Depuis un an, apparemment, les manifestations « revendicatives » (politiques donc) sont interdites par la bourgmestre (MR) d’Ixelles sur la Place du Luxembourg, toute proche de nombreuses institutions européennes. Cette interdiction n’a été communiquée à personne, ce sont surtout « les manifestations qui peuvent déboucher sur des confrontations entre les participants et des opposants ou encore avec la police », ce qui explique que notre manifestation (organisée avec le comité « Libérons Musa » en solidarité avec Musa Asoglu ait été attaquée par la police le 22 février dernier (voir l’article). Interrogée par l’opposition communale, il est apparu que cette interdiction n’était pas liée à la « menace terroriste » mais bien aux nombreuses terrasses de cafés eurocrates qui jouxtent la place. La police avait en effet prétendu que les « manifestations turques » étaient interdites en raison de la tension entre les groupes turcs de gauche et de droite. La police avait donc « protégé » les manifestants solidaires de Musa Asoglu en les plaquant puis trainant dans la boue et en distribuant des amendes administratives. Contactée par une journaliste quelques heures plus tard, la police n’avait pas confirmé cette interdiction. La police tenterait quand cela est possible de déplacer les manifestations vers le Square de Méeus, ce qu’ils ne font pas pour les manifestations antifas puisque c’est là que se trouve le local d’Aube Dorée.

30 secondes avant l’intervention de la police, le 22 février dernier

30 secondes avant l'intervention de la police, le 22 février dernier

Au quatrième jour de l’agression turque contre le Rojava, des troupes américaines ont été déployées le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie, où les affrontements ont eu lieu entre les YPG/YPJ et l’armée turque. La situation devrait donc se calmer pour le moment. Erdogan et Trump doivent se rencontrer le 16 mai prochain à Washington.

Un blindé américain sur la frontière entre turquo-syrienne.

Un blindé américain sur la frontière entre turquo-syrienne.

Kemal Gun, 75 ans, est en grève de la faim depuis 64 jours, il demande à pouvoir enterrer son fils, Murat Gun, guérillero du DHKP-C tué dans un bombardement turc en novembre 2016 aux côtés de 10 autres guérilleros. Il demande à récupérer la dépouille de son fils que l’état turc lui refuse. A Bruxelles, une grève de la faim solidaire s’était tenue au début du mois d’avril à notre local, le Sacco-Vanzetti.

Manifestation solidaire à Paris ce soir du 28 avril à 19h, Place de la République.

Grève de la faim solidaire à Bruxelles

Grève de la faim solidaire à Bruxelles

Adem Yildiz, Ilgin Guler et Memet Dogan, trois militants antifascistes turcs sont menacés d’expulsion (voir nos précédents articles sur Adem Yildiz ici et ici, sur Ilgin Guler ici). Deux d’entre eux sont réfugiés politiques et ils sont tous trois en ordre de papiers: c’est leur engagement politique contre le régime turc qui est donc jugé problématique par la France. Dans les DGSI, les reproches sont entre autres d’avoir participé à la Fête de l’Huma, au 1er Mai, à des manifestations pour les prisonniers politiques, des concerts de Grup Yorum, etc. Le procès de Memet Dogan aura lieu le 24 mai (l’audience du 19 avril a été reportée pour absence d’interprète).

Lire le dossier de solidarité.

Cliquer pour télécharger le dossier

La situation est extrêmement tendue le long de la frontière entre la Turquie et le Rojava. De nouveaux affrontements ont éclaté à Gire Spi (Tal Abyad) et sont toujours en cours. À Derbesiyé l’armée turque a détruit le mur de séparation par endroit. Plusieurs bâtiments ont été évacués dans la crainte d’une possible invasion turque dans les prochaines heures, une crainte qui dure depuis 3 jours à présent. Les YPG appellent à la création d’une No Fly Zone au-dessus du Rojava. Si la Turquie attaque, les YPG devront dégarnir le front de Raqqa instantanément, signifiant une immense victoire pour Daesh.

Situation géographique de Gire Spi

Manifestation de solidarité à Bruxelles le 26 avril

Situation géographique de Gire Spi
Manifestation de solidarité à Bruxelles le 26 avril

Une manifestation européenne est organisée le 5 mai prochain en Allemagne à Munich en solidarité avec les 10 prisonniers membres de l’organisation ATIK (Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe). Les 10 ont été arrêtés en Allemagne, France, Grèce et Suisse sous les ordres des autorités turques le 15 avril 2015. Les 10 sont détenus dans des conditions de détention dures avec isolement et contacts limités avec leurs avocats et leurs proches. Ils sont accusés d’être membre du TKP/ML (Parti Communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste). Le TKP/ML n’est pas une organisation illégale en Allemagne, mais bien en Turquie. Les lois 129a et 129b permettent à l’état allemand de poursuivre des personnes si elles sont membres d’une organisation qui est illégale ailleurs, ces lois sont essentiellement utilisées pour réprimer l’immigration politique turque et kurde.

Allemagne : Manifestation européenne en soutien aux prisonniers de l’ATiK

Bilan final du bombardements turc contre le QG des YPG/YPJ sur le Mont Karachok à Derik: 20 combattants tués, dont 12 femmes membres des YPJ. 18 autres ont été blessés. Le Mont Karachok abrite en fait tout un complexe en plus du QG: un média center (également bombardé), une station de radio (également bombardée). La nouvelle académie des YPG/YPJ qui se trouve à une dizaine de kilomètres a été heureusement épargnée. Les YPG/YPJ terminent actuellement une phase cruciale de l’opération pour la libération de Raqqa, la « capitale du Califat ». Raqqa est à présent presque entièrement encerclée par les QSD (Forces Démocratiques Syriennes). Les YPG/YPJ demandent à présent qu’une no-fly zone soit instaurée au-dessus de leur territoire. Si une telle garantie n’était pas donnée, l’opération de libération de Raqqa serait évidemment compromise. Et premier exemple: les YPG/YPJ repoussent depuis ce matin l’armée turque à Afrin (dans le canton le plus à l’ouest du Rojava, le seul encore coupé du reste du Rojava). Washington a vaguement condamné l’attaque contre le Rojava (sans évoquer l’attaque contre le Mont Shengal), arguant que de tels bombardements devraient être « coordonnés par la coalition », le Kurdistan Irakien a rejeté la faute sur le PKK, arguant que si le PKK rentrait en Syrie il n’y aurait plus de bombardements (cinq combattants kurdes irakiens ont pourtant été tués dans l’attaque). Cas particulier pour la Belgique puisque Jan Jambon, Theo Franken et Steven Vandeput, trois ministres NV-A rencontraient justement à Erbil le premier ministre du Gouvernement Régional Kurde Nechirvan Barzani (neveu de Massoud Barzani). Les discussions ont porté sur « la guerre contre le terrorisme ». Il n’y a eu aucune déclaration sur l’agression turque.

Depuis ce matin des affrontements ont lieu dans le village kurde de Firfirke (Canton d’Afrin), où les YPG/YPJ ont répliqué contre une attaque turque. L’artillerie lourde est employée, et des avions de reconnaissance turcs survolent la zone. On en saura plus après les combats.

Manifestation aujourd’hui 26 avril à 14h devant l’Ambassade de Turquie, Rue Montoyer à Bruxelles.

Visite ministérielle de la NV-A au Kurdistan irakien

Localisation des affrontements à Firfirke

Visite ministérielle de la NV-A au Kurdistan irakien
Localisation des affrontements à Firfirke

L’armée de l’air turque a bombardé cette nuit vers 2h du matin des villages kurdes du Mont Shengal (en Irak) et du Mont Karachok (au Rojava). Le Mont Shengal est une montagne dans le nord ouest de l’Irak, à l’ouest de Mossoul, il abrite les Yézidis, un peuple kurdophone et zoroastriste, génocidé par Daesh il y a deux ans et vivant depuis sous la protection du PKK. Le Mont Karachok est situé près de Derik, à l’extrémité nord-est du Rojava, il abrite le quartier général des YPG.

L’attaque contre le Mont Shengal (voir nos articles) tout d’abord: l’armée turque a visé un quartier civil, la station de radio Çıra et un jardin construit en honneur à Abdullah Oçalan (leader emprisonné du PKK) plus précisément. Un civil a été tué, au moins 5 combattants YBS blessés. Les YBS sont les milices yézidies pro-pkk. Malgré le fait que ce soit probablement la première attaque turque contre Shengal, la précision n’était pas au rendez-vous: cinq combattants peshmerguas (les forces armées du régime kurde d’Irak, allié de la Turquie) ont été tués dans l’opération. Selon les peshmerguas, 20 missiles ont visé les positions du PKK, le dernier a touché les peshmerguas. Le communiqué peshmergua blâme à peine la Turquie: demandant au « PKK et à la Turquie de ne pas importer leur conflit ». La Turquie ne s’est à son tour pas excusée et a déclaré que les bombardements visaient à repousser des « menaces terroristes » proches des frontières turques, et que de telles opérations se reproduiraient. En effet, voilà de nombreux mois que les habitants du Mont Shengal craignent une intervention turque, le pire scénario implique une intervention au sol sous la bénédiction du régime kurde irakien.

Une autre attaque a visé le Mont Karachok, près de Derik. Les bombardements ont visé le quartier général des YPG ainsi qu’une autre station de radio, adjacente au batiment, la « Voix du Rojava ». Les YPG ont reconnu « Cette attaque traîtresse a tué et blessé nombre de nos camarades ». On n’a pas encore de bilan précis pour cette attaque, le bilan officiel à 11h était de 18 morts. Le communiqué de l’armée turque concernant les frappes fait penser que ce bombardement était en représailles à l’attaque du « Tunnel de Diyarbakir » (voir l’article) qui a lourdement frappé la police turque.

Mise à jour 12h: Des hélicoptères turcs ont également bombardé plusieurs villages du Dersim du côté turc de la frontière. Plusieurs groupes de guérilla sont actifs dans cette province.

Les deux monts bombardés: Karachok et Shengal

Les deux monts bombardés: Karachok et Shengal

Le Conseil national de sécurité turc, dirigé par le président Erdogan, s’est prononcé hier lundi pour une nouvelle prolongation de trois mois de l’état d’urgence en vigueur depuis le putsch avorté de juillet. La décision a été prise deux jours avant que la mesure n’expire, et au lendemain de la victoire contestée du « oui » au référendum sur le renforcement des pouvoirs du président Erdogan. L’état d’urgence a déjà été prolongé deux fois, en octobre et en janvier, après avoir été promulgué le 20 juillet, 5 jours après la tentative de putsch. La décision devait être validée dans la foulée par le conseil des ministres. Plus de 47.000 personnes ont été arrêtées en vertu de l’état d’urgence, et des dizaines de milliers d’employés du secteur public ont perdu leur travail.

L’état d’urgence en Turquie

L'état d'urgence en Turquie

Les autorités turques ont reconnu la perte de deux membres des forces de sécurité, un militaire et un « gardien de village » (paramilitaire anti-guérilla) dans une embuscade du PKK. Les combattants kurdes ont fait exploser un IED installé au bord de la route liant le district de Catak (province de Van) au district de Pervari (province de Siirt), vendredi. Le militaire et le milicien étaient affectés à un poste de contrôle routier. Les forces de sécurité ont immédiatement lancé (en vain) une opération aérienne pour tenter d’accrocher le commando kurde.

Cérémonie pour le militaire tué vendredi

Cérémonie pour le militaire tué vendredi