Depuis mardi, les habitants de Siliana dans le sud-ouest de la Tunisie manifestent dans les rues de la ville pour dénoncer les violences dont ils sont victimes, exiger la libération de quatorze personnes détenues depuis les événements d’avril 2011 ainsi que la démission du gouverneur. Chaque jour, les rassemblements sont violemment réprimés par les forces de l’ordre qui ont déjà fait plus de 300 blessés. Hier, deux véhicules blindés supplémentaires sont venus renforcer les effectifs déployés qui ont été la cible de jets de cocktails Molotov. Les policiers ont procédé à des tirs de sommation et ont fait usage d’une grande quantité de gaz lacrymogène. Un policier a déclaré ce vendredi à la presse: ‘Si on nous y autorise, je n’hésiterai pas à tirer des balles réelles’.

Hier matin, des milliers de personnes s’étaient rassemblées devant le gouvernorat de Siliana, petite ville au sud-ouest d eTunis, pour réclamer la libération de 14 personnes interpellées lors des manifestations en avril 2011 et toujours actuellement détenues, mais aussi pour exiger le limogeage du gouverneur régional et la mise en place de mesures pour relancer le développement économique dans la région. De nombreux blindés de la garde nationale avaient été déployés ainsi qu’une grande quantité de policiers anti-émeutes. Ces derniers, pour disperser la foule, ont procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes avant de faire usage de balles d’un type inconnu selon des témoins sur place. Au moins 150 personnes ont été blessées, dont plusieurs très grièvement. Ces dernières ont été transférées vers l’hôpital de Tunis. La police était déjà intervenue mardi en utilisant des balles en caoutchouc à l’encontre de manifestants qui avaient bloqué des rues à l’aide de barricades.

Manifestation à Siliana en Tunisie

Au cours de soirée les jeudi et vendredi 18 et 19 octobre, des affrontements ont éclatés entre des protestataires sans emploi et les forces de l’ordre dans le gouvernement de Gabès. Cette vague d’affrontements a poussé des manifestants à bloquer plusieurs routes de Gabès, ce qui a perturbé le trafic routier et bloqué les artères de la ville. La police a fait usage du gaz lacrymogène pour disperser la foule. Suite à cela, les manifestants se sont dirigés vers le poste de police de la Cité Al Amal, qu’ils ont incendié. Les sans-emploi protestent contre la politique de recrutement du groupe chimique tunisien (GCT) de Gabès.

Tunisie: Affrontements entre chomeurs et policiers

Guellala, une ville de 13.000 habitants du sud de l’île Djerba, a été samedi le théâtre de violences entre les forces de l’ordre et les habitants réclamant la fermeture d’une décharge qui polluent leur territoire. Cette décharge suscite la colère de la population depuis que les digues de ce dépotoir à ciel ouvert ont petit à petit cédé et pollué les terres environnantes.

Samedi, des habitants ont décidé de bloquer l’accès de la décharge. Les forces de l’ordre ont lancé, sans aucune sommation, des gaz lacrymogènes et provoqué du coup un vent de panique parmi les manifestants qui ont rapidement quitté les lieux. Sans aucune explication, la police a convergé vers le centre-ville, insulté la population puis, une nouvelle fois, usé de gaz lacrymogènes non plus uniquement les manifestants qui étaient visés mais l’ensemble de la population. Hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens. Certains ont répondu par des jets de pierre, et des policiers ont tiré à balles réelles.

Tunisie: La police tire à balle réelle sur les manifestants

Hier,plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées à Sidi-Bouzid pour réclamer la démission du gouvernement accusé pour sa dérive autoritaire. Encadrés par un fort contingent policier, les manifestants ont défilé avant de tenter de pénétrer dans le bâtiment du gouvernorat de la ville. C’est alors que les policiers ont procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes avant de tirer des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants. Une personne a été blessée par une de ces balles tandis que quatre autres ont été intoxiquées par les gaz. En outre, les forces de l’ordre ont procédé à quatre arrestations d’opposants. Fin juillet, une manifestation contre les retards de salaires avait déjà été réprimée de la même manière.

Hier, plus de 1500 personnes s’étaient rassemblées à Sidi Bouzid pour dénoncer leurs conditions de vie, exiger d’être payées et crier leur colère à l’encontre des autorités. La foule a pris d’assaut le quartier général du gouvernement provincial avant de parvenir à entrer dans le bâtiment du siège local du parti Ennahda actuellement au pouvoir. Elles ont ensuite convergé vers l’hôtel de ville où elles ont été accueillies par des policiers anti-émeute qui ont tiré des coups de semonce et des gaz lacrymogènes pour les disperser. Personne n’a été blessé au cours de l’intervention policière.

Intervention policière à Sidi Bouzid

Intervention policière à Sidi Bouzid

Mercredi 4 juillet, en réponse à l’appel lancé par le Comité tunisien pour la libération de Georges Abdallah, un rassemblement a été organisé à 11h devant l’ambassade de France à Tunis, en soutien au militant et résistant internationaliste Georges Ibrahim Abdallah. La police a tenté de disperser les manifestants à coups de matraque et d’insultes.

Tunisie: La police attaque un rassemblement pour G. I. Abdallah

Dimanche en fin de matinée, les affrontements ont repris dans certains quartiers de la ville, les jeunes lançant des pierres, les policiers tirant des gaz lacrymogènes. Un couvre feu nocturne a été décrété samedi par les autorités dans la localité, où les premiers heurts avaient éclaté après la publication de listes de recrutements à la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), principal employeur de la région. Quelque 3.000 chômeurs d’Om Larayes avaient postulé pour le concours, où 605 personnes ont été admises. Dans cette région de mines de phosphates, le taux de chômage dépasse largement les 19% de la moyenne nationale et la CPG reste quasiment l’unique pourvoyeur d’emploi. Au total, quelque 28.000 chômeurs ont postulé pour 4.000 recrutements effectués par le Groupe chimique tunisien (maison mère de la CPG) et sa filiale, qui ont étalé les résultats sur plusieurs semaines pour éviter les incidents.

D’autres manifestants avaient bloqués des voies conduisant au port de Radès au niveau de la cité El Milaha et à la zone pétrolière par des camions, ont menacé d’incendier les véhicules en signe de protestation contre leur non admission dans le concours de recrutement du ministère du Transport. Les jeunes ont aussi mis le feu dans quelques bonbonnes de gaz et ont jeté des cocktails molotov avant qu’ils ne soient dispersés par les agents des unités d’intervention qui ont fait usage du gaz lacrymogène. Deux jeunes ont été arrêtés.

Tunisie: Reprise des affrontements à Gafsa

Les onze personnes arrêtées suite aux affrontements lors des mouvements de contestation qui ont eu lieu à El Ktar Gafsa le 9 avril 2012 et qui ont causé, entre autres, l’incendie d’un poste de police, ont comparu, hier jeudi 12 avril 2012, devant le Tribunal de première instance de Gafsa. Après délibérations, trois ont été condamnés à 7 mois de prison ferme, une à 3 mois de prison avec sursis alors que les sept autres ont été acquittées. À l’annonce de la sentence, les membres des familles des détenus ainsi que d’autres citoyens réunis depuis le matin devant le tribunal pour réclamer leur libération, et dont certains avait entamé une grève de la faim un jour auparavant, ont contesté vivement ce jugement entraînant quelques échauffourées avec les policiers.

Le ministère tunisien de l’Intérieur vient de revoir sa décision d’interdire les manifestations sur l’avenue Bourguiba, principal artère de Tunis, et décidé d’installer des caméras de surveillance pour « contrôler » les protestations. Cette décision a été prise en Conseil ministériel suite aux affrontement survenus dimanche à l’avenue Bourguiba à l’occasion de la Fête des martyrs.