Une cinquantaine de personnes, dont une délégation de notre Secours Rouge, s’étaient rassemblées ce matin devant le Palais de Justice en solidarité avec les militants du CAS (comité d’action et de soutien aux sans-papiers). Six d’entre eux, poursuivis pour ‘coups et blessures’ et ‘rébellion’, passaient en chambre du conseil. Ils faisaient partie du groupe de vingt personnes qui avaient fait irruption à la conférence de lancement de campagne des libéraux européens pour dénoncer la politique migratoire européenne. Lors de la séance, qui s’est tenue à huis-clos, la décision a été prise de trancher le 23 novembre prochain quant à un éventuel renvoi en correctionnel. C’est également à cette date que sera décidé, ou non, du maintien des qualifications. Néanmoins, il semblerait que les poursuites pour ‘rébellion’ soient conservées et que le débat porte sur les ‘coups et blessures’.

Bavure ou structure ?

Les vidéos des violences policières du 29 septembre et du 1er octobre (à l’occasion de l’euromanifestation syndicale, de la manifestation contre les centres fermés et du camp « No Border ») ont provoqué une levée de boucliers qui pourrait faire croire au caractère exceptionnel de l’affaire. Cela fait pourtant plusieurs années que la répression policière des initiatives politiques va en s’accroissant. C’est une tendance lourde :

– Avalisée et nourrie par tous les partis politiques et dans toutes les communes du pays.
– Existant dans tous les pays de l’Union Européenne.
– Se manifestant sur tous les aspects de la vie politique (manifestation, affichage, etc. : une simple distribution de tract doit aujourd’hui avoir une autorisation de police).
– Se couvrant de dispositions légales prétendument « exceptionnelles » (anti-terroristes par exemple) très rapidement généralisées et banalisées.
– Mettant en œuvre toutes les techniques de police et de contrôle social (infiltration, vidéosurveillance, biométrie, provocation, écoutes, etc.).
– Se déployant en force pour des motifs de plus en plus bénins, et utilisant toujours plus vite la violence (gazage et matraquage même en cas de résistance passive)
– Prenant toujours plus un caractère préventif ou « proactif ».
– Bénéficiant d’une complicité médiatique (le 29 septembre, les médias ont tout simplement reproduit le communiqué de la police pourtant outrancièrement mensonger)

Les évènements du 29 septembre et du 1er octobre (arrestations de masse, violentes et préventives) s’inscrivent dans cette tendance qui, elle-même, ne tombe pas du ciel. L’accroissement des contradictions sociales recèle un potentiel de révolte (et donc, un potentiel révolutionnaire) qui se manifeste dans des radicalisations soudaines de luttes ou dans une guérilla permanente entre la police et les jeunes des quartiers.

Il s’agit là aussi d’une tendance lourde, inhérente à un régime social injuste, sans avenir, irréformable et en crise profonde. Les doctrines de « contre-révolution préventive » développée par les pays de l’OTAN dans les années ’70, autrefois réservées aux luttes prolétariennes/communistes, se trouvent maintenant appliquées à toutes les manifestations antagonistes du corps social.

Face à cette tendance, plutôt que d’inutilement appeler le pouvoir à respecter des principes qu’il ne peut ni veut respecter, plutôt que de se laisser intimider, les forces politiques antagonistes doivent s’engager délibérément et méthodiquement dans le rapport de force :

– D’abord en développant la solidarité, en cessant de ne se préoccuper que de « sa » répression (ainsi ces syndicalistes scandalisé lorsque les huissiers et policiers interviennent dans un piquet de grève, mais qui couvrent la police lorsqu’elle matraque des manifestants au look anarchiste).
– Ensuite en élevant le niveau de compétence : les arrestations ne sont pas une fatalité, des méthodes et des techniques existent pour les éviter, et d’autres méthodes et techniques doivent être inventées.
– Enfin en allant de l’avant, en renforçant, radicalisant et élargissant les mouvements de lutte anticapitaliste.

Combattre le capitalisme !

Construire la solidarité !

Solidarité avec tous les manifestants arrêtés pendant la semaine du No Border Camp !

Solidarité pleine et entière avec les quatre inculpés de l’attaque du commissariat des Marolles, qu’ils soient «coupables» ou «innocents» !

Secours Rouge/APAPC,
(section belge de la Commission pour un Secours Rouge International)
Bruxelles,
16 octobre 2010

Un millier de manifestants se sont retrouvés vers 13h pour défiler jusqu’au centre ville de Bruxelles depuis le Parc Maximilien. Ce rassemblement clôture la semaine du camp No Border dans la capitale, organisé en soutien avec les sans-papiers et pour dénoncer les politiques d’immigrations. La manifestation, parmi lesquels une délégation de notre Secours Rouge, s’est terminée peu avant 17H00. Le seul incident constaté pour l’heure est la découverte par les militants d’un policier en civil au milieu du défilé. Identifié, celui-ci a été forcé de s’enfuir, poussé par les cris des manifestants: ‘c’est difficile d’être un flic en civil’. Le rassemblement se clôturera ce soir sur le lieu du camp par des concerts.

C’est ce soir qu’aura lieu la deuxième soirée organisée au Gésu dans le cadre du festival du cinéma Nova PleinOPENair. La soirée sera l’occasion d’évoquer le No Border Camp qui se déroulera à Bruxelles à la fin du mois de septembre en réponse à la politique de forteresse de l’Union Européenne.

Ce soir, dès 19h, un atelier de sérigraphie vous permettra d’imprimer un dessin ‘No Border’ sur de vieux vêtements que vous êtes invités à amener. A 21h30, projection du court-métrage ‘Asyl’, suivit à 20h45 du film ‘Comme tout autre humain’, tous deux consacré à la lutte des sans-papiers en Belgique. Le Secours Rouge sera à nouveau présent et tiendra un stand d’information dès l’ouverture des portes.