’est le cas pour la plupart des cas de féminicide et de transféminicide dans le pays. La ville de Mexico dispose pourtant d’une loi reconnaissant le transféminicide comme un crime à part entière, passible de 70 ans de prison, la corruption du système judiciaire fait qu’elle est rarement appliquée.

Natalia Lane, militante trans, a accusé le pouvoir judiciaire de promouvoir l’impunité et la violence transphobe, elle a donc exigé des peines exemplaires pour ceux qui commettent ces crimes. Vers 15h00, les deux groupes de manifestant.es se sont retiré.es après l’arrivée de dizaines de policiers anti-émeutes du Secrétariat à la sécurité des citoyens (SSC) pour protéger le bâtiment. Aucune arrestation n’a été signalée.

voir video ici 

Des affrontements ont éclaté mardi soir entre manifestants et policiers près de l’ambassade d’Israël à Mexico, pendant un rassemblement contre les attaques israéliennes sur Rafah, dans la bande de Gaza. Les manifestants, dont certains étaient cagoulés, ont jeté des pierres et de la peinture sur le barrage de policiers qui leur bloquait le chemin vers le complexe diplomatique. La manifestation, baptisée « Action urgente pour Rafah » sur les réseaux sociaux. Les manifestants ont commencé à démonter les barrières métalliques qui bloquaient l’accès à l’ambassade. Les policiers anti-émeutes ont riposté à l’aide de gaz lacrymogène et en retournant les pierres que leur lançaient les manifestants.