Le militant de gauche et critique du Kremlin Sergei Oudaltsov a été condamné à six ans de colonie pénitentiaire pour « apologie du terrorisme », en lien avec un article soutenant des activistes russes récemment condamnés (voir notre article). Figure de l’opposition au retour de Vladimir Poutine entre 2011 et 2013, déjà emprisonné de 2014 à 2017, il a dénoncé une décision « honteuse » après le verdict.

Un groupe de soutien a lancé une collecte de solidarité afin de récolter 280 000 roubles durant six mois pour aider deux prisonniers politiques anarchistes, Alexandre Snejkov et Lioubov Lizounova, condamnés dans le cadre du « dossier de Tchita ». Arrêtés à l’automne 2022 alors qu’ils étaient mineurs, ils ont d’abord été poursuivis pour des graffitis anti-régime, puis pour « appels à l’extrémisme » et « apologie du terrorisme » en raison de publications sur Telegram. En 2024, Lioubov a été condamnée à trois ans et demi de détention en colonie pénitentiaire, tandis qu’Alexandre a reçu une peine de six ans, partiellement réduite, avant d’être à nouveau poursuivi en 2025 et condamné à cinq ans, dont trois en prison aux conditions les plus dures. Alexandre subit toujours des pressions disciplinaires en détention, et les familles des deux prisonniers, en grande difficulté financière, appellent à la solidarité (voir ici).

Cinq militants marxistes d’Oufa ont été condamnés à des peines de 16 à 22 ans de prison pour « terrorisme » et « préparation du renversement violent du pouvoir », après avoir animé pendant six ans un cercle de discussion sur Marx et l’histoire révolutionnaire. Alexeï Dmitriev, fondateur du cercle en 2016, a été condamné à 20 ans de réclusion. Pavel Matisov et Rinat Burkeev a respectivement 22 et 16 ans de prison, tandis que Yuri Efimov à 18 ans Dmitri Chouviline à 20 ans. La plupart passeront les premières années en prison avant d’être transférés en colonie pénitentiaire. À l’énoncé du verdict, ils ont scandé : « Fascistes ! ».

La justice russe a désigné ce lundi 15 décembre le groupe punk Pussy Riot comme étant une « organisation extrémiste ». Ses activités sont dès lors interdites dans le pays, a indiqué un tribunal de Moscou. Le collectif féministe s’oppose depuis des années à Vladimir Poutine à travers des initiatives artistiques. Il s’est notamment fait connaître en 2012 avec une « prière punk » demandant à la vierge Marie de chasser le président russe, chantée dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou. Le collectif a réagit à la décision du tribunal. « Ces idiots y travaillent depuis des années, au moins depuis 2012 », a écrit Nadya Tolokonnikova dans un message publié dimanche sur le compte X du groupe, accompagné d’un extrait d’une interview donnée en 2012 depuis une colonie pénitentiaire où elle avait été envoyée après avoir participé à la « prière punk ». « Cela fait des années que nous sommes radioactives, mais être désignées comme une organisation extrémiste donne à l’État davantage de moyens juridiques pour punir les gens pour n’importe quelle connexion avec nous ». Les membres du collectif, dont beaucoup ont été condamnés à de la prison pour leur activisme et vivent aujourd’hui en exil, s’opposent également à l’offensive russe contre l’Ukraine.

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Détenu dans le cadre de l’« affaire du Réseau » visant plusieurs jeunes accusés de former une organisation anarchiste, Ilya Shakurski a été libéré de l’isolement après qu’une vague de courriers et d’interventions de la part de soutiens, d’organisations et des médias ait demandé son examen médical et la garantie de sa sécurité. Le 4 décembre, Ilya a pu appeler sa mère via le service « ZonaTelecom » : il est de bonne humeur et suit le traitement prescrit.

Bogdan Yakimenko, antifasciste accusé d’appartenir au groupe « Antifa United » et poursuivi pour « extrémisme », a été amené au tribunal d’Izmailovo à Moscou avec le bras droit plâtré et en écharpe. Malgré son état et sa demande de reporter l’audience, le juge l’a interrogé, s’appuyant sur un certificat médical autorisant sa participation. Yakimenko a affirmé n’avoir été qu’un simple abonné du groupe sur VKontakte, dont les publications portaient selon lui sur des questions politiques et la lutte contre le fascisme, et a nié toute implication dans des actes illégaux ou la coordination d’actions. Il a également critiqué l’expertise qui qualifiait le groupe d’« ukrainien et anarcho-marxiste », pointant le biais selon lui lié à ses origines ukrainiennes. Les accusations du parquet concernent la création d’un réseau extrémiste visant à inciter d’autres personnes à commettre des crimes, impliquant plusieurs coaccusés.

Une vaste campagne d’État visant à imposer l’installation de la messagerie MAX — largement contrôlée par les autorités russes et développée par VK, entreprise proche du pouvoir — est actuellement en cours dans tout le pays. Le 11 novembre, le ministère de l’Éducation et de la Science a envoyé une directive aux universités leur ordonnant de basculer rapidement vers MAX et de rendre compte des résultats d’ici au 19 décembre, alors que des cas de pression exercée sur des étudiants et des employés avaient été signalés bien avant cette date. Le projet de défense des droits « Po sobstvennomu zhelaniyu » affirme que l’obligation d’installer MAX enfreint plusieurs dispositions légales et soulève de sérieux risques pour la sécurité et la vie privée. L’organisation a publié un guide pour aider étudiants et enseignants à résister à ces pressions et lancé une pétition demandant d’enquêter sur les cas de contrainte dans les universités. Contrairement à Signal ou Telegram, MAX ne propose pas de chiffrement de bout en bout. Cela signifie que les communications peuvent potentiellement être accessibles, stockées ou interceptées par les serveurs de l’application, et donc potentiellement par l’État.

Le 7 novembre dernier, dix membres du Parti communiste russe (internationalistes) ont été arrêtés par des policiers de la ville de Novossibirsk. Le jour des commémorations de la révolution bolchévique d’octobre 1917, la police les a ​​empêchés de déposer des fleurs sur un monument dédié aux communistes tombés au combat. Auparavant, les autorités, sous divers prétextes, leur avaient interdit d’organiser un rassemblement.

Ilya Shakursky a été transféré dans la prison de Penza le 28 octobre dernier. Le 29 octobre, il a été placé à l’isolement pendant sept jours, et le 5 novembre, sa peine a été prolongée de 14 jours supplémentaires. Militant anarchiste et antifasciste, il a été arrêté dans le cadre de l’affaire dite Network Case lancée en Russie en 2017, visant un groupe d’activistes accusés par le FSB d’avoir formé une « organisation terroriste ». Le 10 février 2020, Shakursky était condamné à 16 ans de prison (voir notre article).

Mercredi 22 octobre, le tribunal militaire du deuxième district de Tchita examinera une nouvelle affaire pénale contre l’anarchiste Alexandre Snezhkov. Il est inculpé pour « appel public à des activités terroristes, justification publique ou propagande du terrorisme », une infraction passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 500 000 roubles ou d’une peine d’emprisonnement de deux à cinq ans. Ses soutiens rappellent que la nouvelle affaire pénale a été ouverte en janvier 2025, alors qu’Alexandre était détenu au centre de détention de Tchita pour une première inculpation (voir notre article). Un détenu coopérant avec l’administration a été placé dans sa cellule avec lui. Le détenu a commencé à poser des questions sur l’affaire, et la conversation a été enregistrée. Sur la base de cet enregistrement provocateur, le FSB a ouvert une nouvelle enquête pour « apologie du terrorisme ».

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