Zehra Kurtay est une journaliste et révolutionnaire turque qui est sous la menace d’une expulsion. Pour s’y opposer, elle a entamé une grève de la faim illimitée depuis le 3 juillet dernier (voir notre article). Nous reproduisons ci-dessous la traduction en français de la déclaration qu’elle a faite ce même jour lors de l’inauguration de la tente de la résistance qui est ouverte 24H/24 à Porte de Saint Denis (Boulevard Saint Denis, Paris) pour organiser la solidarité avec la militante (écouter le discours en turc ici).

[…] Aujourd’hui, avec notre acte de résistance, nous déclarons la guerre à cette politique de l’impérialisme français. Aujourd’hui, avec ma grève de la faim je me dresse face à l’impérialisme français. S’il y a injustice et oppression, il y aura résistance. Nous, nous choisissons de résister parce que nous sommes des révolutionnaires de Turquie, nous sommes les camarades de Pir Sultan¹, de Huseyin², les élèves et les camarades de Mahir³. Avec la force que nous puisons de notre histoire, aujourd’hui’nous débutons une nouvelle résistance. Aujourd’hui, je débute une grève de la faim pour regagner mon droit de séjour que m’a été usurpé par l’impérialisme français. Je vais poursuivre cette grève de la faim illimitée ici à Strasbourg-Saint-Denis avec une tente de résistance.
Mes revendications sont les suivantes : regagner mon droit de séjour en tant que réfugiée politique et stopper la volonté de l’impérialisme français de m’envoyer dans un pays tiers. Je vais continuer ma grève de la faim illimitée jusqu’à ce que j’obtienne mes droits.
Nous savons que nous allons gagner, que nous allons récupérer nos droits usurpés et que nous allons détruire la politique d’usurpation de droits de l’impérialisme parce que nous sommes des révolutionnaires de Turquie, nous venons d’une tradition de résistance.
Ici, nous avons avec nous des camarades français, des ami·es qui viennent de la gauche française. La voix de Georges Ibrahim Abdallah est également avec nous ici, la voix des communard·es français·es aussi. Aujourd’hui, nous sommes là également pour les représenter. Avec la conviction que nous allons gagner, nous transmettons nos salutations et notre amour à tout notre peuple en Turquie, à nos camarades et aux familles de martyr·es.

¹ figure de l’alévisme
² petit-fils du Prophète et figure de l’alévisme et du chiisme
³ Mahir Cayan, dirigeant et fondateur du THKP-C

Du 4 au 6 juillet, des milliers de personnes participent à la Turboteuf organisée par les opposants à l’A69, un projet autoroutier écocidaire largement contesté depuis de nombreuses années. Main dans la main avec des milices violentes en soutien au projet, la préfecture du Tarn avait interdit tout rassemblement dans les communes du tracé du projet (voir notre article). Organisée sur un terrain privé situé à 180m des chantiers de l’autoroute, la grande fête réunit des milliers de personnes en dépit des plus de 1500 gendarmes mobilisés et de nombreux contrôles routiers visant à intimider les participants. Les observateurs indépendants de l’Observatoire des Pratiques Policières ont été entravés dans l’exercice de leur mission, les gendarmes leur interdisant le port de matériel individuel de protection. Lors de la manifestation du 5 juillet, les gendarmes ont utilisé massivement des gaz lacrymogènes ou encore des grenades de désencerclement, provoquant quelques feus sur les terrains agricoles, mais cela n’a pas empêché la détermination des présents malgré quelques blessés légers. Parallèlement, une vaste campagne médiatico-politique a été déployée pour diffamer ce grand rassemblement festif. La mobilisation continue ce dimanche 6 juillet et jusqu’à l’abandon du projet.

Le Secours Rouge Toulouse était présent au Village de lutte et a présenté plusieurs de ses campagnes, notamment son guide légal des manifestant·es ou encore celles en solidarité avec l’antifa Maja et la révolutionnaire turque Zehra Kurtay.

Les députés ont voté, mercredi 2 juillet, en faveur de l’allongement de la durée de maintien en centre de rétention administrative de certains étrangers jugés « dangereux ». « Il n’existe aucune définition juridique de la « menace pour l’ordre public », c’est laissé à l’appréciation de l’administration qui l’utilise très largement de façon totalement arbitraire même pour des délits mineurs » souligne Toulouse Anti CRA dans un communiqué (voir ici). Initialement, la durée maximale a d’abord été de 6 jours et passe aujourd’hui à 210 jours. La durée de rétention pourra encore être rallongée, car l’Union européenne prévoit l’enfermement jusqu’à 24 mois.

Samedi 5 juillet à Londres, la police a interpellé des dizaines de manifestants qui brandissaient des affiches en soutien au groupe Palestine Action, une organisation interdite le 4 juillet dernier en vertu des lois antiterroristes (voir notre article). Les autorités avaient prévenu qu’exprimer son soutien à Palestine Action constituerait une infraction pénale après l’entrée en vigueur de l’interdiction à minuit. Cela inclut les chants, le port de vêtements ou l’affichage d’articles tels que drapeaux, panneaux ou logos.

Mardi 1er juillet, le journaliste indépendant Enzo Rabouy a été arrêté et menotté à sa sortie du train par une dizaine de policiers en civils. Placé en garde à vue durant plus de 23H, il a été relâché sans poursuite. Le motif invoqué était sa couverture d’une action militante dénonçant la participation d’entreprises israéliennes au salon du Bourget. Le journaliste a annoncé déposer plainte pour dénoncer cette entrave à la liberté de la presse.

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Le collectif Solidarité Kanaky a mis en place plusieurs caisses de solidarité pour soutenir les militant·es Kanak de la CCAT récemment libéré·es pour assurer des frais du quotidien (hébergement, recherche d’un travail, etc.) durant leur assignation à résidence, mais également en soutien à l’ensemble des détenus Kanak du Camp Est qui ont été déportés en France.

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La Grande Marche des Enseignants du Syndicat des Enseignants du Secteur Privé est arrivée à Ankara le 1er juillet. Le 25 juin, elle était partie d’Istanbul pour réclamer des droits salariaux de base, des contrats à durée indéterminée ou encore l’égalité des droits avec le secteur public. Arrêtés par la police rue Ziya Gökalp, les travailleurs de l’éducation ont été bloqués pendant de longues heures. Certains d’entre eux ont été menottés dans le dos et d’autres frappés.

Le 1er juillet, un partisan de Samidoun et du Revolutionary Communist Group a été arrêté par la police anti-terroriste britannique à son retour d’Égypte à l’aéroport de Manchester, en vertu de l’annexe 7 de la loi de 2000 sur le terrorisme. Ses appareils ont été confisqués et la loi permet d’enquêter sur les biens confisqués pendant une semaine, mais ce délai peut être prolongé, et décidera de poursuites ou non. Cette situation intervient alors que la répression contre le mouvement de la solidarité s’intensifie comme en témoigne la récente interdiction de Palestine Action (voir notre article) ou encore le procès des SOAS 2 contre deux jeunes étudiants qui sont visés par les lois britanniques sur le terrorisme pour avoir fait un discours de soutien à la résistance palestinienne.

Fondée en 2020, Palestine Action a mené une campagne d’action directe contre le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems causant des millions de livres de pertes pour cette entreprise et ses collaborateurs. Après une action sur une base de la Royal Air Force (voir notre article), la proposition d’interdiction a été portée par la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper et votée à une écrasante majorité par la Chambre des communes britannique le mercredi 2 juillet puis par la Chambre des lords le jeudi 3 juillet. La Haute Cour du Royaume-Uni a rejeté ce vendredi 4 juillet la demande de suspendre temporairement la désignation de Palestine Action comme groupe terroriste. Une autre audience est prévue le 21 juillet.

Être membre ou soutenir Palestine Action sera donc une infraction pénale à partir de samedi à 00H01. L’appartenance au groupe ou l’incitation à le soutenir sera passible d’une peine maximale de 14 ans de prison. Cela signifie que cette organisation devient le premier groupe d’action directe à être interdit au Royaume-Uni en vertu de la loi sur le terrorisme. Parallèlement, 22 activistes du mouvement sont actuellement emprisonnés en raison de leurs actions militantes.

En juin dernier, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor des États-Unis a désigné Addameer Prisoner Support and Human Rights Association et d’autres organisations comme « Terroristes mondiaux spécialement désignés » (SDGT). Cette désignation fait écho à celle déjà imposée contre Samidoun, ainsi que contre l’écrivain et militant palestinien Khaled Barakat (voir notre article). Dans un communiqué publié le 2 juillet, Addameer souligne que « ce ciblage fait partie d’une attaque plus large contre la société civile palestinienne et les défenseurs des droits de l’homme, en particulier ceux qui ont passé des décennies à documenter les graves violations contre les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, à dénoncer les pratiques de torture et de traitements cruels et inhumains, et à œuvrer pour que l’État occupant soit tenu responsable de ses crimes en cours. »