Samedi 8 mars, 7 heures du matin, un Britannique est entré dans le périmètre du parlement en escaladant une clôture sans qu’aucun agent de sécurité ne l’interpelle. Il est ensuite monté sur la tour Élisabeth de Big Ben à Londres, drapeau palestinien et keffieh ( foulard emblématique de la cause palestinienne) à la main. Il exigeait la libération des 18 détenus ayant participé à une action de soutien au peuple palestinien en août 2024 sur le site de Filton Elbit Systems à Bristol et la fin du génocide à Gaza. Trois sauveteurs ont grimpé sur les échelles des pompiers pour persuader l’homme de descendre, mais cela s’est avéré sans effet. De nombreuses personnes se sont rassemblées pour le soutenir, elles ont scandé «  Free Palestine » et « tu es un héros ». Peu après les douze coups de minuit à l’horloge de Big Ben, le grimpeur a décidé de quitter son poste, les pompiers l’ont alors aidé à descendre. Dès son arrivée au sol, les forces de police l’ont mis en état d’arrestation.

Huit militants écologistes de Just Stop Oil ont vu leurs peines de prison ferme confirmées ce vendredi 7 mars en appel par la justice britannique. La justice rejette l’appel des deux membres de Just Stop Oil qui avaient lancé de la soupe sur le tableau « Les Tournesols ». Phoebe Plummer et Anna Holland contestaient leur condamnation à 24 et 20 mois de prison ( voir article ici ). En tout, 16 militants du groupe anti-énergies fossiles faisaient appel de leurs condamnations allant jusqu’à cinq ans de prison, pour avoir participé à un blocage d’autoroute en 2022. Six peines ont été réduites, dont celle du fondateur de Just Stop Oil, Roger Hallam, qui passe de 5 ans à quatre ans d’emprisonnement. Ils avaient planifié, lors d’une réunion en ligne, une action de blocage de l’autoroute M25 autour de Londres ( voir article ici ). Au moment de l’annonce de la décision, une vingtaine de militants se sont levés dans la salle, en silence, vêtus de tee-shirt « Corruption au tribunal » et ont tourné le dos à la juge. Les militants déboutés envisagent de saisir la Cour suprême. Ces condamnations sont les plus lourdes jamais infligées dans le cadre de manifestations non violentes.

Les Belges et les européens n’avaient pas besoin d’un visa pour se rendre au Royaume-Uni pour des séjours de courte durée (6 mois maximum), ils auront besoin d’une autorisation de voyage électronique (ETA) à partir du 2 avril. La demande du document sera possible dès le 5 mars. Dans la majorité des cas, l’autorisation sera validée en quelques minutes via l’application UK ETA mais il est conseillé de s’y prendre trois jours (ouvrables) avant le départ. Elle sera délivrée contre 10 livres sterling (un peu plus de 12 euros) et sera valable pour plusieurs séjours de maximum 6 mois et pendant une période de deux ans ou jusqu’à l’expiration du passeport. Les détenteurs de la double nationalité britannique ou irlandaise sont dispensés de celle-ci. Elle ne sera pas nécessaire pour transiter par le Royaume-Uni, sauf en cas de passage par le contrôle aux frontières. Ce système est mis en place pour centraliser numériquement les données relatives à l’immigration, ce n’est ni plus ni moins qu’un nouveau fichage et une nouvelle atteinte à la liberté de circulation des personnes.

La reconnaissance faciale en direct dans les espaces publics est interdite en Europe mais de nombreux commerces britanniques optent pour cette technologie aidée par l’intelligence artificielle sans garde-fous juridiques. Les ONG s’inquiètent des bases de données publiques élaborées sans aucune régulation. Ils utilisent le logiciel Facewatch pour remplir leur propre base de données. Les commerces doivent préciser leur utilisation de caméras de surveillance et si la reconnaissance faciale est utilisée, mais, tous ne préviennent pas les clients, ces derniers ne peuvent alors pas donner leur consentement à l’exploitation de leur image.

Gaie Delap, une militante écologiste de 77 ans a passé les fêtes de fin d’année en prison malgré la décision de libération sous bracelets électroniques qui lui avait été accordée. Les autorités ne sont pas parvenues à trouver un bracelet électronique suffisamment petit pour pouvoir s’adapter à ses poignets de fine taille. L’activiste du groupe « Just Stop Oil » a été condamnée à 20 mois de prison et incarcérée au mois d’août denier pour avoir participé à des blocages sur l’autoroute M25 en novembre 2022.

Sa libération sous conditions a été prononcée au mois de novembre afin de purger le reste de sa peine à domicile, en raison d’un problème de santé, le bracelet électronique n’a pu être mis au niveau de sa cheville. Malgré les recherches de l’entreprise EMS qui pose les bracelets, aucun n’a été trouvé à la bonne taille pour lui en fixer un à l’un de ses poignets. Faute de solution, un mandat d’arrêt a été émis et la police est venue la chercher à son domicile le vendredi 20 décembre pour l’emmener à la prison d’Eastwood Park, dans le Gloucestershire pour y purger le reste de sa peine.

Shaby Aziz a été condamné une peine de prison de 2 ans et 3 mois pour dommages criminel et intrusion illégale lors d’une action en soutien à la Palestine à l’usine d’armes Ferranti, à Oldham. Il est aujourd’hui incarcéré après avoir été condamné par un tribunal de Manchester. Un autre activiste, Ali, qui, lors de son arrestation, a déclaré : « Ils tuent des enfants, ils ont tué ma famille », a été condamné à une peine de prison avec sursis de 2 ans et 300 heures de travail non rémunérés.

L’usine Ferranti, appartient à la plus grande entreprise d’armement israélienne Elbit Systems, elle est  aujourd’hui à  l’arrêt suite à action directe du collectif « Action Palestine ». Avant sa fermeture, elle fabriquait des pièces pour les drones « Hermes » et du matériel pour les chars israéliens. En juin 2021, trois militants, dont Shaby, étaient entrés dans l’usine Ferranti et y avaient démantelé les machines de production.

Le Royaume-Uni compte maintenant 21 prisonniers appartenant à « Action Palestine », ils sont détenus pour avoir dénoncé le génocide à Gaza. Deux d’entre eux, dont Shaby, purgent une peine après avoir été condamnés, tandis que les 19 autres activistes sont détenus avant leur procès.

Pour les militants défenseurs de l’environnement et du climat, le Royaume-Uni est l’un des pays les plus sévères, c’est ce que révèle une étude de l’université britannique de Bristol ce mercredi 11 décembre. Lors des manifestations pour le climat et l’environnement, il y a trois fois plus de risques d’y être arrêté qu’ailleurs dans le monde. En moyenne, près d’une manifestation sur cinq y donne lieu à des arrestations. Londres prend la première place en matière de répression judiciaire. Des peines de prison ferme à la suite d’actions militantes, de sabotage sont régulièrement prononcées. De nouvelles lois criminalisent également toute une série de moyens de protestations. La police britannique a été dotée de nouveaux pouvoirs pour empêcher en amont la tenue des manifestations. La répression se généralise, notamment dans les pays du Nord. Selon les auteurs de l’étude, « l’option répressive face à la multiplication de la contestation, est un choix politique. »

Ils avaient versé un colorant rouge dans la fontaine située devant le palais de Buckingham, cinq militants du groupe « Animal Rebellion »,  groupe antispéciste qui prône l’action directe non violente pour obtenir l’abolition de l’utilisation des animaux non humains dans les cirques et leur libération, ont été condamnés vendredi 18 octobre par la justice britannique à de la prison ferme pour l’un d’entre eux et à des peines de prison avec sursis pour les autres. ils ont été condamnés pour avoir causé pour plus de 7.000 livres (environ 8.500 euros) de dégâts au Mémorial de la Reine Victoria en août 2021. les militants voulaient “créer l’impression d’un bain de sang” en déversant un colorant dans l’eau et en tâchant de rouge les parois en marbre de cette imposante fontaine. Il avait fallu plus de deux jours pour nettoyer ce monument classé. Les cinq militants ont été condamnés à 18 mois de prison, quatre condamnés bénéficient d’un sursis, trois d’entre eux devront en plus s’acquitter d’une amende dont le montant n’est pas connu.

En février à Rome sur la Piazza Del Popolo, des faits similaires avaient eu lieu, des activistes du même collectif  « Animal Rebellion  » avaient recouvert de peinture le lion de la fontaine pour dénoncer l’exploitation des animaux dans les cirques, ils avaient déployé une banderole où on pouvait lire « Les animaux dans les cirques, ça suffit”. Deux militants avaient été interpellés par les carabiniers italiens, Ils encourent jusqu’à 40.000 euros d’amende.

Mercredi, le collectif Palestine Action a revendiqué l’intrusion à Teledyne CML Composites à Bromborough, site industriel qui qui fournit des pièces pour les avions de guerre israéliens. La société mère Teledyne Technologies est le plus grand exportateur d’armes de la Grande-Bretagne vers Israël. La police de Merseyside a été appelée sur le site de Tebay Road à 06h05, les rapports faisant état de trois personnes ayant grimpé sur le toit et causant des dégâts.

Les activistes ont percé des trous à la toiture de l’entreprise et ont pulvérisé de la peinture rouge sang . Bien déterminé à stopper la production de pièces d’armement, deux militants, entrés dans le bâtiment, ont atteint la salle blanche , zone sensible, où sont assemblés sous contrôle de l’air et de l’humidité et dans des règles d’hygiène particulières les composants techniques de pièces de F-35 destinés à l’armée israélienne. Leur action a stoppé l’entreprise, causant des dégâts et l’arrêt de production pour une période d’environ 12 mois. Les forces de l’ordre ont arrêté deux des militants qui étaient entrés dans l’usine par le toit et avaient été détenues à l’intérieur par les travailleurs. Le troisième manifestant a été arrêté après avoir été aidé à descendre du toit par le service d’incendie et de sauvetage de Merseyside.

Le site jumeau, Teledyne Defence and Space à Shipley, a été occupé en avril, ce qui a empêché la fabrication d’électronique militaire à destination d’Israël. Palestine Action a également revendiqué une action similaire en juillet lorsqu’une camionnette a traversé les portes de l’usine de Bromborough  et que de la peinture rouge a été répandue. Le mois dernier, un jury de la Cour de la Couronne de Bradford a refusé de condamner les militants pour les dommages « criminels » causés lors de leur action à Shipley.

Vendredi, deux militantes écologistes du groupe  » Just Stop Oil  » ont été condamnées à des peines de prison ferme pour avoir jeté un bol de soupe tomate sur l’œuvre  » Les tournesols  » de Vincent Van Gogh à la National Gallery à Londres le 14 octobre 2022, à l’époque,  » Just Stop Oil  » demandait l’arrêt immédiat de tout nouveau projet pétrolier ou gazier au Royaume-Uni. Phoebe Plummer a été condamnée à une peine de deux ans de prison ferme et Anna Holland a écopé d’une peine de 20 mois de prison. Elles avaient mené cette action spectaculaire qui n’avait pas endommagé l’œuvre protégée par une vitre,  mais avait dégradé très légèrement  le cadre entourant cette dernière.

l’ONG Greenpeace a dénoncé des peines de prison disproportionnées pour une manifestation qui a causé des dommages mineurs au cadre d’un tableau  et aucun à la toile. Ces condamnations sont une nouvelle étape dans la répression des manifestations pacifiques pour l’écologie. En juillet, cinq militants de la même organisation, qui avaient mis en place le blocage d’une autoroute, avaient été condamnés à quatre ans de prison par la justice britannique, le fondateur, Roger Hallam, avait lui été condamné à cinq ans pour avoir préparé cette action ( voir article ici ).

Pour protester contre ces condamnations, toujours ce vendredi, des militants de  » Just Stop Oil  » ont à nouveau aspergé de soupe deux tableaux de Vincent Van Gogh à la National Gallery de Londres. Les peintures ont été retirées, elles sont en cours d’examen, elles ne sont pas endommagées. Les trois activistes ont été arrêtés.