La Turquie et la France ont signé vendredi, lors d’une visite du ministre français de l’Intérieur, un vaste accord de coopération sécuritaire, visant notamment à lutter contre le PKK. L’accord signé à Ankara devant la presse prévoit que les deux pays s’engagent dans une coopération opérationnelle de lutte contre le terrorisme, ce qui devrait permettre aux forces de sécurité turques et françaises de mener une lutte commune sur le terrain.
En 2010 et 2011 respectivement, 38 et 32 kurdes ont été arrêtés sur le sol français sous l’accusation d’appartenance au PKK, la justice française doit se prononcer le 2 novembre sur le sort de 18 d’entre eux, arrêtés en 2007. L’accord ne prévoit pas à priori une extradition des membres du PKK vers la Turquie, mais les deux pays avaient néanmoins décidé de travailler ensemble afin de préparer des extraditions dans les meilleures conditions.

La police turque a lancé aujourd’hui une vaste offensive à travers tout le pays dans le cadre d’une enquête portant sur le KCK (Kurdistan Communities Union), association qu’elle considère comme la branche urbaine du PKK. La police a opéré des descentes simultanées à Istanbul et dans plusieurs provinces du sud-est. A Istanbul, 80 personnes ont été interpellées alors que 40 autres l’ont été en province. Les médias ont également annoncé que vingt personnes supplémentaires avaient été arrêtées dans la province de Gaziantep, dont le dirigeant local du BDP (Peace and Democracy Party). Cette opération intervient dans le cadre plus large de l’offensive militaire lancée par les autorités turques depuis le début de l’été contre les bases du PKK. Rappelons également que des centaines de personnes sont actuellement poursuivies par les autorités turques pour avoir prétendument entretenu des relations avec le PKK. A Diyarbakir, où un tribunal a été spécialement construit pour l’occasion, se déroule le procès de 150 politiciens et militants accusés de soutenir le PKK ou de faire l’apologie du terrorisme. Plusieurs procès similaires se tiennent dans d’autres villes du pays.

Tard dans la soirée de samedi, un groupe de guérilleros a attaqué un site de construction aéroportuaire dans la province de Bingöl (sud-est). Ils ont retenu les ouvriers avant de mettre le feu au bâtiment administratif et à un véhicule de chantier. Ils ont ensuite expliqué aux travailleurs l’objectif de leur action ainsi que le programme du PK avant de s’enfuir dans un véhicule, et puis à pied, dans les bois. Les forces de sécurité, renseignées par un ouvrier ayant pu quitter le site peu après l’attaque, ont immédiatement déclenché une opération pour retrouver les auteurs de l’attaque.

Dimanche soir, de violents affrontements ont opposé des guérilleros et des soldats turcs dans la province de Kahramanmaras. Les membres du PKK ont pris d’assaut une patrouille des forces de gendarmerie, entraînant des échanges de coups de feu durant plus de deux heures. Les autorités ont annoncé que ‘Rojak’, guérillero en charge des activités du PKK dans le district de Pazarak, avait été tué.

Par ailleurs, le ministre de l’intérieur turc a entamé la remise en application d’une loi (existante, mais peu utilisée) selon laquelle toute personne aidant à appréhender un criminel ou donnant son nom doit être récompensée. Cette loi devrait être re-publiée ce mardi.

Jeudi, deux soldats ont été tués dans une embuscade dans la province de Sirnak (sud-est). Les guérilleros du PKK ont fait exploser un IED au passage d’un convoi militaire vers dix heures du soir. Ils ont ensuite ouvert le feu avec des fusils à longue portée, entraînant une longue fusillade. Cinq soldats ont été blessés et deux sont décédés des suites de leurs blessures. Une opération a immédiatement été déclenchée dans la région du Mont Kato (province de Hakkari) où les guérilleros se seraient retirés.

Vendredi matin à la première heure, les autorités ont publié un ordre d’évacuation visant plusieurs villages de la zone, affirmant qu’elles souhaitaient protéger les civils des opérations militaires qui allaient se dérouler. Un convoi de vingt véhicules militaires est arrivé sur place dans la journée, et des véhicules blindés y sont encore attendus. Dans la soirée d’hier, de violents affrontements ont opposé les soldats turcs et les guérilleros dans la montagne dans le cadre de cette nouvelle vaste offensive de la contre-guérilla. Quatre soldats ont été blessés, et trois militants du PKK ont été tués. Il semblerait que l’un d’entre eux soit le commandant des activités du PKK dans la zone du Mont Kato. Des hélicoptères de combat ont soutenu les troupes de l’armée en bombardant la région toute la nuit.

Par ailleurs, l’ambassadeur américain à Ankara a annoncé hier que les Etats-Unis allaient fournir trois hélicoptères Super Cobra à l’armée turque afin quelle dispose de matériel supplémentaire pour mener à bien la contre-guérilla.

Hélicoptère Super Cobra

Hélicoptère Super Cobra

Seize étudiants turcs ont été placés en garde à vue ce jeudi après avoir tenté de manifester leur mécontentement lors de la venue d’un député à l’université de Uludag, dans la province de Bursa, à l’occasion de la rentrée académique. Treize étudiants ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire: ‘AKP, libère le pays, l’université, les rues’ après que le député et d’autres invités soient entrés dans le bâtiment. Les policiers et des agents privés de sécurité les en ont empêché, ce qui a entraîné des échauffourées, et l’interpellation des treize jeunes alors que tous les autres continuaient à scander: ‘Nous voulons une éducation gratuite’. Trois étudiants qui étaient parvenus à rentrer dans la salle ont également été interpellés après avoir commencé à scander leurs slogans à l’intérieur.

Manifestation d’étudiants en Turquie

Manifestation d'étudiants en Turquie

Le 6 octobre prochain, le ministre de l’Intérieur français est attendu à Ankara pour signer un nouvel accord de coopération qui unira les deux pays dans la lutte contre le terrorisme. Cet accord contient de nouveaux mécanismes concrets de coopération dans la lutte contre le terrorisme. Celui-ci intervient alors que ces deux dernières années, la France a considérablement renforcé ses opérations contre le PKK et ses militants à l’intérieur de ses frontières.

Les autorités ont annoncé que des membres présumés du PKK avaient mené différentes actions dans le sud-est du pays tout au long de la journée d’hier. Selon elles, celles-ci font suite à la déclaration du ministre de l’éducation après les événements du week-end, et son affirmation selon laquelle les forces de sécurité maîtrisaient la situation après qu’il ait accusé les guérilleros d’utiliser des professeurs comme boucliers humains.

Ce mardi, au cours de deux actions dans deux provinces distinctes, des guérilleros présumés ont enlevé huit professeurs et un ‘garde de village’. Dans la province de Elizag, ils ont arrêté un véhicule transportant des enseignants, et ont emmené les hommes, laissant le conducteur et les femmes sur place. Trois autres professeurs ont été enlevé chez eux dans la province de Diyarbakir. Un peu plus tard, une bande de guérilleros a pris en embuscade un convoi de l’armée en mission de ratissage suite aux kidnapping. Cinq soldats ont été blessés dans l’explosion de la bombe. Par ailleurs, des camions et des citernes ont été incendiés à divers endroits dans la région.

De violents affrontements ont opposé des guérilleros du PKK et les forces de sécurité hier dans la province de Siirt (sud-est). Les guérilleros ont pris d’assaut un poste avancé de l’armée turque situé à proximité de la vile de Pervari. Ils l’avaient également entouré de mines afin d’empêcher, ou du moins de ralentir l’arrivée de renforts militaires. Plusieurs hélicoptères transportant des troupes vers la zone ont en outre été touché par des tirs du PKK. Six soldats ont été tués et onze autres blessés. Les autorités ont affirmé que trois guérilleros avaient également été retrouvés morts. Dans la soirée, le PKK a attaqué le quartier général de la police locale et un autre poste de l’armée dans la ville de Hani, située dans la province de Diyarbakir. Au moins deux policiers ont été blessés.

Hier, un véhicule de l’académie de police de la province de Bitlis (sud-est) a été pris d’assaut, entraînant la mort d’un élève agent de police. Quatre de ses compagnons ont été blessés. L’attaque a eu lieu vers 9h du matin, lorsqu’un véhicule noir a ouvert le feu avec des armes à longue portée vers le véhicule de police. Les autorités ont immédiatement attribué l’action aux guérilleros du PKK et un grand nombre de membres des forces spéciales ont été envoyés sur place pour mener une vaste opération visant à retrouver le véhicule noir et ses occupants.

D’autre part, les forces de sécurité ont déclenché une opération militaire majeure dans et autour de la ville de Tunceli (est). Plus de 2000 membres des forces spéciales ont été largués par hélicoptère dans la région montagneuse. Les autorités affirment avoir été renseignées sur le fait que des commandants régionaux du PKK se seraient rassemblés dans la région pour tenir une réunion. Plusieurs affrontements ont eu lieu durant tout l’après-midi.

Dans la soirée, une violente fusillade s’est déclenchée dans le district de Cantak (province de Van, sud-est) lorsque les forces de sécurité sont tombées sur un groupe de guérilleros dans le cadre d’une opération de ratissage. Un soldat et deux ‘gardiens de village’ ont été tués durant l’affrontement. Deux autres ‘gardes’ ont été blessés.

1 356 membres du principal parti kurde BDP, dont des dizaines de responsables et élus, ont été emprisonnés par la justice au cours de six derniers mois. Plus de 3 000 politiciens kurdes ont été emprisonnés depuis 2009, tandis que 192.000 personnes ont été jugées, hormis les six derniers mois, dans le cadre de la loi anti-terroriste (TMK). Aujourd’hui, il n’y a aucun maire, dirigeant ou membre de l’assemblée d’une province qui n’a pas été l’objet de poursuites. Neuf maires, six députés et 40 à 45 membres des assemblés municipales sont en prison. Depuis le week-end dernier, entre le 17 et le 21 septembre, plus de 260 personnes ont été arrêtées par la police.

Environ 70 journalistes, kurdes pour la plupart, sont en prison, ce qui en fait le pays la plus grande prison du monde pour les journalistes. Des centaines de journaux, revues ou livres ont été interdits par les autorités. Plus de 3 000 membres actifs du BDP, dont des maires, députés, syndicalistes et des défenseurs de droits de l’homme ont été mis derrière les barreaux depuis 2009, dans le cadre de l’affaire de l’’Union des associations du Kurdistan (KCK), une organisation accusée de « terrorisme » et de « complicité » avec le PKK. Un rapport de l’Association de droits de l’Homme indique que 4 015 personnes ont été arrêtées au cours du premier semestre 2011. Le rapport constate 16 482 cas de violations des droits de l’homme au six premiers mois de l’année en cours, dont 1.010 cas de tortures et de mauvais traitements.