Les marins de Sidi Mansour (Sfax) ont manifesté, hier tard dans la nuit, pour demander la libération de l’un des leurs arrêté par la police maritime. Très vite un accrochage a lieu puis des confrontations avec la police, obligeant les agents de l’ordre à tirer des coups de feux en l’air pour calmer les manifestants. Aujourd’hui, les manifestations ont repris de plus belle, les manifestants soutenus cette fois par les habitants de Sidi Mansour, accusant la police d’avoir tué la veille l’un des leurs.

sidi mansour affrontements

sidi mansour affrontements

En août dernier, les rappeurs Weld Ed 15 et Klay BBJ ont donné un concert à Hammamet, à 60 kilomètres au sud de Tunis. Fin août, sans même avoir été informés de poursuites à leur encontre ni de la tenue d’un procès, les deux hommes ont été condamnés à 21 mois de prison ferme pour ‘outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes moeurs et diffamation’ en raison de leurs textes jugés insultants par les autorités. Depuis, Weld Ed 15 est entré dans la clandestinité, tandis que Klay BBJ a lui décidé de faire appel de ce jugement. Hier, il a été une nouvelle fois reconnu coupable mais sa peine a été réduite. Le juge s’est prononcé, après une audience éclair de moins d’une heure trente, ‘Nous avons décidé d’une peine de six mois ferme avec exécution immédiate’. L’avocat du rappeur a immédiatement annoncé qu’il ferait appel.

Des heurts ont éclaté lundi entre des manifestants antigouvernementaux et les forces de l’ordre devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid (centre-ouest). Les affrontements ont éclaté lorsque le gouverneur a rejoint son bureau, lundi matin alors que se tenait un mouvement de désobéissance civile pacifique, depuis l’assassinat du député et opposant Mohamed Brahmi, afin de revendiquer le départ du gouverneur, ainsi que la dissolution de l’assemblée nationale et du gouvernement.

Des manifestants se sont introduits au siège du gouvernorat par une porte secondaire, mais les forces de sécurité sont intervenues et ont tiré des bombes de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc, pour évacuer les lieux.

C’est ce matin que ce sont déroulées les funérailles de Mohamed Brahmi, dirigeant du Front Populaire abattu de quatorze balles devant son domicile il y a quelques jours. Plus de 15.000 personnes s’étaient rassemblées à Tunis pour assister à son enterrement aux côtés de Chokri Belaïd, un autre opposant de gauche assassiné en février dernier. A l’issue de la cérémonie, une grande partie de la foule s’est rendue devant le bâtiment de l’Assemblée nationale constituante pour réclamer la démission des élus. Les milliers de manifestants ont été accueillis par la police anti-émeute qui a tiré des gaz lacrymogènes pour les empêcher de se rassembler. Vers 16h, des renforts policiers ont été envoyés sur place. Après avoir été dispersés, les manifestants sont revenus en force, lançant des pierres aux forces de l’ordre pour répondre aux tirs de gaz. De nombreuses personnes ont été intoxiquées et un député a été violemment frappé par la police avant de s’évanouir et d’être évacué par les secours.

Manifestation devant l’assemblée nationale constituante

Manifestation devant l'assemblée nationale constituante

Moins de 6 mois après l’assassinat de Chokri Belaid, un deuxième dirigeant du Front Populaire, Mohamed Brahmi a été assassiné suivant le même mode opératoire, sortant de son domicile devant sa femme et ses enfants, de 11 balles tirées par deux motards. Ce dirigeant d’un parti nationaliste de gauche, le Courant Populaire, était député de Sidi Bouzid, la ville d’où avait commencé la révolution et où ont eu lieu ces derniers mois de nombreuses mobilisations populaires contre le gouvernement et contre le siège local du parti islamiste au pouvoir, Ennahdha.

assassinat de Mohamed Brahmi

Des manifestations ont eu lieu en réaction à cet assassinat. La police tunisienne a fait usage jeudi après-midi de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui ont occupé un local administratif à Sfax, la grande ville du littoral située à 250 km au sud de la capitale. Les protestataires ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre.

assassinat de Mohamed Brahmi

Un rassemblement s’est tenu ce vendredi 5 juillet devant l’ambassade de France à Tunis, à l’occasion de la visite de François Hollande, pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Ambassade France à Tunis Manifestation Georges Ibrahim Abdallah

Ambassade France à Tunis Manifestation Georges Ibrahim Abdallah

Le tribunal de Ben Arous, dans la banlieue de Tunis, a condamné le rappeur Weld El 15 à deux ans de prison ferme. Weld El 15 avait déjà été condamné par contumace en mars dernier pour « Boulicia Kleb » (« Les policiers sont des chiens »), une chanson qui évoquait la corruption de la police. Il avait finalement décidé de se rendre il y a quelques jours pour comparaître de nouveau. A l’énoncé du verdict, des militants venus le soutenir ont protesté et les policiers ont commencé à tabasser tout le monde ; les protestataires, les journalistes et les avocats. Ils ont utilisé de la bombe lacrymogène dans le hall, dans la cour du palais de justice.

3 militantes européennes de Femen ont été condamnées à 4 mois et 1 jour de prison en Tunisie au motif de ‘atteinte à la pudeur et aux bonnes moeurs’. D’autres militantes ont manifesté leur solidarité à Bruxelles ce matin, Place du Luxembourg.

Des militantes de Femen Place du Luxembourg à Bruxelles

Des militantes de Femen Place du Luxembourg à Bruxelles

Sur le site tunisien de Fouchada de l’entreprise française SEA Latélec, productrice de câbles aéronautique, filiale du groupe Latécoère, lui-même sous-traitant de Airbus, pendant plusieurs années, les 450 salariées ont travaillé pour moins de 150 euros par mois, et sans représentation syndicale. En 2010, deux ouvrières ont créé une section locale de la puissante UGTT et réussissent à mobiliser une grande partie de leurs collègues. Plusieurs ouvrières sont suspendues ou licenciées, suite à des manifestations, les syndicalistes étant les premières visées et la direction se livre à un chantage à la délocalisation. Mais les salariées tiennent bon et la mobilisation s’étend dans la région, pilier industriel de la Tunisie, gagnant plusieurs usines textile.

Hier soir, on a tiré quatre balles sur la maison du camarde Mohamad Al Rajhi, responsable de Front Populaire à Nafta (sud de la Tunisie) et representant du Secours Rouge Arabe. Dans cette maison habite égalememnt son frère, Moez Al Rajhi, lui aussi membre du Front Populaire. Cette attaque est clairement une tentative d’intimidation de notre camarade pour son engagement politique, dans le cadre des campagnes de menaces et d’agressions des islamistes du mouvemement Ennahdha.

Tunisie: Intimidation contre le représentant du Secours Rouge Arabe