Quelque cinq mille personnes, venues de toutes les provinces du Pays basque, ont parcouru les rues de Bayonne samedi 14 juin en fin d’après-midi. Trois mots d’ordre étaient avancés : « droits de l’homme, résolution (du conflit basque) et paix (au Pays basque) ». Avaient appelé à cette manifestation la quasi-totalité des partis politiques, de nombreuses associations actives à Bayonne et dans sa région, qu’elles soient sociales, culturelles ou de soutien aux prisonniers, tant en France qu’en Espagne. Mais également près de 300 élus locaux du Pays basque français.

La situation des prisonniers basques était au centre de cette mobilisation. Ils sont 103 en France et 365 en Espagne, essentiellement à cause de dossiers liés aux actions d’ETA. Les comités de soutien à ces personnes incarcérées mettent en avant deux revendications : comme le permettent les lois en France ainsi qu’en Espagne, que les prisonniers soient rapprochés de leurs familles, et que ceux d’entre eux qui sont gravement malades puissent bénéficier d’un régime permettant les soins approfondis à l’extérieur des établissements. Par exemple pour Ibon Fernandez, dit Susper, incarcéré à Lannemezan (Hautes Pyrénées) et atteint de sclérose en plaque : sa requête de libération doit être examinée par la justice le 20 juin.

Pays basque: Manifestation pour les prisonniers politiques à Bayonne

La police espagnole a arrêté aujourd’hui dimanche une membre présumée d’ETA. Maria Jesus Elorza Zubizarreta, âgée de 66 ans, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par la France en 2006, a été arrêtée par la police à l’aéroport Adolfo-Suarez de Madrid-Barajas. Connue sous son pseudonyme de « Karakate », Zubizarreta aurait été membre de l’unité Donosti de l’ETA, responsable de l’exécution de plusieurs officiers de police dans les années 1980.

Espagne: Arrestation d’une membre présumée d’ETA

Ander Albisu Maiz avait posté sur YouTube, entre décembre 2006 et février 2010, sous le profil de « herrill », des enregistrements louant l’action d’ETA. Il a été condamné à un an de prison par l’Audience nationale, la plus haute juridiction pénale en Espagne. Il s’agit de la troisième personne à être condamnée en Espagne pour délit d' »apologie du terrorisme ».

 En février denier, Alba Gonzalez Camacho, âgée de 21 ans, avait être condamnée par la justice pour incitation au terrorisme sur Twitter. Le rappeur Paul Rivadullo, avait écopé de deux ans de prison. 
En avril dernier, la garde civile a arrêté 21 personnes dans plusieurs villes d’Espagne pour « apologie du terrorisme » sur les réseaux sociaux. 

Selon ce corps de sécurité, les personnes arrêtées ont posté des commentaires sur le net exprimant « le désir de voir les organisations terroristes toujours actives continuer à commettre des attentats ». 

Elles ont aussi fait l’éloge d’attentats déjà commis de terroristes jugés et condamnés et souhaité, en plus, « la bienvenue aux prisonniers terroristes qui ont été libérés ».

12 prisonniers politiques basques souffrent de maladies graves et incurables. Leur situation est alarmante, pas seulement parce qu’ils ne sont pas libérés comme la loi le permettrait, et que les conditions de détention empirent chaque jour leur état, mais aussi parce qu’en plus les mesures les plus cruelles leur sont appliquées (dispersion, isolement, entraves aux traitements médicaux…). La situation est encore plus dure depuis la trêve définitive annoncée par ETA en 2011, 13 des 14 demandes de placement en régime atténué pour maladie grave effectuées depuis cette date ayant été refusées (et la seule acceptée a été annulée par la suite) contre 12 demandes acceptées dans les années précédentes.

L’État français est directement concerné également, par le biais du cas d’Ibon Fernandez, incarcéré à la prison de Lannemezan et qui souffre d’une sclérose en plaques. Après le temps extrêmement long qu’il a fallu aux médecins de la prison pour poser ce diagnostic alors qu’Ibon souffrait énormément, après les années à subir cette maladie dans des conditions contraires à celles qui sont nécessaires à un traitement correct, le Procureur s’est prononcé contre la libération d’Ibon lors de l’examen de la demande de suspension de peine déposée par ses avocats, et ce malgré l’avis contraire de deux médecins désignés par l’appareil judiciaire. Cette décision sera rendue le 20 juin prochain.

Rassemblement à Bayonne le 31 mai à 11h devant la Sous-préfecture – pour la libération immédiate d’Ibon Fernandez et des autres prisonniers politiques basques gravement malades.

À Bayonne, l’association de défense des prisonniers basques organisait une chaîne humaine ce samedi 10 mai matin pour réclamer la suspension de peine d’un prisonniers de l’ETA, Ibon Fernandez Irady, dit « Susper ». Ibon Fernandez Irady est atteint d’une sclérose en plaques, pathologie très grave qui nécessite des soins adaptés. Ces soins ne peuvent être pratiqués dans un contexte – celui de la prison – qui rend toute évolution positive illusoire. Agé de 43 ans, il est détenu à la prison de Lannemezan où il purge une peine de 30 ans, pour tentative d’assassinat sur un gendarme. Son cas doit être examiné lundi par le tribunal d’application des peines à Toulouse.

Pays basque: Chaîne humaine pour un prisonnier d’ETA

Deux membres d’ETA, Juan Jesus Narvaez Goñi et Itziar Alberdi, en fuite depuis vingt-deux ans, ont été arrêtés par la police mexicaine dans la station touristique de Puerto Vallarta, sur la côte ouest. Le couple aurait rejoint en 1990 une cellule de l’ETA chargée de mener des actions sur la côté méditerranéenne peu avant le début des jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Jusqu’au démantèlement de cette cellule le 21 mars 1992, ce commando a mené de nombreuses actions, tuant 18 personnes.

Des incidents ont éclaté aujourd’hui en marge d’une conférence sur l’économie espagnole et européenne organisée à Bilbao, avec la présence de la présidente du Fonds monétaire international (FMI), de nombreuses personnalités politiques et économiques et du roi Juan Carlos. Portant pour certains les drapeaux d’organisations d’extrême gauche, cagoulés et le visage caché derrière des écharpes, des manifestants s’en sont pris à un fourgon de la police municipale, renversé sur le côté dans la rue, brisant ses vitres et gyrophares tandis que d’autres jetaient du mobilier et de la peinture contre une vingtaine d’établissement, en majorité des banques.

Pays basque: Affrontements à Bilbao

Le juge Ismael Moreno de l’Audience nationale a convoqué ce samedi les experts de la Commission internationale de vérification du cessez-le feu décrété par l’ETA afin de les interroger sur le lieu où se trouvent les membres clandestins d’ETA. La Commission s’est donné pour mission de s’assurer que l’ETA mène à bien le cessez-le-feu, mais n’est pas reconnue par le gouvernement espagnol, qui insiste pour que l’organisation séparatiste mette un terme à son existence sans conditions. Une vidéo diffusée vendredi par plusieurs médias, datée de janvier et tournée dans un lieu inconnu, montrait deux militants de l’ETA, présentant des armes à deux des experts.

Un ancien ministre sud-africain, Ronnie Kasrils, et un ancien responsable gouvernemental britannique, Chris Maccabe, qui a participé au processus de paix en Irlande du Nord notamment, font partie des membres convoqués. M. Kasrils apparaît au côté de M. Mnikkalingam sur la vidéo de l’inspection des armes mises hors d’usage par les deux membres d’ETA. Les trois autres membres de la Commission convoqués par le juge madrilène sont Satish Nambiar, un ancien commandant de l’armée indienne, Aracelly Santana, ancien ambassadeur de l’Equateur à l’ONU, et l’administratrice néerlandaise de la Commission Fleur Ravensbergen.

Espagne/Pays basque: La justice espagnole convoque les membres de la commission internationale

Le 21 octobre dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg avait jugée illégale la détention prolongée d’Inès del Rio, militante de l’ETA dont la détention avait été prolongée jusqu’en 2017 (alors qu’elle était libérable en 2008 selon le système classique de remise de peines) en vertu de la doctrine Parot, système de remise de peine défavorable aux détenus sous le coup de condamnations multiples. Antonio Troitiño, condamné à plus de 2000 ans de prison et détenu au Royaume-Uni avait été libéré le lendemain, le justice britannique ayant estimé qu’il était juste qu’il le soit si Inès del Rio l’était. Il avait été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une décision de l’Espagne sur une demande d’extradition. Le militant a été arrêté ce jeudi à Londres car la justice espagnole l’accuse d’avoir ‘en liberté, réintégré la cellule du groupe’.

Antonio Troitino

Antonio Troitino

Une marche de dizaines de milliers de personnes (la police en reconnaît plus de 100.000!) a parcouru les rues de Bilbao samedi à l’appel de la gauche indépendantistes basques, dans un défi lancé à Madrid après l’interdiction d’une mobilisation en soutien aux prisonniers d’ETA. Officiellement, le mot d’ordre était celui d’un défilé silencieux. Mais c’est aux cris de « Prisonniers basques à la maison » que les manifestants ont envahi les avenues de cette ville du nord de l’Espagne, éclatant en applaudissements au passage du cortège des familles de militants emprisonnés d’ETA, très émus, foulard blanc autour du cou.

Sous le mot d’ordre « Droits de l’homme, accord, paix », les partis de la gauche indépendantiste, deuxième force politique du Pays Basque, et les nationalistes conservateurs du PNV, à la tête du gouvernement régional, avaient convoqué ensemble cette marche. C’est la première fois depuis 1999 que le PNV se joignait à une manifestation des indépendantistes. Cette fois, l’interdiction par la justice espagnole, vendredi, de la manifestation prévue pour réclamer la fin de la dispersion des prisonniers d’ETA a précipité cette réponse commune des deux forces politiques, qui représentent plus de la moitié de l’électorat basque.

manifestation à Bilbao

manifestation à Bilbao