L’explosion survenue dans le QG de la police à Diyarbakir, que les autorités turques avaient d’abord présentée comme « accidentelle » (voir notre article) était en fait le résultat d’une attaque du PKK. Les membres du PKK ont creusé un tunnel partant de l’extérieur de l’enceinte jusqu’au coeur du QG, y ont placé des explosifs, et les ont fait détonner. Deux occupants du QG ont été tués, un technicien travaillant pour la police et un policier. Douze blessés étaient toujours hospitalisés ce mercredi matin.

.


.

.
.

Une personne aurait été tuée et quatre autres blessées, aujourd’hui mardi, dans une explosion survenue près d’un QG de la police à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie. L’explosion a eu lieu dans le quartier de Baglar, dans le centre de Diyarbakir, où une voiture piégée avait explosé et fait des dizaines de blessées en novembre. Le bruit de l’explosion, dont les causes n’étaient pas connues dans l’immédiat, a été entendu dans toute la ville. L’explosion survient à cinq jours d’un référendum crucial sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, alors que la Turquie est en état d’alerte. D’après des sources officielles, un véhicule blindé des forces de l’ordre, alors en réparation, aurait explosé accidentellement.

Le bouclage du périmètre à Diyarbakir

Le bouclage du périmètre à Diyarbakir

Dans 9 prisons, les grève de faim “illimitée” de 87 prisonniers, et dans les autres “en alternance” se poursuivent depuis plusieurs jours. A la prison de Şakran, la grève dure depuis 50 jours, à Sincan 41, à Menemen 29, à Tekirdağ 28, à Van 27, à Bolu 9 et à Hatay depuis 4 jours… Et les détenus de Balıkesir et Antalya ont rejoint ces grèves de la faim, depuis hier. A Şakran, les détenus qui ont été les premiers débuter la mobilisation, au bout de 50 jours de grève de la faim, sont très affaiblis et leur état de santé s’aggrave.

La grève est une protestation contre les violations des droits des prisonniers, les placements en cellule d’isolement et les transferts d’une prison à une autre. De nombreuses initiatives et démarches ont été entreprises afin de faire entendre les revendications des grévistes et finir les grèves de la faim avant il n’y ait des morts, aucun résultat n’a été obtenu à ce jour. Le HDP avait sollicité le Ministère de justice pour un entretien, par l’intermédiaire des députéEs du HDP, Sırrı Süreyya Önder et Pervin Buldan. Mais l’entretien a été “reporté”.

La prison de Sincan, dans la périphérie d’Ankara

Berkin Elvan était un adolescent de 15 ans tué par une grenade lacrymogène le 11 mars 2014 après avoir passé une dizaine de mois dans le coma. Le procès de ses assassins, des policiers turcs, commençait aujourd’hui. Hier, à la veille de l’audience, la police a attaqué la famille, aujourd’hui elle attaque les avocats à l’intérieur même du palais de justice. On peut voir les avocats, toujours en toge, se faire attaquer sur la vidéo suivante. Le procès à plusieurs fois été obstrué et ajourné, les policiers qui sont jugés n’ont d’ailleurs jamais été privés de liberté. La mort de Berkin avait provoqué une vague de manifestations et de révoltes. Le DHKP-C lui avait également dédié plusieurs attaques à sa mémoire.

Turquie: La police attaque les avocats au procès des meurtriers de Berkin Elvan

Une vaste opération policière a eu lieu hier, au même moment à Istanbul, Ankara, Izmir, Aydin, Izmir, Antalya, Adana, Diyarbakır, Malatya, Elazığ et Tunceli. Elle visait le HBDH et notamment le PKK, le TKP/ML TIKKO et le MLKP. 86 personnes étaient visées, 65 ont été effectivement arrêtées. Parmi les personnes arrêtées, un dirigeant de l’ESP.
Le HBDH le « Mouvement Révolutionnaire d’Unité Populaire » (Halkların Birleşik Devrim Hareketi) avait été fondé en mars 2016 lorsqu’une dizaine de groupes révolutionnaires de Turquie et du Kurdistan Nord avaient annoncé l’établissement d’une force armée commune (voir notre article).

La fondation du HBDH, le 11 mars 2016

La fondation du HBDH, le 11 mars 2016

Des combattants du PKK ont ouvert le feu sur des militaires turcs à un avant-poste militaire dans le secteur de Çukurca, un secteur de la province kurde de Hakkari près de la frontière de l’Irak. Un militaire turc a été hospitalisé suite à cette attaque. L’armée turque a ensuite envoyé un drone dans le secteur qui a permis de localiser les membres du PKK, puis les F-16 ont mené les frappes. Les autorités turques affirment que ces frappes ont tués 8 combattants kurdes.

F16 turcs lançant des leurrers thermiques pour déjouer d’éventuels missiles

F16 turcs lançant des leurrers thermiques pour déjouer d'éventuels missiles

Communiqué de presse

Ce mardi 4 avril 2017, nous le Front Populaire de Turquie en Belgique, commençons une grève de la faim de 5 jours au local Sacco-Vanzetti (54 Chaussée de Forest 1060 Bruxelles) afin de soutenir la grève de la faim de Kemal Gün qui, âgé de 70 ans, est en grève de la faim depuis le 24 février 2017 pour obtenir le corps de son fils, assassiné avec 10 autres combattants par l’État Turc dans un refuge, le 7 novembre 2016 dans la région de Dersim [voir notre article].

Le régime en Turquie, l’un des plus sanglants visages du fascisme de ces dernières décennies, ne respecte aucun droit de l’homme et fait disparaitre les corps des résistants qu’il a assassiné. Pour pouvoir enterrer les corps dans le respect de leurs coutumes, les familles des personnes assassinées doivent faire des gréves de la faim de plusieurs jours. Nous appelons l’opinion publique à soutenir Kemal Gün, en dénonçant ce régime fascisant.

Grève de la faim solidaire à Bruxelles

Au moins quatre fascistes turcs ont attaqué des Kurdes devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Ils étaient armés de couteaux et voulaient intimider les Kurdes et les Turcs de gauche venus voter « non » au référendum visant à étendre les pouvoirs d’Erdogan. Plusieurs blessés ont dû être emmenés à l’hôpital. Une dame de 60 ans a été poignardée à plusieurs reprises. La scène a été qualifiée « d’affrontement » par la presse. Au moins l’un des assaillants s’est retranché dans l’ambassade de Turquie. Les représentants de la communauté kurde à Bruxelles ainsi que des représentants du HDP ont à plusieurs reprises communiqué leurs inquiétudes sur une possible attaque le jour du vote, mais les réactions de la police, de l’ambassadeur et des représentants AKP étaient au mieux nulles, au pire hilares. Notons que les réunions visant à préparer cette journée de vote ont exclus le HDP: réunissant l’AKP (Erdogan, islamistes), le MHP (Loups Gris, fascistes), et le CHP (sociaux-démocrates, kémalistes).

Une dame de 60 ans poignardée en allant voter à Bruxelles.

Une dame de 60 ans poignardée en allant voter à Bruxelles.

Dimanche matin, dans la région montagneuse de Kutudere, dans le Dersim, les forces spéciales de la Gendarmerie turque (les Jandarma Özel Harekat ou JÖH) ont engagé un groupe de guérillero du PKK. Quatorze guérilléros ont été tués et parmi eux le responsable du groupe, Yusuf Doğan. Les militaires turcs ont trouvé de nombreux équipements et des provisions en tout genre dans des abris souterrains. Parmi l’équipement des guérilleros un lance-roquette antichar SAAB M136 AT4 du type de ceux fournis aux peshmargas irakiens. Un gendarme a été blessé dans l’affrontement.

L’équipement et les provisions retrouvées par les militaires


Le lance-roquette suédois que possédaient les guérilleros

L'équipement et les provisions retrouvées par les militaires
Le lance-roquette suédois que possédaient les guérilleros

La justice suisse a ouvert une procédure pour « appel à la violence » après une manifestation de 5.000 personnes samedi à Berne, lors de laquelle on pouvait voir une banderole montrant un pistolet braqué sur la tête du président Erdogan et cette phrase: « Kill Erdogan with his own weapons ». Les autorités de la ville ont annoncé de leur côté vouloir déposer une plainte pour non-respect du règlement encadrant les manifestations. La municipalité avait donné son accord pour le défilé de samedi à condition qu’il se déroule « sans provocations ». Quant à la justice turque, elle a annoncé lundi l’ouverture d’une enquête pour « appartenance à une organisation terroriste », « offense au président » et « propagande pour une organisation terroriste »…

C’est le Groupe de Jeunesse révolutionnaire (Revolutionäre Jugend Gruppe) de Berne (RJG) qui portait cette banderole, et il la revendique sur son site, ajoutant: «Ceux qui disent non à Erdogan sont traités de terroristes, toutes les formes de combat contre Erdogan sont légitimes. L’arme du meurtrier se retourne toujours contre lui. Tout comme personne ne pleure Hitler, Mussolini ou Pinochet, personne ne pleurera Erdogan.» La RJG est un des groupes signataires les plus actifs dans la Campagne pour la récolte de Celox pour les combattants internationalistes au Rojava lancée par le Secours Rouge International.

La banderole du RJG

La banderole du RJG