Hier, à Berlin, des milliers de Kurdes avaient prévu de se rassembler pour dénoncer la complicité du gouvernement allemand avec la Turquie. Celle-ci ayant été interdite par les autorités, les Kurdes se sont joint à une manifestation organisée par plusieurs groupes antifascistes et de gauche. Plus de 2000 policiers avaient été déployés pour disperser les manifestants qui sont tout de même parvenus à se faire entendre, au son du slogan: ‘Non au fascisme, au fascisme vert, au racisme, à la répression et aux interdictions’. Ils ont également appelé le gouvernement à retirer le PKK de la liste noire des organisations. La répression policière a été intense face à se rassemblement. Des dizaines de personnes ont été blessées, notamment à cause des gaz lacrymogènes, et environ 300 personnes ont été interpellées. Plus tôt dans la journée, les autorités avaient empêché à des dizaines d’autocars transportant des manifestants kurdes venus d’autres villes, d’entrer dans Berlin.

Manifestation kurde à Berlin

Manifestation kurde à Berlin

Dans le courant de la nuit, un groupe de guérilleros a déclenché une attaque à proximité d’un gisement de pétrole exploité par la société canadienne Transatlantic Petroleum Ltd. Les militants du PKK ont abattu trois hommes, dont deux membres du personnel de sécurité, alors qu’ils sortaient de leur véhicule sur le champ de pétrole Selmo à Kozluk, dans la province de Batman (sud-est). Transatlantic, qui affirme que Selmo est le deuxième plus grand gisement de Turquie, a déclaré avoir pris contact avec les autorités afin de mener une enquête commune. Néanmoins, dès l’aube, une opération terrestre et aérienne a été lancée à la recherche des guérilleros.

Opération aérienne de contre-guérilla

Opération aérienne de contre-guérilla

Un sergent-major a été tué et un officier civil a été blessé dans une attaque armée menée par les guérilleros du PKK dans le district de Nusaybin de la province de Mardin (sud-est) ce lundi. Le gouverneur de la province a affirmé que les guérilleros avaient pris d’assaut les deux soldats dans leur véhicule. Il a par ailleurs confirmé que les forces armées turques avaient lancé une nouvelle opération dans la région.

Hier, les forces militaires turques ont déclenché une vaste opération dans la province de Tuceli. Environ 80 membres présumés du PKK avaient été localisés plus tôt dans la journée dans le district de Hozat. Des soldats du 51ème bataillon d’infanterie et des forces spéciale de la gendarmerie de Hozat ont été largués par hélicoptère au-dessus de plusieurs points stratégiques de la zone, alors que des hélicoptères de combat Cobra bombardaient des cibles désignées. Un bref affrontement a eu lieu lorsque les commandos se sont retrouvés face à des guérilleros, qui sont immédiatement parvenus à se replier dans les forêts avoisinantes. Les Cobra ont bombardé toute sels voies d’issue et des commandos supplémentaires ont été largués sur place. Aucun guérillero n’a été intercepté et la fusillade n’a fait aucun blessé.

Ce matin, la police turque a effectué une rafle visant la KCK (Kurdistan Communities Union) à travers tout le pays. Les autorités accusent l’organisation d’être la branche urbaine du PKK. Selon certaines sources, la police aurait interpellé au moins 65 personnes dans des descentes simultanées à Diyarbakir, à Istanbul, à Izmir et à Bursa. Les autorités turques ont affirmé que toutes ces personnes ont été placées en garde à vue en raison de leurs liens supposés avec le PKK.

Rafle contre la KCK

Rafle contre la KCK

Hier, les forces de l’ordre ont découvert une bombe à proximité d’un oléoduc dans l’Anatolie du sud-est, bombe probablement déposée par des guérilleros du PKK, qui n’ont toutefois qui aucun commentaire. Ce pipeline, qui transporte entre 450000 et 500000 barils de pétrole par jour entre Kirkuk, dans le nord de l’Irak, et le port méditerranéen de Ceyhan, est très régulièrement la cible d’attaques de la guérilla. Hier, les forces de sécurité ont découvert et désamorcé trois charges explosives de plus de 200 kilos.

Le 7 novembre, l’armée turque a une nouvelle fois bombardé deux régions sous contrôle du PKK. Selon les villageois, ainsi que la HPG (Forces de Défense du Peuple), branche armée du PKK, l’artillerie turque a cette fois utilisé des bombes à sous-munitions. Alors qu’il semble de plus en plus évident que les forces turques aient fait usage d’armes chimiques lors de la dernière offensive aérienne dans la région, l’utilisation de ces armes démontré à nouveau la volonté des autorités turques d’intensifier la contre-guérilla. 5 à 45% des sous-munitions n’explosent pas à l’impact et se transforment de ce fait en mines anti-personnelles.

Bombe à sous-munitions

Bombe à sous-munitions

Depuis deux jours, de violents affrontements opposent des manifestants aux forces de l’ordre dans le district de Yüksekova (Hakkari, sud-est). Hier, la police a utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour disperser une centaine de manifestants qui ont répliqué en brûlant des pneus et en jetant des pierres et des cocktails Molotov dans le centre de Yüksekova. Le 7 novembre dernier, plus de 20.000 personnes ont assisté à l’enterrement de deux des 37 guérilleros du PKK tués par l’armée turque au cours de la récente opération menée dans la vallée de Kazan. C’est après cette cérémonie que les premiers affrontements ont eu lieu.

Par ailleurs, le ministère des finances a annoncé ce matin que son site officiel avait été piraté durant la nuit par des membres du PKK a des fins de propagande. La page internet a immédiatement été désactivée et une enquête a été ouverte pour trouver le responsable.

Hier, les autorités turques ont arrêté 21 personnes qu’elles suspectent d’avoir effectué des attaques au cocktail Molotov à Istanbul le 29 octobre dernier. La semaine dernière, un des bureaux du parti au pouvoir – Justice and Democracy Party – ainsi qu’un véhicule appartenant au Republican Peoples’ Party (parti principal de l’opposition) ont été la cible de jets d’explosifs. La police a mené une vaste opération dans le district de Zeytinburnu de la ville d’Istanbul dans la journée d’hier. Toutes les personnes arrêtées sont accusées d’entretenir des liens avec le PKK. Les autorités ont annoncé être à la recherche de quatre personnes supplémentaires dans le cadre de cette affaire.

Plus tard dans la journée, dans la province de Batman (sud-est), une voiture de police a été prise en embuscade. Des membres présumés du PKK ont ouvert le feu sur un véhicule de patrouille transportant des officiers des forces spéciales. Ceux-ci ont répliqué entraînant une fusillade longue d’une dizaine de minutes. Deux policiers ont été blessés et les assaillants ont disparu dans les montagnes avoisinantes. Une opération de ratissage a immédiatement été déclenchée pour les retrouver.

Embuscade du PKK

Embuscade du PKK

Le 7 octobre dernier, la France a signé un accord de coopération avec la Turquie pour s’associer à la lutte contre le PKK. Depuis lors, les autorités françaises ont encore intensifié leurs opérations contre la communauté kurde en France. Le 2 novembre, un tribunal correctionnel a notamment exigé la dissolution du centre culturel kurde dans un procès où celui-ci était accusé en tant que personne morale pour des faits liés au PKK aux côtés de cinq autres personnes. Les peines prononcées en France contre les kurdes sont toujours exemplaires. En juillet dernier, 17 kurdes ont écopé de peines avec sursis allant de un à cinq ans de prison. Ce dimanche, quelques trois mille personnes ont manifesté à Paris pour dénoncer cette politique répressive du gouvernement français, ainsi que les récentes actions contre les bases du PKK de la Turquie à la frontière avec l’Irak. Ils l’accusent entre autre d’avoir utilisé des armes chimiques et des bombes au napalm. Les corps d’une quarantaine de guérilleros ont été découverts entièrement brûlés suite à cette offensive turque.

Alors que le premier ministre turc Erdogan se trouve actuellement en Europe, et doit se rendre en France dans les jours à venir, la police française a interpellé 24 personnes dans le courant de la soirée de mardi à Paris. La police est intervenue dans un établissement turc de la capitale et après avoir contrôlé les identités des personnes présentes, en a arrêté 24. Elles sont suspectées de soutenir le PKK.

Hier, en Allemagne, Erdogan a remercié Angela Merkel pour son appui dans la lutte contre le PKK en Turquie, mais a également demandé un apport de forces en Turquie. Il a rappelé que plus d’un cinquième des trois millions de personnes d’origine turque en Allemagne sont Kurdes et que le PKK est extrêmement actif sur le sol allemand, tant pour rassembler de l’argent que pour recruter des militants. Après la France, avec qui un accord de coopération dans la lutte contre le PKK a déjà été conclu, Erdogan est attendu en Irak, où il doit rencontrer le chef du gouvernement régional du Kurdistan afin de discuter les possibilités de davantage de coopération contre le PKK.