Les 200 sans-papiers qui campaient sous des bâches et des tentes de fortune depuis trois semaines au boulevard de l’Empereur, devant le siège du Parti Socialiste, ont été brutalement évacués par la police hier. Ils ont trouvé refuge jeudi soir au ‘Nouveau Théâtre de Belgique’ situé dans la rue du Viaduc, à Ixelles.

La trentaine de sans-papiers d’origine iranienne, algérienne, népalaise et éthiopienne qui occupaient depuis six mois les bâtiments de l’ISFSC (Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication) à Schaerbeek a quitté les lieux mercredi après un accord conclu la veille avec l’Office des étrangers. Ils vont disposer d’une carte de séjour provisoire et d’un permis de travail.

Les sans-papiers qui occupaient Saint Lazare ont été expulsés ce matin. Vers 11h, le bâtiment était quasiment vidé et les gens dispersés. Les policiers, arrivés en hélicoptère, sont descendus par 2 groupes de 6 dans le bâtiment par le toit, et ont commencé à pousser les gens vers l’extérieur. Tout le quartier était bouclé. L’expulsion s’est passé dans un calme ‘relatif’, soit des arrestations administratives pour les gens qui restaient sur le toit. L’expulsion étant confirmée depuis jeudi soir, beaucoup d’occupants avaient déjà quitté le bâtiment durant la nuit. Fortis avait introduit deux référés. Hier jeudi déjà, plusieurs policiers, chiens en laisse, montaient la garde devant l’occupation, pour ‘vérifier que seuls les habitants de l’occupation entrent dedans’ (reconnaissables car chacun disposait d’une carte d’occupant), la peur avouée était que les expulsés du Boulevard de l’Empereur ne débarque en masse à l’occupation. Finalement, les policiers et les pompiers ont rendu le bâtiment inhabitable: fenêtres extérieures, cloisons, canalisations, seuls restent les murs.

Expulsion boulevard de l’Empereur

Expulsion boulevard de l'Empereur

Shova Gajurel, membre du Parti Communiste du Népal – maoïste, a été arrêtée près de Valenciennes, à la frontière entre la France et la Belgique. Elle rendait visite à des amis. Etant sans-papiers, elle a été emprisonnée au Centre de Rétention Administratif Lesquin, à Lille, la semaine dernière. Après un premier refus, elle a relancé la procédure pour obtenir l’asile politique mais à l’heure où le nombre de reconduites à la frontière (25.000) est fixé comme objectif gouvernemental, il y a fort à craindre que sa demande soit rejetée. Il est sûr qu’elle restera au CRA de Lesquin au moins jusqu’au lundi 3 août. Il se peut également que la préfecture décide de prolonger sa peine de deux semaines.

Shova Gajurel était menacée au Népal. Son mari a été emprisonné durant la guerre populaire menée par le PCN-maoïste. De même, son père, responsable des relations internationales de ce parti, a été emprisonné pendant 3 ans en Inde. Elle a été obligée de cacher ses enfants et de quitter son pays dans l’espoir de pouvoir les rejoindre dès qu’elle pourra y mener une existence sans menaces.

Même si la répression n’a plus la même intensité depuis les accords de paix de 2006, elle est toujours présente. La situation se dégrade même rapidement depuis peu. Après la démission du premier ministre Prachanda, également président du PCN-maoïste, et de tous les ministres maoïstes du gouvernement, la situation s’est tendue au Népal. L’armée prend une place de plus en plus grande dans la vie politique du pays et il est possible que la situation aboutisse de nouveau à une guerre civile. Il est à noter que depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui, les militants ou sympathisants maoïstes ont été les cibles d’assassinats politiques fréquents (au moins 7.000), d’enlèvements, de tortures, de viols, de ‘disparitions’ et autres manifestations de la répression.

Les escadrons de la mort viennent ainsi d’assassiner un dirigeant de l’organisation de jeunesse maoïste, la Young Communist League. Laxman Yadav a été abattu dans le district de Rautahat samedi dernier, alors qu’il se rendait à son domicile à Bishrampur de Chandranigahpur. Ces évènements et d’autres ont fait émerger deux lignes distinctes au sein du PCNU-maoïste. Les dirigeants du parti sont divisés entre lancer une ‘révolte populaire’ pour une république populaire ou envisager un gouvernement d’unité nationale pour amener le processus de paix à terme.

Une campagne s’organise en France pour obtenir à Shova Gajurel le droit de résider en France. Elle est organisée par le Comité de Solidarité Franco-Népalais

Le CRER appelle à un rassemblement ce jeudi 30 juillet a 10h, devant le ministère de l’immigration, (51 rue de la Loi), pour des critères permanents de régularisation, par la libération de personnes détenues dans les centres fermés et leur régularisation, pour un débat public pour une autre politique d’immigration en Belgique.

-CRER / Tel: 0474/08 85 35
-Info: http://regularisation.canalblog.com/
-Travailleurs sans-papiers: http://1maimanif.canalblog.com/
-Réseaux Parrainage: http://parrainage127bis.canalblog.com
-Soutien au N° Triodos: 523 – 0801898 – 74

Suite aux demandes du CA de l’ULB de mettre un terme à l’occupation, les occupants se sont vu obligés de partir. Ils sont dans une situation administrative assez compliquée: ayant obtenu une carte de séjour pour raisons médicales, certains d’entre eux (une quarantaine) se retrouvent malades, avec nécessité d’avoir des soins, mais dans une situation administrative bloquée car ils n’ont pu obtenir leur domiciliation.

Résultat: l’aide médicale urgente (l’appellation légale est ‘aide médicale urgente pour personnes en séjour illégal’) a été coupée par le CPAS (motif: ils ne sont plus sans-papiers, ils ont reçu une décision), mais ne disposent d’aucune aide, médicale ou financière (motif: ils n’ont pas vraiment leurs papiers). Leur carte orange est bloquée à la commune et ils ne pourront la retirer que s’ils ont une domiciliation. Les personnes dans cette situation sont une quarantaine. Pour éviter de tous les retrouver à la rue, avec des séquelles de la grève, et sans opportunité de s’en sortir (cycle vicieux: comment trouver une domiciliation sans garantie locative, comment avoir une garantie locative sans aide financière, comment travailler sans permis de travail, puisqu’il faut la carte orange pour avoir ce permis de travail, et donc une domiciliation, etc.), une nouvelle occupation a été ouverte rue Royale (l’ancien ministère des invalides de guerre). Les occupants demandent un peu de soutien, par exemple pour la nourriture qu’ils n’arrivent pas à se procurer parfois.

Samedi dernier, le gouvernement belge a renouvelé l’accord passé il y a un an et demi à propos des critères de régularisation des sans-papiers. Dans ces déclarations, une régularisation est proposée à partir du 15 septembre prochain et ce pendant une durée de trois mois. Ce délai étant très limité dans le temps, le CRER invite à une séance d’information pour comprendre la manière et les conditions pour accéder à cette fameuse régularisation ce samedi 25 juillet à 18h30, à côté de la Porte de Halle, rue Vlogaert n°4 – 1060 Saint-Gilles.

La Haute Ecole Erasme et le Groupe S sont deux propriétaires d’immeubles à l’abandon, qui avaient été squattés par les sans-papiers. L’un et l’autre avaient demandé à la justice d’ordonner l’expulsion des sans-papiers, et à chaque fois, la police avait procédé à cette évacuation. Le 12 juillet, à Jette et à Erasme, l’un et l’autre ont été la cible d’une action de représaille (tags, et nombreuses vitres brisées).

Bombage du Groupe S

Bombage du Groupe S

La police de Bruxelles (des dizaines de policiers, une vingtaine de véhicules) a évacué mercredi un bâtiment occupé par quelque 400 demandeurs d’asile rue Antoine Dansaert. Les sans-papiers se savaient menacés d’expulsion depuis qu’un huissier leur avait signifié une ordonnance en ce sens jeudi dernier. L’évacuation de l’immeuble s’est déroulée sans heurt, selon la police et l’Union de Défense des Sans-Papiers. Seuls quelques occupants ont opposé une résistance face aux policiers. Une quinzaine de personnes étaient montées sur le toit du bâtiment avant de redescendre d’eux-mêmes. La Haute Ecole Erasme est le propriétaire du bâtiment qui a fait procéder à cette expulsion. Le groupe des ex-occupants de l’immeuble de la rue Dansaert a finalement investi un immeuble de la rue des Ursulines inoccupé depuis juillet 2008. Le propriétaire du bâtiment squatté, l’ASBL Groupe S, a déposé plainte mercredi après-midi auprès de la police.

Expulsion de sans-papiers rue Dansaert

Voir la vidéo de l’expulsion sur RTL

Une prochaine évacuation se prépare sur les campus universitaires de la VUB et de l’ULB. Les deux universités bruxelloises qui sont occupées depuis respectivement le 3 décembre et le 18 novembre 2008, avaient fixé aux occupants sans-papiers un nouvel ultimatum au 30 juin. À la VUB, on n’exclut pas le recours aux forces de l’ordre pour faire évacuer les 24 derniers occupants même si la voie du dialogue est toujours actuellement privilégiée. Les autorités de l’ULB et de la VUB travaillent en concertation sur ce dossier, notamment pour éviter qu’un groupe d’occupants ne déménage d’un site universitaire à l’autre.

Expulsion de sans-papiers rue Dansaert

Les médiateurs fédéraux ont rendu le rapport d’audit sur les centres fermés pour demandeurs d’asile que leur avait demandé le Parlement en février 2008. Les conclusions tirées par cette instance officielle sont particulièrement accablantes et rejoignent très largement le constat des ONG. Les médiateurs y pointent notamment la séparation absolue entre les hommes et les femmes et l’interdiction de toute forme de contact entrer les occupants des différentes ailes qui ‘contribuent à une aggravation de l’atmosphère carcérale‘. Ils dénoncent également le recours ‘abusif‘ à l’isolement des occupants difficiles à des fins disciplinaires, ainsi que l’enfermement de personnes souffrant de troubles psychologiques. ‘Les conditions de détention de ces personnes sont susceptibles de constituer un traitement inhumain et dégradant‘, estiment-ils.

Les No Border, samedi à Calais, manifestaient contre l’Europe forteresse, et pour l’ouverture des frontières aux migrants. Le trajet avait été négocié entre les syndicalistes de Sud et la Préfecture sur le mode ‘c’est ça ou rien’ et la manif est passée par les rues, voire les routes les moins habitées de la ville. Tout le long, un mur de casques, bottes, boucliers, et même de camions-boucliers. La police dans tous les intersitices de la ville: aux entrées de rues, des cours d’immeubles, sur les quais, sous un panneau publicitaire, et même des policiers à cheval, dans un champ de colza. Enfin, un hélicoptère pour surveiller tout ça de haut. Les No Border étaient autour de 2000, les policiers plus nombreux. Installés dans un campement autogéré au Beau Marais, les No Border avaient été harcelés toute la semaine, plusieurs dizaines arrêtés. Le matin même, fouilles au corps avant le départ des jeunes vers le point de rendez vous. Les bâtons qui servaient à tenir les banderoles et les drapeaux, confisqués. Avant la manif, un arrêté préfectoral interdisait d’être plus de 4 dans les rues, des militants ont été arrêtés alors qu’ils tractaient dans Calais. Les flics qui ont empêché les No Borders de sortir du camp pendant une demi-journée, ont même lancé une attaque contre le camp à coup de lacrymo et de grenades.

‘No Border No Nation’

Suite au blocage du centre de rétention administratif pour les migrants de Lesquin le mercredi 24 juin, vingt-six personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue. Quinze ont été libérées après 24 heures de garde à vue avec un rappel à la loi pour organisation d’une manifestation sans déclaration préalable, et onze sont encore en rétention au commissariat central de Lille. Aucune dégradation ne leur est reprochée mais leur garde à vue a été prolongée de 24 heures ce matin pour des raisons qui nous restent inconnues, sauf qu’une majorité d’entre eux refusent de déposer leurs empreintes digitales. Les avocats de l’équipe juridique ne parviennent pas à avoir de nouvelles et parlent d’éventuelles comparutions immédiates. D’après les témoignages des personnes libérées, les conditions de détention ne sont pas respectées (pas d’eau ni de boissons, aucune nourriture pendant 24 heures pour les nombreux végétariens, refus d’accès à un médecin, obligés de dormir sur le sol nu sans couverture, provocations…).