Le 9 octobre, 141 personnes ont été arrêté lors d’une opération policière dans la ville kurde de Diyarbakir. Parmi elles, Esra Solin Dal, journaliste de l’agence kurde Mezopotamya qui sera relâchée quelques heures plus tard. Dans le cadre de son travail, Esra Solin Dal a pris des renseignements sur les décès d’enfants et de femmes survenus à la suite d’affrontements armés à Afrin et rencontrer le musicien arménien Yervant Bostanci pour parler du génocide arménien. Pour la justice turque, il s’agit, dans le premier cas d' »activité en faveur d’une organisation terroriste » et de « diffamation flagrante contre les forces armées turques » et pour le second, de travail journalistique « contre l’état ». L’acte d’accusation concluait que Esra Solin Dal travaillait pour l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), considéré par la Turquie comme une composante du PKK. Le procureur a requis une peine de prison de 7,5 à 15 ans d’emprisonnement pour la journaliste.

Esra Solin Dal

Actuellement, deux opposants turcs sont en procès en Allemagne : Musa Asoglu, arrêté le 2 décembre 2016 et Erdal Gökoglu, arrêté à Liège le 12 novembre 2017 et extradé vers l’Allemagne le 20 décembre (voir nos articles ici, ici et ici). Erdal Gökoglu est maintenu à l’isolement depuis son arrestation et privé des médicaments indispensable pour sa santé. Son procès a débuté à Hambourg le 7 juin 2018. Depuis cette date, plusieurs audiences ont dû être interrompu plus tôt dû à son état de santé. Son procès se poursuivra en 2019.

Le groupe de soutien d’Erdal Gökoglu appelle toutes les personnes qui le peuvent à participer aux prochaines audiences (toutes les audiences commenceront à 09h):
En janvier, le mercredi 9, vendredi 11, lundi 14, mercredi 16, mercredi 23 et mercredi 30.
En février, le vendredi 1, mardi 5, mercredi 6, lundi 11, mardi 12, lundi 18, mardi 19, mardi 26 et jeudi 28.

Musa Asoglu et Erdal Gökoglu

Adnan Sütcü, un allemand d’origine turque, se rendant en Turquie pour l’enterrement de sa mère, a été arrêté le 27 décembre à l’aéroport d’Ankara. Il sera libéré après avoir subi un interrogatoire de plusieurs heures sur des publications Facebook. Il est depuis sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire et accusé de publication anti-étatique (pour soutien à des organisations terroristes kurdes).

Le département anti-cybercriminalité de la police turque enquête sur les comptes de réseaux sociaux depuis 2017. En 2018, 42 406 comptes de médias sociaux ont été examinés en Turquie et plus de 18 000 actions en justice ont été engagées contre des utilisateurs. Une organisation allemande de journalisme a mis en garde les journalistes et voyageurs/blogueurs d’éviter de se rendre en Turquie suite aux nombreuses arrestations de ressortissants allemands pour avoir posté ou liké des publications sur des réseaux sociaux. Actuellement, cinq allemands seraient en prison en Turquie pour «raisons politiques».

Adnan Sütcü

Les prisonniers du MLKP se joindront à la grève de la faim pour Öcalan à partir de demain et jusqu’au mardi 8 janvier. Le but de cette grève, lancée par la coprésidente du DTK et députée du HDP Leyla Güven, est de mettre fin au régime d’isolement imposé à Öcalan et de lutter pour sa libération. De nombreuses grèves de la faim ont été menées pour soutenir celle de Leyla Güven (voir nos articles ici, ici ici et ici).

Meeting du MLKP (archive)

Des militants de l’ADHK (Confédération européenne des droits démocratiques) ont entamé une grève de la faim de trois jours depuis le vendredi 28 décembre 2018 au Centre Culturel Dersim à Paris en soutien à Esat Naci Yıldırım et Kadir Karabak. Ces deux prisonniers politiques maoïstes sont en grève de la faim en Turquie depuis plus de 100 jours pour exiger leur libération et le respect de leurs droits démocratiques élémentaires (voir notre article).

Militants de l'ADHK à Paris en grève de la faim

Des prisonniers du MKP de la prison de Siliviri ont annoncé qu’ils entameraient une grève de la faim de 3 jours en solidarité avec la prisonnière politique Leyla Güven. Cette députée HDP d’Hakkari et coprésidente du Congrès de la société démocratique (DTK) est détenue dans la prison de Diyarbakır. Elle est actuellement en grève de la faim depuis le 8 novembre pour attirer l’attention de l’opinion publique internationale sur le régime d’isolement imposé à Abdullah Öcalan. De nombreux militants, dans les prisons et à l’extérieur, ont soutenu cette initiative par des grèves de la faim solidaire en Europe, en Turquie et au Kurdistan.

Combattants de la HKO, branche armée du MKP (Parti Communiste Maoïste)

Sebahat Tuncel, co-présidente du Parti démocratique des Régions (DBP) et militante féministe et socialiste est détenue depuis novembre 2016 dans la prison de type F de Kocaeli. Elle s’est vue infliger une sanction disciplinaire pour une durée de dix mois, au motif de sa participation à la grève de la faim démarrée par Leyla Güven au Bakur (Kurdistan turc) le 7 novembre, pour dénoncer le régime carcéral dont est victime Abdullah Öcalan. Le leader kurde, incarcéré depuis près de vingt ans, est coupé de tous liens extérieurs, depuis 2016.

La députée est ainsi condamnée à l’isolement, interdite de tout contact avec l’extérieur et toutes activités au sein de la prison. Ce régime disciplinaire dans une prison dite de type F est surnommé par les détenues « la mise au tombeau. »

Plus de 150 militants kurdes ont manifesté à Bruxelles à Porte de Namur, à l’appel de l’Union des femmes Kurdes de Belgique et de Navbel, pour dénoncer les conditions d’incarcération de Abdullah Öcalan, leader kurde emprisonné en Turquie.

Ce rassemblement a également été l’occasion de dénoncer la menace d’invasion du Rojava par la Turquie. Suite à l’annonce surprise du projet de retrait des troupes américaines présentes sur le territoire par Donald Trump, le risque d’invasion risque de se faire plus pesant, menaçant toute la population présente sur le territoire. Une délégation de membres et de sympathisants de la campagne Celox Shengal était présent lors de cette manifestation (shengal.xyz).

[English Below, français au-dessus]

Inan Dogan est un militant communiste kurde originaire de Dersim et habitant à Liège, il est réfugié depuis 2010 en Belgique. Il a été arrêté en Allemagne ce 15 décembre en vertu d’un mandat Interpol demandé par la Turquie, alors qu’il se rendait aux mobilisations de solidarité pour Musa Asoglu à Hambourg. La Turquie l’accuse d’appartenir au DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple). Le 18 décembre il a été présenté devant le juge qui a décidé de le garder en détention pour quatre mois, alors que la Turquie doit transmettre son dossier d’accusation dans les 40 jours. Inan Dogan a commencé une grève de la faim dès son arrestation. La section belge du Secours Rouge International et le Front Populaire, Turquie (Halk Cehesi) appellent à la libération de Inan Dogan et appellent toutes les forces progressistes, démocrates et révolutionnaires à se mobiliser pour sa libération !

Inan Dogan is a Kurdish communist militant born in Dersim and living in Liège. He’s a refugee in Belgium since 2010. He was arrested on December 15th following an Interpol arrest warrant released by Turkey. Erdogan’s regime is accusing him of being a member of DHKP-C (Revolutionary People’s Liberation Party/Front). On december 18th, he was presented to a judge who decided to detain him for four months, even if the Turkish State has only 40 days to present a case against him. Inan Dogan went on hunger strike as soon as he was arrested. The belgian section of International Red Help (Secours Rouge) and the People’s Front (Halk Cephesi – Front Populaire, Turquie) demand the immediate release of Inan Dogan and call for a large mobilisation of progressive, democratic and revolutionary forces for his release !

Free Inan Dogan

Kadir Karabak, prisonnier condamné pour des activités liées au TKP/ML, et Esat Naci Yıldırım, prisonnier condamné pour des activités liées au MKP, sont tous les deux détenus dans la prison de type F Van et en grève de la faim depuis 94 jours contre leurs conditions de détention. Ils sont dans un état de santé très grave et leurs familles déclarent que l’administration pénitentiaire leur interdit toujours l’accès aux livres, aux journaux et leur a même confisqué le sel dans leur cellule (rare aliment consommé pendant une grève de la faim).

Esat Naci Yıldırım et Kadir Karabak (à droite)