Les autorités fédérales ont engagé des poursuites à l’encontre d’un homme de 35 ans d’origine turque suspecté d’avoir organisé le recrutement pour le PKK en Europe. L’homme, dont l’identité n’a pas été rendue publique, a été inculpé pour ‘appartenance à une organisation terroriste étrangère’. Les autorités affirment qu’il aurait travaillé entre mars 2008 et juillet 2011 comme recruteur en chef pour la ‘branche jeunesse’ du PKK, la ‘Komalen Ciwan’. D’après elles, il était chargé de persuader les jeunes adultes et les adolescents de rejoindre le groupe, d’abord à Berlin, puis à travers l’Allemagne et le reste de l’Europe. Interpellé le 20 juillet en Suisse et remis aux autorités allemandes le 1er novembre 2012, il est depuis détenu en Allemagne.

Hier, un procureur de la province de Van (sud-est) a ordonné la fermeture de dix associations créées notamment pour soutenir les victimes des récents tremblements de terre dans la région les accusant de créer de la propagande en faveur du PKK. Cet ordre a été émis en vertu de la loi contre le financement du terrorisme. Des perquisitions ont été effectuées au siège de plusieurs de ces organisations, les autorités saisissant de la nourriture, des chaussures, des vêtements et du matériel hygiénique destinés aux campagnes de donation. Le procureur a justifié sa décision en déclarant que l’aide était distribuée à la population dans le cadre de la propagande du PKK avec pour objectif d’augmenter le soutien local à l’égard de l’organisation.

Quatre soldats ont été blessés dans l’explosion de mines dans la province de Diyarbakir ce lundi. L’explosion s’est produite lorsque les mines plantées le long d’une route ont été déclenchées à distance au passage d’un convoi militaire qui effectuait un trajet de liaison entre la province de Bingol et le district de Lice (Diyarbakir). Les soldats ont été emmenés à l’hôpital tandis que les autorités déclenchaient une vaste opération pour retrouver les guérilleros du PKK qu’elles accusent d’être derrière cette embuscade.

Onze des 17 Kurdes interpellés mardi à Bordeaux et Toulouse ont été mis en examen dans le cadre d’une enquête antiterroriste sur le financement du PKK. A l’issue de leur garde à vue, douze d’entre eux ont été déférés samedi devant la justice. L’un a été placé sous le statut de témoin assisté et les onze autres ont été mis en examen, notamment pour “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste“, “financement du terrorisme“ ou encore tentatives d’extorsion. Sept d’entre eux ont été placés en détention provisoire dans la nuit de samedi à dimanche, et les quatre autres placés sous contrôle judiciaire.

De violents affrontements ont opposé des manifestants kurdes et les forces de l’ordre lors de divers rassemblements organisés pour marquer le quatorzième anniversaire de l’arrestation d’Abdullah Ocalan, leader du PKK. La police anti-émeute a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser la foule dans deux villes de la province de Hakkari. Cette dernière a répliqué en lançant des pierres et des bombes incendiaires. Des heurts similaires se sont déroulés dans d’autres villes du pays et notamment à Istanbul où deux bus ont été incendiés. Selon la presse locale, au moins trois personnes auraient été grièvement blessées.

Incendie d’un bus à Istanbul

Incendie d'un bus à Istanbul

De 10.000 à 45.000 Kurdes, selon la police et les organisateurs, ont défilé samedi dans les rues de Strasbourg pour la libération en Turquie du leader du PKK emprisonné Abdullah Öcalan, et pour réclamer justice après l’assassinat à Paris de trois militantes kurdes. Les manifestants, venus de plusieurs pays d’Europe (notamment d’Allemagne, de France et du Bénélux), portaient des banderoles proclamant « Kurdistan libre » et de grands portraits d’Abdullah Öcalan.

En tête du cortège, des dizaines de femmes arboraient sur des t-shirts blancs les portraits des trois militantes kurdes assassinées à Paris le 9 janvier dans les locaux du Centre d’information kurde (CIK), surmontés de l’inscription « sans femme, pas de paix ». « Nous exigeons la justice, nous demandons des comptes », proclamait une banderole. Par ailleurs, les manifestants entendaient protester contre la récente interpellation de 17 Kurdes à Bordeaux et Toulouse (sud-ouest) dans le cadre d’une enquête antiterroriste sur des tentatives d’extorsion de fonds pour le financement du PKK. « Libérez les prisonniers politiques kurdes en France », demandait une banderole à ce propos.

France: Grande manifestation pour la libération d’Ocalan

La police française a interpelé une quinzaine de Kurdes à Bordeaux et Toulouse, dans le cadre d’une enquête visant les activités politiques de la communauté kurde. Ces arrestations interviennent au moment où le ministre turc des Affaires Etrangères Ahmed Davutoglu rencontre son homologue français Laurent Fabius. En France, près de 250 kurdes ont été arrêtés depuis 2007 pour des motifs politiques. Arrêté en octobre 2012, Adem Uzun, le membre du conseil exécutif du Congrès National du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, est toujours en prison.

Les autorités allemandes ont inculpé ce mardi un homme de 46 ans pour ‘appartenance à une organisation terroriste étrangère’. Abdullah S. est accusé d’avoir récolté des fonds à travers toute l’Europe pour le PKK. Le procureur général allemand affirme qu’il aurait travaillé, sous le pseudonyme de ‘Hamza’ entre juin 2003 et juin 2004 en Allemagne à ‘rassembler de l’argent pour le PKK en récoltant des donations et des contributions, en dirigeant des activités commerciales et en vendant du matériel de propagande’. Il aurait également battu le rappel pour soutenir des manifestations du PKK. Abdullah S. avait été arrêté le 27 avril 2012 et maintenu en détention depuis lors.

Ces derniers jours, plusieurs médias généralistes ont annoncé qu’une centaine de guérilleros du PKK allait rendre les armes et quitter le territoire turc. Le KCK (Kurdistan Communities Union), présumée branche urbaine du PKK, a publié un communiqué démentant cette information, affirmant que les renseignements selon lesquels cent guérilleros devaient quitter la Turquie au printemps dans le cadre du ‘processus de paix’ étaient erronés. Le KCK a ajouté qu’aucun accord n’avait été conclu sur cette question.