Les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) poursuivent la libération du nord de la Syrie. Dans le nord de la province de Raqqah, la progression est prudente et donc lente, mais elle se poursuit sur quatre lignes de front (une de plus qu’au début de l’opération), il y aurait près de 15.000 combattants QSD sur cette seule opération. Les islamistes qui fuient vers la ville de Raqqah ou vers Manbij laissent derrière eux des centaines de mines qui sont retirées dés que les QSD y arrivent, permettant ainsi le retour des populations chassées par Daesh.

Dans le nord de la province d’Alep, le refroidissement des relations entre Daesh et l’État turc a pour conséquence que Daesh attaque à présent les groupes de l' »Armée Syrienne Libre » (FSA) soutenus par la Turquie. 165.000 civils et réfugiés sont donc menacés par l’avancée du « caliphat », la ville de Sheikh Issa (à l’ouest de Marea) est donc passé sous contrôle des QSD sans le moindre combat, permettant l’évacuation des civils et la défense de Marea par les rebelles FSA. Dans la ville d’Alep même, le quartier kurde de Sheikh Maqsood essuyait il y a peu encore les tirs d’artillerie de la FSA, la situation humanitaire y est terrible: embargo total, population principalement civile (malgré la présence de combattants YPG/YPJ), bombardée nuit et jour. Enfin, entre Raqqah et Alep, à l’ouest du barrage de Tichrin, les QSD auraient repris hier la progression vers Manbij, qui avait été arrêtée il y a quelques mois.

Enfin, du coté « irakien » de la frontière, les YBS (Unités de Protection du mont Shengal, proches du PKK) ont repoussé plusieurs assauts de Daesh et abattu 17 djihadistes au sud du Mont Shengal. Trois guérilléros ont été tués au combat dont l’un n’avait que 17 ans.

Le front de Manbij réouvert.

Mise à jour 13.40: le quatrième front de Raqqah vise le barrage de Taqba (celui qui suit le barrage de Tichrin plus au sud de l’Euphrate), ceci renforce la théorie selon laquelle les SDF ne veulent pas immédiatement libérer Raqqah mais plutôt réunir le canton d’Afrin par ce chemin pour éviter les représailles turques. Salih Muslim, co-président du du PYD, a lui même confirmé que la libération de la ville de Raqqah nécessitait la création d’une administration arabe pour que les YPG ne se comportent pas comme une armée d’occupation.

Le front de Manbij réouvert.

Nous vous avions récemment parlé d’Aiden, un volontaire qui avait rejoint les YPG au Kurdistan syrien pour combattre Daesh en mars 2015. Alors que les autorités britanniques savaient où et pourquoi il partait (voir notre article précédent) et qu’elles l’ont même assisté lorsqu’il a égaré son passeport il a été inculpé à don retour et est toujours sous contrôle judiciaire strict dans l’attente d’un éventuel procès. Selon les personnes qui ont accès au dossier, l’explication de cet acharnement serait dû au fait que l’accusation, dans un réflexe raciste, ne ferait pas la difference entre les forces kurdes et islamistes sur le terrain.

Aiden Aslin

Aiden Aslin

À 14h, les troupes des QSD/YPG ont lancé l’opération de liberation de Raqqah en lançant sa première étape: la liberation du nord de la région, en ouvrant trois fronts à Ayn-Issah (au sud-est de Kobané) afin de couvrir une zone de 4km de long et de 15km de large. L’opération est préparée depuis des mois et devrait probablement durer plusieurs semaines/mois. Immédiatement après le début de l’opération, des affrontements armés ont éclaté entre les QSD et les islamistes à Xediyad Xelil. Le front est actuellement situé entre 37km et 60km de la ville de Raqqah, la capitale de l’EI.

À l’ouest de Kobané cette fois, les QSD souhaiteraient retenter de libérer la ville de Jarabulus, profitant du récent refroidissement des relations entre la Turquie et l’État Islamique. Enfin, en Irak, c’est la libération de Mosul qui serait imminente et à laquelle le PKK a plusieurs fois promis de participer ces derniers mois.

Nord de Raqqah

Nord de Raqqah

Depuis hier, les hostilités ont repris entre les asayish (la police kurde) et les NDF (milices pro-Assad), à Qamishlo. Plusieurs combattants et civils ont été tués, les forces kurdes annonçaient en début d’après-midi que 45 combattants loyalistes s’étaient rendus. La prison et d’autres bâtiments officiels ont également été saisis par les YPG.

La ville de Qamishlo, située à la frontière turque était le berceau de la révolte kurde de 2003, où 30 Kurdes avaient été tués suite à un match de foot opposant une équipe kurde et une équipe arabe. C’est également une ville largement composée de Kurdes, d’Assyriens et d’Arméniens dont les familles ont fuit les persécutions et les génocides en Turquie lors de ces dernières décennies. Les forces kurdes contrôlent la ville (et en ont fait la capitale du Rojava), même si les forces syriennes ont jusqu’ici gardé le contrôle de la frontière, de l’aéroport et de divers bâtiments officiels. La saisie de la prison marque un tournant dans les relations avec le régime.

Un portrait de Bashar al-Assad déchiré par les combattants kurdes

Un portrait de Bashar al-Assad déchiré par les combattants kurdes

Josh Molloy, Joe Ackerman et Jac Holmes, trois Lions du Rojava, ces combattants étrangers qui luttent parmi les troupes kurdes en Syrie ont été arrêtés il y a 8 jours à Erbil. Les trois revenaient du Rojava où ils combattaient depuis le début de l’année 2015, ils souhaitaient retourner vers leur pays natal. Un tel voyage aurait pu être rapide, mais le gouvernement kurde irakien (KRG) a à nouveau fermé les frontières entre le Rojava et le Basuré, rendant ce point de la frontière infranchissable alors que la frontière entre la Turquie et la Syrie est extrêmement dangereuse.

Las d’attendre une hypothétique ouverture de la frontière à Semelka, les trois ont décidé de tenter leur chance en passant la frontière à Sinjar pour attraper un avion à Erbil ou à Soulémanié. Ils ont malheureusement été capturés par la police du KRG et sont depuis détenus à Erbil. Ils ont normalement pu recevoir la visite de représentants de l’ambassade du Royaume-Uni.

Josh Molloy (à gauche), Joe Ackerman (en haut à droite) et Jac Holmes (en bas à droite)

Josh Molloy (à gauche), Joe Ackerman (en haut à droite) et Jac Holmes (en bas à droite)

Les islamistes du Front Al Nusra et leurs alliés ont bombardé ce mardi Sheik Maqsoud, quartier d’Alep contrôlé par les YPG depuis qu’ils l’ont arraché au régime en 2012. Ce mardi 5 avril, au moins 14 personnes ont été tuées et 50 autres blessées. D’autres bombardements avaient eu lieu lundi, tuant 8 personnes et en blessant 20 autres.

Les YPG ont riposté en prenant pour cible la route Castello qui approvisionne l’ASL au nord de Sheikh Maqsoud.

Syrie/Rojava: Al Nusra bombarde les YPG à Sheikh Maqsoud

Les YPG et leurs alliés des QSD progressent au sud de la province de Ciziré (à l’est du Rojava). Au niveau de la gare ferroviaire de Ruwayshd, elles ne sont qu’à 45km de Deir Ezzor, alors qu’à Ayn-Issa elles sont à 48km de Raqqah.

En Europe, les YPG ont annoncé ouvrir une représentation diplomatique en République tchèque en ouvrant un nouveau site internet « YPG Europe« . Une autre représentation devrait ouvrir dans les prochains jours à Paris, le gouvernement français à d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaitrait pas la représentation comme telle.

Carte de Ciziré au 31 mars 2016

Carte de Ciziré au 31 mars 2016

A l’occasion du 18 mars -journée internationale des prisonniers politiques révolutionnaires- une vingtaine de personnes ont tenté de manifester devant l’ambassade d’Espagne en solidarité avec les internationalistes espagnols de Reconstruccion Comunista. La police est immédiatement intervenue pour empêcher le rassemblement.

manifestation en solidarité avec les internationalistes espagnols

tract en solidarité avec les internationalistes espagnols

tract en solidarité avec les internationalistes espagnols