Les détenus politiques de la prison de haute sécurité de Van ont entamé une grève de la faim de trois jours le 10 février. Ils exigent une enquête sur la mort de Ramazan Turan. Ramazan Turan, prisonnier malade de 70 ans, est décédé dans une cellule d’isolement de la prison de Van le 21 janvier dernier. Les grévistes de la faim demandent en outre la levée de l’isolement du leader kurde Abdullah Öcalan, la libération des prisonniers malades et la fin des pratiques et des sanctions arbitraires infligées par l’administration pénitentiaire.

Entre 1995 et 2001, le militant révolutionnaire Erdal Gökoglu a été arrêté en Turquie et y a été torturé à plusieurs reprises. Il souffre du syndrome de Wernicke-Korsakoff depuis la grande grève de la grève de la faim de 2000 contre les prisons d’isolement et des séquelles des blessures par balle qu’il a reçue lors de la répression de la lutte des prisonniers politiques de la prison d’Uucanlar. En Turquie, il a été déclaré invalide en 2001 et s’est réfugié en Belgique après sa libération. Il y a obtenu en 2007 le statut de réfugié politique. Il avait été arrêté et extradé en Allemagne (voir notre article), à la demande du parquet allemand qui l’accusait d’avoir été responsable, entre 2002 et 2013, des locaux du DHKP-C à Hambourg et à Berlin.

Après plus d’une année d’un procès plusieurs fois interrompu en raison de son état de santé précaire, Erdal a été condamné par le tribunal de Hambourg à cinq ans d’emprisonnement (voir notre article). Il a obtenu d’achever sa peine en Belgique et a été transféré, au début de février 2021, alors qu’il avait purgé les deux tiers de sa peine, à la prison de St Gilles. A St Gilles, Erdal a entamé une nouvelle grève de la faim contre le port de l’uniforme. En Turquie, le refus du port de l’uniforme de la part les prisonniers politiques a une très haute valeur symbolique et politique. Des dures luttes ont eu lieu sur cet enjeu, dont les prisonniers sont sortis victorieux. Erdal a gagné de nos pas devoir porter l’uniforme mais est privé de tous les déplacements (y compris les visites) pour lesquels le port de l’uniforme est jugé nécessaire. Une loi belge de 2005 a pourtant annulé le port de l’uniforme dans les prisons mais dans les faits, seules 12 prisons ont pu le mettre en pratique. Quoiqu’il en soit, Erdal a déjà depuis longtemps dépassé le délai donnant droit à une libération anticipée.

Erdal Gökoğlu

Erdal Gökoğlu

Neuf ans après l’assassinat des trois femmes kurdes – Sakine Cansiz, co-fondatrice du PKK, Fidan Dogan, représentante en France du Congrès national du Kurdistan (KNK), et Leyla Saylemez, membre du mouvement de jeunesse kurde – la justice française refuse d’investiguer l’implication des services secrets turcs dans ce triple féminicide. Des manifestations auront lieux dans plusieurs pays. Voici les dates pour la France et la Belgique.

Mercredi 5, Paris, 11H, Marche blanche du Centre démocratique du Kurdistan (16 rue d’Enghien) jusque devant les locaux du centre d’information du Kurdistan (CIK, 147 rue La Fayette) où le massacre a eu lieu. Vous pourrez à cette occasion déposer des fleurs pour rendre hommage aux trois femmes.
Mercredi 5, Bruxelles, 13H, devant la résidence de l’ambassadeur de France, 42 boulevard du Régent
Samedi 8, Paris, 12H, Gare du Nord, grande manifestation..
Samedi 8, Strasbourg, 13H, Place de la Gare, manifestation.
Samedi 8, Marseille, 13H, Canebière, manifestation.
Samedi 8, Bordeaux, 13H, Place Stalingrad, manifestation.
Samedi 8, Bruxelles, 15H, rassemblement place de la Monnaie.
Dimanche 9, Paris, 12H30, Cérémonie d’hommage devant le 147 rue La Fayette.
Dimanche 9, Toulouse, 14h30, Métro Jean Jaurès, manifestation.

Dans le cadre de ses tentatives répétées d’anéantir les forces du PKK au Kurdistan Sud, dans le Nord de l’Irak, les forces armées turques ont installé une vingtaine de base et une centaine de postes dans la région. Ces dernières semaines, ces forces d’occupation turques ont reçu des coups violents de la part de la guérilla. Plusieurs opérations de différents types (tir de sniper, bombardement au mortier, tir de missile, mais aussi attaques directes à la grenade et à l’arme automatique) ont ainsi été menées contre les postes turcs. Les 8 et 9 décembre, deux postes ont été détruits et un troisième est tombé dans les mains de la guérilla qui a récupéré plusieurs armes des soldats turcs tués. Cette semaine, l’armée turque a évacué plusieurs postes dans la région de Zap et, dans le même moment, comme pour compenser l’aveu de sa défaite, elle a multiplié les bombardements aériens: le 27 décembre dans la région de Metîna, le 28 dans la région de Kandil (Qendil), le 29 dans la région de Hakurk (Xakurke) et dans la région de Zap.

 

La milice du Mouvement révolutionnaire uni des femmes (KBDH) a mené une attaque au moyen à l’explosif contre la police à Saraykapı, dans le district de Sur à Diyarbakır, en mémoire des prisonniers révolutionnaires qui ont perdu la vie dans le massacre des prisons du 19 décembre (2000) et de Garibe Gezer, qui a perdu la vie dans la prison de Kandıra la semaine passée (voir notre article). Un autre prisonnier politique, Verdat Erkmen est mort dimanche 19 décembre, alors qu’il était détenu à l’isolement dans la prison de Tekirdağ. Il avait été condamné à 374 années de prison. Les autorité affirment qu’il s’agit d’un suicide mais l’autopsie a été faite sans témoin. Les forces policières ont aussi entravé les funérailles.

Le décès d’Erkmen est le cinquième décès de prisonnier politique dans les prisons turques en moins de 10 jours. Outre Garibe Gezer, Abdulrezzak Suyur est mort le 14 décembre dans la prison de Sakran, suivi le lendemain par Halil Güneş, décédé dans la prison de haute sécurité n°2 de Diyarbakır, puis par Ilyas Demir, décédé dans la prison de type T de Bolu le 18 décembre. Halil Günes un prisonniers politique kurde qui figurait sur la liste des prisonniers gravement malades établie par l’Association des droits de l’homme (IHD), et maintenu en prison malgré des demandes répétées de libération et son état de santé. Le SKB appelle à un rassemblement devant le consulat de Turquie de Bruxelles demain 23 décembre à 16h00.

Détenue depuis 2016, Garibe Gezer, 28 ans, a fait l’objet d’un transfert disciplinaire de la prison de Kayseri à celle de Kandıra le 15 mars dernier. A son arrivée, elle a été isolée en cellule pendant 22 jours. Elle a ensuite été transférée, à sa demande, dans une cellule de trois personnes. Lorsque le 21 mai, on lui a dit qu’elle devait retourner à l’isolement, elle s’y est opposée. Les gardiennes l’ont traînée à terre par les cheveux et les bras, elles lui ont enlevé son pantalon et l’ont promenée à moitié nue devant des gardiens hommes. Jetée en cellule, Garibe a protesté en frappant à la porte de la cellule, les gardiens sont entré et l’ont battue. Le 24 mai, huit gardiens sont revenus dans sa cellule pour la battre. Elle a ensuite été emmenée dans une cellule capitonnée après avoir été dénudée fouillée et agressée sexuellement. Elle est ensuite retournée en cellule d’isolement. Le 7 juin, elle a tenté de mettre le feu à sa cellule et a de nouveau été jetée dans la cellule capitonnée pendant 24 heures. Le 9 décembre, après l’avoir ainsi maltraitée et persécutée, la prison annonçait son suicide. Pour en savoir plus

Environ 150 antifas ont effectué une manifestation surprise dans l’est de Leipzig. Ils ont tagué les murs, fait des barricades de containers enflammés et lancés divers projectiles vers la police à son arrivée, endommageant une voiture de patrouille. Ils ont aussi brisé les vitres et tiré des engins pyrotechniques contre la mosquée de l’Union turco-islamique pour les affaires religieuses (DITIB). Le DITIB dépend directement de l’Etat turc et ses mosquées sont moins des lieux de culte que des centres de propagande fasciste de l’AKP. Les dommages sont d’environ 30 000 euros. La police a arrêté douze personnes et les a placées en garde à vue. L’enquête est en cours.

 

Après que des prisonniers politiques dans la prison de type F de Van aient été traînés hors de leurs cellules en octobre et interrogés dans un lieu tenu secret, leurs libérations et leurs audiences sur d’éventuelles libérations ont de nouveau été retardées. Izzet Kına, Faik Taştan, Şahin Öncü, Hakan Bilekçi et Kemal Kahraman ont été placés en cellule d’isolement. Désormais, leur libération sous contrôle judiciaire leur est refusée car il n’y a aucun signe de « bonne conduite ». La détention de Faik Tastan et Izzet Henna a été prolongée une deuxième fois de six mois au motif qu’ils avaient été condamnés à des mesures disciplinaires.

Il y a une semaine, les forces armées turque ont lancé une nouvelle opération anti-guérilla baptisée « Eren Hiver-6 » dans la région du Dersim (province de Tunceli). Plus de 1000 militaires ont ainsi été déployés dans les environs du Mont Mercan, dans le district d’Ovacık. Des combats ont eu lieu lors de la découverte de bases souterraines de la guérilla. Les autorités turques ont reconnu au moins une perte en la mort d’un sous officier des commandos de la gendarmerie. Les autorité turques reconnaissent l’activité de la guérilla dans le Dersim (barrage sur mes routes, incendie de véhicules et de bâtiments appartenant au pouvoir, attaques contre les forces de sécurité). Elles affirment avoir tué plusieurs combattants kurdes, dont un responsable, Cihan Söylemez, pour lequel elles offraient une prime d’un million de livres turques.