Osman Evcan, emprisonné pour « appartenance à une organisation terroriste » depuis 1992 en Turquie (il avait déjà été emprisonné entre 1980 et 1989), est en grève de la faim depuis le 10 novembre pour avoir le droit de consommer des repas vegans en prisons. C’est au moins la troisième fois que Osman entre en grève de la faim pour cette raison, il est devenu vegan et anarchiste en 2003. Il est actuellement détenu en prison de type-F (haute-sécurité).

Une banderole solidaire avait été accrochée à Chania, en Crête, le 23 novembre dernier.

Pour lui écrire:
Osman Evcan
Kocaeli 1 Nolu F Tipi Cezaevi
A-7-21
Kandıra / KOCAELİ
Turkey

Turquie: Un prisonnier anarchiste vegan en grève de la faim

Au moins 18 personnes ont été arrêtées lors d’une opération policière dans 5 villes turques: Istanbul, Ankara, Amed (Diyarbakir), Hatay et Eskişehir. Les opérations visaient l’ESP (Parti Socialiste des Opprimés) et la SGDF (Fédération des Associations de Jeunesse Socialiste). Ont entre-autres été arrêtés, la Vice-Présidente générale de l’ESP Fethiye Ok, le président provincial de l’ESP à Amed Soner Çiçek, le co-président de la SGDF Oğuz Yüzgeç,le survivant du massacre de Suruç Çağdaş Küçükbattal et les candidates députées HDP Burcu Demirbaş et Şerife Erbay. La conseillere presse du co-président du HDP, Ece Şimşek a également été arrêtés lors d’une perquisition à son domicile.

Dans un communiqué, le HDP a dénoncé le fait que l’AKP arrête ceux qu’il n’a pas pu massacrer lors de l’attentat de Suruç.

Opérations contre ESP et SGDF

Opérations contre ESP et SGDF

Suite à l’exécution il y a quelques heures de Tahir Elçi, célèbre avocat kurde, par la police turque, des manifestations ont lieu à travers la Turquie et le Kurdistan. A Istanbul, la police envoie les auto-pompes contre les manifestants.

Tahir Elci protest broken up in Istanbul

Police fire water cannon in central Istanbul as protesters march to protest the killing Tahir Elci, a prominent Kurdish lawyer.

Posted by Channel 4 News on Saturday, November 28, 2015

Les manifestants se rassemblent pour Tahir Elçi.

Les manifestants se rassemblent pour Tahir Elçi.

Tahir Elçi, président du barreau de Diyarbakir (la capitale informelle du Kurdistan, dont le nom kurde est Amed) et célèbre avocat indépendant proche de la cause kurde a été abattu à Diyarbakir, dans le district de Sur, ce matin. La police a presque par réflexe déclaré que c’était le PKK qui était à l’origine de l’exécution, mais l’autopsie a rapidement révélé que Tahir a reçu une balle de la police dans la nuque. Tahir Elçi avait fait de la prison pour avoir déclaré que le PKK n’était pas une organisation terroriste.

Un échange de coup de feu avait éclaté dans la rue, on peut voir sur une vidéo amateur des policiers se retourner vers Tahir et faire feu dans sa direction. On ignore encore à l’heure actuelle les circonstances exactes de la fusillade, elles seront probablement difficile à éclaircir vu les premières déclarations de la justice turque. Ce 28 novembre marque le 37ème anniversaire du PKK.

Tahir Elçi abattu par la police.

Tahir Elçi abattu par la police.

Alors que les YPG/YPJ (Forces de Défense du Peuple/des Femmes) et la coalition qu’ils mènent (les Forces Démocratiques Syriennes, QSD) poursuivent leurs victoires contre les islamistes au sud-est et à l’ouest du Rojava, l’armée turque se concentre à la frontière avec la ville syrienne de Tal Abyad (Girê Spi) sous contrôle des YPG. Depuis le 24 octobre dernier, l’armée turque agresse régulièrement les forces kurdes. Dernière attaque en date, l’armée turque a bombardé à coups de mortiers la position des YPG à Zeytuna depuis minuit jusqu’à 5h le 25 novembre. Les YPG ont déclaré qu’il n’y avait eu aucune perte humaine suite à ce bombardement.

Au même moment, dans la même ville, l’Etat Islamique a lancé une sanglante campagne d’attentats suicides contre les YPG qui ont fait 20 morts le 22 novembre.

L’une des bombes islamistes contre Tal Abyad ce 22 novembre.

L'une des bombes islamistes contre Tal Abyad ce 22 novembre.

Aziz Güler (nom de code : Rasih Kurtuluş), combattant internationaliste, est mort durant une opération contre Daech dans la région de Raqqa. Sa famille n’a pas pu récupérer son corps pour l’enterré car l’Etat l’a bloqué durant 59 jours à la frontière. Il était le commandant du Quartier Général des Forces de Libération Unies (BÖG). Le corps d’Aziz Güler, mort en martyr au Rojava, a été amené à Istanbul pour les deniers rites funéraires.

Des milliers d’habitants du quartier de Gazi ont accueilli le corps du défunt. A l’arrivé du corps, un cortège avec des drapeaux rouge a été formé par la population devant la Cemevi du quartier. Des milliers de personnes ont marché en direction de Dörtyol aux cris de « Le commandant Aziz vit ! Les forces de libérations combattent », « Daech assassin, AKP collabo ! ».

Les funérailles d’Aguler Aziz à Gazi

Les combattants de la Brigade Internationaliste de Libération poursuivent leur contribution à la libération du Rojava. Déjà présent à la bataille de Kobané, ils ont contribué à la victoire d’Al-Hawl, qui a coupé les possibilités d’assauts du Daech sur la ville de Şengal. .

Les funérailles d'Aguler Aziz à Gazi

Le 15 avril 2015, l’ATIK, la Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe, a été victime d’une répression politique importante. Des opérations dites « antiterroristes », visant officiellement le TKP(ML) ont été lancées contre l’ATIK en Allemagne, en France, en Grèce et en Suisse. Ces opérations sont le résultat de la collaboration entre l’Etat Allemand et la Turquie et sont soldées par l’emprisonnement de 11 cadres de l’ATIK. Le procès devant décider du transfert de la France à l’Allemagne du prisonnier Deniz Pektaş a eu lieu. Deniz Pektaş avait été arrêté en Grèce, puis transféré et emprisonné en France, dans le cadre des opérations contre l’ATIK.

Pektaş a affirmé que lui et ses camarades sont des socialistes et des révolutionnaires, qu’ils se sont opposés aux attaques des barbares fascistes à Kobanê et dans tout le Moyen Orient ; qu’ils ont lutté contre le racisme en Europe et qu’ils ont résisté au système fasciste en Turquie. Le tribunal a finalement décidé de livrer Deniz Pektaş en Allemagne. Il sera transféré dans les 10 prochains jours.

Deniz Pektaş

Deniz Pektaş

Les troupes turques se sont retirées de la ville kurde de Silvan (Farqîn) au 12eme jour de couvre-feu. Alors que les tanks sortaient de la ville et que les soldats s’en allaient à reculons en pointant leurs armes, des milliers de civils se sont rassemblés dans la rue en scandant « Bijî berxwedana Farqînê » (Vive la résistance de Farqîn). Durant le couvre-feu, au moins 7 civils ont été tués par la police et l’armée qui avaient concentré l’agression sur les quartiers de Tekel, Konak et Mescit.

La foule à Silvan après le retrait de l’armée.

Les prisonnières du MKP (Parti Communiste Maoïste) et de Halk Cephesi (Front Populaire) ont été attaquées par des soldats et des gardiens de prison dans la prison pour femmes dans la prison de type E de Elazığ pour avoir refuser les fouilles à nu, après être sorti de leurs cellules pour aller à une comparution devant le tribunal. Au cours de cette agression, les soldats et les gardiens de prison ont insulté et agressé sexuellement les prisonnières. Après l’attaque, les prisonnières n’ont pas été emmenées à l’infirmerie et ont leurs a refusé d’avoir un examen médical. Plus tard, elles ont été placées en isolation.

La prison d’Elazığ

La prison d'Elazığ

Le JITEM, Service de Renseignement et d’Antiterrorisme de la Gendarmerie, est une formation clandestine crée par l’Etat Profond turc et soutenu par les réseaux anticommunistes de l’Otan pour lutter contre les rebelles kurdes du PKK et les révolutionnaires en Turquie. Le JITEM s’est rendu responsable de plus de 1500 disparitions en garde à vue et plus de 5000 assassinats dans les années 90. Organisé en cellules dans toutes les villes, le réseau du JITEM rassemblait des militaires, des gendarmes, des politiques, et des militants fascistes. Etre enlevé par le JITEM signifiait torture et disparition.

En 1993-95, un groupe du JITEM avait été formé par le Commandant de la Gendarmerie de la Ville de Cizre qui s’est rendu responsable de torture et de l’assassinat plus de 20 personnes, soupçonné d’aider le PKK. 22 ans après les faits, 48 déclarations et de nombreux témoignages ont nourri un procès contre le commandant de la Gendarmerie de Cizre de l’époque et 7 autres membres du JITEM (tous laissés en liberté). Le 18 juin 2015, le Procureur Général en charge de l’affaire avait demandé la relaxe pour tous les accusés, poursuivis pour « création d’une formation dans le but de commettre des crimes et d’être membres de cette formation, complicité de meurtre et meurtre ». Le jugement du 2e Tribunal des Peines Lourdes d’Eskişehir sur l’affaire des 21 personnes disparues en garde à vue et victimes de meurtres non résolus dans la ville de Cizre entre 1993 et 1995 vient d’être rendu: acquittement général.

Victimes du JITEM

Victimes du JITEM