Au moins cinq personnes sont actuellement en garde à vue au 36, quai des Orfèvres à Paris, dans les locaux de la Brigade Criminelle. Leurs logements ont été perquisitionnés. Un sixième logement a été perquisitionné mais la personne recherchée ne s’y trouvait pas. Ces gardes à vue concerneraient des actions qui ont eu lieu en solidarité avec les inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes en janvier et février dernier, notamment l’occupation d’une agence Air France à Opéra le 27 janvier dernier. Cette occupation ferait l’objet d’une enquête préliminaire pour dégradations et violence du parquet, distincte des autres enquêtes (sabotages de distributeurs, attaques contre la Croix Rouge). Aucun juge d’instruction ne serait encore désigné. Le responsable de cette enquête est le commandant de police Pascal Loriot.

Une personne déjà arrêtée lors de la vague d’arrestations du 15 février à Paris (en rapport avec les actions de résistance aux déportations de sans-papiers) a été perquisitionné à nouveau (pendant 1h30) et mise en garde à vue à partir de 06h05 par le Service Anti-Terroriste de la Brigade Criminelle. Il s’agirait, selon les policiers, de «faits nouveaux».

Une autre perquisition a eu lieu ce mardi 8 juin à six heures du matin: des policiers de la Brigade Criminelle de la Préfecture de Police de Paris ont perquisitionné un logement à Paris. Ils recherchaient une camarade qui n’était pas présente dans l’appartement à ce moment-là. Une seule personne était présente dans l’appartement, elle a reçu une convocation pour cet après-midi au Quai des Orfèvres. Ils ont saisi au moins deux ordinateurs ainsi que des documents. Le motif de cette perquisition s’inscrirait dans le cadre d’une enquête concernant des rassemblements illégaux et des dégradations. C’est cette Brigade Criminelle qui enquête sur les actions de solidarité autour du procès de Vincennes, notamment les sabotages de distributeurs automatiques, ainsi que sur les différentes actions contre la Croix-Rouge.

La 8ème personne, recherchée depuis février dans le cadre de l’ »affaire » autour de l’agitation contre la machine à expulser (sabotages de distributeurs automatiques de billets de différentes banques, balades sauvages, etc…) a été arrêtée jeudi 27 mai en fin d’après-midi lors du rassemblement contre une expulsion de squat dans le 13ème arrondissement de Paris. Elle a été emmenée dans les bureaux de la Brigade Criminelle Section AntiTerroriste pour être longuement auditionnée par les policiers de la SAT sur toutes les dégradations commises durant cette période d’agitation contre la machine à expulser et en solidarité avec les inculpés de Vincennes.

Le gardé à vue à refusé de déclarer et de signer quoique ce soit, et a également refusé de donner empreintes digitales et photos, ainsi que de procéder au prélèvement ADN. Il sera sans doute poursuivi pour ce dernier délit. La SAT (le groupe Loriot) ont saisi un téléphone portable, une clé USB, un trousseau de clés, ainsi que divers papiers que l’interpellé avait dans un sac. Ils ont aussi sa ceinture et sa casquette afin de tenter d’établir son profil ADN. Après 23h de garde à vue, cette personne a été relâchée sans être passée devant la juge Rosso en charge du dossier et sera peut-être ultérieurement convoquée…

Il y a eu 7 arrestations mercredi après-midi lors de l’occupation de Carlson Wagonlit à Lille. Cette action était organisé par No Border Lille dans le cadre de la semaine sur l’immigration. Carlson Wagonlit Travel (CWT) est une agence de voyage qui a le monopole pour réserver les places d’avions et de bateaux pour les sans-papiers expulsés, et les flics de l’escorte.

En janvier dernier, les six ouvriers de l’usine Continental poursuivis pour la dégradation de la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009 avaient été condamnés à des amendes allant de 2000 à 4000 euros par la cour d’appel d’Amiens. Aujourd’hui, ils ont été condamnés à verser solidairement à l’Etat 1280,53 euros à titre de dommages et intérêts, ainsi que 1000 euros au titre des frais de justice. Seul Xavier Mathieu, délégué CGT, est encore susceptible d’être poursuivi pour avoir refusé, le jour de l’audience au civil en avril, un prélèvement ADN à la suite de sa condamnation au pénal. Les cinq autres prévenus avaient quant à eux accepté ce prélèvement.

Le 22 septembre 2008, la France adoptait un décret autorisant l’usage du Taser (pistolet à impulsion électrique) aux policiers municipaux, mais un an plus tard, celui-ci était annulé par le Conseil d’Etat. La plus haute autorité administrative du pays avait estimé que le décret (de huit lignes!) n’encadrait pas suffisamment l’usage de ce type d’arme au niveau juridique. Jeudi dernier, un nouveau décret a été publié, qui autorise à nouveau l’usage du Taser. Le texte, long de deux pages, précise qu’une formation spécifique préalable à l’autorisation du part de cette arme et qu’une formation spécifique d’entraînement sont nécessaires. Il dispose également que le pistolet doit être équipé de systèmes de contrôle permettant d’assurer la traçabilité et la vérification de son utilisation. Il revient maintenant aux maires de chaque commune d’autoriser ou non le Taser à ses policiers. Quelques 5.000 Taser équipent déjà la police nationale, la gendarmerie et l’administration pénitentiaire. Rappelons que ce pistolet délivre une onde de deux milliampères pour 50.000 volts et bloque le système nerveux, tétanisant la personne visée durant quelques secondes, mais que plusieurs personnes sont déjà décédées des suites de cette décharge.

Cela fait plus de 28 ans que le journaliste militant afro-américain Mumia Abu-Jamal se trouve dans le couloir de la mort aux Etats-Unis. Cet ancien membre du Black Panther Party a été condamné pour le meurtre d’un policier lors d’un procès niant tous ses droits civils. De nombreux témoignages ont révélé un grand nombre de preuves, cachées par les différentes cours américaines, ces dernières violant leurs propres lois au fil des différents appels introduits par le prisonnier, et ce afin qu’il soit maintenu en détention. Le 19 janvier dernier, la Cour Suprême des Etats-Unis a confirmé la peine capitale pour le militant. Aujourd’hui, Mumia, âgé de 56 ans, peut à tout moment être exécuté.

Le samedi 5 juin, une soirée de soutien est organisée à la Petite Rockette à Paris (6, rue Saint-Maur, Paris 11ème, métro Saint-Maur). Au programme, graff live painting, projections vidéo, concerts et intervention du Comité de Soutien de Mumia en France. Ouverture des portes à 19h.

Dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 mai, à Paris, un certain nombre d’institutions, d’entreprises et de centrales syndicales qui participent à l’exploitation et à la dénonciation des sans papiers ont été attaquées: huit agences d’interim ont vu leurs vitrines cassées et leurs devantures taggées (Multipro, 20e; Notarim, 14e ; Intermedis, 14e ; Adecco, 15e et 9e ; Synergie, 9e et 11e (; Adaptel, 10e), onze autres ont eu leurs serrures engluées (étain + glue). Deux « Pôle emploi » ont été pris pour cible : le premier dans le 11e a vu les vitres de la porte d’entrée défoncées et a été tagué, le second, à Montreuil a eu sa porte d’entrée dégradée par une poubelle enflammée. La CGT dans le 19e a eu ses vitres brisées et le local CGT dans le 2e a été recouvert de tags. La CAF du 10e a été taguée.

Un procès étrange à plus d’un titre a lieu depuis le 19 mai à Paris: Patrizia Gattaceca, Marc Simeoni, Claude Serreri, André Colonna d’Istria et Frédéric Paoli sont soupçonnés d’avoir, à des titres divers, porté secours à Yvan Colonna durant sa fuite consécutive à la mort du préfet Erignac (pour laquelle il a toujours clamé son innocence).

Ces cinq personnes, représentant une partie du microcosme de la société corse (une artiste, enseignante de son métier, un consultant en management, un cuisinier, un professionnel du tourisme et un berger), sans histoire avec la justice, largement appréciés de leur entourage, risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Là où il y a eu une série de gestes de solidarité individuels, plongeant ses racines dans les traditions corses, la justice française veut voir un « réseau terroriste ». Cette lecture est d’autant plus absurde que certaines de ces personnes sont non seulement étrangères, mais même hostiles aux thèses nationalistes.

Les accusés se sont exprimés clairement quant à leurs motivation: «Je l’ai cru innocent, je le crois toujours innocent. Je l’ai vu fatigué, aux abois, j’ai accepté de l’héberger par humanité» expose l’un. «J’ai désobéi à une loi, mais j’ai aussi obéi à une autre loi : celle du devoir d’entraide, d’hospitalité et de solidarité. Ce n’est pas exclusivement une valeur corse. Ça s’inscrit dans le respect de principes forts, comme la présomption d’innocence. En fait, je pense avoir rétabli une sorte d’équilibre, puisque Yvan était déjà présenté comme coupable par Nicolas Sarkozy avant même d’être jugé. Ces principes-là, on me les a inculqués depuis ma plus tendre enfance. Chez mes parents, il y avait toujours ‘l’assiette en plus’, pour le vagabond ou le voyageur de passage.» explique une autre.

Il est étrange aussi de faire ce procès alors que le délibéré du pourvoi en cassation d’Yvan Colonna devrait tomber fin juin. Les accusés pourraient donc être condamnés pour avoir recelé un innocent. Dernière audience: 27 mai.

Yvan Colonna

Yvan Colonna

Philippe Santini, directeur général de la régie publique, à l’origine d’une « prise d’otage fictive » sur les cadres de son groupe, a finalement été condamné pénalement et de manière définitive par la chambre criminelle de la Cour de cassation le 7 avril dernier pour « complicité de violences aggravées, avec préméditation et usage ou menace d’une arme… »

Les 25 et 26 octobre 2005, Philippe Santini organise un séminaire au château de Romainville. Son comité de direction (13 personnes) pense assister à une classique réunion où l’on va débattre de la manière de mieux commercialiser les écrans de pub de France Télévisions. Vers 18 heures, la réunion est brutalement interrompue par l’irruption de neuf personnes cagoulées, armées de fusil, d’armes automatiques et de poing. Les preneurs d’otage sont en treillis et agressent verbalement les employés et se mettent à hurler : « Tout le monde à terre, les mains dans le dos, face contre terre ! » Ils se revendiquent des « Marins du syndicat des travailleurs corses » et exigent une rançon et la diffusion d’une cassette vidéo au journal de France 2 le soir même. Les employés sont menottés et on leur passe des cagoules. La directrice commerciale adjointe, prise de panique à l’idée d’être encagoulée car elle est claustrophobe, est évacuée en état de choc, elle est évacuée de la salle.

Il ne s’agissait que d’une « mise à l’épreuve face au stress », commanditée par Philippe Santini auprès d’une société (A.R.M.) composée d’anciens membres du GIGN. Mais les dégâts psychologiques sont considérables. La mise en scène devait durer deux heures. Elle a été écourtée à 1 h 15 car deux cadres, qui avaient tenté de prendre la fuite, ont été manu militari remis à leur place.

La suite managériale de cette mise en scène est intéressante. Un cadre, (le numéro 2 de la régie) a fait partie de ceux qui se sont rebellés contre les preneurs d’otage et qui ont tenté de s’enfuir. Lors du « debriefing », son comportement a été stigmatisé comme « susceptible de mettre en danger la vie d’autrui », et il a fait l’objet d’une évaluation et d’un score de performance jugé incompatible « par rapport aux compétences exigées aux besoins de l’entreprise afin de valider son évolution professionnelle en tant que responsable managérial »… Il a été licencié le 18 mai 2006 pour « profondes divergences de vue dans la stratégie et l’organisation de l’entreprise. » six mois après le séminaire. C’est lui qui a porté l’affaire devant les tribunaux.