La Fondation de l’Hôpital de La Providence à Neuchâtel (un des hôpitaux vendus par le public au privé) a rendu public mercredi passé le jugement du Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers. La justice neuchâteloise a estimé que le mouvement de grève était illicite et que le licenciement en 2013 de 22 grévistes (voir notre article) était justifié. Cette grève a été qualifiée d’illicite, car elle n’a pas respecté le principe de la proportionnalité. Le tribunal relève que la durée de ce mouvement a pu avoir des effets négatifs pour le personnel et pour les soins dispensés dans l’établissement hospitalier. S’agissant du licenciement des grévistes, la justice considère qu’il était justifié.

Ce n’est pas la première fois que l’affaire de la grève de l’hôpital de la Providence se retrouve devant les tribunaux. Quatre syndicalistes impliqués dans le confit social avaient été acquittés par la justice en août dernier (voir notre article).

Les grévistes de La Providence (archives)

Les grévistes de La Providence (archives)

Trois activistes travaillant sous couverture dans deux usines du sud de la Chine pour China Labor Watch et arrêtés la semaine passée (voir notre article) sont toujours en détention. Ils enquêtaient sur les conditions de travail de Huajian Group, un fabricant chinois de chaussures pour la marque Ivanka Trump, ainsi que Marc Fisher, Kylie + Kendall, Coach, Alain Delon, Nine West et Karl Lagerfeld. Ils s’étaient fait embaucher ce printemps dans deux usines du Jiangxi et du Guangdong exploitées par Huajian Group, et avaient trouvé des preuves d’employés sous-payés et travaillant jusqu’à 18heures par jour.

Le Département d’Etat des États-Unis a exhorté la Chine à libérer ces hommes et à leur donner « les protections judiciaires et équitables dont ils ont droit ». Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré mardi que la question ne concernait pas d’autres pays. « Les autorités judiciaires de Chine peuvent traiter les cas pertinents conformément à nos lois et règlements », a déclaré la porte-parole du ministère. La porte-parole a aussi déclaré que la police a placé les hommes sous détention criminelle en raison de leur utilisation de «dispositifs de surveillance illégaux».

Hua Haifeng

Hua Haifeng

Esmail Abdi, en grève de la faim depuis le 30 avril (voir notre article), a été transféré à l’hôpital Khomeini à Téhéran le samedi 3 juin 2017. Il avait déjà refusé d’être transféré à l’hôpital avec l’uniforme de la prison et les menottes. Les autorités pénitentiaires ont finalement accepté de le transférer à l’hôpital sans l’uniforme et les menottes. Les gardiens de prison d’Abdi ont essayé de le ramener à la prison d’Evin peu de temps après son transfert, mais les médecins de l’unité d’urgence ont refusé et fortement recommandé l’hospitalisation pour le moment en raison de la détérioration de son état de santé. Il souffre d’une tension artérielle basse, de douleurs rénales, de vertiges et de douleurs oculaires. Esmail Abdi poursuit sa grève de la faim à l’hôpital.

Esmail Abdi

Esmail Abdi

En mars dernier, les travailleurs des usines Orchid et Savar du groupe Azim, situées à Chittagong, ont déposé une quatrième demande d’enregistrement d’un syndicat. La demande d’enregistrement du premier syndicat de l’usine Savar a été à nouveau rejetée tandis que la décision concernant l’usine Orchid est attendue très prochainement. Le 27 mai, des hommes de main ont menacé et agressé physiquement les travailleurs et les responsables du syndicat en formation devant la porte de l’usine.

Le jour suivant, les violences ont continué, les travailleurs et responsables syndicaux ont été à nouveau battus et menacés de mort s’ils continuaient de vouloir former des syndicats. Les agresseurs ont également menacé des membres des familles des syndicalistes. L’épouse d’un dirigeant syndical a été menacée avec un couteau, et le frère d’un autre responsable a été kidnappé et libéré plus tard. Les forces de police locales présentes ont assisté aux attaques sans réagir.

Syndicalistes agressés au Bengladesh

Syndicalistes agressés au Bengladesh

Un militant du droit du travail a été arrêté en Chine alors qu’il menait une enquête secrète sur les conditions de fabrication des chaussures de la marque de la fille du président américain, Ivanka Trump. L’ONG China Labor Watch, a précisé que deux autres de ses membres, en mission dans la même usine de la région de Jiangxi (centre de la Chine), sont portés disparus. Ce site, qui appartient au groupe chinois Huajian, fabrique aussi des produits pour les marques Coach et Karl Lagerfeld. L’entreprise base sa production sur des sous-traitants qui employant des ouvriers dans des conditions illégales (mineurs d’âges, salaires inférieurs au minimum légal, journée de 18H, etc.).

C’est la première fois en 17 ans de travail de terrain dans des usines en Chine que des enquêteurs de l’ONG ont été arrêtés par la police. China Labor Watch avait notamment publié des rapports pour dénoncer les conditions de travail sur les sites chinois de fabrication des iPhones d’Apple et des smartphones de Samsung. Le directeur de l’ONG pense qu’ils ont été arrêtés parce qu’ils enquêtaient sur des produits de la marque d’Ivanka Trump, ce qui rend la situation politiquement sensible. Les relations entre les autorités chinoises, Ivanka Trump et son mari (conseiller influent auprès du président US) sont excellentes.

Li Zhao, enquêteur de l’ONG CLW détenu par la police

Li Zhao, enquêteur de l'ONG CLW détenu par la police

Salim, un homme de 39 ans, fiché pour son « appartenance à la mouvance d’extrême-gauche » sera jugé le 3 juin prochain pour « violences avec arme par destination » à l’encontre de Myriam El Khomri. L’arme étant le contenu d’un verre d’eau balancé dimanche 28 mai dernier, en pleine canicule, avec pour objectif de « simplement rafraîchir la mémoire sur l’opinion qu’ont d’elle des millions d’entre nous ». L’auteur a été immédiatement arrêté et embarqué au commissariat de la Goutte d’Or où il a refusé le prélèvement ADN (il est donc également accusé de « refus de prélèvements génétique »). Une cinquantaine de solidaires s’étaient rassemblés devant le commissariat. Le procès aura lieu le 3 octobre prochain.

La Loi Travail appliquée à coup de canons à eau à Paris

La Loi Travail appliquée à coup de canons à eau à Paris

La compagnie minière PT Freeport Indonesia, filiale de la firme américaine Freeport-McMoRan basée à Phoenix, a mis à pied (en congé de longue durée) près de 10% du personnel pour réduire ses coûts (qui emploie 12.000 travailleurs permanents et 20.000 sous-traitants). Le syndicat est convaincu que ces licenciements font partie de la stratégie de négociation de l’entreprise avec le gouvernement.

Une grève a débuté le 1er mai pour protester contre la politique de mises à pied pratiquée par l’entreprise. Le 24 mai, le syndicat a annoncé la prolongation pour un mois de la grève, en même temps la direction résiliait les contrats de 2.018 travailleurs permanents grévistes. Freeport a annoncé qu’elle considère les grévistes comme absents sans motif. Les travailleurs absents plus de cinq jours sont considérés comme ayant accepté une « démission volontaire ». À ce jour, 2.018 avis de « démission volontaire » ont été enregistrées avec versement, pour solde de tout compte, d’à peine un mois de salaire, sans tenir compte de l’ancienneté. Le statut de la Papouasie occidentale est contesté par les indépendantistes papous qui accusent l’Indonésie de piller ses ressources. Freeport paie, entre autre, l’armée indonésienne pour assurer la sécurité de la mine.

Mineurs grévistes de Freeport-McMoran

Mineurs grévistes de Freeport-McMoran

Cyprien Moungouli est un des responsables de l’ex Convention nationale des syndicats du secteur éducatif (CONASYSED, coalition syndicale interdite par le gouvernement). Il a été emprisonné ce lundi à la prison centrale de Tchibanga sur ordre du procureur de la République du Tribunal de première instance de Tchibanga. Le syndicaliste est poursuivi pour outrage à magistrat. Il avait été interpellé et gardé à vue le 18 mai dernier. Motif : il avait voulu avoir des informations sur l’évolution de sa plainte contre le comité des sages de la Nyanga. Le CONASYSED avait, en effet, porté plainte contre ces sages qui avaient menacé de mort les syndicalistes durant la dernière grève nationale. L’acharnement contre les leaders syndicaux de la CONASYSED et ses membres, dont nous avons déjà parlé (voir notre article) se poursuit.

Cyprien Moungouli

Cyprien Moungouli

Esmail Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné à six ans de prison et incarcéré dans la prison d’Evin, a commencé une grève de la faim le 30 avril pour protester contre la répression des enseignants et des défenseurs des droits de l’homme et le manque d’indépendance de la justice en Iran. Esmail Abdi avait été condamné en octobre 2016 pour avoir organisé les multiples manifestations réclamant un salaire aligné sur le seuil de pauvreté et le retrait de l’accusation d’atteinte à la sécurité nationale pour les militants syndicaux (voir notre article).

Esmail Abdi

Un tribunal du Kazakhstan a condamné Amin Eleusinov, un dirigeant syndical de la Oil Construction Company (OCC), à deux ans de prison. Le tribunal a prononcé la peine le 16 mai après avoir condamné Eleusinov pour détournement de fonds et pour avoir insulté et agressé un représentant de l’autorité de l’État. Eleusinov avait été arrêté en janvier après que des centaines de travailleurs de l’OCC aient été en grève de la faim pendant deux semaines pour protester contre l’interdiction de leur syndicat (voir notre article). La grève a été arrêtée après qu’un tribunal l’ait déclaré illégale.

Le militant syndical Nurbek Qushaqbaev, qui a été arrêté avec Eleusinov, avait été condamné à 2 ans et demi d’emprisonnement en avril, après qu’un tribunal l’ait déclaré coupable d’avoir déclenché une grève illégale.

Amin Eleusinov

Amin Eleusinov