La prison de Mons accueille trop de détenus, une surpopulation qui n’est pas sans conséquences sur les conditions d’incarcération. L’Etat belge vient à nouveau d’être condamné en justice pour inaction face à cette situation, il avait été condamné le mois dernier à verser 2.000 euros par jour et par détenu en excès de la capacité maximale de la prison de Haren et 1.000 euros par constat de traitement dégradant à Saint-Gilles ( notre article ici ). La cour d’Appel de Mons a rendu son arrêt la semaine dernière après une procédure qui aura duré 10 ans. En 2015, un détenu et l’Ordre des barreaux francophones et germanophone avaient assigné l’Etat en justice. Le taux de surpopulation de la prison de Mons dépasse les 130%. La justice ordonne à l’Etat de le réduire à 110% d’ici un an, si ce taux n’est pas atteint, une astreinte de 2000 euros par jour et par détenu sera mise à exécution.

Lundi 31 mars, grève générale en Belgique contre les mesures antisociales du gouvernement Arizona. Des tensions entre la police et les membres de la Centrale Nationale des Employés ( CNE ) de la Confédération Syndicale Chrétienne ( CSC ) ont éclaté devant le magasin de vêtements « New Yorker », situé dans une rue commerçante à Bruxelles-Ville. Sans aucune décision de justice, alors que tout se déroulait paisiblement, la police de Bruxelles a tenté de forcer deux piquets de grève alors que les syndicalistes tentaient par des négociations avec le personnel de le convaincre de rejoindre le mouvement de contestation. Des militants syndicalistes ont été bousculés et pris à la gorge par des policiers. Les représentants du syndicat comptent interpeller les autorités communales.

Le cas Marie Gilow (voir notre article) n’est pas isolé. Une deuxième personne, de nationalité française, et vivant en Belgique depuis plus de 20 ans, active dans la vie associative et politique et notament dans la solidarité avec le Rojava, a également été placée en septembre 2024 sur liste « Terrorisme, Extrémisme, processus de Radicalisation » de l’OCAM, en tant que « prédicatrice de haine » de niveau 2. Suite à ce classement, elle a reçu dernièrement le même courrier de l’Office des Étrangers que Marie Gilow, menaçant de lui retirer son droit de séjour en Belgique et de lui interdire l’entrée sur le territoire, en invoquant la « sécurité nationale ».

La ministre fédérale de l’Action et de la Modernisation publiques également chargée du numérique, Vanessa Matz (Les  Engagés), annonce un projet de loi visant à mettre fin à l’anonymat sur les réseaux sociaux et à rendre Itsme obligatoire pour s’authentifier sur un réseau social. Ce projet, se retrouve dans l’accord du gouvernement Arizona, il veut associer chaque compte en ligne à une personne physique ou morale dûment identifiée, sans interdire pour autant le pseudonymat, ni la possibilité d’associer plusieurs comptes à une même personne. Qu’en est-il des données privées: Itsme ne récupère pas les données personnelles, c’est de l’authentification, il valide que vous êtes la bonne personne, ne stocke, ne traite, ne communique aucune donnée sur notre activité en ligne. Et la liberté d’expression ? Elle sera au cœur des débats parlementaires.

L’organisation étudiante d’extrême droite NSV (Nationalistische Studentenvereniging) avait planifié une manifestation ce jeudi 27 mars en soirée, environ 400 manifestants ont répondu présents, parmi eux, Tom Van Grieken, Filip Brusselmans, Chris Janssens et Dries Van Langenhove du Vlaams Belang. Plus tôt, un tract avait été distribué appelant à la «remigration», un retour permanent des «étrangers» dans leur pays natal, et considéré par les militants antiracistes comme «rance» et «haineux». Les contre-manifestants avaient tenté de faire interdire cette manifestation mais sans succès, ils ont donc organisé une marche de solidarité, pour souligner que le «fascisme» n’a pas sa place à Gand, ni ailleurs.

Des parcours séparés et un moment de départ distinct avaient été prévus, les forces de l’ordre étaient déployées massivement le long des deux parcours. Un peu plus de 1000 antifascistes et antiracistes se sont dirigés vers le centre-ville en scandant des slogans de solidarité. Malgré le dispositif policier, les manifestants ont tenté de rejoindre le cortège du NSV, des projectiles, œufs, feux d’artifice, bouteilles en verre ont alors été lancés sur ces manifestants. La police a procédé à plusieurs interpellations au sein des militants d’extrême droite (le chiffre de 7 est annoncé mais pas certifié). Peu après, le canon à eau a dû être utilisé pour disperser les manifestants. 24 contre-manifestants ont été arrêtés administrativement pour avoir «défié» leurs adversaires.

Les prisons belges comptent un nombre records de 13.013 détenus dont 267 dorment à terre, un manque criant d’humanité pour les détenus. 3400 prisonniers devant purger des peines de courte durée sont sur liste d’attente en raison du manque de places. 713 condamnés ont quitté la prison plus tôt que prévu pour faire de la place sous le motif d’un congé pénitentiaire prolongé. Malgré plusieurs condamnations par la Cours Européenne des Droits Humains (CEDH), l’Etat belge n’a toujours pas amélioré les conditions de détentions des prisonniers, ni fermé des maisons d’arrêt vétustes et surpeuplées (voir article ici). Des budgets supplémentaires ont été demandés au gouvernement fédéral, ainsi que l’approbation d’une loi prévoyant des mesures d’urgence temporaires, telles que le recours plus fréquent à la surveillance par bracelet électronique.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) veut équiper les pompiers, les contrôleurs des transports en commun et les chefs de train de bodycams pour les «protéger» des violences verbales et physiques. Les forces de police ont été équipées en 2022 ( voir article ici ), elles ont permis plus d’identifications. Ces caméras embarquées fournissent des images pour faciliter la poursuite des auteurs de violence. Le ministre voudrait utiliser cette technologie plus largement pour «protéger» ceux qui assurent le service public et la sécurité.

Suite de la rupture du cessez-le-feu par Israël et la reprise des bombardements génocidaires sur la bande de Gaza, un appel a se rendre devant l’ambassade israélienne a été lancé ce mardi 18 mars pour une  manifestation de soutien au peuple palestinien. Environ 300 personnes ont répondu à l’appel. Au bout d’une heure de rassemblement, un cortège spontané s’est élancé de l’ambassade israélienne vers Ixelles. Un important dispositif policier a alors été déployé, autopompe, brigade canine et policiers anti-émeutes afin de stopper la manifestation. Les forces de l’ordre sont violemment intervenues, elles ont arrêté un bus STIB (Société des Transports Interurbains de Bruxelles) et ont expulsé plusieurs personnes hors de ce bus. 2 personnes auraient été interpellés suite à cette intervention policière.

Mercredi 19 mars, suite à la violation du cessez-le-feu lors de la reprise des bombardements sur Gaza, un rassemblement de soutien au peuple palestinien en présence d’Amnesty International était prévu à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Les organisateurs ont demandé une confirmation écrite des consignes imposées. L’université a envoyé un mail confirmant l’interdiction du mot « génocide », tout en restant silencieuse sur la question des drapeaux palestiniens. Les autorités avaient interdit ces derniers lors de discussions verbales. Amnesty International les avait, quant à elle, interdit invoquant leur caractère international. L’ULB a menacé les étudiants impliqués dans cette action d’un retrait de diplôme, une intimidation qui démontre la volonté des autorités universitaires de dissuader toute contestation par des moyens disciplinaires. Depuis plusieurs mois, les autorités de l’ULB prennent des mesures de plus en plus autoritaires sur le campus, menant une répression active contre l’occupation par l’Université Populaire de Bruxelles du bâtiment B qui dénonçait les liens entre l’université et Israël en mai dernier et son expulsion violente par la police en juin ( voir notre article ici ) à la suite de laquelle, l’ULB a décidé de poursuivre plusieurs étudiants en interne les menaçant d’exclusion.

L’État Belge, la zone de police Bruxelles-Capitale Ixelles et le bourgmestre de Bruxelles-Ville  Phillipe Close (PS) ont été condamnés pour violences policières commises lors d’une manifestation le 24 janvier 2021, durant la pandémie de covid-19 ( notre article ici ). Le jugement donne raison aux 11 plaignants. Le tribunal reconnaît que la technique de la nasse (l’encerclement des manifestants pour les empêcher de se mouvoir) est interdite, le caractère illégal d’arrestations, l’utilisation de colsons pour menotter les manifestants aussi illégal, les conditions de détention aux casernes ont elles été jugées de traitements inhumains et dégradants. Le profilage ethnique n’a pas été retenu, le tribunal estime que les ordres donnés n’ont pas été clairs et précis. Il condamne les autorités à verser 900 euros à chaque plaignant, au titre de dommages et intérêts, ainsi que 5000 euros à l’un d’eux âgé de 15 ans au moment des faits, en réparation aux sévices corporels qu’il a subis au moment de sa détention. Lors de ce procès, seules les responsabilités des autorités étaient jugées, l’affaire pénale est toujours à l’instruction.