20.000 policiers ont aujourd’hui interdit l’accès des manifestants sur la légendaire Place Taksim à Istanbul. Ceci n’a pas empêché de nombreuses personnes de manifester, et la police de réprimer partout à Istanbul. Selon le bilan de la police à 12h, il y avait eu 203 arrestations, 18 manifestants blessés et 6 policiers blessés. Tôt dans la journée, la police avait commencé à utiliser des auto-pompes et des gaz lacrymogènes.

Depuis les soulèvements de 2013, le gouvernement turc interdit l’accès à la Place Taksim pour le 1er Mai, justifiant cela en disant que cette place ne serait « pas adaptée ». Les syndicats et les mouvements de gauche continuent à demander l’accès ou à tenter d’y pénétrer pour sa valeur symbolique : le 1er Mai 1977, 34 personnes y avaient été massacrées.

La police interdit l’accès à la Place Taksim.

Bilgehan Karpat a été arrêté en février 2014 à Athènes avec trois autres militants turcs suites à une opération conjointe des services de renseignements grecs et turcs. Ils sont principalement accusés d’être membres du DHKP-C et d’avoir tenté de mettre sur pied une cellule de ce parti en Grèce. Ils sont détenus dans 4 prisons différentes malgré de régulières demandes de rassemblement afin de faciliter les contacts avec leurs avocats et de préparer leur défense.

Il y a 4 jours, Bilgehan a été transféré de la prison de Nafplio après avoir refusé plusieurs fois les fouilles à nu. Ces proches et son avocat sont restés sans aucunes nouvelles durant 3 jours jusqu’à ce qu’il soit finalement autorisé à passer un bref coup de téléphone à son avocat. Il est à présent détenu à Corfou dans une cellule d’isolation sans toilettes. Les matons lui ont dit qu’il resterait en prison « pour toujours » tant qu’il refusera les fouilles à nu. En plus de cette isolation totale, Bilgehan ne parle que le turc (ni grec, ni anglais), ce qui renforce son isolement. On ne sait toujours pas ce qui s’est passé durant les 3 jours sans nouvelles.

Bilgehan Karpat

Bilgehan Karpat

Deux combattants de l’YPG, Savaş Sönmez et Erkin Selanik, qui ont été blessés dans Kobanê tout en luttant contre l’EI, ont été arrêtés le 17 mars par la police turque dans l’hôpital Şanlıurfa Balikligol pour «appartenance à une organisation terroriste». Ils ont été enfermés à la prison de d’Urfa. Suite à des pressions, ils ont été envoyés à l’hôpital universitaire de Gaziantep. Mais comme cet hôpital universitaire n’a pas une section sécurisée pour les détenus de la prison, ils ont été envoyés à l’hôpital de l’université de Çukurova, puis à la prison d’Osmaniye, sans recevoir de traitement.

Leur santé continue de se détériorer. Erkin Selanik perdu un oeil dans Kobanê quand il a été touché par un éclat d’obus Il y a un risque qu’il perdre l’autre œil s’il ne reçoit pas de traitement. Savaş Sönmez a été blessé à la mâchoire par des éclats d’obus dans Kobane.

Erkin Selanik

Erkin Selanik

Les forces spéciales de la police allemande ont arrêté hier mercredi en Bavière, Bade-Wurtemberg, Hesse et Rhénanie du Nord-Westphalie. sept personnes accusées d’être des dirigeants du Parti Communiste de Turquie Marxiste-Léniniste, le TKP/ML. Parmi les militants arrêté figure E. Muslum, présenté par le parquet fédéral comme le dirigeant du TKP/ML pour l’Allemagne. Ont également été arrêtés B. Dilay Banu, A. Erhan, B. Haydar, D. Musa, A. Sinan et U. Seyit Ali. Selon les services de police Allemand, le TKP/ML compte 1.300 membres et sympathisants actifs en Allemagne où ils se livrent à des activités de propagande, de formation, de collecte de fonds et de soutien logistique pour les activités de l’organisation en Turquie. Les mandats d’arrêt portent sur « appartenance à une organisation terroriste étrangère » vertu de l’article 129 B du Code criminel. Interdit en Turquie (ainsi que sa branche armée, le TIKKO), le TKP/ML ne l’est pas dans la République fédérale, ni n’est inscrit sur la liste terroriste de l’UE.

La vidéo montre un groupe de militants du TKP/ML-TIKKO ayant participé à la défense de Kobane:

La journaliste indépendante néerlandaise Fréderike Geerdink, spécialisée dans les questions kurdes et basée à Diyarbakir, au Kurdistan, avait été accusée d’avoir posté sur les médias sociaux des messages en faveur du PKK. Sa brève incarcération avait amené le ministère néerlandais des Affaires étrangères a protester auprès d’Ankara. Elle vient d’être acquittée. Cet acquittement n’est pas une surprise dans la mesure où le procureur chargé de l’affaire avait appelé la semaine dernière à l’abandon des charges retenues contre elle, faute de preuves. L’annonce faite hier lundi par trois juges de Diyarbakir est ainsi conforme à sa recommandation.

Fréderike Geerdink à la sortie du palais de justice

Fréderike Geerdink à la sortie du palais de justice

Quatre soldats turcs ont été blessés, hier samedi, lors d’affrontements avec des militants du PKK. Les militaires avaient été envoyé pour mettee fin à une fête du nouval an kurde. Un civil a été tué et un autre blessé. Des hélicoptères, des avions de reconnaissance et une unité de commando ont été envoyés dans la région d’Agri, frontalière avec l’Iran, où les affrontements se poursuivaient.

Les commandos turcs quadrillent la région d’Agri

Les commandos turcs quadrillent la région d'Agri

Unal Erdel, un homme d’origine turque, ayant la citoyenneté autrichienne, étant marié à une femme autrichienne, et vivant en Autriche a été arrêté à la sortie de son hôtel à Mestre, en Italie alors qu’il y passait des vacances en famille. Un mandat d’arrêt international avait été délivré contre lui par la Turquie. Il est accusé d’être un ‘recruteur’ du DHKP-C, le Parti-Front pour la Libération du Peuple. Il risque à présent d’être extradé vers la Turquie.

La police de Mestre.

La police de Mestre.

Les autorités turques ont ordonné le blocage des principaux réseaux sociaux -Twitter, Facebook et Youtube- pour stopper la diffusion de la photo de la prise d’otage du procureur par le DHKP-C d’il y a quelques jours. Le jour même, des émeutes avaient éclatés dans de nombreux quartiers d’Istanbul et d’Ankara pour soutenir l’action des guérilleros du ‘Parti-Front pour la Libération du Peuple’. Dés le lendemain, l’état turc avait attaqué plusieurs journaux en justice pour ne pas avoir respecté le black-out médiatique imposé sur cette affaire.

La photo du procureur qui a fait le tour d’internet.

La photo du procureur qui a fait le tour d'internet.

Une fusillade a éclaté mercredi 1er avril devant le quartier général de la police à Istanbul. L’une des deux assaillants(qui portait une bombe) a été tuée lorsque les policiers ont riposté. L’autre assaillant, blessé, a réussi à prendre la fuite. Un officier a été légèrement touché lors des échanges de tirs. L’action est généralement attribuée au DHKP-C, qui a renvendiqué l’attaque de la vaille au palais de justice.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des échauffourées ont opposé des policiers et des manifestants dans deux quartiers de la ville, après la mort des militants du DHKP-C et du procureur. La police a procédé à plusieurs interpellations au cours de la journée de mercredi. Vingt-deux étudiants soupçonnés d’être proches du DHKP-C ont été arrêtés à Antalya, dans le sud du pays, cinq de ses membres présumés à Izmir (Ouest), où des documents et des munitions auraient été saisis, puis cinq autres à Eskisehir (Centre).


Turquie: Fusillade, manifestation, rafles